En France, la liberté économique continue de chuter

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En France, la liberté économique continue de chuter

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 septembre 2015
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Aujourd’hui, je vous propose un billet avec un peu moins de chatons et de petites vignettes animées, mais que j’espère néanmoins intéressant. En effet, tous les ans, grâce aux travaux de l’Institut Fraser, on dispose d’un classement de la liberté économique des pays du monde. Tous les ans, on peut donc comparer la liberté économique de son pays avec celle des voisins. Parfois, cela picote.

Comme je sais que certains ne se payent pas de mots et veulent des chiffres, des statistiques, des tableaux volumineux, je signale que l’intégralité du rapport se trouve ici et les fichiers de données, sous ce lien-là.

Comme l’indique clairement l’Institut Fraser, l’indice de Liberté Économique qu’il publie mesure à quel point les politiques mises en place par les institutions d’un pays permettent de soutenir la liberté économique, définie par la possibilité de faire des choix individuels, d’échanger sans contraintes, la possibilité d’entrer sur un marché et d’y commercer sans entraves, et la sécurité des personnes et des propriétés privées. L’indice est construit à l’aide d’une batterie de plus d’une quarantaine de points précis et permet de mesurer cinq grandes caractéristiques économiques d’un pays : la taille de son gouvernement (dépenses, impôts), la liberté et la sécurité offerte par la structure légale en place, l’accès aux capitaux, la possibilité de commercer à l’extérieur des frontières, et enfin la régulation du crédit, du travail et du monde des affaires.

On le comprend : l’indice n’est pas un rapide bricolage de quelques valeurs jetées au hasard, mais bien le résultat d’une étude sérieuse de paramètres économiques pertinents. Cela donne une bonne solidité aux conclusions que cet indice permet de brosser.

Et parlant de conclusions, quelques-unes fort éclairantes se trouvent dans les premières pages du rapport.

De façon générale, et sans grande surprise, on peut affirmer qu’il vaut mieux être pauvre dans les pays où l’indice est plus élevé qu’ailleurs. En pratique, le revenu par habitant est semble-t-il assez directement corrélé, et de façon apparemment exponentielle, avec l’indice de liberté économique : plus un pays est libre économiquement, plus le premier décile (les 10% les plus pauvres) accèdent facilement à des biens et services, et plus ses revenus sont élevés.

economic freedom and income of the poorest

Plus intéressant, on remarque cette année encore la forte corrélation entre la liberté économique et les libertés civiles : lorsqu’un État lâche la bride à ses citoyens sur le plan des libertés civiles, il semble en profiter pour le faire aussi sur le plan économique ou, plus prosaïquement, on peut raisonnablement penser au vu des chiffres que la liberté économique découle assez facilement des libertés civiles habituelles (liberté de mouvements, d’installation, d’opinion, de religion, de contracter).

economic freedom and political rights and civil liberties

Au passage, on ne sera pas franchement surpris de trouver en bas de tableau les pays aux libertés fondamentales les plus bafouées, et on ne pourra s’empêcher de noter que ces pays, quand ils ne sont pas carrément sous dictature ou en pleine guerre civile (Libye, Syrie), se revendiquent tous ultra-libérraaah bah non, ils crient tous leur amour du socialisme ou du communisme (Argentine, Venezuela, Zimbabwe, RDC…). Troublante coïncidence qui est confirmée par l’ultra-turbolibéralisme débridé des États en haut de tableau, parfois revendiqué mais en tout cas toujours présent. Cette coïncidence n’empêchera nullement les trolls collectivistes de continuer à réclamer l’avènement d’une redistribution toujours plus importante, un État toujours plus fort et plus présent, même devant la réalité qui leur donne tort, encore et encore, de façon constante depuis 1917. Mais après tout, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, même devant les faits.

Enfin, pour terminer la série des petits tableaux colorés, on ne peut passer sous silence la corrélation évidente entre l’indice de liberté économique et l’espérance de vie : plus un pays est libre économiquement, plus il est libre politiquement (ou l’inverse), mais en tout cas, plus l’espérance de vie de ses habitants est grande.

economic freedom and life expectancy

Autrement dit, non seulement, la liberté économique se traduit par une liberté politique et civile, mais plus important encore, cela se traduit par une vie plus longue. En somme, moins un pays est libre économiquement, plus l’espérance de vie y est courte. Dès lors, restreindre la liberté des gens à produire, à établir des relations économiques avec les autres individus, veut très concrètement dire les empêcher de vivre et revient à les faire mourir plus vite. Là encore, difficile de ne pas corréler cette simple remarque avec les joyeux pays du dernier quartile, savant panachage de dictatures, de pays en guerre civile, en déconfiture globale, dont les dirigeants sont tendrement adorateurs du collectivisme, et pour lesquels les habitants ont plus souvent qu’ailleurs une mort anticipée.

Dans tous ces chiffres, il serait dommage de ne pas observer la situation particulière de la France. Peut-être certains lecteurs (moins habitués au ton général de ces colonnes) seront surpris de la trouver dans le second quartile. Oui, oui, vous avez bien lu : pas le premier, mais bien le second. Apparemment, la patrie des Droits de l’Homme, ce phare qui doit illuminer le monde de sa sagesse et qui récolte 7,12 points n’est pas franchement dans le haut du tableau. Elle se fait damer le pion par (notamment) l’Uruguay (7,18) , la Hongrie (oui, oui, et sans mal, même, à 7,25), le Pérou (7,34),le Rwanda (7,43) ou le Chili (7,77).

La déception continue si l’on observe la tendance générale pour le pays : la France baisse. Pour rappel, les derniers chiffres publiés récemment sont calculés sur les indicateurs de 2013, ce qui signifie donc qu’on peut s’attendre à ce que ça baisse encore en 2014 et 2015. Voilà qui est vraiment réjouissant, non ?

indice liberté économique de la France

Et lorsqu’on regarde les pays en haut du tableau, on se rend alors compte de l’écart de la France avec ceux qui récoltent les meilleurs scores. On pourra pleurnicher tout ce qu’on veut, mais force est en effet de constater que non, une plus grande liberté économique ne veut pas dire casse sociale, absence de couverture maladie ou chômage galopant. Que du contraire, même.

indice de liberté économique - top 10

Et en lien avec l’actualité, notez que ce sont dans les pays en haut du tableau que les flux de populations se dirigent en priorité. On parle actuellement beaucoup de migrants, et la sortie de cet indice est l’occasion de se rappeler que s’ils migrent, ils le font d’abord vers des pays qui représentent pour eux le meilleur espoir de s’en sortir, y compris sur le plan économique. Comme par hasard, c’est donc plutôt vers des pays comme la Nouvelle-Zélande, la Suisse, l’Angleterre, Singapour ou la Jordanie qu’ils se tournent, que vers la France qu’ils boudent. Eh oui : à sa 70ème place (oui, 70ème – 58ème en 2012 et 40ème en 2011) la France peine à attirer les talents…

Le message est clair : à mesure qu’on diminue la liberté d’entreprendre et qu’on met tous les jours un peu plus de bâtons dans les roues de ceux qui veulent, simplement, commercer et développer une activité, à mesure qu’on sabote doucement la liberté économique du pays au prétexte d’augmenter l’égalité de traitement et d’accès aux richesses des individus, on diminue aussi la liberté tout court, la richesse du pays, des individus, et, incidemment, leur espérance de vie. Pire : on finit par ne plus pouvoir garder chez soi ceux qui fournissent la plus grande productivité, ou les plus innovants. Et on n’arrive plus à attirer ceux qui, à l’extérieur, ont un potentiel créatif, intellectuel ou artistique.

Il est donc plutôt effrayant de constater que les Français réclament plus d’État, et par corrélation moins de liberté économique…

—-
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  • Bel article, et c’est assez incroyable de se retrouver derrière la Hongrie de Viktor Orban qui a perdu des libertés depuis quelques années, ça en dit long sur l’Etat de note liberté.

  • France seven points !

    C’est comme l’Eurovision : on est minable mais le coq gaulois chante toujours, même les pieds dans la merde …

  • A noter, avec surprise, que le Brésil est en rouge alors qu’il s’agit d’une démocratie..Certes la bureaucratie et la corruption sont très présents, les impôts punitifs, mais de là à être en rouge sur la carte !

  • c’est amusant , on est dernier de l’UE a quelques points de l’Italie et heureusement sinon , nous serions le pays le plus riche de l’UE , déjà que nous avons la grosse tête en étant dernier …..

  • Le pays classé cinquième a en effet près de 90% d’immigrés.

  • Perso, même si aucun classement n’est parfait, je préfère celui d’Heritage Foundation. Dans celui là, la France est classé 73 en terme de liberté économique

  • La France, lumière du monde, a invité la dictature énarchique. Le reste du monde n’a pas encore les bons indicateurs de mesure pour en identifier tous les bienfaits…

  • Déjà Milton Friedman ne s’y est pas trompé en affirmant dès les années 70 et 80 qu’Hong Kong est le meilleur laboratoire du Libéralisme, le pays qui offre le plus d’opportunités de réussite sociale.
    C’est aberrant de voir à quel point notre pays est tombé et que le parti qui a voulu faire remonter sa côte (l’ex-UMP) a reçu une gifle alors qu’il dirigeait le pays vers la bonne direction économique.

    • Vous avez la mémoire courte, Alzheimer ?

    • « qui a voulu faire remonter sa côte (l’ex-UMP) a reçu une gifle alors qu’il dirigeait le pays vers la bonne direction économique. »

      Celle ci, je la note, histoire de rigoler quand j’aurai le moral à 0.

      • Revoyez l’indice de liberté économique (institut Fraser) ; vous remarquerez que de 2009 à 2011 (le mandat de Sarkozy) il a récupéré un petit choui.
        Mais là n’est pas l’essentiel, le combat est au niveau des idées pour essayer, je sais que c’est très hardu; de remonter la pente et rien que les prochaines élections régionales et presidentielles de 2017, les Français feront leur choix , le choix d’un moindre mal que celui que nous subissons, faute de mieux et qui asphyxie et enquiste les forces vives nationales…

        • Oui le tableau est plus haut : l’indice a remonté entre 2007 et 2012 et ce malgré le délire keynésien de 2009.

          Le problème est que les libéraux ne retiennent que la chute de l’indice en 2009 et les socialistes que la montée entre 2007 et 2012

          Bref perdant sur les deux tableaux

          • Tout dépent quel classement vous prenez. Il me semble que dans le classement d’Heritage Foundation, la France a augmenté dans les toutes premières années puis reculé dans le seconde partie du mandat de Sarko.
            J’ai du mal à voir en quoi la politique de Sarko est libéral, elle est clairement social démocrate (peut être un peu moins que celle des socialistes et de Chirac). La seule bonne chose qu’a fait Sarko c’est le statut de l’auto entrepreneur

    • « C’est aberrant de voir à quel point notre pays est tombé et que le parti qui a voulu faire remonter sa côte (l’ex-UMP) a reçu une gifle alors qu’il dirigeait le pays vers la bonne direction économique. » vous voulez rire ? la direction économique était social démocrate, faire quelques réformettes par ci par là sans jamais faire de grandes réformes

  • « Les Français réclament plus d’Etat »

    Quels Français ?

    Les 70% qui ne votent pas ou qui votent contre ?

    Ceux qui s’enfuient à Londres ou à Brisbane ?

    Ceux qui râlent dès que l’Etat touche à leurs petits privilèges ?

    Je ne pense pas que les Français veulent plus d’Etat, juste qu’ils ne savent pas qu’on leur raconte des salades depuis la maternelle.

    • Les sondages montrent au contraire que les francais veulent moins d’état. Le problème c’est que les francais sont dans leur majorité d’accord de retirer les privilèges accordés par l’état (sauf quand cela les touche personnellement). C’est comme le phénomène NIMBY: pas dans mon jardin

  • Je remarque que l’indice a remonté entre 2009 et 2011. Cela ne fait qe souligner les paradoxes de l’ancien président de la République…

  • Bon et après on fait quoi ?

    Parceque le nombrilisme des francais pointent son nez …..

    Toujours des réformes à faire chez les autres pas les miennes, j’en ai marre de cette France du nombril crée par les soviet.

    Ca va mal finir cette histoire

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