Roland-Garros : les Parisiens paieront !

Qui veut de l’extension du stade de Roland-Garros ? Certainement pas les riverains.

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Roland-Garros : les Parisiens paieront !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 novembre 2014
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Par Le Parisien Libéral.

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Parfois, on se demande si la mairie de Paris est vraiment au service des habitants, ou bien si la surdité est le critère de recrutement.

Si nous étions dans le premier cas, alors il y aurait une écoute des riverains, sans parler des contribuables parisiens, mais nous sommes dans le deuxième cas, où les projets à la fois coûteux et rejetés par la population se poursuivent, sans que nous ayons notre mot à dire. Le chantier des Halles, ses nuisances et ses dépassements de budget ? Pas grave ! Et ce alors que l’une des fonctions clefs des Halles, la gare ferroviaire RER, ne sera quasiment pas touchée, contrairement à ce que proposait l’architecte néerlandais Winy Maas, du cabinet MVRDV. La Philharmonie et son budget non respecté ? Pas important non plus, les contribuables payeront ! Mais dans le cas de Roland-Garros, le scandale financier se double d’un déni de démocratie locale.

La mairie de Paris a annoncé mercredi qu’un avis favorable au projet de rénovation et d’extension du site de Roland-Garros a été rendu par le commissaire enquêteur chargé de l’enquête publique. Et « la construction d’un nouveau court semi-enterré de 5 000 places à la place d’une partie des serres du jardin d’Auteuil ne va pas, selon le commissaire enquêteur Marie-Claire Eustache, « impacter l’ordonnancement du jardin à la française des serres historiques inscrites de Formigé », et les « serres chaudes et techniques » qu’il viendra remplacer n’avait qu’une « fonction de support » par rapport aux serres principales. »

 

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Quel est le problème fondamental de Roland-Garros ? C’est avant tout le manque de place. Quiconque s’est rendu dans le stade de Roland-Garros durant la première semaine de la quinzaine de mai a effectivement constaté que, si le site avait un charme rétro indéniable, la circulation des visiteurs était rendue malaisée par le nombre de gens présents. Or, même après des travaux qui aboutiront à une destruction d’une partie des Serres d’Auteuil, Roland-Garros restera trop petit par rapport à ses concurrents.

 

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D’autre part, Roland-Garros est aussi un problème financier (de coût d’opportunité) pour les contribuables parisiens. La FFT n’est pas stupide. Elle a constaté que la Mairie de Paris était prête à tout pour conserver le tournoi de Roland-Garros… à Roland-Garros. Donc, elle a négocié en connaissance de cause. Cela a donné le fait que, comme le souligne un rapport de l’inspection générale des services de la Ville de Paris, le niveau de la redevance acquittée par la FTT est « très clairement anormalement bas ». Pour les grandes concessions, la ville de Paris a retenu une redevance égale à 15% du chiffre d’affaires hors taxes. L’audit note que la redevance payée par la FFT pour Roland-Garros représente seulement 1,24% du chiffre d’affaires réalisé sur le site.

Autrement dit, parce que la mairie de Paris est incapable de penser en dehors du cadre, on va accepter le fait que les écoliers du quartier d’Auteuil, les promeneurs et les botanistes amateurs soient privés d’un espace précieux, tout cela pour que, durant 15 jours par an, un tournoi sportif puisse avoir lieu, et ce en dépit de l’opposition clairement affichée des habitants du quartier, contre le consensus UMP – PS Delanoe – Hidalgo – Goasguen (enfin, pour Goasguen, on ne sait pas exactement).

Ici encore, comme pour l’affaire de la Tour Triangle, Anne Hidalgo a un problème de majorité. Les écolos parisiens sont contre l’extension de Roland-Garros au détriment des Serres d’Auteuil, ainsi que les élus du Modem qui ont choisi de collaborer avec la majorité socialiste.

Mais, penser en dehors du cadre, ça aurait pu donner quoi ?

Il y avait tout d’abord la solution de la couverture de la A13, proposée depuis des années, y compris par le Modem. L’espace dégagé aurait pu servir à étendre le tournoi, sans empiéter ni sur les Serres d’Auteuil, ni sur le Bois de Boulogne. Bertrand Delanoé et Anne Hidalgo n’en ont pas voulu, sans doute parce que le coût de l’opération aurait impliqué le fait de passer la main au secteur privé entièrement.

Il y avait ensuite la solution du déménagement de Roland-Garros, ailleurs en région parisienne. Plusieurs villes s’étaient portées candidates, notamment Marne-la-Vallée-Disneyland, Gonesse ou Versailles. Mais là encore, les élites médiatiques et politiciennes ont sans doute trouvé inacceptable l’idée d’aller en banlieue pour suivre le tournoi, fût-ce Versailles, alors que Flushing Meadows ou Wimbledon sont pourtant très éloignés du centre de New York et Londres. Il est tout de même comique qu’on nous sorte des concepts technocratiques comme « le Grand Paris » mais que les politiciens et leurs administrations soient incapables d’y mettre du contenu. Les touristes, quand ils viennent à Paris, vont aussi à Versailles ou à Marne-la-Vallée. Idem pour les franciliens qui travaillent rarement dans la commune où ils résident, à part évidemment les bobos du XIe qui vont au travail à vélo. Alors pourquoi Anne Hidalgo ne pourrait-elle pas réunir autour d’une table la FFT et les édiles de Versailles pour commencer à négocier un déménagement ?

Roland-Garros ne sera ni Sivens ni Notre-Dame-des-Landes. Mais le bon sens voudrait que l’on respecte l’opinion des habitants concernés, sans même parler de la folle idée de prendre des décisions intelligentes, qui respectent l’argent des contribuables aussi bien que le patrimoine ? Comme sur d’autres dossiers locaux parisiens d’aménagement, la maire de Paris, avec à sa tête Anne Hidalgo, a le choix : organiser une démocratie du porte à porte, au niveau local et organiser des référendums sur ce type de sujets, plutôt que sur l’implantation de tipis pour enfants sur les berges de Seine à 30 000 euros l’unité, ou alors voir son action embourbée et lestée par les contingences de la litanie des recours en justice.

À voir la satisfaction de la mairie de Paris et l’opinion des amis des Serres d’Auteuil, la deuxième option semble se prolonger.

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  • C’est parfait.

    Les impôts locaux des veaux parisiens UMPS continueront ainsi d’augmenter. Les entreprises seront mises en difficultés, et fermeront ou délocaliseront. Les petits commerçants idem.

    Tout ce qui contribue à augmenter la pression, à augmenter le servage, est une bénédiction.

    Jusqu’à l’implosion finale et libératrice.

    Il nous faut encore plus de musées, de gouffres financiers, de projets foireux, d' »événements », de « fêtes ». Il nous faut les JO, l’Expo universelle. Tout. Davantage. Et encore plus.

    • Les JO, l’expo universelle… nous nous projetons courageusement dans le nouveau siècle, le 20è… Évidemment les gars ne se sont pas rendus compte qu’on était en fait dans le 21è. Les JO et l’expo universelle sont des summums de la société industrielle. Avec le dépassement de l’industrie, du capitalisme et de l’État-nation toutes nos références sont remises en cause et nous nous retournons vers ce qu’il y a de plus fondamental dans ce qui faisait le système d’avant, parce que nous avons cru à la Fin de l’Histoire.
      Je suis bien d’accord sur le fait que ce soit foireux, mais je pronostique une descente de plus en plus rapide. Les électeurs sont à la recherche d’un nouveau Napoléon ou d’une nouvelle 3è République… on peut critiquer l’UMPS, mais il n’y a pas vraiment d’alternative, tous ont des programmes industriels ou, pire, territorialistes.

  • C’est un des problème de l’hyper centralisme français, où l’on veut que tout soit toujours à Paris. Après l’on s’étonne des problèmes de transports ou de logements, et il est impossible de faire tenir 60 millions de personne sur 1 mètre carré. La France est vaste et possède de grandes agglomérations qui pourraient davantage accueillir de grands évènements. Ce qui permettrait de renforcer leur attrait et de diminuer le surpoids parisien. Mais ce n’est pas compatible avec l’état d’esprit centralisateur de nos élites (économiques, politiques et médiatiques).

  • Pour les Halles ça me fait bien rire. Ce serait bien qu’ils lâchent leurs appartements, qu’on puisse les racheter à bas prix et faire de sacrés bénéfices une fois les travaux finis, parce que soyons clairs : ce sera mieux après qu’avant. Donc qu’ils vendent ! si c’est pas trop cher, j’achète même les nuits blanches qui vont avec.

    Pour ce qui est de Roland Garros, ou il est clair qu’il y a des intérêts financiers très importants dans le sport-spectacle relativement aux licences d’exploitation exclusive des retransmissions. Ces licences ne s’expliquent plus depuis que les coûts de diffusion sont devenus anecdotiques (tout le monde pourrait le faire sur Youtube) : la concurrence pourrait s’exercer librement sur le contenu. A partir du moment où on veut qu’il y ait un monopole encadré par l’état, tout le reste suit. La première chose à faire c’est de mettre fin aux licences télévisuelles et aux conflits d’intérêt en général entre la diffusion et la production de contenu (la seule chose qui explique que la télé existe encore). Les élites médiatico-politiques sont encore légitimées par nos comportements de consommateurs et de citoyens, même si cela s’effrite.
    Après si on arrive à faire de Roland Garros un quartier d’affaires qui vit en dehors de la compétition, ça peut être intéressant quand même. Il ne faut pas que Paris et la banlieue ouest s’endorment et se transforment en musée. Ça me fait penser à ces gens qui achètent des appartements dans les lieux branchés au milieu de la vie parisienne, qui font ensuite des pétitions à cause du bruit la nuit et qui se plaignent auprès des élus, une fois qu’ils ont été entendus, que leur quartier est devenu mort…

    De toutes façons, de manière générale, si je considère que nos institutions publiques sont en train de faire n’importe quoi, je ne suis et ne serai jamais solidaire avec les citoyens qui se plaignent tout le temps de tout et son contraire.

  • J’ai du mal à voir exactement qui paie quoi dans cette affaire.
    Sauf pour les serres d’Auteuil, où la ville paie pour que les riverains et les enfants des écoles puissent y aller gratuitement. Je dois dire cependant que j’ai fait toute ma scolarité sans visiter un seul jardin botanique et que ça ne m’a pas manqué. Ca ne me choquerait pas non plus qu’il y ait un droit d’entrée. Ca coûte combien par an ?
    Pour Roland-Garros, je ne vois pas comment me faire une opinions sans connaître les grandes lignes du budget : est-ce bénéficiaire ou déficitaire pour la ville, et quelles sont les utilisations hors du tournoi ?

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