L’empire britannique était au bord de la ruine économique au début du 19e siècle, après de longues années de luttes contre l’armée de Napoléon. À la fin de la guerre avec la France, après la défaite définitive de Bonaparte à la bataille de Waterloo en 1815, le gouvernement de Londres se trouvait dans une situation de faillite technique après avoir accumulé une dette publique proche des 250% du PIB.
Durant les années de la campagne militaire, la Grande-Bretagne opta pour l’abandon de l’étalon-or pour s’embarquer, comme c’est de tradition dans ces cas-là, dans une politique inflationniste décidée via l’expansion du crédit et une brutale augmentation des dépenses publiques afin de pouvoir couvrir les coûts de la guerre. De plus, la structure productive du pays s’orienta vers la fabrication d’armement, en même temps que le secteur agricole (clé à l’époque) vivait sa bulle particulière à la chaleur du crédit facile et des contrats de l’armée.
Mais l’orgie arriva à sa fin. L’expansion du crédit inflationniste propre des temps de guerre fut suivie rapidement par une période d’après-guerre marquée par la récession économique et la redoutée déflation – contraction monétaire et chute de prix. Le crédit total de la Banque d’Angleterre chuta de 44,9 millions de livres le 31 août 1815 à 34,4 millions en 1816, une réduction de 24%. Cette contraction monétaire provoqua la faillite de beaucoup de banques régionales entre 1814 et 1816.
Face à une telle situation, l’industrie et l’agriculture, les secteurs productifs les plus bénéficiaires de l’expansion que généra le temps de guerre, commencèrent à demander au gouvernement la mise en marche d’ambitieux plans de relance pour freiner la dépression. C’est-à-dire, des programmes de dépenses publiques ayant recours au déficit pour payer des grands travaux d’infrastructure, des aides publiques et des subventions de toutes sortes. De même, des économistes et des politiciens de renom réclamèrent le maintien de l’argent fiduciaire pour relancer à nouveau l’inflation et l’expansion du crédit. En résumé, les typiques politiques d’expansion fiscale et monétaire qu’aujourd’hui défendent tant de keynésiens, avec pour objectif de retrouver une nouvelle bulle sur base de plus de dette (crédit).
Par chance, le gouvernement de Lord Liverpool ne tint pas compte de telles demandes. Il ignora les propositions visant à générer de l’inflation pour tenter de faire disparaître la montagne de dette que présentaient les comptes publics. Avec une dette de 250% du PIB, au bord de l’effondrement économique, la Grande-Bretagne opta pour restaurer l’étalon-or (1820), avec sa déflation des prix correspondante, et réduire de manière drastique les dépenses publiques.
Liverpool permit au marché de faire son travail : épurer les mauvais investissements et liquider les distorsions de production causées pas les demandes déséquilibrées du temps de guerre et l’augmentation du crédit inflationniste. Dit d’une autre façon, le gouvernement laissa la nécessaire récession suivre son cours et le marché corriger les erreurs du passé pour pouvoir revenir à une saine économie de paix avec des bases solides. Tout ceci fit que la Révolution industrielle pût se développer librement, élevant de manière générale le niveau de vie des Anglais – le gaspillage guerrier n’avait seulement bénéficié qu’à quelques secteurs précis. Commençait la plus grande étape de croissance économique de l’histoire de la Grande-Bretagne.
En à peine une décennie, grâce aux volumineux excédents budgétaires, la charge de la dette publique fut réduit à des niveaux maniables. Le résultat à long terme fut un siècle de stabilité des prix et une grande prospérité économique. En 1900, la dette était de 30% du PIB, et la richesse du pays avait été multipliée par dix. Une leçon précieuse pour l’actuelle crise de la dette publique.
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Article publié par Libre Mercado. Traduit de l’espagnol.
Excellent article ! Merci
Le texte ne correspond pas avec le graphique. Le graphique montre une réduction de la dette à 30 % du PIB en un siècle, et non en une décennie, malgré une chute rapide et spectaculaire, qui montre qu’il s’agit bien de la voie à suivre pour nos pays malades de keynésianisme au long cours.