Talents : le monde s’ouvre, la France se ferme

Alors que les autres pays attirent l’élite, la France se délite.

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Talents : le monde s’ouvre, la France se ferme

Publié le 21 février 2013
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Les talents sont et seront de plus en plus mobiles à l’international, conséquence d’évolutions dans l’économie mondiale. Alors que la « guerre pour les talents » s’intensifie à mesure que les hauts potentiels ont de plus en plus d’opportunités, la France, elle, se délite.

Par Baptiste Créteur.

À force d’être émergents, certains pays ne le sont plus vraiment et le paysage se transforme : le nombre d’employés mobiles au sein des grandes entreprises dans l’échantillon interrogé par PriceWaterhouseCoopers, qui avait crû de 25% entre 1998 et 2009, devrait, selon les estimations du cabinet, croître de 50% entre 2009 et 2020.

L’évolution du nombre de localisations pour ces mêmes organisations suit la même tendance : le nombre de pays dans lesquelles elles sont implantées devrait croître de 50% sur la même période.

La technologie et le progressif alignement des pays, aussi bien en termes d’environnement économique que de coopération et de niveaux de salaires, permettent la multiplication des localisations. Le vieillissement de la population requiert des entreprises qu’elles s’adaptent et s’assurent de disposer des compétences dont elles ont besoin aux endroits où elles en ont besoin. De plus en plus de pays voient émerger les talents et leur offrent des opportunités.

La concurrence entre les entreprises, les talents et les localisations suppose qu’ils s’y adaptent. Ces évolutions ne bénéficieront qu’à ceux qui sauront en tirer profit. Les pays développés attirent toujours, et la France est aujourd’hui plutôt bien classée dans les esprits de ceux qui envisagent de s’expatrier. S’ils trouvent des opportunités de s’installer ailleurs, 31% des candidats à l’expatriation citent la France. Mais des opportunités, en France, il n’y en a pas.

Le chômage est en croissance, la croissance est au chômage ; les investisseurs étrangers et les talents français désertent la France ; l’État-providence et l’interventionnisme ont entretenu une croissance artificielle qui a aujourd’hui disparu sans même que la dépense publique n’ait diminué alors qu’apparaissent des problèmes d’insécurité liés à des revendications sociales d’un autre temps. Les opportunités en France s’amenuisent à mesure que sont prises par des représentants du peuple toujours plus déconnectés de la réalité des décisions inopportunes.

Alors que de plus en plus de pays cherchent à attirer les talents et les entreprises, la France se dote d’un arsenal pour retenir ceux qui ne sont pas encore partis par la contrainte plutôt que par une attractivité accrue. L’irrationalité des hommes politiques se heurte à la rationalité des chefs d’entreprise, qui prennent la peine d’énoncer et d’expliquer ce qui devrait être devenu évident aux yeux du monde entier : la France se complaît dans le déni et revendique fièrement un modèle social dépassé que ses dirigeants s’évertuent à défendre au mépris du bon sens.

Tandis que la France regarde le monde avec mépris – et n’a de sympathie que pour ceux qui la rassurent et la confortent dans l’idée que le monde entier, grand capital apatride en tête, se ligue contre les pays où l’État dépense sans discernement et est perçu comme la panacée – les évolutions se font sans elle, et la France rate les mutations de l’économie mondiale en même temps que les innovations technologiques. Les Français pourront donc tenter de saisir les opportunités d’une mondialisation toujours source de méfiance en France, mais l’État ne les laissera pas faire.

Même s’ils échappent au marasme économique qui s’annonce dans leur pays d’origine, les Français n’échapperont pas à l’État qui l’aura causé. Les services offerts par l’État et financés par les citoyens constituent à ses yeux une créance à vie, un droit de percevoir une partie du fruit du travail des Français, où qu’ils soient dans le monde. L’État forme d’ores et déjà ses percepteurs sans frontières, veut à tout prix les impliquer dans un processus démocratique qui a depuis longtemps dépassé ses prérogatives, et se targue d’un contrat social qu’un acte de naissance suffirait à rendre valide.

Après la collectivisation des entreprises, c’est la collectivisation des individus que l’État met en marche en faisant des citoyens ses sujets. Les partisans d’un protectionnisme illusoire et destructeur voudraient priver les Français des bienfaits de la mondialisation ; les partisans d’un État tout puissant veulent priver les Français du reste du monde, les obligeant à renoncer à s’expatrier ou à leur passeport.

Ce que le reste du monde a compris, la France le refuse : le socialisme ne fonctionne pas. Elle attirera donc les talents qu’elle mérite, avec sa vision propre de la méritocratie, qui vise à offrir d’égales chances à tous quitte à ce que ces chances soient nulles et à mettre tous les individus sur un pied d’égalité quelles que soient leurs compétences et aptitudes. Ce nivellement systématique par le bas n’épargnera que les Français plus égaux que les autres, qui maintiendront aussi longtemps que possible leurs privilèges – même si cela exige de condamner les Français à vivre dans une prison de moins en moins dorée. Alors que les citoyens d’autres pays profiteront d’une mobilité accrue, les Français paieront alors le prix de leur immobilisme.

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  • J’irai plus loin : « Le monde ouvre, la France ferme. » Les communistes ou les écolos éteindront les lumières avant de partir.

  •  » la France revendique fièrement un modèle social dépassé que ses dirigeants s’évertuent à défendre au mépris du bon sens. » ….et surtout au mépris de l’intérêt général !

    • Il faut arrêter d’appeler un « modèle » un machin qui ne fonctionnait que sur le crédit et l’hypothèque toujours plus grandissante de l’avenir.
      Pour mériter l’appelation de « modèle », un système doit d’ABORD être EQUILIBRÉ ET FINANCÉ.
      D’une manière ou d’une autre la fuite en avant prend TOUJOURS fin.

  • L’intérêt de la France ne semble pas compter ;
    L »intérêt des dirigeants est de conserver leurs postes et les avantages financiers attachés .
    D’autre part tous ces « politiques » ne connaissent pas ce qu’est une entreprise , et n’ont jamais pris le risque de l’entrepreneur , car c’est mieux pour eux d’avoir des revenus type « fonctionnarisés » et cumulatifs de surcroît .
    Les libertés en France se réduisent comme « peau de chagrin » , la seule chose qui marche c’est « Taxes+taxes+doctrine+mensonges » ; on n’est pas à la veille de laisser libre-court au dynamisme latent en supprimant toutes les entraves ….. les wagons d’entraves !!

  • Meme les présidents on des noms bien français, c’est dire que le prochain on peut s’attendre à un nom Chinois.

  • J’ai des fois l’impression que les libéraux sombrent dans un cynisme plus que destructeur. Nous devons tous être acteurs du changement. Critiquer, s’opposer n’amène à rien de constructif. Il faut être en action pour changer les choses.

    Le mal vient de l’inaction des hommes de bien. Si on se casse tous à l’étranger, certes il ne restera pas beaucoup de matière grise en France (de la bonne) pour faire évoluer les choses mais je fais partie des gens qui se sont cassés. Je pense que nous avons tous le devoir moral de contribuer au changement. Si nous avons les idées, agissons et si vous avez de l’argent, donnons à ceux qui agissent.

    Pour conserver nos libertés, il va falloir être logique avec nous même et être charitables envers la cause car le nerf de la guerre c’est l’argent.
    Les fondations, les instituts qui propagent les écrits des fondateurs de la pensée libérale sont alimentés par des fonds privés.

    Mais comme y’a pas que des cerveaux sur Terre, plus que ça il va falloir se regrouper au sein d’un même groupe pour représenter un groupe de pression politique important en France. Ne restons pas divisés et bougeons nous le cul pour sauver ce qui reste à sauver. Car toute perte de richesse pour la France est aussi une perte de richesse pour le monde entier !

    Qui va se lever et prendre la barre ? Qui va leader la changement ?

    • Florent Q. B.: « Critiquer, s’opposer n’amène à rien de constructif. »

      Si seule la démagogie la plus veule marche on peut aussi s’y mettre et il y a sacrément matière et un terrain favorable.

      Quand des mecs en sont a applaudir cette insulte à l’intelligence qu’est montebourg c’est que t’as affaire à un QI populaire type « huitre d’oléron. »

      C’est quand même l’état qui renfloue les banques, pas les libéraux, l’état qui fait des dettes pendants 38 ans, qui se paie des châteaux, etc. etc. La théorie c’est bien sympa, mais les discussions sur les modèles de société et la théorie économique autrichienne ça n’a absolument aucune chance de passer.

      Par contre tu leurs met le nez dans la merde étatique et tu leurs démontre que c’est une oligarchie totalement en roue libre qui se paie la fiole la liberté et le lard du peuple et t’en profite pour réclamer plus de démocratie participative. Tu martèle et après tu attend.

      Pas un hasard si les pays les plus libéraux sont pour la plupart les plus démocratique, quand le peuple vote sur les faits c’est une autre paire de manche et on aurait déjà les lois anti-cumul depuis 30 ans.

      C’est exactement la dessus que le FN capitalise, l’anti UMPS parce que les gens en ont marre au fond. Il vont voter pour de bonnes raison pour le très mauvais parti si on laisse la place.

  • La est la question, QUI aurait le courage de se lever contre le système français, dépassé, vérolé par des politiques incapables de comprendre le fonctionnement des entreprises?

    Seulement, les chef d’entreprise sont aussi à critiquer: les plus volontaires d’entre eux, plaident pour faire de la « pédagogie » pour tous, histoire de comprendre comment marche l’entreprise… Mais y a-t-il un seul d’entre eux qui est aller le crier sur les toits (j’entends par la les médias)?

    Non.

    Le politique réagit a son électorat: toucher l’électorat et le politique fera en fonction de ce qu’il peut récupérer comme voix, avec ces idées. C’est un commercial aussi.

    Les personnes au poids suffisant pour s’élever contre cela ne sont malheureusement pas là pour faire les profs…

    Pour finir, une petite question à poser aux personnes défendant le système: « vous préférez toucher un petit RSA (payé grâce à toutes les charges qui plomberont les entreprises), ou avoir un vrais salaire? »

    • @marsat

      très juste, nos sponsors ne sont pas volontairiste, mais le jour ou ils auront chaud au cul … le monde vivra mieux

    • les libéraux sont pour une société d’individus libres et responsables. on veut montrer qu’une société peut fonctionner et prospérer sans la coercition, qu’on peut résoudre les problèmes sociaux complexes de manière pacifique. c’est le moment d’être intègres, si les libéraux ne s’aident pas eux-même ils font la démonstration que leurs adversaires idéologiques ont raison (et eux ne manquent pas de moyens qu’ils soient obtenus volontairement ou par la violence étatique). les libéraux qui ne peuvent pas contribuer directement peuvent faire des dons financiers (contrepoints, institut coppet etc). ça ne sert à rien de se gaver la tête de philosophie politique si cela n’est pas suivi d’une action consistante.

      • et au passage je me suis cassé car je ne vois pas l’intérêt de couler avec le titanic, on est potentiellement plus utile à la cause en gagnant un bon salaire à l’étranger, qu’en végétant au pays avec le rmi.

    • Marsat « Seulement, les chef d’entreprise sont aussi à critiquer:Mais y a-t-il un seul d’entre eux qui est aller le crier sur les toits »

      Ils fournissent des emplois, des salaires, des impôts, gèrent des stocks de la production, des salariés, des fournitures, des fournisseurs, des contrats, s’occupent des locaux, des normes, des lois, des 3200 pages du code du travail, ils ce font traiter de salauds, de pourris, d’exploiteurs et ils devraient en plus faire de la pédagogie ?

      Éduquer les français alors que pas un médias n’a envie d’écouter ce qu’ils disent et au mieux les font passer pour des sale réacs ou pire quand ils s’agitent trop ?

  • @Florent Q. B.
    Comme dirait Régis Laspales, « Y en a qui ont essayé »… 😀

    @Marsat
    C’est quoi ste question ??
    Beaucoup ont déjà clairement répondu. Le français n’a plus envie de bosser et l’a fait savoir dans les urnes. Point.

    • C’est drôle, 5 minutes après avoir écrit mon précédent message, je vais sur mon site de foot favori, et qu’est-ce que j’y vois ?
      Joey Barton (joueur anglais engagé récemment par l’OM) déclarant :
      « Je suis étonné par la mentalité française. »
      « Les joueurs français n’aiment pas bosser. »

      • Vous voulez faire quoi contre ça ?
        Ça fait 50 ans voir plus que les gauchards de l’éducation nationale « travaillent » (ironie de l’expression) les français dès leur plus jeune age. Le résultat nous l’avons aujourd’hui.

  • De toute façon on peut voir deux type d’entreprises:
    – celle qui ne forment pas mais qui veulent que le plus récent
    – celle qui forment et qui n’ont plus de sous.

    Dans cette belle logique comment faire de l’emploi …

  • Je suis expat au Royaume depuis 14ans… Il y a 2 ans j’ai eu la mauvaise idee d’essayer de rentrer…. resultat: 6mois de travail, 1an et demi de chomage!!!!!!! je suis repartie et certainement pas pres de revenir!!!!!!! la mentalite et le systeme francais m’ecoeurent. Il y a des idiots qui ont un job, mais si vous avez de trop beaux diplomes: on est jaloux. La France me degoute. Dans 3 ans, je change de nationalité. Bonne chance!!!!!!

  • Les commentaires sont fermés.

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Par Gérard Dosogne[1. Gérard Dosogne, président de Business Satcom Consulting, a plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie satellitaire, expérience acquise chez Alcatel Space / Thales Alenia Space. Auparavant, il a travaillé 20 ans dans des banques d’investissement (Project Finance, Capital Markets et Fusions Acquisitions). Diplômé de l’Université de Louvain (Chimie et Economie), et MBA de l’Université de Chicago (Booth School of Business).]. Un article d'Emploi 2017

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