Par Fabio Rafael Fiallo
Le nouveau roman de Michel Houellebecq, Soumission, vient tout juste de paraître. Pourtant, il a déjà fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause. Il touche un sujet politiquement explosif, à savoir l’éventualité de la prise du pouvoir en France par un parti islamisant.
Houellebecq imagine et décrit le processus par lequel un certain Mohammed Ben Abbes, quelqu’un plutôt rassembleur et chef d’un parti appelé Fraternité musulmane, se rend politiquement présentable, rallie le soutien de partis traditionnels et la sympathie de journalistes indépendants, et parvient à gagner l’élection présidentielle de 2022. Les choses se gâtent par la suite, notamment quand il commence à mettre en œuvre son programme.
Il n’est pas le propos de cet article d’épiloguer pour savoir s’il s’agit d’un roman d’anticipation ou plutôt d’une radiographie désabusée de la société française d’aujourd’hui. Il n’est pas non plus dans la nature ou les intentions de cet auteur de se livrer à des amalgames réducteurs, chers à l’extrême droite, qui mettent tous les musulmans dans le même sac pour mieux vilipender l’immigration.
Ce qui importe ici, c’est le fait que le nouveau roman de Houellebecq dépeint d’une manière froide, clinique, la façon dont un mouvement politique aux desseins indéfinis, inavoués, parvient à mettre en danger, jusqu’à les anéantir, la liberté d’expression et le « vivre ensemble ».
Vu sous cet angle, le processus de banalisation du danger, puis de soumission à un ordre des choses dictatorial, voire totalitaire, que Michel Houellebecq traite dans son roman, n’est pas aussi irréel que l’on peut le penser. Un tel processus a déjà produit des ravages, au nom d’autres idéologies, plutôt laïques mais également intolérantes, en Amérique latine.
Une même propension à la soumission
La même supercherie de Ben Abbes, les mêmes mensonges pour arriver au pouvoir et y rester, la même complicité des bien-pensants, la même résignation de tout un chacun, ont été à l’œuvre, et continuent à l’être, à Cuba sous le castrisme et dans le Venezuela d’Hugo Chávez et du successeur de celui-ci.
Avec la révolution castriste, il ne se passa pas plus de quelques mois, voire quelques semaines, avant que les desseins totalitaires du Líder Máximo ne fussent devenus évidents. Après avoir proclamé quelques années auparavant depuis la prison, et ensuite pendant qu’il se battait contre la dictature de Fulgencio Batista dans les montagnes de Cuba, qu’il se proposait de réinstaurer la démocratie et la liberté à Cuba, Fidel Castro s’adonna à extirper l’un après l’autre tout zeste de liberté dans son pays.
Et à l’instar des bien-pensants du roman de Houellebecq qui se rallient naïvement ou lâchement à Ben Abbes, les révolutionnaires de Saint-Germain-des-Prés et d’ailleurs, avec Jean-Paul Sartre en tête, trouvèrent toujours des justifications aux violations continues des droits de l’homme perpétrées par le régime castriste.
Le même scénario, la même abdication de la lucidité, la même soumission, se mirent en marche dans le Venezuela d’Hugo Chávez. Avant de prendre le pouvoir par le biais des élections, le Comandante Supremo vénézuélien faisait profession de foi démocratique. Mais une fois parvenu à la présidence, il s’employa à se maintenir au pouvoir et, dans ce but, se mit à persécuter les opposants à son régime et à faire taire les médias indépendants. Ce qui ne l’empêcha pas de trouver son Sartre de service en la personne du philosophe italien Gianni Vattimo.
Le rôle joué dans le roman de Houellebecq par François Bayrou, c’est-à-dire celui de compagnon de route placé à la tête du gouvernement, on le retrouve dans les deux cas de soumission latino-américaine.
À Cuba, un tel rôle revint à Manuel Urrutia Lleó, une figure politique avec peu d’ancrage populaire, mais qui permit à Castro de donner à son premier gouvernement un air d’ouverture démocratique – jusqu’à ce que, plusieurs mois plus tard, il décida de s’en débarrasser, accusant Urrutia d’avoir trahi la révolution.
Idem au Venezuela, à la nuance près que là, il ne s’agit pas d’une personnalité politique mais d’un militaire de haut rang qui aida Chávez à consolider son pouvoir. Tel fut le cas du général Raúl Baduel, en prison depuis plus de 5 ans.
Une même haine de la caricature indépendante
Par ailleurs, le parallèle entre, d’une part le processus de soumission raconté par Houellebecq, et d’autre part le castrochavisme, dépasse la trame du roman qui nous occupe. Il concerne aussi l’événement qui nous a tous bouleversés ces jours-ci, à savoir, le sordide attentat perpétré contre les journalistes de Charlie Hebdo.
Car la haine de la caricature indépendante, de la pensée désobligeante vis-à-vis d’un prophète ou d’un leader, est bien présente aussi chez les tenants du castrochavisme et ses acolytes.
On l’a vue, cette haine, s’abattre au Venezuela sur la caricaturiste Rayma Suprani, virée du quotidien où elle travaillait en raison de ses dessins irrévérencieux à l’égard du pouvoir, et ce après que – par un rachat derrière lequel plus d’un soupçonne la main du régime – le journal changea de propriétaire.
Ajoutons que de son vivant, Hugo Chávez avait fait interdire la diffusion d’un feuilleton télévisé qu’il jugea irrespectueux.
En Équateur, dont le président Rafael Correa ne cache pas ses affinités avec le castrochavisme, un caricaturiste, surnommé Bonil, a été l’objet d’une procédure judiciaire à cause d’un dessin considéré injurieux par le président.
Cette aversion à l’opinion qui dérange aide à comprendre la gêne de la presse cubaine – toute au service du régime – pour commenter le massacre des journalistes de Charlie Hebdo. Dans son numéro du lendemain de la boucherie, le journal officiel, Granma, relègue l’événement à la page 8, et ce sans même faire référence à la valeur que les assassins ont voulu atteindre, c’est-à-dire la liberté d’expression.
Le plus étonnant, et méprisable à la fois, c’est que parmi ceux qui appellent à manifester à Paris et en province sous la bannière de « Nous sommes tous Charlie Hebdo », figurent des « révolutionnaires » professionnels qui ne dénoncent jamais, ou qui justifient même, le harcèlement de caricaturistes et autres atteintes à la liberté d’expression par les régimes soi-disant « progressistes » de l’Amérique latine.
Deux poids, deux mesures, quand tu nous tiens.
Rappelons juste que en fRance, quelques personnes/organismes ont été en justice avec des amendes démesurées pour avoir caricaturés des personnalités du gouvernement en place…
Même des peines de prison ferme :
http://www.huffingtonpost.fr/2014/07/15/christiane-taubira-singe-ex-candidate-fn-prison-ferme_n_5588819.html
J’avais cru comprendre que « l’extrême droite » avait en son sein un f de souche, comme il convenu de dire ,converti à l’islam ….si ce n’est un rêve, peut-être est ce la partie occulte du roman de Houellebecq ?
http://www.atlantico.fr/decryptage/soumission-pas-besoin-attendre-2022-michel-houellebecq-france-est-deja-mise-benoit-rayski-1997024.html
Ils sont nombreux, de plus en plus nombreux, ceux qui en France veulent la paix. Il veut la paix le sénateur UDI Pozzo di Borgo qui demande qu’on déprogramme « American sniper », le dernier Clint Eastwood, au motif qu’on y voit des Américains tuer des Irakiens et que ça pourrait heurter les sensibilités de la communauté musulmane. Il veut la paix Gilles Catoire, le maire de Clichy, qui a tenté de déprogrammer – à la demande d’une association très respectueuse de l’Islam – une exposition montrant des escarpins de femmes sur des tapis de prière. Il veut la paix la maire de Grigny qui (dixit Malek Boutih) achète cette paix à coup de subventions et de dons faits aux associations de « jeunes » et musulmanes de sa ville.
Ils sont nombreux, de plus en plus nombreux, ceux qui en France veulent la paix. Et cette paix, qui ne durera pas plus que celle de Daladier, a un prix : la soumission. Ils veulent la soumission ceux qui hurlent à l’islamophobie dès la moindre remarque concernant une religion obligatoirement « compatible avec la démocratie » (François Hollande). Le concept d’islamophobie est en effet devenue une arme de soumission massive. Ils veulent la paix tous ces pseudo intellectuels et écrivassiers qui – de Mediapart aux Inrocks – se prosternent religieusement devant la statue de Sainte Padamalgame. Ils veulent la soumission ceux qui partent faire le djihad en Irak et en Syrie et en reviennent très aguerris.
Ils veulent la soumission les cagoulés qui tirent à la kalachnikov sur les flics à Marseille au moment même où s’y trouve Manuel Valls. Il veut la soumission ce prof de philo musulman qui insulte un autre prof musulman qu’il faut faire taire. Ce dernier, Slimane Zitouni, a démissionné du lycée Averroes de Lille en dénonçant l’islamisation forcenée qui y régnait et la pesante haine anti-juive qui y prospérait. Mais son contradicteur dispose d’un argument imparable : en 2013 le lycée Averroes a été premier au palmarès du bac ! Comme quoi l’antisémitisme n’empêche en rien l’obtention de ce précieux brevet. Peut-être même que ça aide ! On se demande d’ailleurs comment font les Juifs pour avoir le bac.
Le discours de la servitude volontaire a de nombreux récitants. Ils ont pignon sur rue, c’est à dire dans les médias. On les entend. Même que parfois on n’entend qu’eux. Et donc on les écoute. Ainsi après les assassinats de janvier un sondage a indiqué que – paradoxalement ? – le nombre de Français estimant que l’islam était une religion pacifique comme les autres était en augmentation. Au même moment un autre sondage montrait – curieusement ? – une progression certaine du nombre de ceux qui ne souhaitaient plus qu’on caricature Mahomet. Curieux ? Paradoxal ? Non. Cela s’appelle la peur. Mais c’est Cassandre, seule contre tous les Troyens qui avait raison en annonçant que la guerre de Troie aurait lieu.