Climathon, semaine 19 : les meilleurs au rendez-vous

Tout au long de l’année 2015, le climathon récompense chaque semaine la plus belle pièce de propagande climatique de la semaine écoulée.

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Réchauffement climatique (Crédits : The meanMRmustard, licence CC-NY-NC-SA 2.0), via Flickr.

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Climathon, semaine 19 : les meilleurs au rendez-vous

Publié le 13 mai 2015
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Par Benoit Rittaud

Réchauffement climatique (Crédits the meanMRmustard, licence Creative Commons)
Réchauffement climatique (Crédits the meanMRmustard, licence Creative Commons)

 

Toujours au top, les compétiteurs du climathon ont choisi cette semaine de réutiliser les stratégies de propagande climatique les mieux patinées par le temps. À ce jeu-là, il est logique que les meilleurs s’imposent, c’est donc à un choc au sommet auquel nous avons eu droit pour cette semaine 19.

Lorsque les géants entrent en scène, les efforts des candidats modestes paraissent mécaniquement moins méritoires. C’est pourtant une belle tentative que celle de L’Express qui donne la parole à Nicholas Stern, le célèbre auteur d’un rapport éponyme en 2006 resté fameux pour avoir raconté l’apocalypse climatique en termes économiques (et avoir proposé de consacrer un point de PIB annuel à la lutte contre le réch… heu… le chang… heu… le dérèglement climatique). L’article sans nuance sur les terribles-2-degrés-à-ne-pas-dépasser est, en bonne logique de propagande photographique, introduit par la photo que voici de cheminées d’usine (et de centrales nucléaires : argh ! Mauvais choix ! Le nucléaire n’est-il pas la sainte-énergie-qui-n’émet-pas-de-CO2 ? Erreur d’amateur…).

Le Parisien, lui, a visiblement pour ambition de devenir un compétiteur régulier. En effet, le quotidien vient de lancer une « revue écolo de la semaine » dont on peut s’attendre qu’elle reçoive régulièrement des accessits au climathon. L’on ne peut que déplorer l’impossibilité de décerner des accessits rétrospectifs, tant la première semaine de cette nouvelle rubrique l’aurait mérité. Heureusement, c’est avec joie que le jury constate que les promesses de cette nouvelle rubrique sont tenues dans son second épisode, introduit par cette remarquable photographie d’un célèbre prêcheur climatique. La légende de cette photo, où l’infantilisation du lecteur le dispute à la servilité envers les puissants, justifie l’accessit :

« Laurent Fabius pilotera la conférence internationale pour le climat. Pour en savoir autant que lui, lisez nos articles sur le sujet ! »

Rappelons en effet que le ministre français des Affaires étrangères est aussi notre brillant vainqueur de la semaine 17 pour avoir expliqué que la sécurité dans le monde était d’abord affaire de climat.

Pour se faire une place au climathon, Le Parisien a choisi un style de propagande original et porteur : l’infantilisation du lecteur. Les fans de la compétition sont ainsi invités à apprécier cet autre article du Parisien paru cette semaine, « Paris Climat 2015 : dis, papa, c’est quoi la COP 21 ? ». L’on y trouve ce morceau anthologique d’ignorance journalistique si arrogante et sûre d’elle même qu’elle ne s’abaisserait pas à un banal clic sur Wikipédia pour vérifier ses infos :

« La COP, abréviation de COnférence des parties, est une conférence supranationale sur l’environnement, ou plus précisément sur les changements climatiques. »

(NB : COP signifie Conference Of Parties ; elle n’est pas « supranationale ».)

Mais tout cela n’est que hors-d’œuvre. Le choc de la semaine, donc, a opposé rien de moins que les deux finalistes du Championnat d’Hiver : Jean Jouzel et François Hollande. Une rencontre au sommet qui a tourné à l’avantage du président de la République française, lequel prend ainsi une belle revanche sur son vainqueur de mars.

Ce dernier n’a pourtant pas ménagé sa peine dans son interview dans L’Express, introduite par une photo d’un style tout aussi christique que celle de Laurent Fabius dans le Parisien plus haut. « Laissez venir à moi les petits enfants », nous susurre le vice-président du groupe scientifique du GIEC, qui recycle l’ignominie qui a valu au CESE sa victoire de la semaine dernière (et à laquelle Jean Jouzel avait visiblement pris toute sa part). Cette fois, les enfants instrumentalisés sont ses propres petits-enfants :

« En tant que membre du Giec et chercheur, je considère donc de mon devoir de poursuivre le travail de pédagogie. J’ai deux enfants, sept petits-enfants, et je crois utile d’expliquer, à eux comme aux autres, ces questions qui conditionnent leur avenir. Mon rôle n’est pas de m’engager mais de répondre aux sollicitations des politiques, des citoyens, des écoles, des médias, des chefs d’entreprise pour donner les clefs du problème. Face à l’importance de ces enjeux, les scientifiques ne peuvent pas rester dans leurs laboratoires. »

C’est très clair : Jean Jouzel ne s’engage pas, il « répond aux sollicitations des politiques ». En précisant que la Noble Lutte qui est la sienne « exige de faire profondément évoluer nos modèles de développement ». Et il a aussi soutenu un parti politique aux dernières Européennes (Nouvelle Donne). Rien de politique dans tout ça, donc. Au contraire.

Le vainqueur de la semaine 19

Notre vainqueur est donc François Hollande. Ce grand habitué des rendez-vous du climathon l’emporte avec la même recette qui lui avait permis de gagner en semaine 9 pour son « appel de Manille ». Sûr de sa force, il ne s’est même pas donné la peine d’un habillage nouveau, lançant cette fois un « Appel de Fort-de-France » relayé en toute servilité par l’ensemble de la presse sans l’ombre d’une esquisse d’une critique (Le FigaroLes ÉchosLe MondeLibération…). Le jury réitère donc les éloges qu’il fît lors de la semaine 9. Il souligne également combien, dans sa décision, a pesé cette forte pensée présidentielle lâchée lors de ce nouvel Appel, ce syllogisme digne des plus riches heures de la scolastique médiévale, cette démonstration d’égalité ensembliste par double inclusion sur laquelle l’on ne peut qu’exhorter les étudiants des cursus scientifiques à longuement méditer :

« Nous sommes dans le monde et le monde est en nous. Dès lors, nous sommes le monde. »

À mi-chemin entre Alfred Jarry et Lewis Carroll, notre Président ne manque pas d’inspiration.


Sur le web.

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  •  » « Nous sommes dans le monde et le monde est en nous. Dès lors, nous sommes le monde. »

    À mi-chemin entre Alfred Jarry et Lewis Carroll, notre Président ne manque pas d’inspiration.  »

    Notre Président « normal » tient à montrer qu’il ne manque ni d’inspiration ni d’humilité par rapport à son prédécesseur.

    Mais bon, ils auront toujours beau péter plus haut que leur c… ; ça ne fera quand même pas très haut.

    Et si on essayait un modèle sans talonnettes la prochaine fois.

  • L’équation principale qui sous-tend les principes de réchauffement climatique, dont l’étude rendrait cette science beaucoup plus prévisible et fiable et que personne surtout à Contrepoints n’est arrivé à infirmer ces dernières années est celle-ci : ECOLO = BEAUCOUP x POGNON. A bon entendeur, salut 😉

  • J’évite d’écouter francois hollande: en bon politique il parle souvent pour ne rien dire, et puis surtout cela me donne des boutons…mais là vraiment, appréciant particulièrement l’abstraction mathématique, je regrette de ne pas avoir écouté ce discours historique.

  • Je vous engage à ré-écouter l’émission « CO2 mon amour », diffusée ce jour (16/05/2015) à l’occasion de laquelle quelques perles de haute tenue ont été entendue. A titre de simple exemple, « l’infini n’a pas de limite ».

    Mais plein d’autres propos passionnants que je n’ai pas le temps de relater.

    Un candidat pour votre championnat de la semaine prochaine ? Je sais cependant que la compétition est rude, et que de nombreux challengers peuvent faire beaucoup mieux…

    Avec mes encouragements pour votre travail !

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