Fiscalité des retraités : pour la fin des privilèges

Rien ne justifie les avantages fiscaux dont bénéficient les retraités, avantages qui coûtent chaque année 12 milliards €.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Faire payer les vieux (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Fiscalité des retraités : pour la fin des privilèges

Publié le 27 septembre 2012
- A +

Rien ne justifie les avantages fiscaux dont bénéficient les retraités, avantages qui coûtent chaque année 12 milliards €.

Par Aurélien Véron.

S’il y avait des Jeux Olympiques de la fiscalité, la France décrocherait une belle série de médailles d’or, et finirait championne des pays les plus taxés. Cette hyperfiscalité n’a pourtant pas empêché la dette publique d’atteindre des niveaux dangereux, sans compter des engagements de retraite intenables. Un esprit provocateur conclurait à la responsabilité de nos aînés, notamment les retraités actuels et dans un proche avenir. Après tout, ce sont eux qui ont voté ces choix irresponsables pour les générations futures plusieurs décennies de suite.

Plus sérieusement et sans mauvais esprit, qui peut contester la légitimité d’aligner la fiscalité des revenus des retraités sur celle des revenus des actifs ? Certes, nos aînés nous ont donné la vie. Mais ils nous livrent la facture épouvantable de leur modèle social et un avenir bien sombre. Pour la première fois dans l’histoire du pays, le niveau de vie des nouvelles générations promet de décliner relativement à celui des générations précédentes.

Nous connaissons les ravages de l’hyperfiscalité : croissance anémique, chômage dévastateur, absence d’ascenseur social. François Hollande a malgré tout annoncé 20 milliards d’impôts nouveaux qui viendront s’ajouter aux 25 milliards des plans de rigueur Fillon I et II. Ce choix punitif étant supposé compenser l’absence de baisse drastique de la dépense publique, il en découle un débat qui porte essentiellement sur la répartition du fardeau supplémentaire. Dans cette ligne nocive, il est plutôt juste d’aligner les régimes spéciaux sur les régimes généraux : les fonctionnaires sur le secteur privé, les retraités sur les salariés. Des impôts plus simples sur des bases plus larges. Il sera plus simple, le jour venu, de baisser ces taux simplifiés appliqués à tous.

Quant à ceux qui désapprouvent cette logique de justice fiscale, j’attends qu’ils m’expliquent pourquoi un revenu du travail subit une CSG de 7.5% contre 6.6% pour une retraite ? D’autant que le premier président de la Cour des Comptes, le socialiste Didier Migaud, est explicite: « Contrairement à une idée reçue, les retraités sont dans une situation financière plus favorable que les actifs, notamment les jeunes ». Qu’il s’agisse de revenu ou de patrimoine. Un retraité devrait-il être moins solidaire qu’un actif dans ces conditions ? La misère du minimum vieillesse concerne 940.000 personnes. C’est beaucoup mais cela ne justifie pas l’exonération de tous ceux qui ont une retraite convenable. Et puis après tout, un certain nombre d’actifs perçoivent aussi un petit revenu (temps partiel, contrats aidés…) sans être traités différemment dans l’ensemble.

Les retraités sont également consommateurs d’offres de soin ; de grands consommateurs à l’origine de 60 % des dépenses de santé. Pourquoi ne contribueraient-ils pas eux aussi au financement de l’assurance maladie ? En reposant exclusivement sur les épaules des actifs, le mécanisme de la couverture santé revient à doubler celui de la répartition (que nous savons financièrement condamné lui aussi). La logique assurantielle voudrait au contraire que chaque foyer cotise pour financer sa couverture. Si les retraités prenaient leur part, le coût du travail pourrait diminuer par une plus juste répartition des cotisations maladie.

La Cour des comptes nous apprend que le total des exonérations dont bénéficient les retraités représente 12 milliards d’euros par an. Ce privilège n’a aucune raison de perdurer. Ma préférence va à un alignement vers le bas pour diminuer l’insupportable pression fiscale. Mais le choix socialiste allant dans le sens contraire, l’équité fiscale plaide pour un alignement vers le haut. Compte tenu du risque politique d’une mesure visant exclusivement les retraités (13 millions d’électeurs davantage mobilisés que les plus jeunes), je propose d’étendre ce principe d’équité fiscale aux fonctionnaires… et aux élus. Chiche ?

Publié initialement sur Atlantico

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Bonjour.
    Votre proposition concerne ceux qui sont fiscalisés donc dont les retraites sont suffisantes pour être concernées. Qd les non-actifs stopperont toutes leurs contributions de toute nature à leurs enfants, on mesurera le niveau de vie réel des actifs. Ne pas oublier le temps passé pour les autres qui est énorme et qu’il faut comptabilisé. Les droits pour les successions à venir et l’épargne qui est nécessaire aux financements selon les objets. Ce n’est pas tant la suppression des 10% mais c’est l’accumulation depuis 4 mois qui va devenir insupportable. Je suis dans un département rural, riche 5% de chômage, traditionnel et pourtant compte tenu des taxations diverses et variées actuelles ou existantes, il est impossible de faire appel à un service à une prestation sans une partie non déclarée. Les riches ne reviendront pas comme le travail au noir ne cessera pas. Le coût social et fiscal est supérieur au 12%. Pour regagner activité et confiance, il faut tout taxer mais faiblement. aucune exonération, aucune niche : deux ex ISF 0,05% à partir de 500 000 € sans exonération Art, Forêts, Professionnel etc ( Proposition Bayrou), et pour l’immobilier 1% sur les Transactions ( Favorable aussi à la mobilité) et 20% sur + value. Plus aucune niche quelque soit la nature, on prend tous les revenus ( sociaux, avantages en natures etc) et on taxe faiblement. Pour les actifs 10% pour frais professionnels mais les vantages C.E sont ils pris en compte, les tickets restaurants, les téléphones servant à la vie professionnels et personnels etc etc le jeu n’est pas de faire la chasse aux niches de façon catégorielle mais de les supprimer toutes pour tous. on prends tout et on taxe peu de façon progressive. ( Flux et stocks). La chasse catégorielle devient insupportable car je vais vous en trouver et cela ne permettra pas de refondre ine cohésion sociale

  • Tiens, un « libéral » qui veut augmenter les impôts , sans doute parce qu’il pense que sa ( fort maigre ) clientèle électorale est toute jeune.

    • Oui , no treason , comme vous dites , un  » libéral  » à la française , qui justifie l’augmentation des impôts pour tenter de colmater le grand trou du n’importe quoi !!! C’est tjrs amusant à relever !!!

    • Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans :
      « Ma préférence va à un alignement vers le bas pour diminuer l’insupportable pression fiscale. Mais le choix socialiste allant dans le sens contraire, l’équité fiscale plaide pour un alignement vers le haut. »
      ?

      Réduire le libéralisme à « moins d’impôt » est terriblement réducteur. « Moins de favoritisme » passe bien avant.

      Et si tout le monde paye le même impôt, cela évite que les catégories les plus influentes ne matraquent les autres, dans l’injustice la plus totale (ce qui se passe à l’heure actuelle, cf les exonérations des journalistes et des politiciens), ce qui au final a plutôt tendance à aller dans le sens d’une réduction des impôts.

      • C’est oublier que la pression fiscale n’est pas egale aux seuls prelvements. C’est un solde. Combine je donne, combien je touche… Or votre plan ne prevoit absolument pas de jouer sur le second volet pourtant fondamental. Concretement, en France il y a trop de gens qui TOUCHENT de l’argent issu de la fiscalite (aussi appale extorsion d’Etat). Le probleme il est LA. Tant que des gens s’enrichissent grace a de l’argent preleve de force, il y atrop d’impots. De toute facon il y en a trop. Le probleme n’est pas un probleme de financement mais de depense. Quand on depense peu le financement est un probleme mineur. Tant que c’est un probleme majeur ca veut dire qu’on depense trop. Vouloir s’attaquer a ce probleme avant de vouloir reduire le besoins de l’Etat c’est deja etre completement a cote de la plaque.

  • Raisonnement exact et honnête.
    Mais un vrai libéral doit lutter en toute circonstance pour une baisse de la prédation par l’ogre bureaucratique et donc un alignement sur les taux de prélèvement les plus bas.

  • « Compte tenu du risque politique d’une mesure visant exclusivement les retraités (13 millions d’électeurs davantage mobilisés que les plus jeunes), je propose d’étendre ce principe d’équité fiscale aux fonctionnaires… et aux élus. Chiche ? »

    Justement on aurait pu espérer que le PS soit plus enclin à s’attaquer aux « avantages » des retraités qui ne constituent pas leur clientèle contrairement à l’UMP.
    Visiblement c’est encore trop leur demander.

    Il faut qd même relativiser l’impact d’une telle mesure : en effet les 12 milliards d’exonérations ne suffisent pas à expliquer pourquoi le revenu des retraités est sur le point de dépasser celui des actifs.

  • J’hallucine!
    Un libéral, même tiède, ne devrait-il pas demander un alignement de la fiscalité des salaires vers celui des retraite plus tôt que l’inverse?

    Ainsi, parce qu’une comparaison fiscale montre que certains sont a priori mieux lotis que d’autres, le « libéral » demande une sur-fiscalisation plutôt que la baisse de l’imposition du contribuable pénalisé?
    Et pour faire bonne figure, la cible du fisc devient un « privilégié »?!

  • En Amérique, l’épargne retraite est soustraite au revenu imposable (et à l’assiette des cotisations sociales si on ajuste le périmètre de l’impôt ), mais la rente le réintègre.

    Sur la culpabilité des retraités dans la dérive des comptes publics, un bémol: La démocratie français est très loin d’être parfaite et de correspondre aux souhaits du peuple.

    Je suis partisan de la démocratie directe pour y remédier.

  • Avec la hausse de l’espérance de vie, il y aura bientôt plus de retraités que d’actifs… et les fonctionnaires et les élus feront obligatoirement partie du lot d’ici quelques années !

  • Le Gouvernement du Canada travaille durement pour aider et améliorer les vies d’aînés sur beaucoup de fronts. Le gouvernement fournit $2.5 milliards comme le relief fiscal supplémentaire aux aînés et aux retraités par les mesures comme le fendage de revenu de pension et l’augmentation du crédit d’Âge dans 2012–2013.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nommé ministre du logement jeudi 8 février, Guillaume Kasbarian avait accordé un entretien à Contrepoints en novembre dernier en tant que député Renaissance de la première circonscription d'Eure-et-Loir et président de la Commission des affaires économiques.

 

Contrepoints : Bonjour Monsieur le Député, merci d’avoir accepté de nous accorder cet entretien. Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas, pourriez-vous nous parler de votre parcours et nous raconter ce qui vous a amené à vous engager en politique et à ... Poursuivre la lecture

Un article de Pierre Garello

Les inflations législative et réglementaire se payent cher. Combien au juste ? Il est difficile de le dire mais toute politique publique qui se veut raisonnable devrait a minima tenter d’anticiper et d’évaluer ces coûts assimilables par leur nature et leurs effets à un impôt. Le Competitive Enterprise Institute basé à Washington D.C. a évalué à 1939 milliards de dollars le coût de la réglementation fédérale américaine pour 2022, et identifie les mécanismes qui permettraient de juguler cette inflation.

L... Poursuivre la lecture

L'auteur : Éric Pichet est professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School.

 

La dernière étude du cabinet de conseil EY sur l’attractivité des pays européens confirme la primauté de la France pour la quatrième année consécutive. En 2022, le pays comptait plus de 1250 projets d’investissements industriels ou technologiques annoncés, soit plus que le Royaume-Uni (900) et l’Allemagne (800), destinations longtemps privilégiées. Le journal Der Spiegel va même jusqu’à titrer en Une, da... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles