Permettons aux femmes de faire le développement

Dans les pays en voie de développement, les femmes n’ont souvent pas les droits juridiques et sociaux essentiels, tels que le droit de posséder des terres ou l’accès au crédit

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Permettons aux femmes de faire le développement

Publié le 9 mars 2012
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Dans les pays en voie de développement, les femmes n’ont souvent pas les droits juridiques et sociaux essentiels, tels que le droit de posséder des terres ou l’accès au crédit dans les mêmes conditions que les hommes.

Par Karol Boudreaux (*), depuis les États-Unis.
Article publié en collaboration avec UnMondeLibre.

Dans les pays riches les femmes ont désormais une voix qui compte dans les débats importants, en matière politique, économique et sociale. Mais dans la plupart des pays en développement, l’histoire est bien différente, comme un rapport [1] commandé par le Département britannique pour le développement international l’avait clairement montré. Dans ces pays, les femmes n’ont souvent pas les droits juridiques et sociaux essentiels, tels que le droit de posséder des terres ou l’accès au crédit dans les mêmes conditions que les hommes.

L’idée clé du rapport était la suivante : l’autonomisation des femmes (l’empowerment) est absolument cruciale dans la lutte contre la pauvreté.

L’idée que l’autonomisation des femmes participe d’une politique intelligente n’est certes pas nouvelle. Des organisations internationales, des chercheurs et des organisations non gouvernementales ont passé des années à rédiger des rapports et à mettre en Å“uvre des programmes visant à améliorer la condition des femmes. La question est : les gouvernements des pays en développement écoutent-ils ?

Examinons les conclusions du Rapport global sur les écarts entre les sexes [2] en 2010 présenté au Forum économique mondial : «  les écarts faibles entre les sexes sont en corrélation directe avec une forte compétitivité économique ». Klaus Schwab, fondateur et directeur exécutif du forum, a souligné cette question dans un article : « Les femmes et les filles doivent être traitées de manière égale si un pays veut croître et prospérer. »

Lorsque les femmes peuvent aller à l’école, travailler, devenir entrepreneurs, être propriétaires et obtenir un accès fiable au crédit, non seulement elles investissent dans leurs entreprises, mais elles investissent aussi dans la santé, la nutrition et l’éducation de leurs enfants. En d’autres termes, elles investissent dans l’avenir.

Le rêve de l’éradication de la pauvreté est, lentement, en train de devenir une réalité pour certaines femmes en Afrique. Suivons l’histoire d’Emelienne Nyirumana, 33 ans. Dans le passé, Emelienne luttait pour subvenir aux besoins de ses cinq enfants, gagnant moins de 1 dollar par jour à transporter de l’eau au Rwanda.

Sa vie a changé en 2007 quand elle a rejoint une coopérative de femmes couturières appelée Cocoki. Cocoki est partenaire de l’ONG Indego Africa pour commercialiser et vendre des produits aux Etats-Unis. Chez Cocoki, Emelienne est devenu une couturière experte et a développé une réelle passion pour les affaires. En 2010, elle a fait la demande auprès de la Goldman Sachs 10000 Women Initiative et a vu sa demande acceptée. Grâce au travail acharné et à de nouvelles opportunités, Emelienne a quadruplé son revenu. Aujourd’hui, elle et ses collègues membres de la coopérative peuvent se permettre de faire davantage pour leurs enfants et pour elles-mêmes.

Bien que l’histoire d’Emelienne soit une source d’inspiration, la Banque mondiale [3] a produit un rapport qui contient des résultats beaucoup moins inspirateurs. « Seulement 20 des 128 économies étudiées ont les mêmes droits juridiques pour les hommes et les femmes dans plusieurs domaines importants pour les entrepreneurs et les travailleurs. » Sur les 20 économies jouissant de l’égalité des droits juridiques, une seule se trouve en Afrique sub-saharienne : le Botswana.

Dans un certain nombre de pays africains, comme le Rwanda, le Cameroun et le Togo, les hommes ont le droit légal d’interdire à leurs épouses de travailler. Cela signifie que dans la quasi-totalité de l’Afrique subsaharienne, et dans une grande partie du monde en développement, pour la moitié de la population il est plus difficile et plus coûteux de démarrer et exploiter une entreprise ou une ferme que l’autre moitié.

Prises dans leur ensemble, ces contraintes nous aident à comprendre pourquoi 70 pour cent des pauvres du monde sont des femmes.

Créer le changement est difficile, en particulier face à un environnement juridique et réglementaire hostile ou, peut-être encore plus difficile, lorsque l’on est confrontée à la tradition ou à d’autres obstacles culturels qui se dressent devant les femmes.

Mais il y a de l’espoir. Comme le montre l’histoire d’Emelienne, placer l’autonomisation des femmes au centre du débat sur le développement humain peut potentiellement s’avérer payant, non seulement pour les femmes partout dans le monde, mais pour leurs enfants. Et cela contribuera à un avenir meilleur pour nous tous.

—-
Sur le web.

(*) Karol Boudreaux est chercheur au Centre Mercatus de l’Université George Mason aux USA, dirige Enterprise Africa et est membre du conseil de Indego Africa. Ben VanMetre est chercheur au Centre Mercatus.

Notes :
[note][1] Steming girls’ systemic poverty : catalysing development change by building just social institutions, Chronic Poverty Research Centre, 2010.

[2] The Global Gender Gap Report, World Economic Forum, 2010.

[3] Voir la page : http://wbl.worldbank.org/ [/note]

 

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