Avec l’arrivée de Mario Draghi, Loukas Papadimos et Mario Monti à la tête de la BCE et des gouvernements grec et italien, on peut légitimement se demander s’il est bien raisonnable de recruter les incendiaires comme pompiers de la crise en Europe.
Par Alain Dumait
Le site Polémia fait remarquer que le nouveau patron de la BCE, Mario Draghi (64 ans), est un ancien de la banque Goldman Sachs (dite «government Sachs»). Loukas Papadimos (64 ans également), nouveau Premier Ministre grec, aussi. Quant à Mario Monti (64 ans, encore…), nouveau Premier ministre italien , il est diplômé de Yale, membre affiché de la Trilatérale et du groupe de Bilderberg.
Ce sont des initiés du système financier occidental, au cœur de l’oligarchie qui nous gouverne.
Évidemment, si l’on pense que quelques établissements financiers, avec leurs produits dérivés, sont directement à l’origine de la crise financière mondiale actuelle, si l’on croit que tout est «à cause» des banques, et que les responsabilités s’arrêtent là, on peut légitimement se demander s’il est bien raisonnable de recruter les incendiaires comme pompiers.
Rien n’indique en tout cas que la super-classe mondiale ait renoncé à quelque pouvoir que ce soit au sein de ce système.
Ces mêmes oligarques sont exactement dans la même position que les apparatchiks communistes au temps de la Pereistroika, il y a 25 ans : certains savent que le système s’effondrera, d’autres s’imaginent pouvoir et savoir le sauver, mais tous font comme s’il était réformable et donc sauvable.
Tout se passe comme si nous étions dans la phase gorbatchevienne de la crise financière. Où les oligarques espèrent encore pouvoir sauver leur oligarchie!…
Ces personnages n’ayant aucun principe moral, il leur est plus facile qu’à d’autres de reconnaitre quelques erreurs «techniques». Les «subprimes» sont de cet ordre. Le développement cancérigène des produits dérivés aussi. L’excès des dettes publiques également. Pour eux, il suffira donc d’être un peu plus raisonnable (dette «maitrisée», marchés «régulés»…) pour que le système se remette à fonctionner correctement, même à petite vitesse.
Pour eux, le système n’est en rien disqualifié, ni donc bien sûr condamné.
On aura d’ailleurs remarqué que ces hiérarques, depuis quelques temps, se mettent à leur tour à dénoncer «les dictats des marchés». Aveu que les «marchés» commencent à leur échapper. Ce qui est nouveau.
Si cette option (la réforme du système financier oligarchique par les oligarques eux-mêmes) était la bonne, le choix de ces trois hommes serait judicieux. MM. Papadimos et Monti sont en effet tout à fait capables d’essayer de remettre les sphères publiques de leurs pays sur de meilleurs rails. Il n’y a pas lieu d’être surpris que la caste européiste ait fait ce choix.
Nous pensons pour notre part que les dérives du système financier sont inhérentes à ce système même. Les subprimes sont inséparables d’une politique dite «de logement social». Les produits dérivés sont le fruit non pas tant de l’imagination de banquiers fous, mais plutôt de la croyance selon laquelle les dettes favoriseraient la consommation, qui tirerait la croissance. Certes, ces banquiers ont dit/cru avoir trouvé le moyen – avec ces «dérivés» d’éliminer le risque. Je ne suis pas sûr qu’ils le croyaient vraiment. Mais au départ, il y a cette croyance mortifère selon laquelle la dette pourrait avoir des vertus. Croyance toujours à l’œuvre quand la BCE abaisse des taux d’intérêt. Comme si des taux d’intérêt bas favorisait l’activité… Et les banques centrales semblent toujours convaincues que le laxisme monétaire peut constituer une réponse à la crise, qui en est pourtant le fruit…
Il ne faut pas attendre de cette ploutocratie qu’elle se réforme. Seul le mur des réalités, contre lequel elle va bientôt se briser, l’obligera, peut-être, à reconnaitre ses erreurs, qui sont tout autant et d’abord morales et philosophiques. L’oligarchie reconnaitra peut être ses erreurs quand son système se sera effondré. Et ce n’est même pas sûr… Car ce système, 100% pervers, ou constructiviste, ne peut pas ni être maitrisé ni être réformé à moitié.
Il faut revenir à une économie normale, de bon sens. Avec une monnaie stable (conservant sa valeur), non manipulable par les États et leurs politiciens, comme ce serait le cas, universellement, avec la référence restaurée à l’or. Avec des investissements financés essentiellement par de l’épargne préalable. Avec des taux d’intérêt sincères (et beaucoup plus élevés, pour les taux longs, à ce qu’ils sont aujourd’hui). Et un système bancaire et financier en conséquence réduit des 9/10èmes, le financement par l’épargne demandant beaucoup moins de services que celui qui s’appuie sur la dette et la création monétaire ex nihilo.
Un tel système, applicable à l’échelle du monde, serait aussi pur de tout impérialisme, aussi bien américain que chinois. Certains diront que la discipline imposée par une monnaie métallique ne serait pas supportable. C’est pourtant ça, ou le laxisme, qui va finir bientôt. Dramatiquement.
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Sur le web.
« Avec une monnaie stable (conservant sa valeur), non manipulable par les États et leurs politiciens, comme ce serait le cas, universellement, avec la référence restaurée à l’or ». L’or n’a jamais permis d’isoler la monnaie des politiciens. Aucun exemple historique ne le montre. Seule la privatisation et la mise en concurrence des monnaies permettra d’atteindre cet objectif.
« Un système bancaire et financier réduit des 9/10e » est le plus sûr moyen de réduire également l’économie des 9/10e. Dramatique erreur ! L’économie est constituée de flux, tandis que l’or est un stock irrémédiablement improductif. La contrepartie de la création monétaire fiduciaire est le travail, l’investissement, l’innovation. Réduire le système financier et garantir l’épargne avec de l’or détruira l’activité économique parce que le seul moyen de garantir l’épargne avec de l’or est de cesser de financer l’économie.
Le système financier puissant et innovant n’est pas le problème. Au contraire, il est indispensable à la croissance : son utilité sociale est immense. Le problème, c’est la sujétion étatique qui le mine qu’il convient de supprimer.
Ne vous trompez pas dans l’analyse des causes de la crise : vos solutions aurifères seraient pires que le mal actuel.