Par Fabrice Copeau.
L’Italie a de tout temps été un laboratoire des idées politiques. La patrie de Machiavel a aussi engendré le fascisme, la social-démocratie et la démocratie chrétienne, les chevaliers blancs de la moralisation politique (via l’opération Mani Pulite), ou encore, la politique spectacle médiatico-amorale de l’ère du condottiere et de son parti-entreprise-chaîne de télé Forza Italia.
Jacques de Saint Victor, auteur de l’excellent Les racines de la liberté : Le débat français oublié, 1689-1789, lauréat du prix Wikibéral 2008, juge donc utile de se pencher sur la situation politique vécue par nos voisins transalpins pour mieux comprendre l’évolution de la sphère politique contemporaine.
Beppe Grillo est un hurluberlu à la coiffe poivre et sel fournie. C’est un comique contemporain, une sorte de Coluche génois. Mais il fait rire jaune la classe politique, et pas du tout rire Jacques de Saint Victor. Bon connaisseur de l’Italie, cet historien du droit et des idées politiques prend l’ex-comique au sérieux. Il ne croit pas que la spectaculaire percée électorale de son Mouvement cinq étoiles (M5S), en février 2013, soit réductible à une mauvaise farce italienne. Le M5S représente désormais un tiers du parlement italien. Et, même si le triomphe du jeune et fringant Matteo Renzi aux élections européennes (plus de 40% des voix) l’a provisoirement éclipsé, Grillo est en deuxième position, avec plus de 20% des suffrages.
Les propos de Grillo sont clairs, limpides, et d’une âpreté extrême. Il est le meilleur exemple du populisme contemporain. Il emploie des slogans simples sinon simplistes (« ils doivent tous dégager »), fait du V de la victoire – mais surtout de vaffanculo – son signe de ralliement. La crise du vieux capitalisme, au moment même où s’affirme la révolution Internet, conduira, selon Grillo, à la tabula rasa de 1789. « Nous serons la révolution sans la guillotine », proclame-t-il. Le comique n’a cessé d’affirmer haut et fort que tout le « vieux système » va disparaître. Selon lui, les partis politiques sont morts, les syndicats sont morts, les médias traditionnels sont morts, même les élections et le Parlement sont en péril. Sur ce thème, il draine des foules massives dans ses meetings, comme ce 1er décembre 2013, sur la place de la Victoire, à Gênes, cette ville où il est né, comme Christophe Colomb. Grillo aime se comparer à son glorieux compatriote qui a changé la face du monde.
Pour Saint Victor, « vingt ans de politique spectacle, de dérision et de dérive technocratique, engendrent un peuple blessé, ultraréactif ou apathique, protestataire ou lassé de tout, et vomissant ses élites ».
Comme Pierre Miquel dans Les @narchistes (Albin Michel, 2003), Saint Victor inscrit le mouvement de Grillo dans une nouvelle mouvance protestataire, celle des « antipolitiques ». Celle de La France rebelle, Tous les mouvements et acteurs de la contestation (Xavier Crettiez et Isabelle Sommier, Michalon, 2006), dans laquelle nous avons l’honneur de figurer en bonne place, aussi. Un mouvement antipolitique, c’est pour Saint Victor un mélange d’indignation morale et de rébellion, de la part de citoyens rêvant de s’émanciper de la « vieille politique », grâce au web, aux forums, aux réseaux sociaux, et à la faculté immense de mobilisation de ceux-ci lors d’une campagne électorale.
Les exemples sont nombreux et célèbres, au profit de candidats parfois (la campagne d’Obama en 2008), à leur détriment souvent (les tweets de Royal, Hollande, Trierweiler et tant d’autres), mais surtout et toujours, au profit de tous les groupes qui se situent aux marges du débat politique officiel et constitué, et dont nous autres libéraux, sommes aussi une illustration. Saint Victor, en ce sens, n’hésite pas à faire de l’émergence du web un acte aussi révolutionnaire que l’invention de l’imprimerie, prolongeant et actualisant en cela les travaux déjà anciens de Marshall McLuhan (Pour Comprendre les médias, Seuil, 1977).
- Jacques de Saint Victor, Les Antipolitiques, Grasset, collection Essai Blanche, 2014, 128 pages.
Cet article me rappelle le mot de Coluche: “J’arrêterai de faire de la politique quand Marchais arrêtera de faire rire les gens”!
Si les hommes de l’État servaient l’État au lieu de se servir de l’État, nous n’en serions pas là . Et quand, en plus, ils se ridiculisent…
L’État c’est les fonctionnaires et les cronies et ils sont bien servis.
Ça se développe bien en France ce genre de truc, un bon exemple c’est l’UPR.
Le truc le plus con à faire en temps de crise politique, etc. c’est de faire un mauvais diagnostique et de surréagir.
l’upr s’est plutôt une secte. laissez moi rire. l’upr fait combien ?? même pas 1%. ils ne représentent rien en france contrairement au mouvement 5 étoiles qui fait dans les 20 % si mes souvenirs sont bons. ce qui est marrant c’est que juste avant les européennes, il y avait plein de troll de l’upr sur les forums de journaux,…sur facebook et puis comme par hasard, après ils ont tous disparu. récemment, le gourou de l’upr est passé à la télé où il s’est fait complétement ridiculisé. manifestement, il a du mal avec la contradiction et le débat (ce qui n’a rien d’étonnant qd on sait que dans son parti, c’est lui qui controle tout). le programme de l’upr est encore moins crédible que celui du fn. l’upr n’a aucun vrai projet pour la france, ils sont trop omnubilé par deux choses: l’ue et l’otan