Albert Jacquard et la compétition dans l’éducation

Albert Jacquard estimait que l’esprit de compétition devait être éradiqué de l’enseignement. Je pense tout le contraire.

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Albert Jacquard et la compétition dans l’éducation

Publié le 15 septembre 2013
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Albert Jacquard estimait que l’esprit de compétition devait être éradiqué de l’enseignement. Je pense tout le contraire.

Un billet d’opinion de Corentin de Salle.

Albert Jacquard estimait que l’esprit de compétition devait être éradiqué de l’enseignement car, d’une part, il monte les gens les uns contre les autres et, d’autre part, il les uniformise et les normalise (alors que notre société a justement besoin de gens « hors normes »). Je pense tout le contraire : l’esprit de compétition – qui n’existe plus réellement dans notre enseignement – pousse les gens à donner le meilleur d’eux mêmes et à se singulariser. Les Grecs de l’Antiquité cultivaient dès le plus jeune âge cet esprit de compétition. Ce n’est pas un hasard si ce peuple a inventé la science, la philosophie, la démocratie et les Jeux Olympiques. La concurrence est la traduction de cette idée dans le domaine économique. Elle force constamment à tenir compte des besoins spécifiques, à s’adapter, à innover et à inventer des choses inédites.

Cela dit, il ne faut pas confondre – ainsi que le faisait Jacquard – compétition et sélection. La sélection n’a en soi rien de critiquable (dans un monde d’abondance de produits, d’informations, etc. nous sommes contraints de sélectionner en permanence) sauf si elle repose sur la notion – antilibérale par excellence – de quota. Certains systèmes éducatifs (surtout en France) sont basés sur les quotas et je trouve cela arbitraire, injuste et stupide. Arbitraire parce que décider que seulement les « x » premières personnes recevront un diplôme ne repose sur rien d’objectif. Pourquoi le nombre x et pas le nombre y ou z ? Injuste parce qu’un diplôme est l’attestation qu’une personne a acquis telle ou telle connaissance et/ou maîtrise telle ou telle compétence et non pas qu’elle a mieux acquise celle-ci ou maîtrise mieux celle-là que les autres personnes d’un groupe déterminé. Personnellement, je n’aurais aucun problème à diplômer 100 % de mes étudiants de mon auditoire si chacun prouvait qu’il a acquis les connaissances et compétences requises. Stupide parce que ces quotas reposent sur des certitudes bureaucratiques estimant qu’on a besoin autant de diplômés de ceci ou de cela dans la société. D’une part, il est impossible pour une administration de quantifier ces besoins. Seul le marché peut le faire et cela fluctue constamment. D’autre part, rien ne dit que la personne va travailler dans le pays en question. Trop de médecins dans un pays x ? Il en manque plein dans les pays a, b, c, d, e, etc.

Plus le nombre de diplômés est grand, plus augmente le capital humain qui pourra accroître la prospérité de la société. Dire qu’il y a trop de diplômés dans une société n’a aucun sens. Le marché du travail, ce n’est pas un nombre x de places préexistantes et immuables. Les emplois, cela se crée. Il y a autant d’emplois possibles que de besoins. Or, il n’y a pas de limites à nos besoins.

Lire aussi : Sacré Albert Jacquard ! Bon vent.

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  • Quand on regarde l’évolution des espèces en arrière, on ne peut qu’être admiratif du progrès du vivant.
    Quand on envisage l’évolution mais cette fois ci en avant, on se sent devenir fourmi, face au hasard et la sélection.
    La différence ? Le passé est déterministe, l’avenir est indéterministe.

    Jacquard était comme beaucoup de savants : Un évolutionniste de raison, mais un créationniste de cœur… Un dangereux paradoxe.

  • Jacquard aurait mérité la palme du « nivellement par le bas »,
    ce qui constitue déjà un état de fait de la plupart de nos enseignements (par le triple effet de pouvoirs organisateurs complètement décalés, d’enseignants souvent distordus dès la formation initiale ET d’une masse de parents ayant renoncé à leur responsabilité éducative) !

    Il est toujours plus facile de plonger que de sauter ; au plan physique comme pour celui organisationnel et comportemental…

    Je vois donc disparaître A.J. sans émotion et sans larmes !

    • Il y a des gens qui n’ont pas ou peu les capacités reconnues pas la société et qui souhaite tout de même être respectés et s’épanouir d’une autre manière. j’en fait parti . Je me permet de faire la supposition que ce n’est pas votre cas et que vous ne pouvez changer votre regard pour apercevoir la sensibilité d’une personne différente qui a souffert de ne pas être dans le moule. Je vous sens avec votre commentaire dans le jugement et dans la compétition … Albert Jacquard m’a aidé à surmonter ma différence …Je garde mes larmes pour mes proches néanmoins à moi, il va me manquer …

  • Il n’ y a pas,au sens propre, de compétition,dans l’acquisition de l’instruction. Sinon,tout au plus,de la part de chacun,par rapport à soi-même,et à un horizon de perfection problématiquement indépassable,un plafond.
    Chacun fait de son mieux pour atteindre un niveau honorable.Le souci de faire mieux que son voisin est illusoire,puisque ce n’est pas comme dans uns compétition sportive,on ne voit pas ce que font les autres.L’idée de compétition scolaire entre les élèves est donc complètement ridicule.
    Les élèves intelligents savent que ce n’est pas pour la note de devoir,ni pour un classement abstrait,non plus que pour plaire au prof,qu’ils s’instruisent et s’élèvent,mais pour leur future vie d’adulte,et non contre leurs petits copains,dont le supériorité ou l’infériorité éventuelle ne dépend pas de la compétition.Chacun ne souhaitant que de mettre plus tard ses compétences acquises au service de la société,avec le niveau de vie correspondant :si compétition,c’est peut-être là qu’elle commencerait,encore que l’effort impuissant n’y changera rien.
    Dans une course,celui qui court le plus vite ne fait pas forcément exprès d’être naturellement rapide,il donne simplement tout ce qu’il a.Un projet qu’il aurait dans la tête de se dire qu’il a la volonté de gagner ne changerait rien à ses capacités réelles et à leur niveau d’efficacité.
    Ce qui s’appelle ici compétition sportive ne sont que des comparaisons sportives, il n’y a aucun mérite à attribuer à un vainqueur sur se qualités physiques,ne compte qu’un résultat pratique:il aura été le plus fort,le plus rapide etc…
    Ce n’est pas réellement une confrontation directe,comme dans les sports de combats,lutte,boxe,catch,judo,karaté.
    Dans les sports de comparaison,comme je préfère les nommer,il n’y a pas de confrontation individuelle(sinon,comme disait un humoriste,quand un coureur s’est échappé,avec la masse qui lui courre après,il vont bien finir par le rattrapper).
    De même, la fameuse des classes n’est pas une lutte,chacun faisant seulement de son mieux pour améliorer ou préserver son propre sort et celui de sa famille, il ne faut pas prendre ça pour une lutte rangée.
    Idem pour la struggle for life darwinienne,les espèces ne s’affrontent pas en tant que telles l’une contre l’autre,chacune faisant ce qu’elle peut,en s’adaptant par petites touches si possible pour survivre et le climat,le milieu,les événements historico-météorologiques,laissant la vie,par pur hasard,et non selon une supériorité abstraite, à telle ou telle conformation à un moment donné,c’est tout !
    Alors la théorie de la compétition scolaire de Jacquard,c’est de l’enfumage de gauche, ce monsieur était plus de gauche que savant !
    Il y a compétition,certainement oui, dans le domaine des idées,et affrontement direct puisqu’au delà de l’effort théorique,il y a l’affrontement critique.
    Encore que là encore,on pourrait espérer que la vérité gagnera un jour.
    Mais,elle,elle gagne toujours,que ce soit en positif ou en négatif,par défaut.
    Ce qu’il faut nous souhaiter,ce serait le réalisme.

    • (la fameuse « lutte » des classes, saute de frappe.

    • vous devriez lire l’ouvrage d’un écrivain suisse ( je ne me souviens plus de son nom ) publié il y a quelques années. il démontre que c’est la compétition entre les nations européennes qui a permis la domination de la civilisation européenne sur le monde. c’est bien l’émulation et l’esprit de compétition qui fait gagner les sportifs, les nations, les gens. si stakanov n’avait pas eu l’esprit de compétition, personne ne se souviendrait de lui aujourd’hui.
      un sportif ne gagne pas une compétition seulement parce qu’il courre naturellement plus vite que les autres. il gagne parce que son ambition le conduit a s’entrainer mieux et plus longtemp que les autres et parce que le jour de la compet, il a la niaque pour bouffer les autres.
      jacquard est un peu comme lissenko, qui pretendait qu’il n’y avait pas de compétition entre les plantes de la mème espèce et que l’on pouvait augmenter la densité au champ pour augmenter le rendement: des annerie qui coutèrent la vie à 20 million de chinois au cours du grand bond en avant.

      • Certainement,si on voit cela de l’extérieur,comme un spectacle,on peut prendre ça comme une compétition,dans le sens d’un ensemble d’efforts,en fait,finalement conjugués.On va voir une compétition qui réunit différents sportifs,dans différentes disciplines.
        On parlera de compétition parce qu’à le fin on comptera des résultats.C’en sera une du point de vue médiatique.
        Dans une course à pied ,je reconnais qu’il y a sans doute des instants de compétition intentionnelle,quand deux coureurs se rejoignent mais qu’aucun ne veut se laisser distancer.Là on donne les réserves.Maiz,à la fin,entre deux ayant eu le même entrainement,s’il y a un gagnant,les aficionados ,vous les entendrez dire : Ah! la classe a parlé ! Le plus plussé a gagné,avec même entrainement,même qualités,l’un aura plus la niaque que l’autre
        Mais au départ,chacun a bien trop l’angoisse de sa propre forme,pour se dire qu’il va gagner,même s’il a bien l’intention de tout faire pour ça.
        Le chercheur qui attaque un problème,qu’il s’est lui-même donné,ne faisant pas la même « course »(au figuré),qu’un autre dans un autre pays,ne se dit pas qu’il va battre un concurrent,Il a assez à faire avec son problème,dont l’énoncé ne peut l’inciter à copier sur les travaux du voisin à 6000 Km. Il a à résoudre la tâche qu’il s’est donnée,et il y met touts ses moyens pour lui-même et non dépasser ses collègues.
        Je n’ai pas lu ce livre,mais je pense que sans le désir de bien faire es européens,individuellement,et la passion pour la connaissance,il n’y aurait pas eu cet ensemble qui constitue la science européenne.
        De même les élèves d’une classe ont chacun,individuellement,assez d’angoisse devant ce qu’ils ont à surmonter,pour commencer par penser;je vais être plus calé de tous les autres.
        Il y a eu la solitude du goal au fond des buts,mais il y a aussi la solitude du chercheur devant l’objet de sa recherche,et celle de l’élève devant le livre qu’il déchiffre,et la page blanche qu’il va lui falloir remplir.
        Je vois la compétition comme une rivalité,dans une course vers la fin,entre les deux ou trois premiers.Entre deux joueurs d’échecs,Entre deux beaux gosses pour la conquête d’une belle,
        Mais dans l’apprentissage scolaire,c’est de la paranoÏa d’y croire
        La compétition et le concurrence,c’est pour plus tard,quand ils seront grands.La vie est une compétition,mais on un compétition consciente (sauf dans le commerce et l’industrie,mais c’est une autre question.
        Le père Jacquard a dû souffrir dans son enfance,soit de la supériorité d’un grand frère,soit d’un camarade de classe mieux doué,il a pris ça pour une volonté de compétition contre lui et il lui en est resté l’idée que la compétition,et même l’émulation,c’était mal ! Il ne peut plus souffrir la moindre compétition devant lui.Il aurait dû,si le monde était bien fait,être le seul à écrire des livres,sans contradicteurs,!c’est cela qu’il appelle « le monde comme il devrait être ! Et tout ça badigeonné de déclarations de bons sentiments pour que les pauvres petits cancres ne revivent ce qu’il estime avoir injustement vécu !

    • complètement d’accord sur le fait que la compétition devrait se limité avec soi-même … J’ai accompagné des handicapés (il y a des handicape qui se voit et sont reconnu d’autre pas …) et je me rappelle avoir ressenti comme une grande victoire des progrès très simples de la vie quotidienne… J’ai pris cela comme une leçon… Nous ne partons pas tous avec les mêmes chances et l’important c’est de progresser, d’avancer … Pour moi le plus dur, c’est de ne pas se laisser écraser par des gens suffisants qui ont le sentiment d’avoir réussi et qui se sentent au dessus du panier. »L’humilité n’est pas une qualité innée chez les humains ; il est communément considéré qu’elle s’acquiert avec le temps, le vécu et qu’elle va de pair avec une maturité affective ou spirituelle » (extrait de wikipedia) c’est pour moi, (et je sais que je détient pas la vérité) une qualité qui caractérisait Albert Jacquard.

  • Oui, alors, parler des grecs antiques comme d’un peuple, c’est un brin sauvage. Parlez des athéniens, à la rigueur, et encore, même ainsi, ce qui fait la démocratie c’est avant tout l’alphabet.

    Ce qui ne m’empêche pas d’être vaguement d’accord sur le fond.

  • « Personnellement, je n’aurais aucun problème à diplômer 100% de mes étudiants de mon auditoire si chacun prouvait qu’il a acquis les connaissances et compétences requises. »
    C’est très exactement ce qui est le cas en France. Vous faites une confusion entre examen et concours, le premier donnant accès à un diplôme, le second à un titre ou à un recrutement.

  • Votre deuxième paragraphe montre que vous ne pensez pas « tout le contraire » d’A.J., et il n’y a aucune honte à ne pas penser tout le contraire de quelqu’un:).
    Ceci constaté, vouloir éradiquer la compétition dans l’enseignement, et nier le rôle de la compétition dans l’économie, sont deux choses différentes. En ce qui concerne la compétition dans l’économie, elle ne peut être saine et non truquée que si les jeunes citoyens y sont préparés par un savoir adapté (à cet égard, accorder le droit de vote à des jeunes de 18 ans qui pour la plupart, ne savent rien du droit du travail, de la façon de créer une activité, etc… et ont été asphyxiés dans leur bachotage, me sidère).
    Pour ce qui est de l’exemple du « peuple Grec », rappelons qu’il s’agissait de cités Etats. Vous parlez de laquelle? Aucune n’était recommandable à l’échelle morale d’aujourd’hui, et sûrement pas la nationale socialiste et eugéniste Sparte.
    J’ajoute que je ne partageais pas le point de vue simpliste d’AJ qui avait déclaré un jour qu’il ne donnerait pas un centime à la conquête spatiale tant que mourraient de faim des enfants.

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