Par Jacques Garello.
La loi Macron, dont on vante tellement les mérites, avait déjà provoqué les légitimes réactions de plusieurs professions libérales. Le volet « Montebourg » de la loi ne leur avait pas échappé : il s’agit de mettre fin aux privilèges des riches. À leur tour, les médecins sont visés par l’idéologie égalisatrice : la réforme de l’assurance maladie prévue par Marisol Touraine, au prétexte de permettre aux pauvres d’accéder aux soins, est en fait une façon de soumettre les riches médecins au servage de la belle Sécurité Sociale.
Le tiers payant passe pour un progrès social : personne n’a plus un sou à débourser pour une visite ou une consultation. Mais aussi personne ne touchera un sou tant que la Sécurité Sociale n’aura pas remboursé le praticien. C’est le médecin qui doit gérer ses relations avec la Sécu, c’est lui qui doit déclarer les actes de son intervention. Quant au remboursement, il interviendra quand l’administration aura reçu les relevés, les aura vérifiés et aura l’argent pour les régler. Donc les médecins sont à la fois secrétaires médicaux, comptables et banquiers. Fondamentalement, ils deviennent les salariés de l’administration qui paie ce qu’elle veut et quand elle veut.
Le plus clair, c’est la socialisation de la médecine. Une entreprise mise en route depuis 1945, qui est arrivée maintenant à son couronnement. Les syndicats de médecins ont laissé dériver le système, ils ont accepté des compromis successifs pour se satisfaire de quelques centimes d’augmentation des tarifs, jusqu’à prolétarisation de la profession. Aujourd’hui, l’ensemble des médecins n’a plus de doute : on veut ôter tout caractère libéral à l’art des praticiens, toute relation (y compris financière) entre le patient et le docteur.
D’autre part, la réforme Touraine vise à tuer l’intolérable concurrence que les cliniques privées livrent aux établissements publics. Les dépassements d’honoraires, jusque-là tolérés, sont appelés à disparaître dans le secteur privé, dont le coût de fonctionnement est pourtant très inférieur à celui des hôpitaux publics, et où les conditions de travail et d’accueil des malades sont bien meilleures. L’idéologie socialiste exige que soit pénalisé puis détruit tout ce qui n’est pas sous la coupe directe de l’État.
La trêve des confiseurs s’est donc transformée en grève des confiseurs et les mouvements de protestation s’amplifient : le refus de la carte vitale compliquerait certainement le travail de la Sécurité Sociale, mais les patients devraient remplir et adresser des feuilles de maladie à la Sécu et leur remboursement prendrait un certain retard. Il faudra donc du courage et de la pédagogie aux médecins pour mettre le pays de leur côté. Mais ils tiennent un bastion solide et se battent désormais sous la bannière de la liberté et de la dignité de leur profession.
Le tiers payant est le socle de la transformation du paradigme de la santé, aujourd’hui le médecin est dans un “trio” avec le prescripteur d’un côté, le patient qui est le client et la caisse dans le rôle du gendarme financeur… Demain, le médecin prescripteur, travaillera avec un patient qui ne sera plus le client (le choix du médecin traitant disparaitra comme dans tous les pays appliquant le TPG) et une caisses gendarme, cliente et financeur…
Où étaient les médecins lorsqu’on a obligé toutes (ou presque) les autres professions médicales (et auxiliaires) à appliquer le tiers payant ?
Je suis plutôt en accord avec les médecins sur ce sujet, la fonctionnarisation de la médecine est une très mauvaise idée qui nivellera par le bas la qualité mais il fallait se réveiller bien avant, lorsqu’on a commencé à fonctionnariser toutes les autres professions médicales, aujourd’hui il est trop tard et les médecins devront malheureusement s’y plier et ceux qui résisteront seront punis par la police communiste (CPAM).
Tous les pays, sans exception, (y compris la Grande Bretagne pré tatcherienne), qui ont installé la médecine gratuite, ont vu une dégradation énorme de la qualité des soins, cette qualité ayant été seulement préservée pour les patients faisant partie des élites.
Dire que payer l’acte médical défavorise les pauvres est faux, comme le montre l’histoire.