Par Thibault Doidy de Kerguelen
C’est l’agence Reuters qui l’affirmait lundi dernier : Carlos Ghosn se prépare à réduire son activité de production de batteries. Un article de La Tribune décrivait ainsi les nouveaux plans du PDG de Renault et Nissan :
Le projet passerait par un arrêt progressif de la production de batteries chez Nissan aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ainsi qu’une réduction de la production pour les batteries de prochaine génération, qui serait concentrée sur la troisième usine de batteries de Nissan, au Japon, la plus grande des trois […] Une décision sur les usines de Nissan à Sunderland, en Grande-Bretagne, et à Smyrna, dans le Tennessee, est attendue le mois prochain. […] Nissan pourrait effectivement commencer à acheter des batteries électriques auprès du sud-coréen LG Chem, en plus de son partenariat avec le japonais NEC Corp.
Carlos Ghosn a précisé qu’il ne s’interdisait pas de regarder d’autres fournisseurs comme LG ou d’autres. « On a voulu être un leader de fabrication de batteries. Ça s’est avéré moins performant que ce qu’on avait prévu », a-t-il ajouté, et de reconnaître : « On avait fixé à 1,5 million d’unités vendues en cumul pour Renault et Nissan d’ici à 2016, un objectif qu’on a repoussé à l’horizon 2020. »
La politique Ghosn a toujours été la même : ne pas s’entêter sur des secteurs où Renault n’est pas leader. Le grand pari des batteries électriques qui nous avait été présenté il y a quelques années comme l’Alpha et l’Omega du développement à venir de la marque au losange s’avère être un échec. Les acteurs au niveau mondial qui font mieux que Nissan-Renault sont légion. Pourquoi, alors s’entêter ?
L’article de La Tribune cite LG comme fournisseur de batteries pour le groupe. C’est probablement exact pour le moment. Cet article évoque également le marché de la voiture électrique qui refuse obstinément à décoller. C’est très exact pour le moment : les voitures électriques représentent moins de 0,5% du marché en France en 2013, la baisse du bonus écolo ayant freiné bien des ardeurs…
Ce que le journaliste ne semble pas avoir vu, c’est que cette analyse a déjà été prise en compte par Ghosn et son équipe. L’annonce récente d’un accord avec Bolloré en est la réponse anticipée. Désormais, les Bluecar seront fabriquées dans l’usine Renault de Dieppe, et seront développées par le Technocentre de Renault. La marque au losange entre à hauteur de 30% dans le capital de la société qui gère Autolib’, qui proposera les modèles Renault à la location. Désormais tout acheteur de voiture électrique Renault ou Nissan bénéficiera d’accès aux bornes de rechargement Autolib’ pendant un an ! Or, quel est le vrai savoir-faire de Bolloré ? La construction de voiture ? Sûrement pas. Le bureau d’étude industriel et automobile ? Sûrement pas. Alors, quelle est la raison profonde de cet accord, quel est l’intérêt pour Nissan-Renault ? Les batteries. Bolloré technologie a une avance considérable sur ses concurrents en matière de batteries. C’est ça et rien d’autre qui intéresse Ghosn. Une absorption de Batscap, la filiale en charge des batteries, par le géant de l’automobile semble évidente dans les années à venir.
Renault et Bolloré vont fabriquer leur voiture… par France3Haute-Normandie
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Sur le web.
Renault n’absorbera pas Batscap parce que la technique du véhicule 100% électrique sur batterie est une voie absurdité, un bébé non viable qui ne survit dans son incubateur que grâce aux subventions massives.