Krugman sur la faillite de Detroit : « Ce sont des choses qui arrivent… »

Selon Paul Krugman, il n’y aurait aucune leçon politique à tirer du déclin de la ville de Detroit.

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Krugman sur la faillite de Detroit : « Ce sont des choses qui arrivent… »

Publié le 29 juillet 2013
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Paul Krugman s’est exprimé dans le New York Times sur la faillite de ma ville natale :

Ailleurs, il y a des gens influents qui voudraient vous faire croire que la disparition de Detroit est fondamentalement représentative de l’irresponsabilité budgétaire et/ou de l’avidité des fonctionnaires. Ce n’est pas le cas. En vérité, c’est juste l’une de ces choses qui arrivent de temps en temps dans une économie en constante évolution.

Il n’y aurait aucune leçon politique à tirer du déclin de la ville qui, dans une certaine mesure, était la plus prospère de l’Amérique en 1960. Rien du tout. C’est juste l’une de ces choses qui arrivent…

It was just one of those things…

Michael Barone : « Les politiques social-démocrates nous promettaient de réaliser le paradis sur Terre. Au lieu de ça, elles ont produit quelque chose qui ressemble davantage à l’enfer. Vous pouvez avoir une idée de ce qui s’est passé à Detroit en regardant quelques chiffres. Le recensement dénombrait 1 849 568 personnes à Detroit en 1950, dont moi. Elle n’en comptait plus que 713 777 en 2010. »

Just one of those crazy flings…

Stephen Henderson dans The Free Press, le plus à gauche des deux quotidiens de la ville : Les habitants de Detroit « paient davantage de taxes de toutes sortes, à des taux plus élevés, que tous les autres citoyens du Michigan […] En valeur absolue, la structure fiscale de la ville est l’un des problèmes les plus criants. » L’argent va à un système scolaire qui a dépensé des sommes supérieures à la moyenne pour atteindre un taux d’illettrisme de 47 % ; « seulement environ un tiers des ambulances sont en état de marche » et « la police résout moins de 10 % des crimes commis ».

One of those bells that now and then rings…

Malgré quelques coupes ridicules dans les niveaux de services de la ville, Detroit avait encore en 2011 environ deux fois plus d’employés municipaux par habitant que les villes avec des populations comparables comme Indianapolis et Columbus. L’année dernière, il a été révélé que le département des égouts et des eaux de la ville emploie un « maréchal-ferrant » bien qu’il n’ait aucun cheval à entretenir. Selon Karl Denninger, les promesses de la ville pour les salariés syndiqués font partie d’une tendance de fond : « Des acquis sociaux indéboulonnables, obtenus de mauvaise foi par les uns ou les autres et inscrits ensuite dans la loi de façon durable dans des régimes de protections spéciaux. »

It was just one of those things

Detroit est connu pour avoir obtenu et gaspillé d’énormes sommes d’argent provenant de l’aide fédérale. Le maire précédent, Kwame Kilpatrick, est incarcéré suite à de multiples scandales, notamment d’extorsions de fonds. En 2009, cinq fonctionnaires en charge des affaires éducatives ont été condamnés pour « corruption et détournement de dizaines de millions de dollars dans le fonds de l’école ». L’administration de la ville, qui courtisait les grandes entreprises et le commerce de casino, restait à l’égard des petites entreprises et du secteur informel au mieux indifférent, au pire profondément hostile.

Non, décidément, de cette faillite, on ne devrait tirer aucune leçon politique, contrairement à la faillite de Wall Street, évoquée à l’occasion par les chroniqueurs du Times.

Cole Porter, dans un meilleur registre que Krugman :

Frank Sinatra – Just One Of Those Things – Chanson de Cole Porter

C’était juste l’une de ces choses
Juste l’une de ces folles passades
(…)

Si nous avions imaginé comment cela finirait
Quand nous avons entrepris de repeindre la ville
Nous aurions dû savoir que notre histoire d’amour
Était trop intense pour ne pas refroidir

Alors, adieu, ma chère, et amen
En espérant nous revoir de temps en temps
C’était très amusant
Mais c’était juste l’une de ces choses.


Sur le web.
Traduction : Raphaël Marfaux.

Lire aussi : 25 faits sur la déchéance de Detroit que vous aurez du mal à croire

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  • N’oublions jamais de préciser que la faillite de Detroit est la démonstration quasi-scientifique des résultats du « Black Power ».

    La population de Detroit est noire à 84 %.

    Detroit est dirigée par des maires noirs sans interruption depuis 1974.

    Le résultat est là.

    Bien sûr que l’étatisme, l’assistanat, la mafia syndicale, la corruption et le socialisme de façon générale ont joué un rôle majeur dans la ruine de la ville. Mais ceux qui se contentent de dire cela mentent par omission.

    Detroit est la preuve que lorsque les Noirs sont laissés à eux-mêmes, sans être dirigés par les Blancs, le socialisme, l’inefficacité, le crime et la ruine sont les conséquences inévitables.

    La situation de l’Afrique du Sud après l’apartheid en est une preuve supplémentaire.

    Sous le pouvoir blanc, l’Afrique du Sud était un pays difficile à distinguer de l’Europe et des Etats-Unis : prospérité, paix et innovation. C’est l’Afrique du Sud qui a donné au monde la transplantation cardiaque. L’Afrique du Sud blanche, bien entendu.

    Aujourd’hui que l’épouvantable apartheid a disparu grâce à Saint Mandela, aujourd’hui que, Dieu merci, les Noirs sont au pouvoir et ont relégué les Blancs au rang de citoyens de seconde zone, l’électricité est disponible de façon intermittente comme dans n’importe quel enfer du Tiers-monde, les agriculteurs blancs sont torturés et massacrés pour leur piller leurs terres (qui sont ensuite laissées à l’abandon), l’Afrique du Sud est devenue la championne du monde du crime et du viol, et le président sud-africain (qui n’est pas blanc) pense qu’on peut se protéger du Sida en prenant une douche.

    Mais bon, c’est « raciste » que de constater cela. Je suppose que la réalité est « raciste ».

    • Raciste, sans doute, malsain et méchamment provocateur, certainement.
      L’important est d’analyser quelles idées conduisent à la faillite, et lancer la polémique sur le racisme est une bonne diversion pour ceux dont les idées pourraient se retrouver sur la sellette…

      • C’est une idée typiquement collective que de donner des préjugés à des groupes de gens qui ont des caractéristiques communes.

        C’est une argumentation débile, inutile et contre-productive. Elle enferme ces gens dans une étiquette et les empêche de chercher à progresser car ils seraient naturellement cloitré dans des prédispositions génétiques.

        Oui, c’est du racisme… mais ça ne veut pas dire que les faits que tu exposes sont faux !

        Krugman démontre encore une fois sa grande bêtise…

    • @Robert Marchenoir

      Vous avez raison. Et l’exemple européen, dirigez depuis des centaines d’années par des hommes blancs, confirme vos propos.

      L’Europe n’a jamais connu la guerre, le colonialisme ou l’esclavagisme, et est aujourd’hui une terre de prospérité et d’innovation sans équivalent dans le monde. Encore mieux, le socialisme y a toujours été absent et je crois même qu’en réalité Karl Marx et Georges Marchais sont des hommes noirs originaires de République Centrafricaine….

    • @Robert Marchenoir

      Du grand n’importe quoi. J’imagine que pour vous le problème du communisme en Chine n’est pas le communisme lui-même mais le fait qu’il y ait là-bas trop de « faces de citron », que le problème du communisme à Cuba n’est pas le communisme mais le fait qu’il y ait trop de « chicos » sur cette île, que le problème du communisme en Éthiopie n’était pas le communisme mais qu’il y avait trop de « bamboulas » dans ce pays ou que le problème du communisme en RDA n’est pas le communisme mais le fait qu’il y avait trop de boches.

      Le racisme et la xénophobie font vraiment perdre tout sens de la logique.

      Vous devriez retourner sur NDF, il parait que vos idées sont considérées comme lumineuses là-bas.

      • Il est possible que le problème du communisme en chine soit effectivement qu’elle est peuplé de chinois, asiatiques du nord-est. Qui sont semble-t-il, en moyenne, plus intelligents et industrieux que tous les autres peuples (hormis les juifs Ashkénazes). Cela permet au système de prospérer et de se développer malgré le communisme (et non grâce au communisme comme pas mal de journalistes français voudraient le faire croire). La Corée du Sud ou Japon, pourtant pas très libéraux, se débrouillent mieux que le Sénégal ou le Congo…
        Les caractéristiques des peuples (raciales ou culturelles, ou les deux) permettent de comprendre « l’individu moyen » de tel ou tel endroit. Et c’est cet individu qui est le moteur réel de l’économie et de la politique.
        Pourquoi en France le libéralisme peine à s’installer malgré l’histoire brillante de ces idées dans notre pays ? Sans doute parce que les français « en moyenne » sont jaloux et paresseux et acceptent donc facilement l’idée que l’État pique dans la poche « des riches » (point numéro 1) pour leur donner des trucs « gratuits » (point numéro 2).

    • Il n’est pas impossible que ce que vous dite soit vrai. Et qu’en moyenne les noirs sont moins aptes à se diriger eux même que les blancs.
      Mais ça ne suffit pas, pas du tout, à expliquer Detroit, où il y a quand même beaucoup de blancs. Beaucoup plus même qu’il n’y en avait en Afrique pendant les périodes coloniales, ou qu’en Afrique du Sud avant la fin de l’apartheid.
      Ce qui a vraiment coulé Detroit, c’est le socialisme, l’Etat providence généralisé, le clientélisme. Après, il est possible que la forte proportions de noirs dans cette ville ait été causé par ce socialismes (qu’ils sont plus attirés par ce genre de « gestion » que les blancs ou les asiatiques). Il est possible aussi que leur forte proportion ait contribué à pousser à la roue une municipalité socialiste.
      Mais il est difficile de distinguer les effets.
      Cela étant Thomas Sowell qui s’y connait, tant en noirs qu’en économie, pense que c’est le socialisme, qui vise officiellement à les « aider », qui enferme les noirs américains dans une situation d’incurie, de faible éducation, d’incapacité à se prendre en main, de structures familiales explosées.

      • @ cavs : bravo.

        @ franz. Un raciste sur le forum (Marchenoir) ça va peut-être suffire. Ecrire « les noirs sont bêtes » ou « les juifs ashkénazes » sont plus intelligents, c’est du racisme dans les 2 cas. Je ne crois pas un seul que la couleur de la peau ait quoique ce soit à voir avec l’intelligence.

        Les caractéristiques culturelles je veux bien ; mais s’il faut être conscient qu’il s’agit de généralités et que chaque individu n’est pas réductible à un stéréotype.

    • Si c’est un simple problème de couleur de peau comment expliquer les différences entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest, la Corée du Nord et la Corée du Sud, Honk Kong et la Chine, ou simplement la France et la Suisse romande… ?

      • Les vaches suisses sont violettes, pas les françaises… 🙂
        Mais le problème est bien entendu un problème de valeurs partagées par la communauté au pouvoir. La constitution de communautés autour de similitudes de race peut induire des corrélations, mais je ne connais pas de preuve de causalité vers les idées et les valeurs (je reconnais toutefois qu’avec l’interdiction des statistiques ethniques, de telles preuves resteraient cachées en France si elles existaient, mais la France n’est pas seule au monde).

        Pour moi, chaque cas est particulier, mais il est avéré que pour Detroit et Central Falls, c’est la gabegie municipale qui est en cause. Vouloir trouver d’autres explications, c’est soutenir implicitement les municipalités qui elles aussi s’y livrent et n’ont pas encore fait faillite, comme une bonne proportion des françaises.

      • Arn0:
        « Si c’est un simple problème de couleur de peau »

        Je vais vous confier un secret (ne le répétez pas, c’est un secret!) les Indiens sont noirs; ils n’ont rien à voir avec les Noirs Africains. Les Mélanésiens sont noirs; rien à voir non plus. Les Papous sont noirs; même histoire. Vous érigez une notion fausse pour en faire un épouvantail à faire s’indigner les bobos baba-cool; vous n’avez aucun mérite à révéler qu’elle est fausse, c’est votre fabrication.

        Quant à ceux qui nous servent les deux Corées, il n’y a pas de commune mesure entre les Corées et les cloaques africains.

        Regardez Pyongyang. C’est laid, mais dans le style Métropolis. Pas un emballage qui traîne par terre. Regardez Haïti. C’est laid, mais dans le style « Si vous trouvez un décimètre carré sans un rat crevé ni un emballage jeté, dites-le moi, j’accours prendre une photo. »

        Avec votre Corée vous comparez ce qui n’est pas comparable.

        Remarquez, j’étais en France durant les travaux de destruction de la Place de la République. La nuit tombée la place grouillait de rats. Le jour c’était le tour des crottes de chien. Vous voyez, je suis pas vache, j’apporte de l’eau à votre moulin.

        • « Je vais vous confier un secret (ne le répétez pas, c’est un secret!) les Indiens sont noirs; ils n’ont rien à voir avec les Noirs Africains. Les Mélanésiens sont noirs; rien à voir non plus. Les Papous sont noirs; même histoire. Vous érigez une notion fausse pour en faire un épouvantail à faire s’indigner les bobos baba-cool; vous n’avez aucun mérite à révéler qu’elle est fausse, c’est votre fabrication. »

          Lol. Bon vous pouvez changez « couleur de peau » par « race », « ethnie », « peuple » ou ce que vous voulez… Ce n’était pas vraiment le cœur du propos.

    • En Corée du Nord, il n’y a pas de noirs, pourtant les résultats sont les mêmes.

    • Ce Krugman… il en tient une couche… on devrait lui donner le 2eme Prix Nobel des Têtes Bornées, car le 1er prix revient de droit a obama.

      Come on R.M.! Ca n’est pas si simple que ça ! Si l’on suivait votre pensée a la lettre, alors les noirs américains seraient plus industrieux que les noirs français… car les noirs américains sont métissés depuis près de 400 ans.
      L’opinion de soi-même (self-perception) ainsi qu’une sous-culture de dépendance et d’ignorance sont bien plus liés à la pauvreté des noirs américains. Mark Twain écrivit un livre où il compte l’histoire de deux bébés ‘switched at birth’. Un blanc, et un ‘noir’ – le blanc fut élevé esclave et il resta esclave dans sa tête. Son self-image n’a jamais pu s’en remettre. http://en.wikipedia.org/wiki/Pudd%27nhead_Wilson

      C’est relativement commun aux U.S. les noirs qui ressemblent physiquement à des blancs. Les sudistes les appellent des ‘high yellow’ http://en.wikipedia.org/wiki/High_yellow Ils sont ‘blancs’ de peau, et ‘noirs’ dans leur tête.

    • Vous avez oublié la Rhodésie.

  • « Just one of those things, » je rajoute que MR P.K. est « just a gigolo. »

  • Y a t-il un noir dans l’assistance (hahaha) ?

    • Pas encore mais bientôt. J’ai eu une journée frustrante et fatigante que je suis en train de traiter à coup de wee drams (pas si wee que ça) de Ballantine. A tout-à-l’heure.

    • *lève une main timide* Métis, ça compte ? (ça devrait être pire que tout, c’est pas d’la race pure…)

  • Cette ville devrait s’inspirer du Botswana pays prospère et démocratique d’Afrique…

  • Le mot « krugman » va devenir un qualificatif péjoratif courant pour qualifier les idéologues qui se sont vissés si fort des oeillères si épaisses qu’ils ne voient plus depuis longtemps que leurs propres chimères..

  • Les commentaires sont fermés.

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