Quand un socialiste a creusé une petite avance sur l’autre

Il ne faisait aucun doute qu’un socialiste gagnerait le premier tour de l’élection française. La raison en est, à part une partielle exception, que tous les dix candidats ont préféré des politiques socialistes.

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Quand un socialiste a creusé une petite avance sur l’autre

Publié le 30 avril 2012
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Il ne faisait aucun doute qu’un socialiste gagnerait le premier tour de l’élection française. La raison en est, à part une partielle exception, que tous les dix candidats ont préféré des politiques socialistes.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni.

Bonnet rouge et rouge bonnet

Il ne faisait aucun doute qu’un socialiste gagnerait le premier tour de l’élection française. La raison en est que, à part une demi exception, que tous les dix candidats ont préféré des politiques socialistes. Sarkozy a fait campagne dans cette élection en promettant de rendre la France « plus forte que les marchés ». François Hollande a promis un taux d’imposition pour les hauts salaires de 75 pour cent et une expansion énorme de la masse salariale de l’État. Marine Le Pen a abandonné la rhétorique anti-profiteurs de son père et a fait campagne sur un programme qui, en matière économique, était bien plus à gauche que celui de Nicolas Sarkozy.

Parmi les sept autres candidats, un seul s’est positionné entre Sarko et Hollande, un autre s’est présenté sous la bannière des Verts et pas moins de quatre ont fait campagne avec des programmes trotskystes ou communistes. Le seul candidat qui aurait pu être considéré centre droit dans un autre pays était le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, qui a fait moins de 2 pour cent des votes exprimés. Et même lui a affrété sa rhétorique d’une bonne dose de protectionnisme et d’anti-américanisme.

On aura droit à une flopée de commentaires dans les journaux à la suite des résultats du premier tour, avec des titres allant du virage toute à gauche, des marchés qui vacillent, de la menace pour le traité FU [Fiscal Union, ou union fiscale, sigle utilisé par D. Hannan parce qu’il évoque l’invective f*** U, NDLR], de la menace sur l’euro. Mais même avec tout ça, je ne m’attends pas à voir beaucoup de changement. « Hollande est à la gauche de la rhétorique de Sarkozy, mais il n’est pas sur sa gauche en ce qui concerne ses résultats », me dit une amie française, l’une des rares libérales véritables de ce pays. Elle, comme beaucoup de Français qui se prononcent pour le libre-marché, s’est réfugiée dans ce que les Français appellent un « vote blanc » – ce qui est en fait, un bulletin de vote nul.

Comme tous tombent d’accord sur le protectionnisme et le dirigisme dans les affaires intérieures, on peut s’attendre normalement à ce que Sarko et Hollande y soient également favorables à Bruxelles. Ne vous laissez pas berner par le simulacre de combat sur le traité FU. Quel qu’en soit le gagnant, la France restera attachée à une UE puissante et prodigue. Les deux hommes veulent un large fonds de sauvetage, une imposition commune au niveau européen et des mesures répressives envers « les marchés ». « Merkozy » pourrait se transformer en « Mellande » ; d’un point de vue britannique, on n’y verra que très peu de différence.

Pour expliquer ce qui vient d’arriver, nous avons besoin d’utiliser deux mots français, qui tous deux ne se traduisent pas très bien en anglais. Le premier c’est « l’insécurité » qui, dans ce contexte politique, signifie une angoisse généralisée à propos de l’immigration, de la criminalité et de la perte des avantages sociaux. Les gens ne sont jamais aussi irritables que quand ils sont rongés de l’intérieur, et l’électorat français a actuellement beaucoup de raison d’être nerveux. Le second est « l’immobilisme », un mot qui signifiait à l’origine l’échec des gouvernements de la IIIe et IVe République à changer quoi que ce soit.

À l’époque, l’immobilisme était censé être un produit du système électoral. Maintenant, il reflète l’humeur de la nation. En ce sens, la plupart des électeurs Français vont « voter blanc ». Très peu vont voter dans l’espoir d’un meilleur lendemain. La consigne de vote générale qui verra jour au deuxième tour sera « Votez pour empêcher X de gagner ! » plutôt que : « Votez pour Y ! ». Les suffrages exprimés seront des votes de prévention, pessimisme et grogne, des votes faits de haussement d’épaules dédaigneux et gaulois pour finir avec l’exhalation finale méprisante : « tout ça m’est bien égal. »


Article original. Traduction de JATW pour Contrepoints.

Lire notre dossier spécial présidentielle 2012

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  • Il n’empêche, j’aimerai bien voir les libéraux se mobiliser pour le candidat qui risque me moins de mettre la France à terre au lieu de se retirer dans une abstention dédaigneuse digne des groupuscules d’extrême gauche.

    • Hollande ?

      Sérieusement, sur quoi se baserait-on ? L’avantage avec Sarko c’est qu’il vient de prouver pendant cinq ans qu’il met la France à terre du mieux qu’il peut.

      Sur lui, au moins on sait.

      L’observation de la réalité nous dicte donc : Hollande ou abstention.

      J’espère au moins que vous ne m’en voudrez pas de ne pas choisir la première option.

    • Oui c’est vrai on pourrait voter pour Hollande tu as raison, parce que 500 milliards de dette en plus et 52 taxes supplémentaires depuis 2007 on va vraiment dans le mur.

    • Je suis de votre avis. Contester sans proposer mieux, est à mon sens incohérent, même si je conviens que les chances de succès d’un canditat libéral en France seraient proches de celle d’un groupuscule d’extrême gauche.
      Ce candidat pourrait présenter son élection avec décontraction avec un peu d’humour. Ca permettrait de présenter aux français d’autres vues que celle tout-étatique.
      Depuis le départ de Madelin, c’est le vide pour le libéralisme français.

      • Il est juste parti de la politique française. Il était tellement dégoûté de son immobilisme qu’on ne peut pas l’en blâmer.

        • Je ne le blame pas.
          Mais quelle perte.

          Ses interventions sur BFM sont toujours bien documentées, claires et rationnelles. Ses positions, font toujours primer le réalisme, sur l’ideologie.
          Bref, il n’avait pas l’étoffe d’un politicien français …

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