N’oubliez pas le sacerdoce de nos élus

On pourrait croire que le travail d’élu est une sinécure. Il n’en est rien.

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N’oubliez pas le sacerdoce de nos élus

Publié le 20 octobre 2013
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Avec plus de 600.000 élus sur son territoire, la France est la patrie de l’édile, la première productrice mondiale (en nombre par habitant) de représentants du peuple, de fiers porteurs de cocardes tricolores, de bruyants députés et de ventripotents sénateurs. La France est bonne fille et permet ainsi à près d’un pourcent de sa population de disposer d’un pouvoir direct ou indirect mais jamais négligeable sur les quatre-vingt-dix-neuf autres.

Mais n’allez pas croire que cette position d’élu est une sinécure. Que nenni !

Triste est le sort du sénateur. Dure est la législature du député. Pénible est le mandat du maire, surtout d’une grande ville. Ne vous y trompez pas : nous avons là des hommes et des femmes d’exception, hors du commun, qui ont toujours su placer l’intérêt de la Nation au-dessus du leur, des individus qui ont la République et la démocratie chevillées au corps, l’envie irrépressible d’offrir par leur travail désintéressé un monde meilleur à leurs concitoyens.

Vous croyez que j’exagère ? Certains seraient entrés en politique avec d’arrière-pensées égoïstes, chercheraient l’enrichissement personnel et fuiraient le travail tout autant que l’effort ?

Rien n’est moins vrai.

ce que le gvt vous donne

Comment ne pas croire à l’abnégation dont il faut disposer pour se lancer dans la chose publique, lorsqu’on lit les patrimoines que déclarent nos ministres ou nos élus, violant ainsi leur pudeur et leur évidente humilité ? Il s’agit, lorsqu’on prend connaissance des sommes déclarées, de bien modestes personnes. Pauvres, même, parce qu’on frôle ici le problème majeur à chaque tiers provisionnel : souvent, leurs comptes courants totalisent de très faibles sommes. On frémit à l’idée d’une saisie sur salaire, ou de la majoration fiscale qu’ils devront payer pour n’avoir pu rassembler la somme à temps ! Et très manifestement, ce n’est pas le seul problème puisque certains émargent aussi à l’ISF et que leurs patrimoines ne leur permettront pas de payer tout ça d’un coup ! À l’évidence, des ministres vont se retrouver dans une situation économique douloureuse et vont certainement devoir revendre leur combi Volkswagen, leur scooter ou leurs vélos pour boucler les fins de mois malgré des salaires supérieurs à 10.000€ par mois ! Il faut faire quelque chose, il en va de la réputation et de la bonne santé politique de notre République !

Comment ne pas comprendre la difficulté du travail qui est le leur alors qu’ils s’expriment, assez régulièrement, sur ce sujet et nous rappellent, avec cette discrétion caractéristique des gens modestes imbibés du devoir de servir, que dès qu’ils franchissent les portes de leur mairie, de leur hôtel départemental ou régional, de l’Assemblée, du Sénat ou de leur ministère, leur vie devient un sacerdoce, un véritable apostolat ? Comment ne pas se rappeler des malaises réguliers qui parcourent les rangs parlementaires lorsqu’ils expliquent n’être pas assez écoutés, n’être pas assez choyés tant par l’exécutif que par les Français eux-mêmes, qui, toute stupéfaction bue, sembleraient commencer à trouver leur nombre et leurs charges trop importantes et le feraient bruyamment savoir ? Comment oublier la longue complainte d’un Henri Guaino à la fin du mois de Juillet, croulant sous le travail et dont le salaire, cinq fois supérieur au salaire médian français, ne permettait pas d’éponger les frais ?

Et puis, tout le monde l’oublie, mais plus souvent qu’à son tour, l’élu doit faire face à de nombreux mandats simultanés : combien de sénateurs sont aussi maires, combien de députés conservent vaillamment un ancrage local et quelques missions désintéressées dans des communautés de communes, des collectivités territoriales, des syndics divers et variés ? Ce cumul, absolument indispensable pour éviter de gonfler les rangs de nos élus de 600.000 actuellement à, probablement, plusieurs millions, est à l’évidence la source de bien du tracas pour ces hommes et ces femmes qui ne comptent pas leurs heures à monter des dossiers pour aider le cousin, le frère, la maîtresse ou l’ami propriétaire d’une société de BTP. Qu’il est aisé pour ces Français qui se complaisent dans la facilité d’un travail unique, voire d’un pratique chômage, de moquer les cumulards !

Mais surtout, ce que le brave peuple français semble refuser de comprendre, c’est qu’à ces conditions de vie spartiates, ces horaires herculéens, ces charges cumulées et difficiles, à ce travail de Sisyphe, il faut ajouter le fardeau d’équipes de soutien parfaitement incompétentes ! Oui, je le dis : au nombre d’affaires diverses et variées, toutes plus sordides les unes que les autres, qui émaillent la vie de nos élus et qui chargent leurs casiers (judiciaires) sans pour autant décharger leurs mandats, nos pauvres ascètes de la vie publique sont bien mal entourés !

cahuzac : mon compte est à singapour

Prenez tous ces maires qui se retrouvent, actuellement, dans des situations inextricables pour avoir cru bien faire en signant pour leur municipalité des prêts colossaux basés sur de fins instruments financiers qu’ils ne voulaient pas comprendre : à l’évidence, les équipes de financiers et de comptables qui travaillent pour eux n’ont pas pris le temps d’étudier ces prêts complexes. Pourtant, il aurait suffit d’une lecture rapide de quelques minutes pour comprendre l’évidence des pièges tendus par ces perfides institutions bancaires !
Prenez ces ministres, ces sénateurs, ces députés qui se font malencontreusement pincer, qui à la frontière avec des valises de coupures, qui sur les bancs de l’assemblée clamant leur innocence, qui dans tel paradis fiscal, expliquent que leurs finances sont saines et leurs transferts monétaires légaux et fiscalement irréprochables : là encore, il semble évident que sont fort mauvais les intermédiaires auxquels ils font appel pour se constituer leurs retraites, mettre quelques sous de côté pour leur famille et leurs vieux jours.

C’est une certitude : être élu est une torture subtile que seuls des fous s’infligent. Mais la question devient alors : pourquoi vote-t-on pour des fous ?
—-
Ce billet a servi de chronique dans la dernière enquête de Contribuables Associés

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  • Immense éditorial par l’ami H16.
    Le style est magique, et tout est tristement vrai.
    Un pamphlétaire de grande classe est en train d’émerger, mais inutile de chercher ses papiers dans la grosse presse, c’est dans la confidentialité d’internet que s’exposent les vérités.
    En plus, il fait vibrer les kakous du camp d’en face, et c’est très bon signe.
    Quant au vote d’extrème droite, pas besoin d’H16 pour le nourrir, Hollande fait beaucoup mieux le job!!

  • L’endettement de la France résulte en grande partie de la multiplicité des élus, dont chacun, dans son coin, génère de la dépense publique (soit par des travaux inutiles destiné à valoriser le prestige personnel de l’élu, soit en embauchant du personnel inutile mais dont le nombre mis à disposition de l’élu lui procurera un certain standing, soit en subventionnant des groupes d’individus qui renverront l’ascenseur en votant pour l’élu).
    Cela a été confirmé par l’IFRAP dans différentes émissions TV.
    Ce mode de fonctionnement ne peut plus durer, car il est alimenté par de l’emprunt à taux réduit …..mais jusqu’à quand ?

    • Ainsi, le clientélisme va très loin car des élus après avoir embauché des pléthores de personnel, négocie avec eux des accords de travail nettement plus favorables que ceux du code du travail. Cela permet à l’élu de s’attirer la sympathie de ces personnels qui ensuite voteront ainsi que leur famille, massivement pour lui. Ces accords salariaux super généreux, sont bien entendus très onéreux pour le citoyen lambda, qui à travers l’impot, en paye le prix fort.
      Personne ne trouve bizarre que les instituts de sondage ne révèlent jamais le fort taux de participation aux élections des personnels salariés dans la fonction publique alors que les taux de participation globaux de l’ensemble de la population s’effondret d’années en années.
      Il faut exiger des sondages comparant l’abstention des electeurs avec ceux qui travaillent dans la fonction publique et leurs familles !

  • A gauche toute,

    Jusqu’à l’élection de François Mitterrand, les résultats du FN étaient inférieurs à 2%.

    Aux européennes de 1984, le FN était à plus de 10%. A la fin des mandats de Mitterrand, en 1995, le FN faisait 15%.

    Chirac qui vendait l’humanité lorsqu’il était étudiant (ce qui s’est bien ressenti pendant ses mandats), a propulsé le FN (avec l’aide de la cohabitation de Jospin, faut le reconnaître) au 2nd tour (17.90%).

    Le mal est banalisé, le FN a été porté par la route de la servitude tracée par les PS, RPR et UMP.

    Aujourd’hui, Marine Le Pen est dans l’estime des français qui en ont ras-le-bol de la politique interventionniste.

    Et devinez quoi ? Elle se présente avec un programme national-socialiste (nazional-zocializme). Vous récoltez ce que vous semez à gauche toute.

    Faites preuve d’honnêteté intellectuelle, lisez « la route de la servitude » de Hayek. Vous comprendrez.

  • Pourquoi donner des arguments rationnels à un troll ou un zozo ?

  • Je pense que nous serions plus heureux s’il était possible de multiplier leur nombre par 2 ou 3 .

    Ils pourraient faire encore plus de lois inapplicables et inappliquées …

  • Là, je doute que la France arrive à dépasser la Belgique en nombre d’édiles par habitant.
    Oui, Môssieur, chez nous on a 7 gouvernements, na !!

  • Ca fait beaucoup mais un calcul rapide indique que 86% de ces élus sont des conseillers municipaux qui perçoivent peu et souvent rien du tout. Ceci n’excuse pas les dérives, ni n’empêche de rechercher des voies pour simplifier tout ça. 36.000 communes c’est trop, de même que 577 députés ou encore que l’empilement des compétences à tous les étages voire leur doublonnement (préfecture/collectivité locale). Sacré chantier !

  • La première des réformes est structurelle (avant celle des retraites, dont au passage repousser sans cesse l’âge de départ est totalement identique à la fuite en avant que constitue l’augmentation incessante des impôts, et cette ineptie ne semble alerter personne…).

    Les premières réformes seraient une réduction drastique du nombre d’élus et un regroupement des administrations.
    L’objectif, basé sur un plan quinquenal renouvelable, serait de diviser par plus de deux le nombre de fonctionnaires, idem les élus, ainsi que de regrouper (tout en diminuant le nombre) les administrations de façon tout aussi volontaire.
    L’objectif financier serait lui de réduire le train de vie de l’état (toutes représentations et tous secteurs confondus) de 30% minimum en 15 ans (bien évidemment sans artifices comptables).
    Le dernier point et non des moindre, serait une volonté, inscrite dans la constitution, de maintenir les dépenses et l’expansion de l’état sur ce socle.

    C’est totalement possible, seule la volonté politique manque.

    En fait, il est rigolo de constater que le laxisme est inscrit dans les gènes de l’europe elle même, puisque elle suggère qu’un bon élève ne saurait dépasser 3% de déficit (voir la règle d’or à la con…), oui mais calculé sur le PIB ! ce qui ramené sur les rentrées fiscales (totales) représente 20% de déficit réel, rien que pour la France.

    Pourquoi ne pas s’astreindre à aucun déficit ? simple logique non ?

    Un pays n’est pas une entreprise faut-il le préciser mais, il n’est pas interdit de limiter la folie dépensière des élus (même réduits de moitié) en leur imposant un conseil d’administration, qui n’aurait aucun pouvoir politique mais qui serait le commissaire au compte de l’état, et qui aurait par contre le pouvoir de limiter ses dépenses ainsi que de le contraindre au respect de ses budgets.

    Si un état n’est ni une entreprise, ni un ménage, il est tout de même salutaire que l’action politique soit bordée et encadrée techniquement et qu’il soit rendu impossible de dépenser plus qu’il n’y ait dans les caisses.

    Propos d’un utopiste, j’en conviens.

    Les élus le sont car ils y trouve avantage, et les électeurs sont lâches ou idiots.
    Dans le premier cas ils ne voient que leur intérêt personnel, servi par l’admirable clientélisme de nos élus, dans le second cas ils vivent en mode espoir, d’une alternance l’autre, de Giscard à Mitterrand en passant par Chirac et Sarkozy, nous en sommes à Hollande avec les mêmes résultats, les sauveurs se présentant sur la prochaine ligne de départ présidentielle seraient aux dernières nouvelles : Fillon ou Copet, Le Pen, voire Borloo, on pourrait en rire si la situation n’était dramatique.

    Bien sur que la place est belle, que les émoluments sont intéressant, en fait être élu est même la seule façon de s’enrichir rapidement dans ce pays, n’en déplaise aux gogos qui ont avalé les déclarations faites suite à l’affaire Cahuzac.

    • Vous avez souvent raison. Et il me semble que les électeurs sont bien idiots ou trop abêtis par la médiocrité ambiante: celle des politiques bien sûr mais aussi celle de la télé, de la grande partie des médias rabâcheurs sans esprit critique ni de synthèse, celle qui privilégie la construction de nombreux stades de foot au lieu de faire des théâtres, des musées, du système éducatif public rigide et incapable de se transformer en profondeur, de la littérature avec sa multiplicité d’auteurs médiocres, la quantité remplaçant la qualité,…

      • @enfaitpourquoi
        Merci, puis je vous demander de le dire à mon épouse que j’ai « souvent raison » ? quand ça vient de moi, je sens comme une réticence…

  • L’histoire de la politique en France est celle de centralistes écrasant peu à peu la réalité pour concentrer tout le pouvoir. L’avatr moderne de ce centralisme fou, le socialisme, est juste en train d’achever une proie héxagonale qu’il étouffe peu à peu depuis bien longtemps.

    Qu’est-ce qui sortira de cette sombre étreinte? Finirons nous en Albanie-Libérienne de Socialie en état de putréfaction permanent? des cendres de la chute qui vient un phénix – de type Taiwan ou Singapour- surgira t’il?

  • article excellent et réaliste .Comme on dit chez nous,on va retourner se coucher pour les plaindres.Ah oui comme c’est triste d’être politicien

  • Bonjour la démago. 600.000 léus, car il existe 36000 communes (c’est dailleurs le principal problème) . Dans une commune comme celle dont je fais partie, sur les 27 personnes au Conseil Municipal, seules 10 touchent une indemnité, environ 800€ bruts pour les adjoints, un peu + de 200 pour les conseillers délégués, et les autres bossent gratis.
    Donc, plutôt que d’avancer le chiffre de 600.000 qui marque les esprits faibles, il faudrait se poser, même si ça demande un peu plus de réflexion, la question de la diminution du nombre de communes, de la diminution du nombre d’élus dans les communes, et ensuite également celle de la revalorisation de leur rémunération, car tout travail doit mériter salaire

  • Un enquêteur un peu sérieux devrait arriver à se procurer les relevés de compte ( bancaire et carte de crédit) PERSONNELS de certains élus. On y trouverait sûrement la preuve qu’ils ne déboursent à titre personnel pas grand chose et donc que bon nombre de leurs dépenses sont en fait réglées par une mairie, un conseil régional/général, une intercommunalité, une association quelconque, leur parti etc. sans parler des invitations, voyages dits d’étude réglés par des tiers. En bref leurs indemnités sont pour l’essentiel de » l’argent de poche ».

  • J’oubliais la question de l’âge du départ à la retraite. Pourquoi ne pas fixer un âge limite (65 ans?) pour les députés ou sénateurs. Si leur travail était si pénible pourquoi ne le réclament-ils pas? A notre avis ils ne tiennent pas du tout à perdre leurs avantages annexes qui disparaitraient lors de leur départ et qui, à notre avis, sont d’un montant bien plus élevé que la retraite-pourtant assez généreuse-qu’ils percevraient. Le hic c’est que c’est eux qui votent les lois! On va donc être obligé d’attendre.

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