Le magazine Challenges contre l’imposition à 75% ? C’était hier qu’il fallait le dire !

En dehors des périodes électorales, le magazine Challenges n’apparaît pas vraiment socialiste. En période électorale, il soutient sans modération le candidat du parti. Au prix de toutes les compromissions?

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Couverture du magazine Challenges en 2008 avec Pierre Chappaz

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Le magazine Challenges contre l’imposition à 75% ? C’était hier qu’il fallait le dire !

Publié le 16 juillet 2012
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En dehors des périodes électorales, le magazine Challenges n’apparaît pas vraiment socialiste. En période électorale, il soutient sans modération le candidat du parti. Au prix de toutes les compromissions ?

Par Vladimir Vodarevski.

Couverture du magazine Challenges en 2008

Dans le numéro 309 de l’hebomadaire Challenges du 12 juillet 2012, Vincent Beaufils, directeur de la rédaction, redoute le « syndrome S » pour la France. S comme Schlumberger. « La multinationale reste en France, avec son patron et son DRH. Mais son poumon respire ailleurs et son cœur français s’atrophie. » En cause, le taux marginal d’imposition de 5%. Vincent Beaufils essaie d’imaginer des moyens d’atténuer cette mesure.

Mais que ne l’a-t-il pas dénoncée durant la campagne présidentielle ! Challenges est un magazine de Claude Perdriel, du groupe Le Nouvel Observateur, fidèle soutien du PS. En dehors des périodes électorales, Challenges n’apparaît pas vraiment socialiste. En période électorale, il soutient sans modération le candidat du parti. Au prix de toutes les compromissions ?

Challenges se veut pragmatique, plus social-démocrate que socialiste. Mais, le PS est socialiste. Certes, Mitterrand a mené une politique de rigueur et de développement des marchés financiers. Mais des finances publiques rétablies lui étaient indispensables pour se faire réélire, et le développement des marchés financiers indispensable pour le financement de la dette publique. Jospin est le premier ministre qui a le plus privatisé, parce qu’il avait besoin d’argent, notamment pour les 35h, qu’il a mises en place. Et, contrairement aux socio-démocrates allemands, le PS ne veut ni les remettre en cause, ni assouplir le marché du travail en France. Une des rares décisions de la nouvelle majorité étant justement d’abroger la défiscalisation des heures supplémentaires, en la justifiant par une conception ultra comptable de l’emploi, comme sous Jospin.

La différence entre le PS français et le SPD allemand s’exprime aussi à travers les alliances. Le SPD est capable de s’allier aux libéraux du FDP, comme aux conservateurs de la CDU et de la CSU. Et refuse toute alliance avec l’extrême gauche. Tandis que le PS recherche les alliances avec l’extrême gauche.

Les réactions au plan de restructuration de Peugeot, qui n’a été une surprise pour personne, ont bien montré ce tropisme vers l’argumentation de l’extrême gauche : l’entreprise, pourtant défenseur du « fabriqué en France », a été vouée aux gémonies, sans que personne au PS ne s’interroge sur les conditions auxquelles sont soumises les entreprises en France.

Si Challenges veut faire évoluer le PS, et faire émerger un parti de gauche moins doctrinaire, à l’image du SPD allemand, il faut imposer des conditions. Il faut militer contre toute alliance ou concession à l’extrême gauche, de Mélenchon et autre parti communiste. Il faut affirmer l’efficacité sociale de l’économie de marché. Et critiquer sur ces points le PS même en période électorale.

Vincent Beaufils conclut : « l’économiste de gauche Philippe Aghion a démontré, à l’aide de l’exemple suédois, combien un alignement de la fiscalité du travail sur celle du capital est contreproductif. Ainsi, la Suède, qui sait pourtant ce qu’imposition veut dire, a réduit celle du patrimoine, et a été en 2011 le pays européen qui a connu la plus forte progression de millionnaire. » Si c’est un magazine de gauche qui l’écrit… Mais, encore une fois, c’est en période d’élection qu’il faut dire ce genre de chose, pour créer l’événement, sensibiliser les Français, et faire en sorte que leur culture économique s’améliore.


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  • « Ainsi, la Suède, qui sait pourtant ce qu’imposition veut dire, a réduit celle du patrimoine, et a été en 2011 le pays européen qui a connu la plus forte progression de millionnaire. »
    Ne veut rien dire, le but c’est que les millionnaires arrivent dans un pays? Rien ne garantie que leur argent sera investi dans ce pays.

    Et puis, après tout, dois je rappeler que la France est le pays d’europe qui compte le plus de millionnaire, non? Et même 3ème au niveau mondial avec 2,6 millions de millionnaires. Donc bon.

    « le SPD allemand s’exprime aussi à travers les alliances. Le SPD est capables de s’allier aux libéraux du FDP, comme aux conservateurs de la CDU et de la CSU. »
    – Un parti aussi volatile m’étonne. Surtout des alliances avec les conservateurs me font bien rire.

    Je rappel que ce sont les revenus qui seront taxés à 75% et pas le patrimoine en lui même. Quand aux personnes concernés, c’est à dire gagnant plus d’1 millions par ans (et pour que ça leur fasse quelque chose il faudrait qu’ils gagnent au moins le double ce qui reviendrait à être taxé à 50%) …. de toute manière feront de l’optimisation fiscale (ils ont les moyens pour les « droits d’entrée ») et ne seront taxé qu’à 30% maximum.
    En clair, c’est juste une mesure symbolique et ce sera probablement annulé par le conseil d’Etat.

    • >ce sont les revenus qui seront taxés à 75% et pas le patrimoine en lui même

      Oui, enfin, le capital, quand on n’est pas trop bouché, on le fait fructifier. Et du coup, les macaqueries comme l’ISF, c’est amputé de ses revenus. On peut tourner autour du pot, disserter du haret et du racé : ça ne change rien à l’affaire.

      Et le taux de placement à partir duquel le capital n’est pas perdant, rien qu’en prenant en compte l’IR et l’ISF, c’est ISF/(1-IR). Ce qui fait, avec un IR tendant vers 75% et un ISF tendant vers 1,8%, un taux de rendement minimum à obtenir tendant vers 7,2% !

      Alors, oui, je prends les extrêmes de ces taux, auxquels la plupart des millionaires français ne sont certainement pas soumis (d’une manière, ou d’une autre). Mais en rajoutant toutes les autres myriades de taxes, rinçages de poches, et bien sûr l’inflation (bonne ou mauvaise, selon les circonstances, il faut être idiot pour ne pas penser à s’en prémunir, au moins un peu), le message est clair :

      1) faites des placements spéculatifs si vous voulez adoucir la confiscation (ça, quand on incite les plus gros capitaux à rechercher des taux de rendements démentiels, qu’on ne vienne pas se plaindre que, des fois, la taupe se mette à gratter au terrier)

      Auquel il ne faut pas oublier d’adjoindre les options suivantes :

      2) nichez, nichez, et nichez encore (et qu’on ne me parle pas de la soit-disant suppression des niches alors que les plus grosses, comme le quotient familial, ou la progressivité de l’impôt, ne sont pas abolies : tant que ces inepties mamouthesques restent en place, pas de doute, il reste myriades et nuées d’autres échappatoires)

      3) prenez une bonne douche de subventions : profitez de l’argent gratuit tant que la pompe à merde coule encore à flot (c’est facile, il suffit juste de s’adresser à un con de bureaucrate, en pensant bien à le prendre pour ce qu’il est)

      Ah ouais, top, la politique fiscale. Tip-top. Et après, ça trouve encore le moyen de s’étonner que les capitaux n’investissent pas assez, ou, au mieux (?) n’importe comment… Ah ! C’est sûr, avec un cap fixé droit sur la démence la plus complète, non en effet, rien ne garantit que l’argent sera investi dans ce pays. J’irais même jusqu’à dire que, au fond, ce serait même franchement rassurant, vu que tout est fait pour l’en dissuader.

      Vivement le mur, bordel : vivement le mur.

  • Tocqueville constatait que « les Français préfèrent l’égalité dans la misère à la prospérité dans l’inégalité ». « Il n’y a qu’une seule façon de tuer le capitalisme : des impôts, des impôts, et toujours plus d’impôts » (Karl Marx). Il n’y a que deux manières d’acquérir des richesses. La première consiste à bénéficier des résultats de son travail et des conventions librement conclues avec autrui : c’est le moyen « économique ». L’autre méthode, c’est le moyen « politique » : il consiste à obtenir du pouvoir qu’il prenne aux autres, en utilisant la force, ce qu’il entend attribuer à ceux qui bénéficient de sa politique. Ce système de répartition n’a d’autre fondement que la force : c’est toujours celle-ci, seule, qui explique le recours à l’impôt, que ce soit au nom d’une minorité puissamment armée ou de la majorité : dans les deux cas, ce n’est qu’une manière d’user du droit du plus fort. Il en est ainsi même lorsque le plus fort se revendique de la « solidarité ».

    Rien de tel, en effet, que de convaincre le contribuable qu’il est obligé de se sacrifier, au profit de ceux qui bénéficient des largesses du pouvoir : selon cette morale millénaire, « il est immoral de vivre de son travail, mais moral de vivre du travail d’autrui ; immoral de consommer ce que l’on a produit, mais moral de consommer ce que les autres ont produit ; immoral de gagner quoi que ce soit, mais moral de voler. C’est mal de profiter de son accomplissement, mais bien de profiter du sacrifice d’autrui. C’est mal de construire son bonheur, mais bien d’en jouir au prix du sang des autres. Ayn Rand, op. cit., p. 1029 (Atlas Shrugged – La Grève), Il est clair que, notamment face à l’impôt, l’individu est voué au sacrifice. Et il l’est, non pas en vertu d’un principe de justice, mais par une simple règle d’autorité.

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