Les primaires : un bon principe, des modalités à revoir

Les primaires socialistes ont entretenu une confusion entre public et privé

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Les primaires : un bon principe, des modalités à revoir

Publié le 19 octobre 2011
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Les primaires socialistes ont renouvelé l’intérêt pour le jeu démocratique. Mais elles ont entretenu une confusion entre public et privé.

Par Marc Crapez

Les élections primaires seront adoptées par l’UMP en 2017. À condition d’en aménager les modalités. Le principe est incontestable. Les gens veulent avoir leur mot à dire. Les primaires portent l’espoir de desserrer l’emprise des apparatchiks sur les partis politiques. Elles ont permis au PS de ne pas revivre les guerres de tranchée du congrès de Reims.

Certaines modalités choisies par le parti socialiste sont néanmoins contestables. Car il ne s’est pas contenté d’organiser un scrutin privé dans le cadre de ses fédérations. Il s’est paré de l’onction républicaine réservée aux élections officielles. Il a emprunté à des fins partisanes listes, locaux et matériels habituellement réservés au suffrage universel. Il a utilisé la puissance publique tout en imposant une définition privée du corps électoral.

Le PS, qui pousse les hauts cris lorsque la droite instaure une charte d’adhésion aux valeurs de la République pour la naturalisation, a fait signer aux électeurs une charte d’adhésion aux valeurs de gauche. Cette obligation de montrer patte blanche est une immixtion dans le secret de l’isoloir. Elle réalise une OPA sur le label de « gauche », comme si le PS était dépositaire du copyright. Elle se place dans une perspective un peu parano, visant à écarter d’éventuels trouble-fêtes de droite soi-disant susceptibles de perturber le scrutin. Elle rejette les centristes, ainsi que les Français qui ne se reconnaissent pas dans le clivage gauche-droite, tout en admettant la participation d’extrémistes de gauche (lesquels se revendiquent de la « vraie » gauche plutôt que de l’extrême-gauche). Des étrangers et des mineurs ont, en outre, été rajoutés aux listes électorales et admis à voter. Dernier élément de confusion du public et du privé, ces primaires ont bénéficié d’une propagande appuyée dans les journaux municipaux de certaines mairies socialistes.

Rénover la vie politique

On a assisté à une inflation de débats ésotériques autour du mot « gauche » : Hollande, traité de gauche molle, se réclamant de la gauche solide et Aubry, traitée de gauche sectaire, se réclamant de la gauche forte. Simple effet d’annonce et d’affichage politique dénué de contenu. Hollande et Aubry représentent l’un comme l’autre le courant de Jacques Delors au sein du PS. Et si Hollande, au lieu d’être le favori, avait été le challenger de Strauss-Kahn, alors c’est lui qui aurait débordé par la gauche son opposant modéré.

Un commentateur de la IIIe République écrivait que la vraie gauche, pour l’électeur, commence à partir du moment où il devient inutile de lui conter qu’on en est pour qu’il le croit. A contrario, l’inflation de débats autour du mot gauche signifie que Hollande comme Aubry ont renoncé à donner à ce mot le contenu qu’il évoque communément dans l’esprit des gens : une réduction des inégalités sociales. Continuer à faire croire aux gens que l’on va parvenir à réduire les inégalités sociales alors qu’on n’a même plus l’intention de seulement essayer, cela s’appelle de la démagogie. Il faudrait, au contraire, dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on a dit.

Les futures primaires devront être réformées. Pas de propagande aux frais du contribuable. Pas de signature abusive d’une charte d’adhésion. Pas de découpage arbitraire du corps électoral. Les primaires ne sauraient devenir l’alpha et l’omega de la vie politique. Ne serait-ce que parce qu’elles ne sont pas généralisables aux petites formations politiques. Mais surtout, parce que le referendum, prévu et usité par de Gaulle est, lui-aussi, apte à répondre à la demande de démocratie directe. Rénover les partis politiques passe aussi par d’autres chemins. Rendre des comptes aux militants. Impliquer des sympathisants, sans cotisation, notamment à travers Internet. Trop souvent l’argumentaire des partis politiques ne s’adresse qu’aux convaincus d’avance.

 

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  • Moi je vais voter pour un candidat à la carte : je veux qu’il porte les mêmes costumes que Sarkozy, mais avec les cravates de François Hollande, qu’il ait le nez de Valls et les yeux de Carla. Je suis sûr que ça fera un Président vachement très bien et tout. Bref, le bonheur…

  • Et les modalités des raliements modèles voitures balaie ne vous ont-elles pas intéréssées ?

  • Et la communication des chaines du groupe « canal Plus » via  » Darmon / Pulvard » +France 2 « Audrey Pulvard chez Ruquier » ne vous-ont-elles pas intérréssé, elles étaient pourtant très eclairantes après que les premiers raliement aient commencé sur François Hollande.

    Le congrès de Reins aussi explique ses raliemensonges car il semble que mme Royal et eu ce jour là une grosse déception revencharde. C’est aussi la seule qui s’éffondre, alors que le autres partent prèsqu’Heureux de leurs préstations d’acteurs, même François Hollande semble très surpris par sa victoire. SA molesse devait elles se reporter sur Ségolène Royal, mère des enfants qu’ils ont conjointement?

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Pierre Valentin est diplômé de philosophie et de science politique, ainsi que l'auteur de la première note en France sur l'idéologie woke en 2021 pour la Fondapol. Il publie en ce moment Comprendre la Révolution Woke chez Gallimard dans la collection Le Débat.

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