Par Nathalie Elgrably-Lévy.
À l’échelle nord-américaine, le Québec est la cinquième région la plus pauvre. Par rapport aux pays de l’OCDE, la position relative du Québec se détériore depuis 30 ans. C’est ce qui se produit quand on tente régulièrement et à plusieurs niveaux de réinventer la roue plutôt que de s’inspirer des expériences menées ailleurs.
Les moyens mis en œuvre par Québec pour assainir les finances publiques en sont le parfait exemple. Alors que l’importance d’équilibrer le budget n’est plus à démontrer, la Commission permanente de révision des programmes, instituée par le gouvernement Couillard pour générer des économies de $3,2 milliards, est pernicieuse et totalement superfétatoire.
La Commission est pernicieuse car, en donnant à cinq personnes le pouvoir de suggérer des coupes après avoir écouté les porte-voix des «partenaires» du gouvernement défendre les programmes dont ils bénéficient ou dont ils ont la responsabilité, elle crée un terrain fertile pour l’arbitraire, le lobbying et la corruption.
La Commission est également inutile. D’abord parce que vouloir «réviser les programmes» sans s’être préalablement interrogé sur le rôle attribué à l’État, c’est fatalement tirer à hue et à dia. Ensuite, parce qu’on peut arriver à un résultat nettement plus efficace sans dilapider 4 millions de dollars par année. Il suffit de regarder les autres pratiques.
À cet égard, un pays se distingue pour avoir brillamment réussi à relever son économie et à équilibrer son budget. En 1995, le Wall Street Journal le disait au bord de la faillite. Aujourd’hui, il est cité en exemple partout à travers le monde. Son nom est sur les lèvres de nombreux politiciens, la revue française Les Échos dit de lui que c’est «un cas d’école de redressement long mais spectaculaire», et le journal Le Nouvel Économiste le présente comme «exemple de réforme réussie». Ce pays, c’est le Canada !
Pourtant, Ottawa ne s’est pas encombré d’une commission de révision des programmes, fût-elle temporaire ou permanente, et n’est pas tombé dans le ridicule d’une consultation publique. Pour réduire ses dépenses de fonctionnement, le gouvernement fédéral a tout simplement exigé de ses organismes, sociétés d’État et ministères, qu’ils procèdent à un auto-examen de leurs activités et qu’ils proposent des coupures de 5% et de 10%.
Comme le Québec prend plaisir à exécrer le gouvernement de M. Harper, généralement par réflexe primitif, personne n’admettra que son approche a été fructueuse. En plus d’éviter les frais d’une Commission vaine, cette méthode présente deux avantages majeurs. D’abord, les dirigeants et les employés de chaque organisme sont infiniment mieux placés pour identifier les sources de gaspillage qu’un «expert» externe. Ensuite, comme aucun organisme ne voudra se saborder, chacun identifiera les coupures les moins douloureuses pour la population tout en respectant l’exigence du Premier ministre.
Malheureusement, le gouvernement Couillard préfère s’éterniser en bavardages stériles plutôt que d’agir concrètement. Le déficit budgétaire du Québec est grave. Mais le déficit de pragmatisme de sa classe politique est pire !
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“A l’échelle nord-américaine, le Québec est la cinquième région la plus pauvre” : Région ? kezako ? Il n’y a pas de ” région” en Am du Nord mais des états, des provinces ou des territoires…
Sources ?
Google est votre ami.
Ah ouais ok. On balance un truc assez énorme, “cinquième région la plus pauvre” , sans sources. Ça fait toujours son effet.
Mais je me dis, c’est quoi une “région” en Am du Nord ? Admettons que l’on parle d’États, de provinces, ou de territoires. Vu que le Québec a le deuxième PIB du Canada , cela me paraît très difficile d’être la cinquième région la plus pauvre.
Par “région”, elle signifiait effectivement “état”. C’est souvent sur cette base que l’on se compare en Amérique. Des comparaisons USA vs Canada seraient moins significatives que si l’on morcelle par États(51 aux US, 10 au Can)
Et elle parlait du PIB/habitant. À peu près toutes les études sur le sujet placent le Québec dans les bas fonds de l’Amérique.
Article très intéressant, chère Nathalie, mais je suis un peu confus.
Vous dites que le Canada a fait un gros travail de redressement et que “comme le Québec prend plaisir à exécrer le gouvernement de M. Harper, généralement par réflexe primitif, personne n’admettra que son approche a été fructueuse”.
Le problème est que le redressement des finances canadiennes a été effectué par le gouvernement précédent, celui de centre gauche de Jean Chrétien et Paul Martin (Parti libéral) et pas par celui de centre droit de Harper (Parti conservateur).
Donc je ne vois pas pourquoi il faudrait mettre au crédit de Harper la politique de ses prédécesseurs.
Le Canada actuel s’en sort très bien économiquement, et Harper a rendu le Canada plus compétitif donc si il a du mérite.
Vous avez raison. Les réformes ont été entamées par Chrétien et Harper a poursuivi dans la même voie, mais c’est Chrétien qui a fait le gros de ménage. J’ai aussi trouvé étrange la formulation de Nathalie, mais cela n’invalide pas le principal propos de son billet.
Quel est le rôle du fédéral dans la réussite économique d’une province ?
C’est quoi le rapport avec le billet? Nathalie traite de deux approches différentes pour assainir les finances publiques.
Le rapport ? C’est une vraie question. Justement.
Mes excuses.
Je suis tellement habituer de m’obstiner avec des nationalises québécois que j’avais mal saisi le sens de votre question.
Disons que la question est assez difficile à répondre. Je n’ai pas le temps de bien vous répondre, mais disons qu’il y a beaucoup de débat à savoir si le fédéral(principal percepteur d’impôt)verse suffisamment d’argent aux provinces pour qu’elles s’acquittent de leurs lourdes missions(santé, éducation). Ça c,est pour les débats “provincial vs fédéral”.
Pour ce qui est de la réussite du secteur privé, je dirais que le fédéral a généralement peu d’impact. Bien qu’il aille déjà favorisé certaines régions avec des versement de subventions, il reste qu’il ne brime pas autant l’entrepreneuriat que semble le faire l’État français.(du moins d’après ce que je lis sur contrepoint!!!). Les deux provinces les plus hot présentement d’un point de vue économique(Colombie-Britannique et Alberta)doivent principalement leur succès aux investissements privés.