Le pays des emplois perdus… et retrouvés

Il était une fois deux hippies, Pascal et Céline. Las de la vie de fous du monde moderne, ils trouvèrent une vallée déserte dans une contrée lointaine et s’y établirent avec leurs quatre enfants. Ils proclamèrent que cet endroit était maintenant la République Indépendante de La Vallée Perdue. Comme personne ne s’intéressait à eux, pas même le fisc, on les laissa faire.

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Le pays des emplois perdus… et retrouvés

Publié le 9 avril 2012
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Il était une fois deux hippies, Pascal et Céline. Las de la vie de fous du monde moderne, ils trouvèrent une vallée déserte dans une contrée lointaine et s’y établirent avec leurs quatre enfants. Ils proclamèrent que cet endroit était maintenant la République Indépendante de La Vallée Perdue. Comme personne ne s’intéressait à eux, pas même le fisc, on les laissa faire.

Par Gene Callahan. Traduction et adaptation de Gérard Dréan.

ContesIl était une fois deux hippies, Pascal et Céline. Las de la vie de fous du monde moderne, ils trouvèrent une vallée déserte dans une contrée lointaine et s’y établirent avec leurs quatre enfants. Ils proclamèrent que cet endroit était maintenant la République Indépendante de La Vallée Perdue. Comme personne ne s’intéressait à eux, pas même le fisc, on les laissa faire.

La vie de la famille fut rude, à la limite de la survie. Tout ce dont ils avaient besoin, à part les quelques outils et autres équipements qu’ils avaient pu apporter, ils devaient le produire eux-mêmes. Avoir des pelles, des râteaux, des brouettes, de bonnes semences, etc. leur rendait la vie plus facile, mais c’était loin d’être confortable. Les choses s’arrangèrent un peu quand les enfants grandirent et se mirent à travailler plus.

Un hiver, leur plus jeune fils tomba malade. Ne pouvant pas quitter la vallée à pied ni faire venir des secours, ils ne purent rien faire pour l’empêcher de mourir d’une maladie qui aurait pourtant pu être soignée.

Ils restèrent quand même dans la vallée, voulant réussir la vie qu’ils s’étaient choisie. Leur vallée était belle et sauvage. Les membres de la famille étaient tous très proches les uns des autres. Et bien qu’ils n’aient que peu de temps libre, ils profitaient de leur peu de loisirs. Par exemple, quand le travail de la journée était terminé, Pascal passait la soirée à faire de très jolies sculptures sur bois. Au fil des années, il devint un véritable artiste.

Une visite dans la vallée

La famille vivait dans La Vallée Perdue depuis de nombreuses années, quand un randonneur vint à passer. Pascal était assis devant sa cabane en train de sculpter quand le randonneur sortit de la forêt. Il dit qu’il s’appelait Alain. Après avoir échangé quelques politesses, Alain dit qu’il admirait beaucoup le travail de Pascal et lui demanda s’il avait d’autres sculptures semblables.

Pascal le fit entrer dans la cabane et lui montra des étagères avec plusieurs centaines de pièces. Alain lui demanda s’il pouvait lui en acheter une douzaine, et lui en offrit un bon prix. Mais Pascal et Céline n’avaient que faire d’argent. Alain leur proposa de leur en laisser quand même un peu en signe de bonne foi, en leur promettant de revenir avec d’autres choses qui pourraient leur être utiles.

Un mois plus tard, Alain revint avec deux amis. Tous portaient des gros sacs pleins de graines, de nouveaux outils, de trousses médicales, de vaisselle, de vêtements, de savon et d’autres biens ménagers. Alain dit à Pascal qu’il aimerait emporter encore cent sculptures, et Pascal fut content de les lui vendre. Tous ces nouveaux biens rendirent la vie de la famille beaucoup plus facile. En les utilisant pour augmenter leur productivité, le reste de la famille de Pascal put produire assez de nourriture pour tous, ce qui lui laissa plus de temps pour son art. Plus il put se spécialiser dans cette seule tâche, plus son talent augmenta.

Alain et ses deux amis revinrent pendant l’hiver, conduisant deux 4×4 pleins de marchandises. En plus de produits divers, ils apportèrent aussi un ordinateur et une antenne parabolique. Ils montrèrent à Pascal comment utiliser le courrier électronique et lui dirent qu’ils allaient lui envoyer des commandes.

Au printemps, ils revinrent de nouveau. Les sculptures de Pascal avaient un succès fantastique. Alain demanda à Pascal s’il voulait bien qu’on ouvre une route jusqu’à sa cabane pour faciliter les échanges. Il lui assura que, puisque La Vallée Perdue était un état souverain, Pascal et Céline auraient le contrôle complet sur l’utilisation de la route.

Pascal donna son accord, et bientôt il se mit à faire des envois tous les mois, en échange d’autres fournitures. La famille avait maintenant assez de temps libre pour que les enfants se consacrent à leur éducation. Alain et ses amis avaient apporté un autre ordinateur, et les enfants l’utilisaient pour surfer sur Internet et y découvrir le monde extérieur. Bientôt, ils ouvrirent un site qui faisait de la publicité pour les statues de Pascal.

Les commandes affluèrent. Quand Alain arriva la fois suivante, Pascal lui dit qu’il voulait monter son entreprise et le prendre, lui Alain, comme distributeur et conseiller en marketing. Alain accepta avec joie. Céline s’intéressa aux détails de la gestion des commandes et se mit aussi à tenir les comptes de l’entreprise, ce qui était utile maintenant qu’ils utilisaient la monnaie.

En quelques années, toute une industrie florissante de la sculpture sur bois se développa de l’autre côté des montagnes qui bordaient la vallée de Pascal et Céline. Il y avait des départements de vente, de marketing et de distribution. Il y avait aussi une usine qui produisait des copies des œuvres de Pascal, car beaucoup de gens les aimaient mais ne pouvaient pas s’offrir les originaux. Céline était présidente de l’entreprise ; elle voyageait trois jours par semaine hors de la vallée. Les enfants, qui n’avaient plus besoin de travailler, envisageaient d’aller bientôt à l’Université. L’aîné, Kévin, paraissait avoir les dispositions artistiques de son père, et promettait de devenir un grand peintre.

La vieille cabane rustique avait été agrandie plusieurs fois. La famille avait maintenant trois cuisinières à bois, alimentées avec des bûches qu’ils débitaient avec leur tronçonneuse à moteur ; ils avaient un générateur d’électricité, l’eau chaude, un jacuzzi et une terrasse avec une vue sur les montagnes. Chacun avait sa chambre, et si un membre de la famille tombait malade, on pouvait faire venir un docteur par avion pour le soigner.

Une catastrophe évitée de justesse

Mais ils étaient devenus beaucoup trop contents d’eux. Sans qu’ils s’en doutent, la Vallée Perdue était au bord de la catastrophe. Heureusement, un autre randonneur arriva.

Il s’appelait le professeur Mercantilo, et il enseignait l’économie du travail dans une grande université. Quand Pascal le rencontra sur un sentier près de la cabane, il fut immédiatement impressionné par son érudition et son souci du bien-être de ses semblables. Pascal invita donc le professeur à déjeuner.

Pendant le repas, Pascal raconta à Mercantilo l’histoire du séjour de sa famille dans la vallée. Au fur et à mesure qu’il décrivait les évènements des dernières années, le visage de son invité s’assombrissait, plus d’ailleurs de chagrin que de colère. Quand Pascal eut fini, Mercantilo le regarda d’un air grave et dit : « Il était grand temps que j’arrive ! »

« Comment ça ? » lui demanda Pascal, perplexe.

« Vous ne comprenez pas ? L’économie de votre pays est au bord de l’effondrement. Vous avez exporté tous vos emplois vers d’autres nations ! »

« Quoi ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

« Pensez à ce qui se passait avant de rencontrer cet Alain et les autres étrangers qui vous ont embobinés pour vous faire envoyer les emplois de votre pays à l’extérieur ! »

Pascal hocha la tête, mais, franchement, il ne voyait pas bien ce que le professeur voulait dire. Mercantilo s’expliqua.

« Avant, n’aviez-vous pas des douzaines d’emplois différents dans cette vallée ? Fermier, tisserand, charpentier, savonnier, cuisinier, bûcheron, laitier, berger, cordonnier, chasseur, pêcheur, boucher, et bien d’autres encore ? »

« Ma foi, oui… Tout à fait. »

« Et où sont maintenant ces emplois ? »

C’était une question difficile. En effet, se demanda Pascal, où sont-ils passés ?

Le professeur lui répondit :

« A l’étranger ! Ils existent toujours, mais ils ne sont plus dans cette vallée. Aujourd’hui, vous n’avez plus que les deux derniers emplois : gérant de société et sculpteur. Et dites-moi, est-ce qu’une économie peut prospérer avec seulement deux emplois, sans aucune activité industrielle ni agricole ? »

Pascal répondit: « Ca, je n’en sais rien. Mais ça a l’air de bien marcher pour nous ! »

« Croyez-moi, ça n’est qu’une illusion. Votre économie est en train de se vider de l’intérieur. Le pourcentage de votre consommation alimentaire que vous importez est passé de 0% à 98% sur les trois dernières années. Vos importations de produits manufacturés sont passées de 2% à 99% de la consommation totale dans la même période. Vos importations de vêtements sont passées de 1% à 97%. Il est évident que cette tendance ne peut pas continuer. Sans production, comment allez-vous payer vos importations ? Votre rôle économique de consommateurs est en train de saper votre rôle de producteurs. »

Pascal réfléchit. C’était bizarre de penser que la récente prospérité de sa famille n’était qu’une simple illusion. Mais il ne connaissait pas grand chose à l’économie, et, après tout, c’était un sujet que le professeur Mercantilo avait étudié pendant de longues années. Il devait bien savoir de quoi il parlait.

« Eh bien, demanda Pascal, comment résoudre le problème ? »

« Ca ne va pas être facile, avoua le professeur. Au début, il va falloir faire quelques sacrifices : votre niveau de consommation devra baisser pendant un certain temps. Mais mieux vaut quelques sacrifices maintenant qu’un complet effondrement économique plus tard. A longterme, votre économie en sera beaucoup plus saine. »

Le Programme du  Professeur

Les jours suivants, le professeur Mercantilo prépara des modèles mathématiques de l’économie de La Vallée Perdue, et développa un programme de substitution aux importations qui la remettrait sur pied. Les secteurs du travail et de l’industrie, qui sont au cœur de toute économie prospère, seraient revitalisés. Cela voudrait dire moins d’attention aux activités de management et de création, mais après tout, ces activités ne sont que la cerise sur le gâteau économique.

Pascal et Céline acceptèrent de mettre en oeuvre le programme du professeur. Mercantilo retourna dans son université, et les habitants de La Vallée Perdue revinrent aux emplois qu’ils avaient négligés trop longtemps. Ils défrichèrent et cultivèrent le jardin potager, nettoyèrent leurs fusils de chasse, et sortirent la vieille machine à coudre du grenier. Le temps d’étude des enfants fut réduit et ils reprirent un grand nombre de leurs anciennes corvées. Céline avait beaucoup moins de temps à consacrer à la gestion de leur entreprise, et Pascal ne pouvait pas passer autant de temps à créer des sculptures, mais Mercantilo les avait convaincus que ça en valait la peine.

Aux grandes vacances de l’année suivante, Mercantilo revint à La Vallée Perdue. Le pays était devenu plus autonome ; il produisait un pourcentage bien supérieur de sa consommation alimentaire et de produits manufacturés. Mais il y avait une sérieuse difficulté : les enfants continuaient à acheter de la nourriture, des vêtements et des produits de beauté d’importation, si bien qu’une grande partie de la production locale devait être jetée aux ordures.

Mercantilo analysa la situation pour Pascal. « Voyez-vous, dit-il, votre problème, c’est les travailleurs étrangers sous-payés. Vous et Céline, vous avez gagné chacun plusieurs centaines de milliers d’euros par an. Comment pouvez-vous espérer être compétitifs avec des ouvriers agricoles qui ne gagnent que 8 euros de l’heure ? Ils jouissent d’un avantage concurrentiel injuste. »

« Alors que faire ? »

« A moins de pouvoir imposer aux gouvernements étrangers de signer des accords commerciaux garantissant à leurs travailleurs des salaires de plus de cent mille euros par an, vous devrez imposer des droits de douane qui augmentent le prix de leurs produits pour le mettre au niveau des vôtres. Comme ça, le commerce sera non seulement libre, mais aussi équitable. »

Pascal et Céline imposèrent donc des droits élevés sur presque tous les produits étrangers. N’ayant plus le choix, les enfants revinrent aux produits locaux qu’ils avaient dédaignés jusque là. Ayant moins d’outils importés pour aider les membres de la famille dans leur travail, il leur fallut de plus en plus de temps pour produire les choses nécessaires à la vie.

Un an plus tard, la compagnie qui vendait les sculptures de Pascal déposa son bilan et Bernard Tapie la racheta pour une bouchée de pain. Pascal et Céline eurent bientôt dépensé le peu d’argent qu’ils avaient tiré de cette vente. La route vers La Vallée Perdue devint peu à peu impraticable. Le 4×4 tomba en panne et ils ne surent pas le réparer. Avec le temps, leur maison commença à tomber en ruines, l’eau chaude cessa de couler et les ordinateurs devinrent inutiles. Les enfants renoncèrent à aller à l’université. Kévin arrêta de peindre car il n’en avait plus le temps. De toute façon, la famille ne pouvait plus acheter de couleurs ni de toiles. Un jour qu’il coupait du bois, Pascal se coupa un doigt de la main droite d’un coup de hache malheureux. Il devint incapable de sculpter et perdit tout goût pour cet art.

Enfin, il ne resta plus rien dans les trousses médicales. Les médecins ne pouvaient plus atteindre la Vallée Perdue par la route, et Pascal et Céline ne pouvaient plus se permettre de les faire venir par avion. Quand leur fille attrapa une pneumonie, ils ne purent qu’assister impuissants à l’évolution de sa maladie et à sa mort.

Les informations qui précèdent, jusqu’à la deuxième visite du professeur Mercantilo dans la vallée, sont tirées de son article pionnier, « La disparition des emplois dans l’économie capitaliste contemporaine : le cas de La Vallée Perdue », publié dans Perspectives Sociologiques sur le droit du travail Vol. XII, No. 3. L’année dernière, le professeur Mercantilo est retourné dans la vallée pour y effectuer des études économétriques afin d’évaluer le succès de son programme. Malheureusement, nous ne pouvons pas rendre compte des résultats de cette dernière visite, car il n’a pas donné signe de vie depuis.

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  • Histoire très intéressante.
    Elle illustre un malheur humain : beaucoup de gens croient aveuglément à la parole de détestables charlatans en dépit du bon sens, pour peu que ces charlatans se parent d’une honorabilité ou d’une légitimité de façade.

  • Monsieur, votre histoire est pertinente, mais malgré mes très faibles connaissances en économie, il y a un problème, l’effet d’échelle, des pays comme la Suisse, le Luxembourg, Singapour … peuvent se permettre de vivre des dans secteurs spécialisés mais une fois qu’on arrive à pays de plusieurs dizaines de millions d’habitants, il faut trouver énormément de sculpteurs, en gros de PME avec des gens innovants, car en plus de cela, s’ajoute des machines industrielles de plus en plus performantes réduisant le nombre d’employés nécessaires sans compter les réserves de matières premières s’épuisant et le nombre de nouveaux consommateurs explosant ….

    • « il faut trouver énormément de sculpteurs, en gros de PME avec des gens innovants, car en plus de cela,  » Y’a pas de probleme la. Y’a plus qu’a Ibrahim… Mais attention: pour que les PME poussent comme des champignons il faut des libertes economiques et une fiscalite adaptee pour les entrepreneurs et leurs partenaires financier. En gros il faut recompenser le talent et la prise de rsique. Sinon l’etat s’improvise visionnaire, gestionnaire et actionnaire, il decrete les secteurs d’avenir, y investit massivement, y decrete l’emploi en deshabillant « Pierre » et finit par ruiner le pays.
      Bonne chance avec votre « venture »

    • Ibrahim, vous commettez plusieurs erreurs, mais elles sont faciles à corriger.

      Il n’y a aucun effet d’échelle en fonction de la taille des Etats : les Etats ne produisent rien, seuls les individus et les entreprises produisent. Ces derniers n’appartiennent pas à leur Etat. La confusion entre l’Etat et sa population ou ses entreprises est l’erreur fatale des néo-mercantilistes (cf l’expression « Entreprise France », pure illusion néo-mercantiliste).

      « Il faut trouver énormément de sculpteurs » : les sculpteurs se trouvent spontanément, pas besoin d’organisation planifiée. Au contraire, la planification empêche les sculpteurs d’apparaître spontanément.

      Les machines créent toujours plus d’emplois qu’elles n’en détruisent car elles libèrent les énergies humaines pour des activités plus utiles, plus profitables.

      Les matières premières, comme toute production, sont nécessairement limitées. Seul le marché permet une répartition équitable et optimale des ressources, par la régulation des prix et des quantités, à condition que l’Etat ne n’empêche pas la recherche des équilibres par ses interventions (tarifs, réglementations, taxes, subventions).

      • Bonsoir, tout d’abord j’ai parlé de pays et non d’état, par ce fait, je pointe le doigt que fournir du travail à 45 millions d’actifs est naturellement plus difficile que pour 5 ou 10 millions.

        Ensuite, je suis d’accord, pour que les entreprises et artisanats outre le fait qu’il faille des gens innovants, talentueux et prenant des risques, il faut aussi du capital ainsi qu’un environnement (justice équitable au cas où, sécurité, fiscalité avantageuse et non du racket, ouvriers,techniciens et cadres qualifiés …)

        Pour ce qui est des ressources libérées, je suis tout à fait d’accord, le gain de productivité permet de libérer des « bras » et ainsi augmenter la production, mais est-ce linéaire, je veux dire à un moment donné, quand les usines n’engagent quasiment plus ou sont délocalisés, comment réoccuper tous ces gens, est-ce possible de faire vivre des millions de personnes via uniquement les « services ».

        Pour ce qui est des matières premières, je parle simplement du constat macro-physique qu’elles diminuent et que donc le prix des biens ne peut qu’augmenter et s’accentuer avec l’arrivée des pays « émergents ».
        Exemple : Un produit dont les matières premières augmentent verrait aussi son prix augmenter, le nombre de ses ventes diminuer, ce qui obligerait le producteur à diminuer sa production étant donné ses carnets de commande moins importants. Ce phénomène a grande échelle, peut-il entraîner une récession ou dépression.

        Alors, étant favorable à la loi du marché, car après tout c’est « naturel », mettons nous à la place d’un dirigeant politique, peut-il se permettre une société à 2 vitesses, où une économie dynamique cohabiterait avec une société de gens relativement nombreux mis à l’écart sans aide sociale, l’exemple historique montre que ça provoque des tensions sociales, même si les théories et modèles économiques s’avèrent juste, un homme politique doit d’après ce que j’ai compris trouver le juste équilibre et non optimiser la production absolue des biens.

        Ai-je raison ?

        • Ibrahim, dont acte, vous parlez de pays et non d’Etat. Vous avez raison : il est indispensable de distinguer les deux. A bien vous lire, on peut toutefois se demander si vous ne les confondez pas, lorsque vous semblez poser comme une évidence qu’il serait possible de planifier l’activité économique.

          Mais c’est impossible. On ne peut pas planifier l’économie et obtenir un résultat plus satisfaisant qu’en laissant le marché libre. Il n’y a qu’une réponse à vos diverses questions : laissez faire !

          Un homme politique n’a pas à optimiser la production ou à rechercher l’équilibre économique. Ce n’est pas son problème, ce n’est pas son champ d’action, encore moins sa responsabilité. Surtout, ce n’est pas de sa compétence, parce que personne n’est capable de réguler efficacement le marché, les milliards d’interactions humaines qui s’ordonnent spontanément à chaque instant.

          La responsabilité d’un homme politique est de s’assurer que le marché reste le plus libre et efficient possible, en garantissant vie, liberté et propriété privée. Ces interventions publiques sont suffisantes. Tout autre intervention dans l’économie crée de multiples effets pervers incontrôlables qui détruisent les richesses, les emplois, les débouchés, les ressources.

          Les planificateurs, les étatistes, les politiciens, les hauts fonctionnaires sont naturellement incompétents en matière économique. Cette remarque n’est pas du mépris à leur égard, ni une conviction politique. C’est la simple observation du monde réel.

          • @Ibrahim
            J(ajoute que votre phrase « fournir du travail à 45 millions d’actifs est naturellement plus difficile que pour 5 ou 10 millions » est erronée, car ce sont justement ces 45 millions (ou 5, ou 10) qui se fournissent du travail les uns aux autres grâce à l’action des entrepreneurs qui organisent la production et les échanges, et non l’État (du moins dans un système libéral).
            Attendre de l’État ou de tout autre organisme central qu’il « fournisse du travail » à la population est un excellent moyen de faire qu’il n’y en ait pas (de travail).

          • @ bubulle
            Entièrement d’accord avec votre commentaire, entièrement d’accord avec l’évidence des nuisances des étatistes collectivistes de tous bords.
            Cependant la question reste ouverte: Pourquoi ce qui nous semble des évidences ne parvient pas être compris par la majorité de nos concitoyens ? (en dehors de « la théorie des choix publics » qui semble être une partie de l’explication)

          • @librexavier, patience ! Une longue maturation collective est nécessaire pour sortir du mythe de l’Etat tout puissant, pour faire évoluer la démocratie de l’enfance à l’âge adulte ou pour mettre le professeur Mercantilo dans les oubliettes de l’histoire. 20 ou 25 ans sont nécessaires pour transformer l’enfant en adulte responsable ; sans doute faut-il 10 fois (100 fois ?) plus de temps pour obtenir le même résultat au niveau d’une nation…

        • @Ibrahim: Le « juste equillibre  » dont vous parlez, s’il est atteint par l’intervention de l’Etat, est un « Juste equillibre » atteint par l’initiative de la violence.
          Ce « juste equilibre » atteint par l’Etat, visant a satisfaire des classes pauvres aux depens des classes riches, ne peut se realiser que par le prelevement autoritaire d’une richesse acquise legitimement a priori. En clair il vous faudra jouer de la gachette, au moins en menaces.

          C’est en cela que l’intervention etatique est immorale. Nul doute qu’elle ne se targue d’etre pragmatique. A defaut d’etre legitime, elle se trouve des qualites secondaires…

          • Bonjour,

            Il faut d’abord définir le rôle d’un homme politique :
            – Pour un libéral, c’est un arbtitre du marché qui assure la paix civile au moyen de différentes fonctions telles que l’armée, la police, la justice …
            – Pour un social-démocrate, c’est en plus de ça, un agent d’équilibre social qui a pour mission de mettre l’économie au service du bien-être collectif en ne marginalisant personne.

            Si on accepte la démocratie, la social-démocratie (PS,CDH, Écolo en Belgique, UMP, PS, Les Verts et autres en France) est majoritaire, il faut donc accepter « leurs » règles.
            De ce fait, un homme politique doit donc faire des mains et des pieds pour trouver un équilibre social et ne peut se permettre de laisser une partie de la population sur le carreau.

            Maintenant, après la mécanisation de l’agriculture qui a permis en plus d’une bonne natalité de fournir des bras pour l’industrie, si l’industrie tend à disparaître, est-ce possible de recaser des millions de personnes dans les services ?
            C’est l’enjeu principal, car à ma connaissance, pour qu’il y ait des services, il faut une population qui soit détenteur et producteur de richesses, or même l’industrie de haute valeur ajoutée risque d’être délocalisé ainsi que les services, en somme, un politicien social-démocrate et donc obliger d’empêcher cela pour garder temporairement le niveau de vie de ses concitoyens.

          • Ibrahim, l’industrie ne tend pas à disparaître. Elle va simplement rejoindre l’agriculture pour ce qui concerne le nombre d’actifs, actifs indispensables pour de multiples activités autrement plus productives que de serrer des boulons sur une chaîne. Personne ne restera sur le carreau si l’Etat n’intervient pas pour empêcher les marchés de produire leurs effets positifs.

            Quant au rôle des politiciens interventionnistes majoritaires, ils se plantent inéluctablement. Nul besoin de remise en cause de la démocratie : la crise des Etats providentiels « fait le boulot » mieux que quiconque. C’est aussi ça, l’efficience du marché et sa supériorité sur les planistes.

  • Bonjour,

    Je me doute que les traits ont été grossis pour l’illustration, mais il est néanmoins clair que dans tous les cas, l’industrie de la statuette ne peut se maintenir dans son état que part un apport massif d’énergie.

    Le libéralisme permet de créer l’opportunité de monter l’industrie de la statuette, SI de l’énergie est disponible pour cela, ce qui ne va pas de soi le moins du monde.

    Donc de deux choses l’une :
    – soit votre couple se trouve dans un monde où on trouve de l’énergie en quantité infinie et ils ont bien de la chance, et qu’ils y restent

    – soit ils vivent dans notre monde,et en fait votre couple bénéficie d’un effet de niche, et sa situation n’est physiquement PAS généralisable. Autrement dit, il faut que des gens se privent de consommer ailleurs pour permettre à l’énergie d’arriver chez eux. Si on est dans une situation où l’approvisionnement global décline, ils ont de grandes chances de voir leur niche s’effondrer, et devoir repartir de zéro.

    Vouloir continuer dans la voie de la spécialisation alors que le prix des carburants liquides est voué à crever le plafond à court terme ( Et ce non pas tant pour des raisons économiques que physiques, et vous le savez bien.) , personne ne trouve ça judicieux, non, et il est probable que vous resterez incompris pendant longtemps encore à force de vous obstiner à croire que c’est le prix qui fait le monde et pas l’inverse.

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