Le Pen et Wilders se parlent pour créer un nouveau groupe au Parlement européen

Un groupe permet de toucher plus de subventions européennes et d’avoir plus de personnel financé par les contribuables.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Wim Wilders (Crédits Roel Wijnants, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le Pen et Wilders se parlent pour créer un nouveau groupe au Parlement européen

Publié le 16 mars 2014
- A +

Un groupe permet de toucher plus de subventions européennes et d’avoir plus de personnel financé par les contribuables. Une question cruciale émerge : que vont faire Nigel Farage et UKIP ?

Un article d’Open Europe.

wilders-le-pen_2733602b

Faire partie d’un groupe au Parlement européen a son importance. Les groupes reçoivent de l’argent en plus des allocations aux eurodéputés individuels, et du personnel en plus pour le groupe. Cela augmente aussi les chances d’être représenté dans les comités (où les lois de l’Union européenne sont discutées et modifiées avant d’être soumises au vote en session plénière).

C’est pourquoi la perspective que Marine Le Pen, chef du Front National en France, et Geert Wilders, chef du Parti Pour la Liberté (PVV) aux Pays-Bas, forment un nouveau groupe anti-immigration et anti-UE dans le prochain Parlement européen est la cause de quelques sueurs froides à travers l’Europe. La dernière fois que ceci a été tenté, avec le groupe qui s’était baptisé Identité, Tradition et Souveraineté (ITS), cela a rapidement éclaté en morceaux, Le parti Grande Roumanie (PRM) n’a pas tout à fait apprécié qu’Alessandra Mussolini, la petite fille de qui vous savez, étiquette les Roumains comme « hors la loi habituels », et s’est donc retiré du groupe. Voilà qui en dit long.

Alors, Wilders et Le Pen réussiront-ils à unir des partis qui, par définition, ne s’aiment pas toujours les uns les autres ? D’après les règles de l’UE, au moins 25 eurodéputés, d’au moins un quart des États membres (7 pays) sont nécessaires pour former un groupe.

D’après notre décompte, au moins quatre autres partis, d’au moins autant d’États membres, semblent volontaires pour unir leurs forces avec le FN et le PVV : la Lega Nord en Italie (qui est actuellement dans le groupe de UKIP), le Vlaams Belang en Belgique, le Parti autrichien de la Liberté (FPÖ), et les Démocrates suédois (dont le chef a déclaré qu’ils envisagent de rejoindre ce groupe). Il ne manque donc au FN et au PVV qu’un parti et un pays.

Ça pourrait être comblé, par exemple, par le Parti national slovaque (SNS), qui est assez dur, et qui siège aujourd’hui avec UKIP. Ataka, de Bulgarie, serait probablement aussi assez favorable à s’y joindre, quoique Le Pen a récemment désigné ce parti comme étant « la vraie extrême droite » (et ça n’était pas dit comme un compliment). Grande Roumanie pourrait avoir du mal à franchir le seuil national des 5% nécessaires pour gagner des sièges au Parlement européen, mais pourrait être une autre possibilité.

Le Parti du Peuple danois a dit qu’il ne rejoindrait pas le groupe, et l’Aube Dorée, en Grèce, ou Jobbik en Hongrie, sont hors de question pour tout le monde.

Ça pourrait donc être très juste. Il y a un intéressant effet de bande, cependant : si Le Pen / Wilders y arrivent, ça pourrait signifier des problèmes pour Nigel Farage. UKIP siège pour le moment dans le groupe Europe de la Liberté et de la Démocratie (EFD), qui inclut 31 eurodéputés de 12 pays différents, mais :

  • Farage pourrait perdre un certain nombre d’eurodéputés d’Italie si la Lega Nord rejoignait le FN et le PVV, et si l’autre Italien, Magdi Cristiano Allam, se présentait sous la bannière d’un autre parti italien, Fratelli d’Italia.
  • Le Parti national slovaque pourrait rejoindre Le Pen et Wilders au bout du compte.
  • Les (Vrais) Finnois sont en tractations avec les Conservateurs et Réformistes Européens (ECR), où se trouve le parti conservateur du Royaume-Uni.
  • Les deux eurodéputés grecs du groupe de UKIP sont de LAOS, un parti qui est pour le moment, dans les sondages, sous la barre des 3% pour avoir des élus. Ça signifie que leur ré-élection n’est pas certaine.
  • De plus, sept de 12 pays dans le groupe de UKIP y sont représentés par un seul eurodéputé.

Farage pourrait donc avoir besoin de nouveaux partis, de nouveaux eurodéputés, et de plus de pays, pour être capable d’assembler un groupe après les élections européennes de mai. Et s’il n’arrive pas à faire un groupe pour lui même, où ira-t-il ? Va-t-il reconsidérer sa décision de ne pas s’associer avec Marine Le Pen, chose qu’il a exclue dans le passé, quand il a déclaré que UKIP et le FN viennent de « traditions et origines politiques complètement différentes ».

Ce qui est clair, c’est que la formation de groupes politiques au Parlement européen va être une affaire compliquée ; et nous n’avons même pas encore commencé à discuter des Conservateurs et Réformateurs de l’ECR.


Sur le web. Traduction Contrepoints.

Voir les commentaires (8)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (8)
  • Alliance qui reposerait vraiment sur la recherche du confort, alors.

    Sans être un expert de la politique hors de nos frontières, il me semble que Geert Wilders est difficile à classer sur un échiquier : j’ai vu des interviews de lui, et il n’est ni antiaméricain, ni antisioniste/antisémite et ne semble pas être opposé à la liberté économique. Je n’ai pas l’impression qu’il soit un étatiste qui vilipende le désormais fameux « ultralibéralisme » à chaque phrase prononcée, comme certain(e)s…

    Si des personnes peuvent m’éclairer sur le personnage, je les en remercie par avance.

    • Idem, cette alliance avec le FN est un peu une surprise. Ce que l’article ne mentionne pas c’est que l’actuel eurodéputé français du groupe EFD est Philippe de Villiers qui sera probablement remplacé par un ou deux eurodéputés issus de DLR de Dupond Aignan. Bien qu’il n’ait pas fait 2% à la présidentielle, son score va monter aux européennes.

    • wilders est antimusulman, prosioniste, libertaire question meurs, libéral en économie ( mais pas trop, sinon on n’a pas de voix aux elections…. )

  • avec marine le pen, il a la mème couleur de cheveux, c’st déja un début …

  • article intéressant et bien fourni en infos.
    bien sur les uns et les autres partis qui souhaitent se regrouper ne le font que pour l’argent… on peut donc en déduire que notre démocratie est bien biaisée une fois de plus.

  • J’ai lu que le FN n’y était pas arrivé, jusque à présent, du fait ded « déclarations-surprises » du père, Jean-Marie, parfois franchement gênantes pour ses « amis ».

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
4
Sauvegarder cet article

On s’habitue sans se résigner, ni peut-être comprendre.

Jadis qualifiées de séisme suscitant la sidération, les victoires de partis qualifiés de populiste, ou d’extrême droite (nationaliste-conservateur serait plus exact) par analystes et commentateurs deviennent habituels en Europe. Une tendance inquiétante, vu la faible appétence de la plupart d’entre eux pour les libertés, ou leur complaisance envers le Kremlin. Mais qui devrait surtout pousser dirigeants et relais d’opinion, au lieu d’évoquer rituellement le « retour aux heures les... Poursuivre la lecture

Auteur : Catherine de Vries, Professor of Political Science, Fellow and member of the Management Council of the Institute for European Policymaking, Bocconi University

 

Les résultats des élections néerlandaises du 22 novembre dernier, qui ont vu la victoire du Parti pour la liberté (PVV), ont provoqué une onde de choc au sein de l’establishment politique européen. Les effets de ce scrutin pourraient bien aller au-delà des seuls Pays-Bas.

 

Une première dans l’histoire du pays

Pour la première fois dans l... Poursuivre la lecture

La civilisation occidentale est désormais considérée comme l’adversaire par de nombreux pays, mais aussi par des formations politiques de gauche ou de droite implantées dans les pays occidentaux.

Le dernier exemple est récent : l’alliance objective entre le fondamentalisme islamique et la gauche anti-occidentale européenne et américaine, apparue au grand jour avec la nouvelle guerre israélo-palestinienne. Certains évoquent une guerre des civilisations, mais peu importe la terminologie.

La civilisation occidentale et ses valeurs ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles