Contre les riches et pour la justice fiscale

La chasse aux riches est ouverte en France. Dans un souci de justice fiscale, faisons en sorte que les politiques payent davantage d’impôts

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Contre les riches et pour la justice fiscale

Publié le 3 octobre 2011
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La chasse aux riches est ouverte en France. Dans un souci de justice fiscale, révisons la fiscalité pour que les hommes politiques puissent payer davantage d’impôts, à la hauteur de leur importante richesse.

Par Charles Gave

La chasse aux riches est ouverte en France et tous nos hommes politiques de droite comme de gauche sautent sur leurs chaises comme des cabris en réclamant ce qu’ils appellent « la Justice Fiscale ». Que voila une idée neuve, augmenter les impôts sur les riches ! Si les promoteurs de ces mesures connaissent un seul pays dans l’Histoire qui se soit enrichi en augmentant les impôts, je serais très intéressé que l’on m’explique lequel et à quelle époque, personnellement je n’en connais aucun exemple.

Mais il y a un deuxième problème : personne dans ces braiments ne se donne la peine de définir ce que c’est qu’être « riche ». Je vais m’y employer pour essayer de préciser les choses.

Si un inspecteur des finances ou un conseiller d’État, ou n’importe quel énarque, se met à faire de la politique très jeune et est élu jusqu’à sa retraite de fonctionnaire à 60 ans, bien qu’il ait été détaché de l’administration toute sa vie, il touchera sa retraite. Imaginons qu’il ait été élu député plus de trois fois, il touchera sa retraite de député à taux plein. S’il a été Maire d’une grande ville de Province et/ou conseiller régional, re-retraites. Bref, imaginons que notre homme qui a atteint 60 ans touche toute une série de retraites additionnées les unes aux autres qui se montent a 250.000 Euros. Sa chère épouse, beaucoup plus jeune que lui bien sûr, touchera quant à elle une pension de réversion qui au Sénat se monte à 100 % de ce que touche le Sénateur à la retraite. On est content pour elle.

L’espérance de vie de notre héros qui a fait don de sa personne à la France est d’environ 30 ans. La question est donc toute simple : quel capital un homme comme moi doit-il déployer pour toucher une retraite équivalente à 250.000 euros/ans qu’il passera ensuite à son épouse (qui a mon âge) et pour que cette retraite soit complètement garantie par l’État français et totalement indexée sur l’inflation ?

La réponse est très simple :  les obligations indexées sur l’inflation, très longues et garanties par l’État français donne aujourd’hui un rendement dans le marché inférieur à 2 %. Mettons 2 %, je suis bon prince. Pour toucher 250.000 Euros de revenu, il faut donc que mon capital soit de 250.000/0,02, soit de 12.500.000 Euros. Malheureusement, et compte tenu de l’impôt sur la fortune, ce capital devra payer 1% du capital chaque année, ce qui réduit la rentabilité de moitié. Il faut donc que mon capital soit de 25 millions d’Euros pour que je touche ce que mon haut fonctionnaire va toucher dans les trente ans qui viennent. Comme je serai mort avant, ma veuve ou mes ayants droit devront payer 60% sur ce capital à mon décès, alors que la veuve éplorée de notre homme d’État/fonctionnaire que le monde entier nous envie ne payera rien.

Bref, bon libéral et chaud partisan, et depuis toujours, de la justice fiscale, je propose que tous ces hommes ou femmes qui nous ont mis dans la situation de faillite dans laquelle nous nous trouvons soient taxés sur le capital virtuel qu’ils ont accumulés à nos dépens depuis des années. Ces gens sont en fait puissamment « riches » et ne payent RIEN sur cette richesse.

Qui plus est, ils ont un risque zéro sur le flux de revenus à attendre, ce qui est loin d’être mon cas. On devrait promulguer toutes affaires cessantes une loi qui préciserait que toute retraite payée par le secteur public et dont la valeur actualisée serait supérieure au montant à partir duquel l’impôt sur la fortune s’applique devrait supporter cet impôt sur la fortune.

Il s’agit là d’une question de Justice Sociale et je n’ai pas le moindre doute que dans l’esprit de sacrifice au bien du public qui a toujours été le leur, ils se bousculent au portillon pour payer encore plus comme ils le réclament aux autres « riches ». Voilà qui redonnerait au citoyen de base la confiance dans ses élites. Je n’ai pas le moindre doute que cette proposition pleine de bon sens et d’esprit civique va être retenue dans un avenir très proche. Cependant, quand je soumets cette idée à certains d’entre eux qui se trouvent être parmi mes amis, je ne recueille que des ricanements et me fait traiter de « démagogue ».

Et pourtant, de Gaulle quand il a quitte l’Élysée en 1969 n’a accepté que sa retraite de Colonel. Il faut à leur décharge dire qu’il avait été beaucoup moins utile au pays que nos énarques…

—-
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  • Article intéressant, mais pourquoi être encore dans une logique de taxation, qui s’avère compliquée:
    « toute retraite payée par le secteur public et dont la valeur actualisée serait supérieure au montant à partir duquel l’impôt sur la fortune s’applique devrait supporter cet impôt sur la fortune ».
    Ca me fait penser à certains passages du CGI…
    La véritable solution provient du régime que l’ETAT doit s’imposer en matière de dépenses de fonctionnement ( fonctionnaires, technocrates, bureaucrates, élus nationaux, élus locaux, cumul des mandats, retraites garantie à vie, cumul des retraites garanties à vie, pas de compte à rendre sur leur gestion etc…) couplé à une réduction drastique des prélèvements obligatoires et à l’abolition d’une règlementation dissuasive pour l’initiative privée.
    A partir de la, on pourra commencer à parler d’une croissance supérieure à 2 % par an…

    • Je ne suis pas sur qu’il faille lire l’article dans ce sens là. Il ne s’inscrit clairement dans une logique de taxation que pour en dénoncer l’injustice et pour mettre à nu la mauvaise foi de nos élus.

  • Les commentaires sont fermés.

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