La liberté n’est pas le problème, elle est la solution

Notre salut réside dans la réaffirmation intransigeante, et la garantie en actes, de nos libertés fondamentales.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
charlie hebdo (Crédits : Aurélien Guichard, licence Cretative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La liberté n’est pas le problème, elle est la solution

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 13 janvier 2015
- A +

Par Drieu Godefridi.

charlie hebdo credits aurélien guichard

Dès le lendemain des attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain se mettait à bâtir fébrilement un formidable dispositif sécuritaire. Formidable par les moyens budgétaires dont il est doté, formidable par sa capacité en hommes. Et formidablement intrusif et négateur des libertés constitutionnelles, à commencer par le droit au respect de la vie privée. Du Patriot Act (octobre 2001) à l’inflation exponentielle de la NSA (National Security Agency), il ne se trouve plus un seul citoyen américain dont la vie ne s’inscrive par bribes et en temps réel, fût-ce par Google ou Facebook interposés, dans la mémoire d’un Léviathan administratif omni-voyant que plus personne ne maîtrise.

De nombreux gouvernements européens se sont engagés dans la même voie, pourtant sans issue. Prétendre qu’on préviendra le terrorisme en fliquant tout le monde, tout le temps, est une illusion. Les associations américaines de défense des libertés attendent toujours qu’on leur fournisse une liste convaincante d’attentats soi-disant déjoués par ce monstre voyeur sur le sol américain. D’autant que les agences administratives en question ne peuvent pas réellement communiquer sur le sujet, pour des raisons, of course, de sécurité. Ainsi l’irréfutable de leur utilité est-il parfait.

Dans un registre différent, des voix s’élèvent pour exiger la fin de l’anonymat sur Internet. On explique que les prêcheurs de haine se servent de cet anonymat pour répandre leur prose et qu’il faut donc y mettre un terme. Il faut lire les comptes Twitter et Facebook de ces islamistes en pyjama, pour mesurer l’ampleur du phénomène, qui n’est pas contestable. Mais qui prétend que l’appel au meurtre relève de la liberté d’expression ? Même les pays, tels les États-Unis, qui se font de la liberté d’expression la vision la plus large – le free speech, premier amendement à la Constitution américaine – traitent l’appel au meurtre comme un délit. Les appels au meurtre, sur Internet ou ailleurs, doivent être impitoyablement réprimés. Ce qui est déjà possible en l’état actuel du droit et de la technique ; l’anonymat sur Internet n’étant que de façade. Si l’auteur de l’appel au meurtre réside en Europe, il est pleinement justiciable des tribunaux européens.

Pour le reste, chacun doit rester libre d’exprimer ses opinions, aussi odieuses soient-elles, sur Internet ou ailleurs. C’est la définition même de la liberté d’expression. Depuis des années, les lois se multiplient, en Europe et particulièrement en France, qui restreignent la liberté d’expression, au nom du devoir de mémoire, de la lutte contre le racisme et autres. Qui ne voit l’inefficacité absolue de ces lois à endiguer la haine et le terrorisme ? Qui ne voit qu’en limitant la liberté d’expression on met le doigt dans un engrenage qui nous conduit tout droit à la criminalisation du blasphème, donc à la négation de la liberté d’expression ? Surtout, qui ne voit la tragique ironie qu’il y aurait à brider, à brimer, finalement à briser la liberté d’expression au nom même de ceux qui sont morts pour elle ?

Méfions-nous encore des polémiques recuites et purement nominales sur la question de savoir si les musulmans doivent s’intégrer, s’assimiler ou autre. La plupart de ces musulmans sont nés en Europe ; les deux terroristes qui ont décimé Charlie-Hebdo étaient des Parisiens de souche, nés et éduqués en France : on ne fait pas plus français. L’idée même qu’il faille s’intégrer dans une culture a d’ailleurs un fumet collectiviste, castrateur et autoritaire qu’on peut ne pas trouver séduisant. D’autant que cela n’est pas nécessaire. Historiquement, c’est pour vivre en commun sans esprit tribal qu’on a rédigé des constitutions : on se met d’accord sur un certain nombre de valeurs, de règles et de libertés fondamentales, et pour le reste chacun fait à sa guise, y compris dans le domaine religieux. Quant au respect de ce socle, en revanche, on n’accommode pas, on ne cherche pas constamment à composer avec je ne sais quelle frange, secte ou minorité : on se montre, tout au contraire, intraitables. C’est la méthode américaine qui, il faut l’admettre, ne leur réussit pas trop mal. Le modèle français, dont on ne sait d’ailleurs plus trop bien à quoi il correspond, entre assimilation totale (en paroles) et multiculturalisme échevelé (dans les faits), est mort dans les bureaux de Charlie, le 7 janvier 2015.

Concrètement, ce constitutionnalisme en actes implique, par exemple, que tout musulman, sur le sol européen, a le droit de renoncer à l’islam, de se convertir, de se faire athée, et de récuser bruyamment toute référence à la norme islamique. Sur le sol européen, il convient d’accepter sans barguigner que le prophète ne l’est que pour les musulmans ; les autres ayant le droit inviolable et non négociable de considérer Mahomet (570-632) comme un personnage historique, de le figurer, de le caricaturer, de l’injurier si cela leur chante. Celui qui n’accepte pas le socle constitutionnel de notre vivre en commun devrait se donner un autre lieu de vie, plus conforme à ses aspirations, comme le soulignait avec netteté Nouredinne Smaïli, président de l’Éxécutif des musulmans de Belgique (Bel-RTL, 9 janvier).

Appliquons nos lois pénales, elles sont bien suffisantes. Réaffirmons nos libertés, traitons les terroristes avec l’intransigeance joyeuse et professionnelle qui s’impose, et nous gagnerons la partie. « Il n’existe aucune raison objective de nous montrer pessimistes », me soufflait il y a deux jours ma grand-mère, qui eut 17 ans en 1940. La liberté est belle, la liberté est notre civilisation ; elle sera notre salut.


Article publié également par la Libre.be

Voir les commentaires (11)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • Oui, la liberté de dire aussi ceci :
    « Toutefois, de même que le serpent séduisit Eve par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l’égard de Christ. Car, si quelqu’un vient vous prêcher un autre Jésus que celui que nous avons prêché, ou si vous recevez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre Évangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien. » (2 Cor 11 :3-4)
    « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème! » (Gal 1 :8)

    • Pourquoi voulez-vous interdire à vos concitoyens de s’afficher comme des gros cons incapables de respect ?

    • L’injure publique est réprimée par la loi française. On peut difficilement injurier quelqu’un qui est mort depuis 13 siècles. On eut éventuellement injurier ses descendants ou ses disciples, mais si ce n’est pas nominatif ce n’est plus vraiment une injure, plutôt une opinion générale. Celle-ci peut tomber sous le coup de la loi si elle est considérée comme une incitation à la haine (par exemple). Notre arsenal juridique est largement suffisant.

  • On n’a pas fini d’en baver :
    Après nier no libertés, s’abstenir d’élever et de manger du porc, renier les sciences ??

    « La Terre est plate. Quiconque clame qu’elle est sphérique est un athée méritant un châtiment. »
    Cheikh ‘Abdul-‘Aziz Ibn Baaz, autorité religieuse suprême d’Arabie Saoudite, 1993 (édité dans « Les édits musulmans prennent une nouvelle force », New York Times, 12 février 1995).

    Le Cheik ‘Abdul-‘Aziz Ibn Baaz croit ou veut faire croire que la Terre est plate, comme le chercheur en astronomie musulman Fadhel Al-Sa’d, qui a déclaré dans un débat télévisé sur Iraqi Al-Fayhaa TV (le 31 octobre 2007) que la Terre est plate comme cela est affirmé par les versets coraniques et que le soleil est bien plus petit que la Terre et tourne autour d’elle. En tant que musulmans dévots, ils ont de bonnes raisons de conclure que la Terre est plate : les versets coraniques 15:19, 20:53, 43:10, 50:7, 51:48, 71:19, 78:6, 79:30, 88:20 et 91:6 font clairement état de cela et il n’y a pas un seul verset dans le Coran qui pourrait faire penser à une Terre sphérique. On peut toujours tenté d’expliquer cette incohérence à d’autres musulmans mais ils se basent sur l’ignorance présumée de la langue arabe de leur audience. Il n’y a donc aucune échappatoire au fait que, selon le Coran, la Terre est plate comme une crêpe. D’ailleurs, le Livre est là pour répéter et dispenser de penser. (agoravox.fr)

  • méga surveillance en france ? bah …avec un peu de chance , elle nous perméttras d’éviter quelques feu de bagnoles et de poubelles le 31 décembre ….vous savez ? cette tradition venue d’ailleurs que nos zélés zélus ont laissé s’installer au fil des ans sans broncher …..

    • Pas d’amalgame Marie, ça doit être les communautés asiatique qui brulent les voitures, on me fait signe que non, alors ça doit être les italiens, les espagnols …, on me dit que non, alors la je vois pas.

  • La censure à venir et la liberté d’injurier passée sont deux faces du même socialisme : l’affirmation dogmatique de principes libéraux détournés en sophisme socialistes.

    La liberté ne consiste pas à faire ce que l’on veut, elle consiste à permettre au maximum de gens de vivre le plus librement possible.

    L’approche qui permet l’épanouissement de la liberté est empirique, adaptative, exploratrice, pas dogmatique, rationnelle et normative.

    La liberté n’est ni une utopie d’ordre, ni une utopie de désordre, c’est le développement de la responsabilité et de la diversité.

    Le libéralisme a une énorme opportunité devant lui : faire enfin entendre sa voix qui était confisquée par des donneurs de leçons qui prétendait que transgresser les règles et établir une morale universelle étaient les deux seules façons de ‘préserver les libertés’

    La liberté ne se préserve pas, ne se gagne pas, ne se décrète pas : elle se vit et se partage.

    Une page se tourne avec la fin des délires des enfants gâtés de Mai 68, qui ont réussit pendant 45 ans à faire croire que les génocides du grand bond en avant, de la révolution culturelle et de la révolution russes étaient des icones de la liberté.

    Fin du holdup. Mais il va falloir un sacré bout de temps pour expliquer que ce l’on a appelé ‘liberté’ pendant 45 ans, n’était que l’Opium du peuple.

  • Les propos odieux seront tondus .. Cool.

  • Il n’est rien de plus beau que de défendre « La Liberté  » sous toutes ses formes…
    Mais il ne faut jamais, mais jamais oublier non plus, que même pour Défendre une noble Cause, il ne faut pas dépasser la Liberté « des autres » et le Respect dû à tout être, à tout individu…C’est d’ailleurs cela la définition même de LA LIBERTÉ…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
6
Sauvegarder cet article

 

 

Le 12 décembre dernier s’est tenue une nouvelle édition de l’Assemblée des Idées, un cycle de débats bimestriel organisé à la Galerie des Fêtes de l’Hôtel de Lassay, résidence officielle de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui préside également cette série de colloques.

Après le logement, le rôle de la France à l’international, l’intelligence artificielle ou encore la morale, la chambre basse a accueilli plusieurs dirigeants de médias pour débattre du pluralisme et de l’indépendance ... Poursuivre la lecture

Par P.-E. Ford

Jusqu’à présent, la cancel culture au pouvoir à Harvard, Stanford, Yale et consoeurs, ne suscitait guère d’émotion dans les rangs du Parti démocrate, ni dans la presse qui lui est si dévouée. Tout a changé le 5 décembre, grâce aux auditions publiques de la Commission sur l’éducation et la population active de la Chambre des représentants, présidée par la républicaine Virginia Foxx, de Caroline du nord. Ce jour là, la présidente de Harvard, Claudine Gay, son homologue de University of Pennsylvania, Liz Magill, ainsi que l... Poursuivre la lecture

Deux événements se sont produits simultanément le 7 décembre 2023.

Le premier concerne la bronca qui a gagné un collège des Yvelines à la suite de la présentation en cours de français d’un tableau de Giuseppe Cesari datant du XVIIe siècle, Diane et Actéon. Parce que ce tableau représente des femmes dénudées, des élèves musulmans de 6e ont exprimé leur réprobation. Des tensions et des menaces ont suivi, ce qui a conduit les enseignants à faire valoir leur droit de retrait, avant que le ministre Gabriel Attal ne se rende sur place.

<... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles