Par Jacques Henry.
Novartis est accusé de corruption aux États-Unis pour avoir incité les pharmacies sous contrat à proposer le Myfortic dont les prescriptions sont remboursées par les assurances Medicare et Medicaid moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes, peut-être des francs suisses fraichement imprimés. Le billet de banque le plus imprimé dans le monde occidental est le billet de 500 francs suisses ! Le Myfortic est un traitement prescrit après une transplantation rénale et il constitue une belle rente de situation. Même certains patients ont été corrompus par la firme suisse, un comble. Parallèlement Novartis suggérait fortement la prescription de l’Exijade pour combattre les surcharges en fer des dialysés en attente d’un greffon, une sorte d’arrangement gagnant-gagnant illégal. Et le juge fédéral Colleen MacMahon à New-York a rejeté les objections de Novartis qui pourrait payer jusqu’à un milliard de dollars d’amende.
Toujours la bande des Suisses, cette fois en Italie et bientôt aux États-Unis : Novartis et Roche sont accusés de pratiques anticoncurrentielles en ayant empêché l’usage de l’anti-cécité des seniors (dégénérescence maculaire) et aussi anticancéreux Avastin de Roche au profit du Lucentis de Novartis, ce dernier étant plus cher que le précédent. Cette fois l’amende pourrait atteindre 1,2 milliards d’euros. Il faut rappeler que l’Avastin et le Lucentis sont deux molécules très proches mises au point par Genentech, toutes deux inhibiteurs de l’angiogénèse, et l’entente très cordiale entre Novartis et Roche a consisté à introduire une différence marketing fantaisiste et artificielle entre ces deux spécialités pour mieux arnaquer l’assurance maladie italienne. On comprend que le gouvernement italien n’ait pas trop apprécié le procédé.
L’Avastin et le Lucentis sont également dans le collimateur de la justice américaine car il semble incompréhensible que le traitement avec l’Avastin coûte 50 dollars par injection alors que le même traitement avec le Lucentis revient à 2000 dollars exactement dans le même but et pour deux molécules pratiquement identiques. La différence de prix est presque obscène mais les médecins ont tout intérêt à prescrire la spécialité la plus chère, eux aussi poussent à la dépense. Toujours est-il que le surcoût pour l’assurance maladie américaine est de 1 milliard de dollars par an et les Italiens n’ont pas attendu les décisions américaines et ont parfaitement raison de sévir devant ces pratiques mafieuses…
Avec le Tamiflu, les statines, les antidépresseurs, on n’est jamais déçu avec les agissements frauduleux des firmes pharmaceutiques !
Sources : Reuters et The Washington Post
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Sur le web.
Ces pratiques finiront par faire imploser la bulle… ou plutôt, leur incrimination devant la justice le feront. Bientôt le terme Pharmafia pourra remplacera celui de Bankster… au grand dam des petits porteurs.
Pourtant la vue sereine tend à analyser ces dérives comme inévitable. La punition, et l’interdiction resteront toujours des solutions bien moins efficace que le marché de la libre concurrence.
Medicare, associé aux lois sur les brevets… Voilà la panacée dangereuse dont le monde gagnerait à être sevré.
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