La gauche contre le réel

La gauche française n’est pas seulement dangereuse à cause de ses propositions économiques, elle l’est aussi sur le plan des idées. Elle exerce une dictature intellectuelle et ses oukases visent tous ceux qui ne pensent pas comme elle.

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La gauche contre le réel

Publié le 25 juin 2012
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La gauche française n’est pas seulement dangereuse à cause de ses propositions économiques, elle l’est aussi sur le plan des idées. Elle exerce une dictature intellectuelle et ses oukases visent tous ceux qui ne pensent pas comme elle.

Par Bogdan Calinescu.
Publié en collaboration avec l’aleps.

La gauche est progressiste et la droite est conservatrice (dans le « mauvais » sens du terme), n’est-ce pas ? Mais lorsqu’il s’agit de chercher des traces du progressisme de gauche, la mission s’annonce très ardue. On tombe plutôt sur des exemples contraires. Lors du discours d’investiture à l’Élysée, François Hollande n’a même pas mentionné son prédécesseur alors que n’importe quel autre politique l’aurait fait. On se souvient de l’hommage – excessif – de Jacques Chirac à Mitterrand. La droite « conservatrice » dirigée par Sarkozy a pratiqué l’ouverture en 2007, la gauche « progressiste » rejettent tous ses adversaires et fonctionne de manière clanique. Le nouveau président s’est entouré de tous les courants de la gauche, même les plus rétrogrades. Les nominations (directeurs de cabinet, conseillers…) reflètent très bien l’envie de changement de la gauche : des énarques en majorité et des individus issus presque exclusivement de la fonction publique. Pour couronner le tout, un ministère du redressement productif inspiré de la belle période soviétique a été créé. C’est ce qu’on appelle le progrès selon la gauche. Plus encore, le nouveau président a voulu être un président « normal » (par rapport à l’« anormalité » de Sarkozy). Quand on voit le ridicule et le grotesque des derniers événements concernant le couple Hollande-Trierweiller avec Ségolène Royal entre les deux, on s’interroge sur le terme « normal » chez les socialistes.

Ceux qui dénoncent toutes ces turpitudes de la gauche sont des « réactionnaires ». Élisabeth Lévy en fait partie et pourtant elle est de gauche. Éric Zemmour, Robert Ménard, Ivan Rioufol, Éric Brunet sont eux aussi membres de la bande. Pourquoi les traite-t-on comme des pestiférés ? Ils ne pensent pas correctement. Ils considèrent qu’à l’école on doit enseigner et non pas « être à l’écoute des élèves » ; ils ne voient pas les délinquants comme des victimes de la société et l’immigration uniquement comme une chance pour la France. Pour eux, les étrangers doivent s’intégrer et la famille reste le socle de la société. N’ayant pas les mêmes raisonnements que la gauche, ils deviennent la cible de « la machine à débusquer les déviants, racistes, archaïques, homophobes ou machos ». Ce sont les aveugles qui se déchaînent contre les borgnes. Et sous la présidence de Sarkozy, la fameuse machine a fonctionné à plein régime.

Le comble c’est que, n’en déplaise à la gauche et aux spécialistes de service, les Français ont voté à droite lors du premier tour des élections présidentielles et le score a été pratiquement le même entre le droite et la gauche au premier tour des législatives. L’addition des votes en faveur de Sarkozy, de Marine Le Pen et d’une partie des voix accordées à François Bayrou a montré clairement le choix des Français pour une politique de droite. Et la radiographie de ses électeurs confirme ce qu’on savait : ce sont bien les bobos de gauche et les fonctionnaires qui ont voté pour la gauche et nullement la classe ouvrière. En réalité, les protégés et les privilégiés du système étatique forment l’électorat mélenchoniste. Comme par le passé, les ouvriers votent pour le Front National et pour Marine Le Pen. Les résultats du vote ont aussi confirmé le mécontentement de l’électorat face à l’inaction du président Sarkozy. D’où le score impressionnant de Marine Le Pen, deux fois plus que son père en 2007 lorsque Sarkozy faisait campagne pour la rupture ! Finalement, les Français veulent beaucoup moins de la gauche qu’on pouvait le croire. Alors, pourquoi continuer avec les faux-semblants et imposer au peuple l’idéologiquement correct ?

« Si Voltaire visitait le siècle commençant, il serait estomaqué d’entendre ses héritiers en première ligne réclamer sans relâche que leurs adversaires soient réduits au silence, comme s’ils voulaient inverser sa célèbre formule », écrit justement Élisabeth Lévy. Dans un pays soumis au socialisme économique, il ne nous reste que la liberté de parole.

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Extrait de Philippe Nemo, Histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporains, PUF, 2002, p. 779-781.

 

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