Attentats au Cameroun : #JeSuisMaroua, ou bien ?

Puisque nous ne sommes pas Maroua, peut-être que tous ceux qui ne se sentaient pas Charlie avaient raison ?

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Église Cameroun - Credits : Phil Hilfiker via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0

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Attentats au Cameroun : #JeSuisMaroua, ou bien ?

Publié le 28 juillet 2015
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Par le Parisien libéral.

Église Cameroun - Credits : Phil Hilfiker via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0
Église Cameroun – Credits : Phil Hilfiker via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0

 

Et si le traitement médiatique des attentats qui ont secoué la ville de Maroua, dans le nord du Cameroun, donnait raison à ceux qui, pour des raisons différentes, ont dénoncé le Charlisme, le « #JeSuisCharlie » de janvier dernier ?

Rappelez-vous. En janvier dernier, la capitale a été secouée par deux événements, l’un, abusivement appelé attentat, en réalité une vendetta contre Charlie Hebdo dirigée par des musulmans qui protestaient contre les caricatures du prophète Mahomet, et l’autre, une prise d’otages, attentat antisémite, dans la supérette Hypercasher de la Porte de Vincennes. Suite à ces événements, le pays s’était massivement mobilisé en faveur de la liberté d’expression (et non pas en restriction de celle-ci…) et le gouvernement avaient alors habilement joué de la confusion que certains tentent d’imposer entre la France (le pays) et la République (le régime) pour faire admettre l’idée que nous étions Tous Charlie.

Quelques voix s’étaient bien élevées çà ou là pour dire qu’elles n’étaient pas Charlie, notamment chez certains « jeunes de banlieue », mais une impressionnante coalition gauche/droite politiciens/journalistes s’était chargée du rappel à l’ordre. Et gare à ceux qui, pour une quelconque raison, se sentaient « Charlie Coulibaly ». L’heure n’était ni à la provocation, ni aux blagues de mauvais goût. Et tant pis si les journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo détestaient, pour diverses raisons là encore, les institutions qui les soutenaient alors, de Manuel Valls au Nasdaq.

Par la suite, les actes terroristes n’ont pas cessé. Il y a eu Copenhague en février 2015 et d’autres encore.

Aujourd’hui, il y a Maroua.

Maroua

Cet attentat suit un autre, survenu également cette semaine, dont personne n’a parlé. Comme se demande le blogueur et politicien lyonnais Romain Blachier, « médiatiquement, les Camerounais sont-ils une race inférieure ? »

Alors, certes, il y a les règles journalistiques des morts/kilomètre et de la reprise d’une information par d’autres médias, de préférence dits de référence. On préférera toujours parler du décès accidentel d’un pilote de Formule 1 des Alpes Maritimes que du décès de 20 personnes sur un marché en Afrique, c’est ainsi, tout comme on parlera toujours plus d’un fait divers qui se passe quelque part aux États-Unis plutôt que de la découverte par le CERN d’une nouvelle particule. Il y a aussi l’évident manque de leadership médiatique des dirigeants politiques africains, qui, dictateurs ou non, ont défilé le 11 janvier à Paris ou à l’Élysée. Leur âge, leur décalage vis-à- vis de leurs pays et leur attachement manifeste à la Françafrique que le président Hollande a reconstitué, en dépit des promesses de campagne, constituent probablement les facteurs explicatifs de l’absence de mobilisation autour de slogans tels que «Je Suis Maroua ».

Il y a aussi une gêne, chez nous, autour de notre politique étrangère. Il y a deux semaines, le président Hollande était au Cameroun. Est-ce que les médias en ont parlé ? Pas vraiment. C’était la canicule, il fallait rire des propos de Ségolène Royal qui suggérait de boire de l’eau quand il fait chaud. Et puis surtout, cela aurait forcé les journalistes à demander à François Hollande si Moi Président compte continuer à inviter des dictateurs à l’Élysée, s’il compte expliquer quel sera le rôle du Cameroun dans la guerre contre l’islamisme radical et si, aujourd’hui, ce pays est victime de représailles.

Bref, puisque nous ne sommes pas Maroua, peut-être que tous ceux qui ne se sentaient pas Charlie avaient raison ? Quoi qu’il en soit, ayons une pensée pour les victimes du terrorisme, quelles qu’elles soient, où qu’elles soient.


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  • « …Par la suite, les actes terroristes n’ont pas cessé. Il y a eu Copenhague en février 2015 et d’autres encore…
    Aujourd’hui, il y a Maroua  »

    Pourquoi l’auteur relie-t-il ainsi ce qu’il appelle « la vendetta » contre Charlie Hebdo de janvier aux attentats récents au Cameroun, en ignorant tout les autres actes terroristes dont il dit lui-même qu’ils n’ont pas cessé.
    Un rappel… pour 2015 uniquement, pays victimes d’attentats :

    Janvier 2015
    – Arabie Saoudite, Yemen, France, Nigéria (5), Somalie, Libye, Egypte, Pakistan, Irak
    Février 2015
    – Syrie, Pakistan, Danemark, Libye, Somalie, Ukraine, Nigéria (2), Irak, Afghanistan, Egypte
    Mars 2015
    – Egypte (2), Mali, Pakistan, Tunisie, Yemen, Somalie
    Avril 2015
    – Kenya, Irak
    Mai 2015
    – Afghanistan, Pakistan, Nigéria (2), Arabie Saoudite
    Juin 2015
    – Irak (2), Nigéria (7), Pakistan, Egypte, Libye, Tchad, Syrie, Afghanistan, Somalie, Koweit
    Juillet 2015
    – Somalie, Afghanistan, Cameroun (2), Nigéria, Irak, Turquie

    En nombre d’attentats perpétrés, il serait donc plus logique d’être « Kano » ou « Nola »du Nigéria que d’être « Maroua »
    Les Camerounais ne sont pas « une race médiatiquement inférieure »comme s’indigne le blogueur Romain Blachier, il se trouve que les attentats terroristes se multiplient et donc se banalisent y compris médiatiquement.

    L’auteur n’était semble-t-il pas fan de « je suis Charlie »
    Il peut se tranquilliser, Charlie-Hebdo est mort en janvier avec ses caricaturistes. Aujourd’hui, il reste des gestionnaires qui ont reçu beaucoup de dons et des dessinateurs qui ne caricatureront plus le prophète.

  • « Les Camerounais ne sont pas « une race médiatiquement inférieure »comme s’indigne le blogueur Romain Blachier, il se trouve que les attentats terroristes se multiplient et donc se banalisent y compris médiatiquement. »
    Certes….

    Mais quand même au-delà du terrorisme, force est de constater que l’Afrique est très très peu présente dans les médias.
    Un exemple de disproportion : il y a souvent plus de journalistes occidentaux en Israël/Palestine que dans l’ensemble de l’Afrique Noire !!!

    Et on pourrait d’ailleurs faire le même constat sur pas mal de régions du globe : Asie centrale, océanie, Amérique du Sud…..

    • Je remarque que quand un terroriste gazaoui ou yérosalemite meurt tué par un soldat israélien en état de légitime défense c’est monté en épingle en 1ère page : « le génocide des palestiniens »… et que quand 1000 africains se font assassiner par Boko Haram c’est un entrefilet en page « monde »…

      Et je n’ai rien à gagner à dénoncer cela, je ne suis ni juif, ni israélien…

      • Très juste, c’est toujours et encore la même rhétorique marxiste qui est à l’oeuvre dans ce phénomène (surtout venant du Monde) : les riches oppriment les pauvres, il faut renverser cette domination pour faire un monde de justice, d’égalité et de bisous… mais sous domination étatique, bien sûr. Faudrait pas déconner en leur laissant la liberté.

        Dans le cas présent, « les riches » sont les pays des occidentaux blancs qui oppriment, pillent et détruisent les pays pauvres du sud, qui ont donc toute légitimité pour balancer des roquettes et des bombes sur des civils, ce n’est que « résistance », toussa, et Israël étant un allié occidental, c’est pareil même traitement. Et tant pis si Israël est cerné par des pays qui haïssent les juifs et ont juré leur perte.

        Mais des africains qui pillent, torturent, tuent et violent d’autres africain(e)s, ahem, ça remet un peu en question l’innocence des opprimés, alors on ne va pas trop en parler n’est-ce pas? Ou alors on va dire que c’est le grand satan américain qui est derrière tout ça. Et puis si ces africains sont chrétiens, ça ne compte pas, parce que chrétien = domination religieuse occidentale, bien entendu.

        Et enfin, que la Chine fasse exactement comme l’occident, rachetant forêts, terres et ressources partout en Afrique, ça ne compte pas non plus: ils ne sont pas blancs, pas occidentaux, pas chrétiens, et puis au fait c’est super, parce qu’ils sont communistes en fait, donc c’est pour le mieux!

        • « Mais des africains qui pillent, torturent, tuent et violent d’autres africain(e)s, ahem, ça remet un peu en question l’innocence des opprimés »

          Vous remarquerez d’ailleurs que les émeutes anti-immigrés (pour ne pas dire les pogroms) qui ont eu lieu en Afrique du Sud ont rapidement été passées sous silence.
          Des noirs qui tuent d’autres noirs ! Et tout ça au pays de Saint Mandela !!!!

  • article stupide : on n’empêche pas les camerounais de manifester en masse contre ce qu’il se passe dans leur pays…

    • vous avez raison, Marcel, d’ailleurs le font-ils, bonne question.

      Mais cet article ne parle en réalité pas du Cameroun, mais du traitement médiatique des attentats en général.

  • Vous restituez parfaitement l’épisode « Charlie » dans son réel contexte. Il n’y a effectivement pas eu d’attentats contre la France puisque le massacre de la rédaction de C.H a été le règlement d’une fatwa, et celui du supermarché un acte antisémite.

    Les politiques en déroute s’accrochent à l’actualité, emboîtant les pas d’une presse en perpétuelle recherche de scoop, la devançant parfois.
    L’événement, qui souvent n’a pour seul motif d’exister que d’être relayé sur des réseaux sociaux, est alors récupéré, amplifié, pire, il est réinventé. C’est ainsi que du massacre d’une rédaction et d’un autre à caractère raciste, nous en sommes arrivé à une atteinte imaginaire des intérêts de la France. L’ensemble relabellisé : attentat.

    Il faut se souvenir que F. Hollande, s’est rendu à pieds à la rédaction de C.H. sitôt qu’il fut informé du massacre, entouré de tous ses conseillés en communication ! Ce n’était plus le président de la république, mais un patron de rédaction avec son équipe de reporters.

    Autre événement mais même couverture politique, l’avion de la Lufthansa qui s’est écrasé dans les Alpes Françaises. Dans les minutes qui ont suivi, toutes les télés ont relayé l’émotion de Ségolène Royal, pour le coup requalifiée « ministre des crash aériens », dont la rapidité à être sur place m’a fait douté un moment qu’elle fut une rescapée de l’accident. Que le ministre de l’intérieur soit présent est dans l’ordre des choses, M. Royal, elle, ne faisait que soigner sa com. Sans aucun scrupule. En cherchant bien, je suis sur qu’elle a osé le selfi, comme Obama se fendant la poire aux obsèques de Mandela.

    L’événement pour être relayé, n’a plus nécessité à être tragique, et encore moins à être vérifié ni analysé, il faut seulement qu’il permette de sublimer ceux qui s’y rattachent. Qui manifestant de concert une indignation de circonstance, qui faisant part de leurs ressentiments via un réseau social. Le citoyen ordinaire n’est plus un simple spectateur mais il est aussi et surtout acteur. Andy Wharol avait prédit à chacun son quart d’heure de célébrité, dont la fugacité est maintenant exacerbée et sans cesse renouvelée par la vitesse d’information via les réseaux sociaux. Le quart d’heure de gloire est une boucle sans fin. La société est mise en scène.

    L’Afrique ne fait que révéler l’âme humaine, un désastre survenant sur son sol n’est relayé que si des spectateurs acteurs se rallient à l’événement, dans le cas contraire cela n’intéresse personne.
    Participer à un rallye avec le pied dans le phare, tout en livrant quelques fournitures scolaires à un village Africain ou encore participer à l’enregistrement d’une chanson au profit d’une cause soudain déclarée bonne, une famine c’est très tendance, ne sublime que ceux qui peuvent se donner en spectacle. Enlevez cette constante et les Africains peuvent crever la bouche grande ouverte.
    Coluche, homme de spectacle l’avait bien compris, lui qui a mit en scène les restaurants du cœur, en invitant tout le show-biz à une grande messe annuelle. Le bal des faux culs, même si ils sont, in fine, utiles, ils ne font ça que pour leurs gueules.

    • Il faut souligner que cette fatwa illustre la révolution conceptuelle que nous traversons.
      Une telle fatwa émane d’une autorité à la fois régalienne (utilisant la violence) et religieuse (sans limite de juridiction), et son exécution n’est pas menée par des forces de l’ordre visibles obéissant à une chaîne de commandement.
      Le cadre conceptuel issu du christianisme, déjà déraciné par la déchrisianisation imposée par le socialisme (dont la nature religieuse est dès lors indéniable), est entièrement remis en cause et va vraisemblablement s’effondrer.

  • Compte tenu que ce qui est arrivé à Maroua avait pour but de déstabiliser le gouvernement en place.
    Il ne reste qu’à savoir d’où vient les armes et le financement…
    Le type qui a été arrêté la semaine dernière avec des kilos d’explosif n’était pas africain mais bien européen.
    Tout comme les blancs qui se faisaient passer pour des noirs était d’origine française.
    Les échanges économique du Cameroun avec le France ne représente maintenant qu’un pourcent de tous les échanges….
    Alors que les français ont cru très longtemps que le Cameroun était à eux… et bien ils sont à le perdre tranquillement.
    Et non je ne suis pas Africain ni Européen.
    Je suis juste un spectateur qui travail en Afrique

    • Vous voulez parler du type qui filmait une mosquée à Yaoundé ? Non, il a été relaché dans la même journée parce qu’il n’était qu’un simple touriste chasseur d’images. Et il n’avait aucune bombe. Attention au buzz de Facebook.

  • En Occident, l’attentat de Charlie, après les Jyllands Posten, South Park, Les versets sataniques et bien d’autres cas, a fini d’installer l’interdit islamique de représenter Mahomet (que je n’appellerai pas prophète, d’une part à cause de ses fruits et d’autre part parce qu’un prophète subit le martyr mais ne l’inflige pas)
    Maroua est situé au nord du Cameroun, enclavé entre le nord islamiste du Nigéria et le Tchad, et donc sous une pression islamiste bien plus forte.

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