Situation sécuritaire en Côte d’Ivoire : quelle sortie de crise ?

La Côte d’Ivoire n’a plus d’armée, mais elle est entre les griffes de plusieurs bandes armées qui se ciblent les unes les autres tout en prenant la population civile en otage.

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Situation sécuritaire en Côte d’Ivoire : quelle sortie de crise ?

Publié le 18 août 2012
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La Côte d’Ivoire n’a plus d’armée, mais elle est entre les griffes de plusieurs bandes armées qui se ciblent les unes les autres tout en prenant la population civile en otage.

Par Mamadou Koulibaly, depuis Abidjan, Côte d’Ivoire.
Publié en collaboration avec Audace Institut Afrique.

« C’est ainsi que les gens travaillent à leur propre confusion. »
In Franz Kafka. (1926), Le Château.

La semaine de la fête du 52e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire a été l’occasion de violences meurtrières. Cette fois, les attaques n’ont pas visé les populations civiles ni les forces onusiennes en Côte d’Ivoire, mais elles étaient essentiellement dirigées contre les forces armées, les FRCI. Les casernes militaires, les commissariats de police et les points de contrôle routiers ont fait l’objet d’attaques de bandes armées qui ont tué et ont été capables de disparaître tout de suite après leurs forfaits. Avec émotion, les camps politiques adverses s’accusent mutuellement d’être les auteurs de ces attaques meurtrières. Encore une fois, les partisans du président Ouattara soutiennent la thèse que ce sont les partisans de l’ancien président Gbagbo qui sont les criminels assaillants. Mais les partisans de Gbagbo ne se laissent pas faire et accusent les pro-Ouattara d’être des tueurs armés itinérants.

Une chose est sûre, il y a eu mort d’hommes et donc pertes en vies humaines. Des enquêtes sont annoncées et en attendant leurs conclusions, si conclusions il y a un jour, nous devons nous rendre à l’évidence : chacun des deux camps tue et, en définitive, seules les populations civiles voient leurs droits de vivre en liberté, en sécurité, dans la poursuite de leur bonheur individuel et collectif, violés. Les populations civiles sont les victimes de deux camps qui continuent de se haïr et de se positionner dans une logique d’intimidation, de chantage, de belligérance, de répression, de revanche et de vengeance.

Une commission d’enquête, visant à établir les responsabilités dans les crimes de la période ayant suivi les élections présidentielles de 2010, a été mise en place il y a quelques mois par le gouvernement. Ses conclusions mettent en évidence que les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara ont tous été criminels. Ils ont tué des hommes, des femmes et des enfants pour des raisons politiques, ethniques, religieuses et régionales. Sur les 2.264 cas ayant fait l’objet des investigations, les pro-Gbagbo, identifiés sous la dénomination « éléments des ex-Forces de Défense et de Sécurité » (FDS), sont accusés de 1.452 crimes, tandis que les pro-Ouattara, identifiés sous les appellations « Forces Nouvelles » (FN), « Forces Républicaines de Côte d’Ivoire » (FRCI) et « Dozos », arrivent en seconde place avec 927 crimes. Nous étions, dit-on, en période de guerre lorsque ces crimes ont été commis. Qui est le plus coupable ? Ceux qui ont tué le plus ou ceux qui ont tué tout simplement ? Au total, quel que soit le plus coupable, d’après cette commission d’enquête, ce sont 2.264 vies humaines qui ont été fauchées par des haines réciproques.

Une question demeure au-delà de ces chiffres : pourquoi autant de crimes avec des victimes connues mais sans coupables reconnus ? Dire des pro-Gbagbo et des pro-Ouattara qu’ils ont tué donne certes quelques indications, mais cela reste insuffisant pour comprendre qui tue en réalité. Tous les pro-Gbagbo ne sont pas des criminels et tous les pro-Ouattara non plus. Il faudra être un peu plus clair si l’on veut aller à la vérité ; cette vérité qui libère des haines et réconcilie les cœurs.

Inventaire de l’armée et des forces de sécurité

D’abord, il convient d’établir que les populations, malgré le grand nombre d’hommes armés en circulation, ne sont pas en sécurité. Il n’y a pas de forces qui assurent la sécurité au sens traditionnel du terme. Aujourd’hui, l’armée ivoirienne de terre, de mer et de l’air compte, entre autres, environ 14.000 hommes non réformés, non équipés. Il s’agit de ce qu’il reste des anciennes FANCI (Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire). Ces hommes sont démotivés, désarmés, payés à ne rien faire, frustrés par une défaite programmée mais inattendue et méprisés par les autorités politiques actuelles du pays simplement parce qu’ils ont appartenu à l’armée sous l’ancien régime. Ils étaient les forces dites loyalistes du régime de Laurent Gbagbo. Cela leur est préjudiciable aujourd’hui et le régime ne leur fait pas confiance.

Il faut ajouter à ce groupe environ 17.000 gendarmes. Ce corps dit d’élite s’est taillé en Côte d’Ivoire la réputation d’être républicain mais n’est nullement utilisé pour le maintien de l’ordre public dans la nouvelle gendarmerie. Plusieurs de ses membres ne sont pas intégrés dans la fonction traditionnelle de la gendarmerie. Ils sont payés à ne rien faire, vivent dans la terreur et le soupçon d’être capables de déstabiliser le régime à tout moment. Ils s’ennuient, sont démotivés et frustrés. Ils faisaient eux aussi partie des loyalistes de l’ancien régime. Et cela leur est préjudiciable aujourd’hui car le régime ne leur fait pas confiance.

Nous devons aussi prendre en compte 18.000 policiers non réformés, eux aussi, c’est-à-dire non réorganisés et non réemployés dans les fonctions habituelles et normales de la nouvelle police. Ils sont en permanence soupçonnés d’avoir été proches de l’ancien régime Et cela leur est préjudiciable aujourd’hui car le régime ne leur fait pas confiance. Ils travaillent sous le regard, le contrôle et la suspicion des forces mises en place par le régime actuel. Ils s’ennuient, sont démotivés et frustrés.

Ces trois groupes constituent ensemble une équipe de 49.000 personnes environ qui, formées en principe pour la sécurité et l’ordre public, vivent dans le non-emploi, le chômage déguisé, la suspicion et la frustration de ne pouvoir exercer leur métier dans des conditions normales de l’État de droit. Ces hommes et ces femmes, harcelés de temps à autre, constituent un cocktail dangereux pour la stabilité du régime qui en est conscient et qui déploie des efforts énormes de surveillance, de contrôle, d’arrestations et de tracasseries. Toutes choses qui ne rassurent pas mais au contraire stressent et créent des tensions psychologiques intenses.

Mais, surveiller les militaires, policiers et gendarmes des ex-FDS ne laisse pas suffisamment de ressources pour assurer la sécurité des populations et garantir l’ordre public, aussi bien dans les villes qu’en milieu rural. L’insécurité commence avec l’idée que l’autre nous veut du mal. Et à vouloir trop le surveiller, nous ne voyons pas arriver les autres dangers.

Que faire dans ce cas ? Réinsérer ces éléments dans l’ordre normal des forces qui assurent la sécurité, la protection civile et l’ordre public en Côte d’Ivoire. Cela voudrait dire redonner à la police et à la gendarmerie les moyens de leur activité. Seuls les policiers et gendarmes peuvent assurer l’ordre public et rassurer les populations. Si l’État doit redevenir normal, ce sont les forces normales et non des forces d’exception qui doivent s’occuper de la mission du service public de la sécurité et de la protection des droits et des libertés. La condition normale d’un État exige des institutions normales. L’armée, la gendarmerie et la police sont des institutions qui doivent reprendre leur service normalement si bien entendu nous recherchons la normalité qu’impose l’État de droit. Si bien entendu nous voulons mettre fin à l’État d’exception.

Mais que faire avec une armée de 11.000 FRCI, loyalistes d’aujourd’hui, en plus des 14.000 loyalistes de l’ancien régime ? Cela fait quand même 25.000 militaires payés. Avec le budget actuel du ministère de la défense, estimé à 188 milliards de fcfa, si leur traitement est assuré convenablement (131 milliards fcfa), alors cette armée n’a aucun moyen pour s’équiper et s’entraîner. Si elle devait avoir les moyens de son équipement, alors les soldes ne seraient pas payées. Si l’État devait assurer pour ces hommes, à la fois l’équipement et la solde, le budget militaire exploserait. Alors qu’il a déjà du mal à faire face, entre autres, aux exigences de la dette due aux caisses de retraite (CGRAE, CNPS) ainsi qu’à celles des salaires des travailleurs de la Poste de Côte d’Ivoire, il serait obligé de fermer des hôpitaux ou des écoles à cause du manque de moyens financiers. Ainsi, nous vivons en insécurité permanente avec une armée pléthorique, mal équipée, mal encadrée, mal payée, bien frustrée et avec de bonnes raisons de ne pas pouvoir assurer sa mission de sécurisation des populations civiles sur l’ensemble du territoire et dans les casernes, les gendarmeries et les commissariats.

Le gouvernement, pendant ce temps, est en sécurité grâce à 3.000 hommes minutieusement triés parmi les FRCI pour la défense de l’État et d’Abidjan. Ces hommes, qui ont l’entière confiance du gouvernement, viennent de l’ex-rébellion du MPCI, MPIGO, MJP et des FN et assurent la sécurité du président de la République et des institutions de l’État. Ces hommes sûrs du régime en sont aussi les hommes forts, car commandés par les ex-com zones. Notons que certains des chefs de ce groupe de privilégiés ont été promus à des grades supérieurs au moment où des soldats se faisaient tuer par des inconnus armés sortis de nulle part au début du mois d’août 2012.

Mais peut-on croire à la thèse des hommes sortis de nulle part pour perpétrer ces attaques ? Non pas vraiment. Car, à y regarder de près, il y a dans notre pays des populations à haut risque qui peuvent avoir de bonnes raisons de fomenter ce type de guérilla.

Qui pourraient être les guérilleros ?

Au lieu de s’accuser mutuellement, la classe politique pourrait faire une introspection et analyser froidement la situation. Parmi les populations à risque et capables de fomenter des guérillas, il y a plusieurs cas à distinguer.

Le premier groupe est constitué des FRCI frustrés et déçus, auxquels l’on avait promis des carrières militaires sécurisées. Dans le cadre de l’Accord Politique de Ouagadougou (APO), le volet militaire qui était en négociation concernait 32.000 éléments des FN qui rêvaient d’obtenir une situation de fonctionnaire. Mais, lors de la mise en place définitive des FRCI, seuls 9.000 de ces combattants ont été retenus. Alors qu’elles étaient en possession d’armes et de munitions, ce sont 23.000 personnes qui ont été refoulées, dégagées des rangs ou mises à la porte des FRCI. Ces ex-combattants FN non retenus dans les FRCI vivent dans la rancœur et la frustration et sont en attente de toutes les bonnes occasions qui pourraient leur permettre d’exprimer leur colère vis-à-vis de ceux qui leur ont menti, les ont utilisés et les ont rejetés au moment du partage du butin. Ces 23.000 personnes sont autant de dangers potentiels à ne pas oublier lorsque l’on cherche qui accuser après les attaques comme celles perpétrées contre les FRCI en ce début du mois d’août 2012.

La seconde catégorie identifiée comme dangereuse est constituée des 36.000 supplétifs issus des jeunes combattants recrutés à tout va au moment où il a fallu que les FN se préparent à la bataille d’Abidjan lors de la dernière crise post électorale. De nombreux combattants ont été encouragés à s’enrôler pour «la cause». Ils étaient environ 38.000 supplétifs pour les FRCI, parmi lesquels seulement 2.000 ont été retenus pour une éventuelle intégration dans les forces régulières actuelles. Que faire des 36.000 restants ? Ils ont été purement et simplement oubliés. Eux aussi fulminent de colère et de désir de revanche sur ceux qui les ont manipulés. Ils sont des agents à risque, capables, pour des raisons évidentes, de s’attaquer à leurs anciens frères d’armes, du temps des durs combats d’Abidjan, qui les ont trahis et abandonnés par la suite. Il ne faut pas les oublier lorsque l’on se pose la question de savoir qui s’attaque aux FRCI et pourquoi ?

La troisième catégorie à risque est composée de 38.000 personnes issues des groupes d’autodéfense et autres miliciens de l’ancien régime. Il avait été question que, dans le cadre du service civique proposé par l’APO, ces supplétifs des FDS de l’époque puissent être intégrés à des structures de réinsertion et d’emploi dans la fonction publique. Mais rien n’a été fait et plusieurs d’entre eux sont réputés avoir des armes, sont frustrés de savoir que l’âge d’or est terminé et que si les choses redeviennent normales, eux s’en sortiraient sans rien, bredouille. Eux ont du mal à accepter cette perspective. Ce groupe est tout aussi dangereux que les deux premiers et il ne faut pas l’oublier lorsque la question se pose de savoir qui attaque les FRCI. Pour ce groupe, l’avènement des FRCI ayant mis fin aux privilèges dont ils bénéficiaient, il est inacceptable de laisser les choses en l’état et laisser le triomphe facile à leurs adversaires d’hier.

Au total, ce sont donc au bas mot 97.000 guérilleros potentiels, sans compter les opportunistes et autres bandits habituels, les frustrés et les haineux occasionnels qui ont de vieux comptes à régler avec de vieux copains maintenant membres de la nouvelle nomenklatura, les nouveaux combattants, ceux de la 25ème heure qui ne sortent que lorsque les champs de bataille sont vides. Si nous prenons en compte tout ce beau monde «de super vilains» ou de «super héros», on peut arriver à 100.000 personnes à risque, déçues par les promesses non tenues, ballottées entre des décisions contradictoires, endoctrinées par des états-majors politiques réciproquement haineux, encasernées, pour certaines, avec leurs armes dans des conditions inacceptables, comme par exemple les 1.500 retenues dans le tristement célèbre camp de la Gesco à Yopougon. Toutes ces personnes sont de véritables dangers pour la sécurité des populations civiles, pour les FRCI elles-mêmes et pour les forces impartiales également, et l’on ne peut pas dire qu’elles ont tort d’être en colère. Et si l’on traitait plus sérieusement leurs cas ?

Ces 100.000 jeunes qui voient l’avenir en noir ne se fient qu’au pouvoir que leur donnent leurs armes. Ils n’ont pas d’emploi, pour plusieurs d’entre eux, pas même de qualification ni de métier. Ils ont la hantise du chômage et voient leur vie comme un drame dont les seules lueurs ne sont que trahisons, manipulations. La haine envers leurs anciens mentors et le mentor adverse alimente leur quotidien. Ils croient avoir tout perdu, sauf leurs armes avec lesquelles ils peuvent se faire entendre, se faire respecter et même faire fortune ou simplement obtenir à manger. Il ne faut pas les oublier au moment où l’on se pose la question de savoir qui organise la guérilla.

Quelles solutions pour sortir du bourbier insécuritaire ?

D’abord, le gouvernement doit cesser de pratiquer la politique de l’autruche et regarder enfin le problème en face. La communication de monsieur Bruno Koné, ministre et porte-parole du gouvernement, après le conseil des ministres du 15 février 2012, à la suite de toutes les tueries de la période post électorale et depuis la création des FRCI démontre, si besoin est, son fourvoiement et la marge de progression analytique qu’il nous offre pour comprendre la situation :

Les Frci, c’est l’armée régulière de Côte d’Ivoire. Il est important que notre armée soit respectée. L’armée représente la souveraineté du peuple ivoirien. Il n’y a pas de raison que ce soit les populations qui décident ou pas d’avoir l’armée sur un territoire. Nous sommes tous à un âge où nous avons vu les Fanci et les Fds. Je crois qu’il faut qu’on revienne au principe de base du civisme. C’est-à-dire le respect de nos institutions. Dans le respect des institutions, il y a le respect de l’armée. L’armée de Côte d’Ivoire a eu à mener des opérations de sécurité publique tout simplement parce que la police et la gendarmerie n’étaient plus opérationnelles. Il a fallu attendre plusieurs mois avant que les commissariats ne soient regarnis et il a aussi fallu attendre plusieurs mois avant que les policiers ne soient dotés d’armes et de munitions. Pendant ce temps, les militaires ont eu à les suppléer. À partir du moment où nous sommes arrivés progressivement à une situation normale, il leur a été demandé de se retirer de ces activités pour que la police et la gendarmerie prennent le relais. Mais cela n’est pas fait partout, d’une part. D’autre part, même si la police et la gendarmerie sont de retour, rien n’interdit que les militaires soient apportés en renfort à tel ou tel endroit. C’est une décision du commandement militaire. (…) Quand on parle de cantonnement, j’ai l’impression que pour les Ivoiriens cela veut dire qu’il faut que les militaires disparaissent du paysage. (…) Les Frci, c’est plusieurs milliers de personnes. Donc il peut arriver qu’un élément des Frci ait un problème avec un élément civil, cela peut arriver partout, il peut y avoir des cas d’indiscipline, il peut y avoir des agressions contre les uns et contre les Frci. Mais de grâce, ne transformons pas tout en conflit ethnique ou intercommunautaire. S’il y a des erreurs de la part des Frci, ils peuvent être sanctionnés par leur hiérarchie.

Puis, la classe politique, gouvernement en tête, doit arrêter de détourner l’attention du problème principal par des accusations mutuelles insensées.

Ensuite, elle doit accepter sa propre défaillance dans la façon de faire la politique et reconnaître que c’est elle qui, par ses discours, ses ambitions, ses inconséquences, a conduit de nombreux jeunes dans l’impasse, et toute la Côte d’Ivoire avec.

Enfin, elle doit s’engager tout de suite dans des discussions sur la réconciliation politique et envisager un programme de fin de crise conforme à la résolution 2062 du Conseil de sécurité des Nations-Unies et rendre opérationnelle cette dernière. Ceci suppose de :

  • Prioriser la question du désarmement et de la réforme du secteur de la sécurité dans l’agenda du président de la République – ministre de la défense et chef suprême des armées.
  • Retirer des rues les FRCI et y installer la gendarmerie et la police nationales.
  • Organiser le départ à la retraite des combattants et autre miliciens non retenus dans les forces actuelles.
  • Dégager des économies budgétaires pour financer cette retraite supplémentaire par la réduction du niveau de vie de l’État.
  • Redéployer l’administration civile et l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ivoirien.
  • Reprendre et approfondir le dialogue entre l’opposition et le gouvernement dans le cadre défini par le conclave de Bassam.
  • Ne pas se précipiter pour organiser les élections locales dans les conditions actuelles d’insécurité.

Nous avons une population ivoirienne de 20 millions d’habitants environ, qui vit, sans protection de qui que ce soit, avec 100.000 ex-combattants armés et frustrés se sentant trahis par ceux qui, de part et d’autre, avaient fait d’eux des héros à coup de fausses promesses d’intégration dans la fonction publique ; une soldatesque de 25.000 hommes, sans équipement ni entrainement qui ne peut exercer sa mission par manque de cohésion ; 35.000 gendarmes et policiers prévus pour le maintien de l’ordre public et la sécurité civile mais qui ne sont ni organisés ni employés à cette fin car désarmés par manque de confiance et 3.000 éléments des FRCI, commandés par les anciens com zones, sélectionnés parmi l’ensemble pour assurer la sécurité du président de la République et des institutions à Abidjan. Cette population civile, totalement laissée à elle-même, devient la cible de chacun de ces dangereux groupes adverses qui, à travers les cruautés commises à son encontre, peut vouloir attirer l’attention sur lui.

À ce jour, la Côte d’Ivoire n’a plus d’armée – ni ancienne, ni de nouvelle -, mais elle est entre les griffes de plusieurs bandes armées qui se ciblent les unes les autres tout en prenant la population civile en otage. L’ordonnance illégale prise par le président de la République le 17 mars 2011 pour créer les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), mélange composite des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) et des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), dans le but, selon les propres termes de M. Ouattara, de «protéger les populations civiles, pacifier le pays et rétablir la légalité» est loin d’avoir été efficace. Bien au contraire, cette ordonnance est à la base de la désorganisation de la sécurité et de l’ordre républicain. La question est du domaine de la loi c’est-à-dire du débat public républicain. Une ordonnance ne suffit pas à créer une armée (article 71 de la constitution d’août 2000). La preuve est maintenant faite. La recrudescence des braquages dans tous les quartiers d’Abidjan, et des coupeurs de route dans l’ensemble du pays, est la manifestation directe de la mauvaise gestion des questions militaires et sécuritaires par l’État, qui a trop souvent recours à des ordonnances illégales et des décrets inutiles pour résoudre un problème sensible qui requiert bon sens, clairvoyance et courage. Aujourd’hui nous en payons le prix. Et pourtant, les coupables sont connus, les raisons aussi.

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