Salon des Entrepreneurs : Sarkozy accuse les banques
La volonté des politiciens de contrôler l’industrie bancaire est la véritable cause de la raréfaction du crédit bancaire à destination des entreprises
Le Président-candidat a tout faux : c’est la volonté des politiciens de contrôler l’industrie bancaire qui est la véritable cause de la raréfaction du crédit bancaire à destination des entreprises.
Par Georges Kaplan

Invité au 19ème salon des entrepreneurs hier, mercredi 1er février 2012, Nicolas Sarkozy a semble-t-il déclaré : « nous avons les banques les plus importantes d’Europe, et quand il faut prêter de l’argent aux PME, c’est l’État qui doit créer Oseo. » Plus loin, il poursuit sur sa lancée et affirme que « le rôle des banquiers dans la société, ce n’est pas de gagner beaucoup d’argent très rapidement, c’est de faire confiance à des entrepreneurs sur cinq ans, sur dix ans, sur quinze ans, de prêter de l’argent à cette entreprise au début et d’être associé à l’avancée de cette entreprise. »
Peut être le Président de la République devrait-il se renseigner sur les origines exactes de ce phénomène connu sous le nom de « désintermédiation bancaire. » Il découvrirait alors sans doute que c’est lorsque ses prédécesseurs, qui voulaient comme lui mieux réguler la finance, ont participé à l’instauration des ratios de solvabilité de Bâle que le désengagement des banques du financement des entreprises a commencé (voir notamment l’évolution du crédit bancaire aux US depuis 1973 ).
Si le Président était – au choix – compétent ou intellectuellement honnête, il saurait donc que c’est très précisément la volonté des politiciens de contrôler l’industrie bancaire qui est la véritable cause de la raréfaction du crédit bancaire à destination des entreprises, de l’émergence des marchés d’obligations privées [1] et du développement des techniques de titrisation [2]. Il noterait au passage que c’est cette même réglementation bancaire qui a artificiellement favorisé les crédits immobiliers et qui a poussé les banques à détenir des obligations d’État – tout lien avec des événements récents est, bien évidemment, fortuit.
Le paysage politique de ce pays est devenu un cirque sinistre.
—-
Sur le web
Notes :
[note][1] Obligations émises par des entreprises privées qui cherchent une alternative au crédit bancaire.
[2] Les banques qui, pour satisfaire aux ratios de Bâle, ont développé ces techniques pour revendre une partie de leurs portefeuilles de crédits sur les marchés financiers.[/note]