Allons jusqu’au bout de la logique de la gratuité !

On reproche aux libéraux de vouloir un monde où tout serait payant. Mais prenons le problème à l’envers. La gratuité existe-t-elle réellement ?

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Payant gratuit (Crédits Steven Depolo, licence Creative Commons)

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Allons jusqu’au bout de la logique de la gratuité !

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Publié le 17 août 2014
- A +

Par Marius-Joseph Marchetti.

Payant gratuit (Crédits Steven Depolo, licence Creative Commons)Une critique retentissante est faite aux libéraux de tous bords, de toute tendance et de divers degrés, celui d’un monde où rien ne serait gratuit et tout serait payant.

Mais prenons le problème à l’envers. La gratuité existe-t-elle réellement ?

Faisons l’hypothèse que oui, et poussons donc la logique des étatistes à leur paroxysme.

Si l’État est capable, selon l’Évangile étatiste, de fournir une monnaie saine, de soigner efficacement les citoyens, d’assurer des médias et une presse de qualité, des routes et des rues fort bien entretenues, des services postaux à toute épreuve, une excellente éducation et bien d’autres encore, pourquoi ne pas nationaliser tous ces pans de l’économie ?

Si l’État fournit un service de qualité dans chaque domaine qu’il retire de la sphère privée et volontaire, pourquoi ne nationaliserait-il pas toutes les activités actuellement gérées librement par le privé (enfin librement, n’exagérons pas, on réglemente bien déjà à outrance, mais passons) ? Pourquoi les étatistes n’annihilent-ils pas toute possibilité de profit dans l’économie ? Ainsi les étatistes enlèveraient le pain de la bouche des personnes les plus cupides. Ce monde de gratuité serait un monde paradisiaque dont les les plus cupides se verraient refuser l’accès.

Merveilleux, n’est-ce pas ?

Les personnes cupides sont bien entendu celles qui souhaitent garder leur argent pour elles, non pas celles qui vous le prennent « avec votre consentement » en faveur de l’intérêt général.

 

Suivons donc cette route de la servitude, pardon, de la gratuité, jusqu’à sa destination finale.

Pourquoi donc ne pas également nationaliser tous les logements en France ? Plus de crise du logement, me direz-vous. La fameuse spéculation s’arrêtera net. N’est-ce pas un monde idyllique ? Plus de crise, plus d’égoïstes, plus de spéculation. Le rêve de tout socialiste et, globalement, de tout étatiste. L’État règle le problème car après tout, nous ne sommes que des hommes. Et par nature les hommes sont faillibles. C’est bien pour cela que les personnes nous dirigeant sont en réalité des robots. Ah, ils ne le sont pas ? En tout cas, ils doivent être guidés par une morale manquant sans aucune hésitation aux autres hommes.

« Puisque les tendances naturelles de l’humanité sont assez mauvaises pour qu’on doive lui ôter sa liberté, comment se fait-il que les tendances des organisateurs soient bonnes ? Les Législateurs et leurs agents ne font-ils pas partie du genre humain ? Se croient-ils pétris d’un autre limon que le reste des hommes ? » Frédéric Bastiat, La Loi.

L’État non seulement peut, mais très certainement devrait planifier le logement.

Allons encore plus loin : pourquoi ne pourrait-il pas également s’occuper de fournir de la nourriture gratuite à tout le monde ? Imaginez : chacun mangerait à sa faim, plus de sous-alimentation, plus aucun pauvre. Un nivellement par le haut. Et qui plus est, plus de capitaliste, plus de spéculateur, plus rien ne serait payant et ce qui est pour le moins réjouissant, la mort de l’individualisme et, suivant, de l’égoïsme.

« L’une des plus amères ironies du XXe siècle fut que le communisme, qui se voulait une doctrine égalitaire et accusait le capitalisme d’égoïsme et de sacrifier cruellement les autres pour son bonheur, est devenu une fois au pouvoir un système d’un égoïsme et d’une cruauté telle qu’elle rendait les péchés du capitalisme pâles en comparaison. » Thomas Sowell

 

Qu’importe la liberté, pourvu qu’on ait la gratuité !

Regardons les expériences de parfaite planification dans le domaine alimentaire et immobilier dans les paradis socialistes comme l’ex-URSS, ou par exemple, l’actuelle Corée du Nord.

Tout le monde était bien nourri et bien logé, il n’y a jamais eu aucune pénurie et aucune file d’attente monstrueuse dans le simple but de se nourrir, à l’inverse de ces sociétés occidentales que les étatistes haïssent tant, et où toutes les sphères productivistes étaient soumises à l’intérêt général.

Pourquoi donc les étatistes ne vont-ils donc pas jusqu’au bout de leur logique ?

Pourquoi alimenter et loger sa population serait-il moins important que de fournir une éducation, une santé, une monnaie, des services postaux, des transports, des infrastructures, et bien d’autres ? S’abriter et se nourrir ne sont-ils pas des priorités dans la vie d’un homme ?

En réalité, la volonté d’appliquer le programme étatiste jusqu’au bout est l’aveu même des étatistes que la gratuité n’existe pas, et que l’intérêt général détruit l’intérêt personnel de tous, pauvres et faibles compris. L’État m’offre tous les biens ? Pourquoi m’évertuerais-je à travailler puisque quelqu’un le fera à ma place ? Le tout-État n’est pas un système où l’égoïsme aura disparu. Au contraire, il a été amplifié. Là où dans un système capitaliste, l’égoïste ne sacrifie aucun être et demande à ne pas être sacrifié et où, pour assouvir sa cupidité, il doit proposer des services de qualité à des consommateurs, dans un système communiste, l’égoïste assouvit sa cupidité aux dépens de tous.

Nous répondrons désormais négativement à la question. Il n’y a pas de plus grand sophisme que la gratuité. Si vous ne voyez pas le prix d’un bien, dites vous toujours qu’il a un coût et que si vous ne voyez pas ce qu’il vous en a coûté, c’est que ce service n’a pu être financé que par le vol à grande échelle.

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  • La question de la gratuité ne sert qu’à évacuer le « qui » et le « comment » du paiement. Et les libéraux sont souvent bien mesquins et bien peu attrayants dans leurs préconisations à ce sujet. Ils me font parfois penser au pisse-vinaigre qui lors d’une soirée au restaurant exige avant d’entrer que les additions soient séparées, plombant l’ambiance, alors que si ce sont de vrais amis celui qui aura pris un plat coûteux proposera de lui-même de payer le supplément, et que d’ailleurs s’il ne le fait pas il sera exclu du groupe à l’avenir.

    • Et les dirigistes/socialistes sont bien fourbes dans leurs préconisations. Ils font tout à fait penser à ces joyeux drilles qui, lors d’une soirée au restaurant, choisissent les plats les plus chers, les vins les plus onéreux, se font péter la panse tout en assurant ses amis, confiants, de ne pas s’inquiéter pour la note. Puis, quand vient la douloureuse, tout à coup pisse-froid, il déclare qu’on va la diviser entre tous, parce que sinon vous n’êtes que des enfoirés de salops d’égoïstes qui ne pensent qu’à leur pomme, qui ne peuvent pas comprendre le malheur des gens comme lui, et que si on ne joue pas collectiviste c’en sera fini de l’égalité et de la fraternité (la liberté, connait pas!).

      Ce que je dis est tellement vrai qu’il vient encore d’être illustré d’un nouvel exemple (voir article du jour), à propos d’élus qui bénéficient de logement HLM, tout en touchant une paye confortable (plus de 3000 euros net), et qui déclarent pourtant qu’ils ont besoin de ce HLM, parce que sinon, les malheureux, ils ne pourraient pas s’en sortir à Paris. La différence avec la métaphore du restaurant, c’est que les amis peuvent refuser, alors que là, on est obligé de le subir. Alors vos métaphores festives, vous pouvez aller les servir ailleurs, chez les gogos néo-marxistes ultra-collectivistes qui vous accueilleront à bras ouverts.

      • Tout à fait d’accord avec votre premier paragraphe, et le début du second. Mais je ne comprends pas votre dernière phrase, assez peu constructive à mon avis…

    • Je ne vois pas le rapport avec le principe de non agression.
      Le libéralisme consiste à ne pas spolier autrui.
      Pas à être pingre.

      Selon les socialistes, la cupidité consiste à vouloir conserver l’argent qu’on a gagné honnêtement; mais convoiter celui des autres et se l’approprier sous la menace, ce n’est pas critiquable !

  • Bonjour
    Il faut tjs rappeler aux étatistes les résultats catastrophiques d’un pays collectivistes.
    Malheureusement les années passent et l’exemple des pays de l’est (socialistes) est facilement occulté.
    (Re)lire JF REVEL la grande parade

    « Voilà dix ans, s’effondrait le régime soviétique, non pas, comme ç’avait été le cas pour le nazisme, sous les coups guerriers de l’adversaire, mais sous l’effet de sa propre putréfaction interne. Beaucoup pensèrent tout naturellement que le plus spectaculaire échec d’un système politique dans l’histoire humaine allait susciter au sein de la gauche internationale une réflexion critique sur la validité du socialisme. »

  • Très bon article que j’ai grandement apprécié !

  • Les files d’attentes en URSS n’étaient RIEN comparé aux files d’attente chez Carrefour un samedi après midi !

    Nan, je déconne…

    Très bon article 🙂

  • « There is no free lunch » comme disent nos chers anglais .
    Je le répète à l envie à chaque fois qu un collègue aux roses lunettes se chope un virus sur internet après avoir téléchargé un logiciel « gratuit » . Toujours un moment d intense rigolade ….

    • Et pourtant nombre de logiciel « gratuit » sont parfaitement correct et même open source. Et pourtant, l’air que l’on respire n’a rien couté à personne, ni la pépite d’or qu’un passant découvre par hasard, etc..
      Si quelque chose vaut peu voire rien pour l’un et beaucoup pour l’autre, le coût que va supporter le premier en s’en séparant sera faible ou nul alors que le second aura un gros gain en l’acquérant.
      La gratuité existe, le problème n’est pas là.
      Les socialistes justifient la spoliation en disant qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, que le Bien nécessite quelques sacrifices, etc…

      • Pas trop d accord avec vous : ce qui est donné par la nature à profusion est gratuit car abondant , sans effort de production , rassurez vous (!) , si un jour l air devenait irrespirable , alors l air purifié serait payant . Des qu il y a effort ou rareté c est payant . « Une pépite trouvée par hasard est gratuite  » : dites , vous en avez trouve combien de pepites en passant par hasard ??
        C est le fonctionnement de nos sociétés , tout travail mérite rétribution et ce qui ne coûte rien ne vaut rien, ou alors , il y a un « loup » comme sous les freewares internet .
        Maintenant je suis d accord avec vous sur le fait que qq. chose peut valoir peu pour quelqu’un et beaucoup pour d’autres , le commerce est basé la dessus mais nous ne sommes plus ici sur le sujet de la gratuite .
        Malgré tout , je vous suis sur le fait que la gratuite existe : quand il s agit d un don désintéresse , volontaire de quelque chose qui a du prix : du temps passe , de la compétence donnée , de l argent sans contrepartie .

  • La gratuité représente un coût pour le contribuable.
    Le consommateur ne veut pas connaître le prix du service rendu, puisque souvent le consommateur et le contribuable sont des personnes différentes.
    Le contribuable n’a pas accès aux services (gratuit) rendus de par sa situation de contribuable.
    Il reste aux contribuables a quitter la France afin de pouvoir accéder aux différents services, qu’il ne peut s’offrir en France de par le coût  pour lui (le contribuable) !
    S’ il ne reste plus de contribuable en France, qui va payer ses services gratuits ?
    Eurêka, ses services seront financés par la dette !

  • Les socialistes réclament la gratuité et veulent en même temps augmenter les salaires . Cherchez la logique.

  • Bonjour,
    Pourtant la gratuité existe bien. Elle existe sous différents types :
    (a) Certaines ressources naturelles comme l’air ou la lumière du soleil.
    (b) Lorsque je ne fais pas payer le travail. Exemple : un ami vient me demander de l’aider à rénover sa maison, je ne lui fais pas payer, il y a donc bien gratuité de mon acte.
    (c) Là c’est plus ambigu. En effet c’est confondre le non-marchand et le gratuit. Par exemple l’éducation ou tout simplement le phare qui guide les navires. On peut parler de gratuité car on ne paie pas le service directement, mais il est bien payé par la collectivité, c’est pour cela que parler de gratuité me semble inadapté contrairement aux points (a) et (b). Dans ce cas, il conviendrait mieux parler d’apparence de gratuité.

    Enfin, remarquez que les points (a) et (b) mis ensemble montrent que peut exister un monde de gratuité.

    • Bonjour,

      Je reviens sur votre point b. Ce n’est parce que vous ne faites pas payer le service rendu qu’il y a gratuité. Certes, pour la personne recevant ce service, c’est gratuit, mais ce service représente un coût pour vous (temps passé pour cette personne alors que vous auriez pu faire quelque chose d’autre). Par ailleurs, il est possible que vous attendiez éventuellement la même attitude de sa part, lorsque vous aurez également besoin d’un service… Au final, votre point b rejoint votre point c : la gratuité n’est qu’apparente.

      L’argent n’est qu’un moyen de rationaliser la valeur de l’échange… Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’échange d’argent que c’est nécessairement gratuit.

      • Bonjour,
        la définition de la gratuité est très claire selon le Larousse. Est gratuit ce dont on jouit sans payer. Dans la cadre de mon point (b), c’est bien gratuit. Bien entendu que pour fournir un service ou un bien à mon ami je vais devoir travailler et donc passer du temps, mais justement c’est gratuit parce que je ne le fais pas payer. Et moi-même je ne paie rien ! Il ne faut pas confondre gratuité et non-travail.

        • La définition du Larousse complète est celle-ci : « Qui est fait ou donné sans qu’il en coûte rien, dont on jouit sans payer ». Vous avez donc mis de côté la première partie de la définition, qui correspond pourtant à l’erreur que je relève dans votre propos. Vous ne payez rien, mais il vous coûte du temps et de l’énergie que vous pourriez utiliser à faire autre chose. En ne faisant pas payer le service, vous acceptez juste de prendre l’intégralité du coût à votre charge.

          • Bonjour,
            sans qu’il en coûte rien ou sans qu’on paie c’est exactement la même chose. Si je vous suis il n’existe aucun acte gratuit puisque tout acte nécessite une dépense d’énergie donc la définition du Larousse est elle-même un non-sens puisqu’elle implique un acte.

            Voici la définition du Larousse concernant « coûter » : Valoir tel prix, nécessiter une certaine somme pour être acquis, en parlant d’un objet, d’un bien, d’une marchandise, etc. ; entraîner telles dépenses pour être utilisé, entretenu ou pour fonctionner.
            Il me semble que cela confirme mon propos.

            Vous jouez avec le sens du mot « coûter ».

            • Oui, selon moi, il n’existe pas d’acte gratuit. Tous comportent un coût caché.
              On ne va pas dire que je joue avec le sens du mot « coût », mais que je ne mets juste pas la même définition derrière :).

  • en effet la gratuité conduit à l’impossibilité de définir un prix aux choses et implique de retirer la liberté de choix aux gens et de planifier, en gros c’est toujours une duperie et une forme de dictature.

  • Bonsoir,
    D’abord il a été prouvé qu’il y avait du bon dans la gratuité (voir d’autres articles).
    Ensuite, ce sont les travers du capitalisme à outrance et contre la population qu’il faudrait pointer, plus que le capitalisme en lui même ; qui a également du bon.

    • « travers du capitalisme […] contre la population »

      Le capitalisme est une entité extérieur à l’humanité ? Contrôlé par les reptiliens peut-être ?

      • Non, les lois sont faites par et pour les dirigeants. Et non pas pour la majorité de la population qui y contribue.

        • Le rapport entre « capitalisme » et « les lois […] faites par et pour les dirigeants [de quoi ?] » ?
          J’ai l’impression que vous confondez des notions que vous ne maîtrisez pas.

  • « Si vous ne voyez pas le prix d’un bien, dites vous toujours qu’il a un coût  »

    Il faut être honnête : il est devenu plus facile, depuis 10 ans, de voir et rendre publics les prix des biens assurés par les deniers publics.
    Il y a des zones obscures (financement de la presse, des partis, des syndicat) qu’il faudrait encore clarifier, mais le mouvement va plutot dans le bon sens.

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