Rien n’échappe à l’économie. Rien.

La place de l’économie dans le libéralisme doit être clarifiée car elle tient en fait un rôle immense et incontournable

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Rien n’échappe à l’économie. Rien.

Publié le 16 juin 2011
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Par Stéphane Geyres

La place de l’économie dans le libéralisme doit être clarifiée car elle tient en fait un rôle immense et incontournable. Ainsi il ne se fait rien sur Terre qui ne soit en rapport avec la lutte constante de chaque homme entre les ressources limitées qui s’offrent à lui et ses propres objectifs exprimés par la chaîne de ses choix et actions. Rien n’échappe à l’économie, rien, surtout pas les relations sociales. Quand donc la gauche le comprendra-t-elle ?

Une des chances de nos jours à faire la promotion des idées libérales, c’est qu’on rencontre de nombreux autres libéraux. Enfin presque. Nombreux, oui, même si c’est encore trop peu. Mais libéraux, là par contre, on a souvent des surprises. Je discute ainsi avec des libéraux qui croient que le libéralisme n’est qu’à droite, d’autres qui le voient à gauche ou du moins qui veulent l’y pousser. Parmi ces derniers joyeux drilles, beaucoup me semble-t-il, enfin, une en particulier, croient qu’on peut être libéral de gauche car seule la gauche serait vraiment humaniste.

C’est sans doute vrai pour ce qui touche au respect de la personne, au droit à la libre expression ou encore à la séparation du droit et de la morale. Par contre, tous ceux que je côtoie ont un problème avec l’argent, comme beaucoup à gauche, et même un problème avec l’économie en général. On retrouve vite les rengaines socialo classiques selon lesquelles ‘nos vies valent plus que leur argent’, ou du moins que l’économie ne saurait imposer son dictat immonde à la noble volonté humaniste du libéral bobo-isé – je n’ai pas osé « libétomisé » mais presque…

Or c’est là faire montre d’une grande incompréhension de la chose économique, car rien n’est moins vrai, comme nous allons le voir. Comprenons bien les enjeux cependant. Il ne s’agit pas de donner un coup de barre à droite au libéralisme par réflexe lourdaud à un discours de gauche classique. Il s’agit simplement d’être lucide et réaliste sur les modes de fonctionnement sociaux, de manière à promouvoir un libéralisme, humaniste donc, qui soit au mieux compatible, cohérent avec l’organisation humaine, sociale, naturelle et libre. La place de l’économie doit être clarifiée à cette lumière car elle tient en fait un rôle immense et incontournable.

Bien des textes ont été écrits par les grands auteurs libéraux et rien ne sera (ré-)inventé ici, soyez rassurés. Les libéraux se retrouvent en général autour de l’école dite « autrichienne » d’économie et c’est cette référence qui sera également prise ici. L’avantage de l’économie autrichienne est avant tout d’être humaniste, en ce sens qu’elle repose sur quelques principes simples et faciles à aborder, qui sont extrêmement fidèles à la réalité du fonctionnement humain et social. Ici, pas d’équations complexes et incompréhensibles, rien que de la logique et du bon sens. Cette école a été lancée par Carl Menger, elle est aujourd’hui portée par le Mises Institute et Hans-Hermann Hoppe en est un de ses plus grands représentants de nos jours. Mais l’ouvrage qui a sans doute marqué le plus tant il synthétise la pensée économique reste à mon sens « Human Action » de Ludwig von Mises et c’est sur sa base que cet article est construit.

Le point de départ de L.v.Mises est souvent surprenant, à la fois de simplicité et de thème – on se dit qu’il ne s’agit pas d’économie – et pourtant. Mises constate et pose comme axiome de base que l’homme, l’individu, chaque individu armé de son libre arbitre, agit. Il agit constamment, tout au long de sa vie, consciemment ou pas, il vit par l’action. L’action humaine est à prendre dans son sens anglais, c’est-à-dire une action qui résulte d’une décision, d’un choix. La liberté humaine, le libre arbitre, indiscutable pour le libéral, s’exprime spontanément par l’action décidée et choisie de chaque individu tout au long de sa vie. On ne s’intéresse pas aux motivations d’ordre psychologique ou psychique qui pousse à l’action, simplement on constate qu’il y a action.

Le tout premier chapitre de Human Action développe cette idée. Dès le premier paragraphe, il avance d’un pas pour constater que l’action n’est pas aléatoire : « Human action is purposeful behavior. Or we may say: Action is will put into operation and transformed into an agency, is aiming at ends and goals, is the ego’s meaningful response to stimuli and to the conditions of its environment, is a person’s conscious adjustment to the state of the universe that determines his life.» (L’action humaine est un comportement dirigé. Ou nous pourrions dire : l’action, c’est la volonté mise en marche et transformée en un service, elle vise à des fins et des buts, elle est la réponse sensée de l’ego aux stimuli et aux conditions de son environnement, elle est l’adaptation consciente d’une personne à l’univers qui détermine sa vie.)

Cela semble peu discutable : en dehors des gestes purement réflexes, notre quotidien est bien fait de choix permanents. Aller travailler plutôt que rester au lit, voir un ami plutôt qu’aller à un spectacle, acheter une voiture d’occasion plutôt que neuve, vendre un meuble plutôt que le stocker, etc. Qui que nous soyons, où que nous soyons, quelle que soit notre fortune, notre culture, notre pays, notre naissance ou notre époque, nous « agissons » tous, avons agi hier et agirons demain. Vivre, c’est choisir, décider, agir.

Que cache cette idée qui puisse nous ramener à l’économie, notre sujet ? L’économie est classiquement définie par (Wiktionary – option 5)) : « Discipline des sciences sociales qui étudie l’allocation des ressources rares à des fins alternatives.» Les ressources rares, voilà la clé. En effet, nous sommes dans un monde de ressources rares. A part l’air que nous respirons – et encore, celui-ci se pollue – il n’est rien qui soit disponible à foison, sans limite.

Rien ne nous est offert sans limite, nous ne sommes pas dans le jardin d’Eden où la corne d’Abondance déborde indéfiniment. A commencer par le temps. Vous qui lisez cet article avez choisi de prendre du temps pour cela et donc de rejeter d’autres options, comme lire un livre, aller chez des amis ou simplement dormir, à la place. Mais tout nous est rare, la nourriture, l’eau, la force du travail pour accomplir nos projets, l’argent pour assouvir nos envies. Et parce que les ressources nous sont rares, limitées, difficiles, nous devons agir, faire des choix. Choisir de lire cet article. Choisir entre deux achats. Choisir comment gagner de l’argent. Choisir son mode de vie.

Nous agissons, décidons parce que nous ne pouvons tout avoir, nous ne pouvons assouvir toutes nos envies, ni même nos besoins parfois. Mais cela va plus loin. Car si nous étions au jardin d’Eden, sans souci pour nous nourrir ni pour assouvir nos plus folles envies, alors pourquoi agir ? Pourquoi choisir puisque tout serait possible ? L’action est donc clairement un mécanisme développé par l’homme en réponse à la cruelle réalité d’un monde limité, où tout n’est qu’options mais rien n’est jamais gratuit. Comme le dit Mises, « Action is an attempt to substitute a more satisfactory state of affairs for a less satisfactory one.» (Agir est une tentative pour substituer une situation plus satisfaisante à une situation qui l’est moins.)

On comprend donc que si l’économie traite de l’allocation des ressources, toutes rares, il y a un lien intime entre elle et la « praxéologie » – l’étude de l’action. Il n’est donc pas d’action humaine qui ne prenne sa source dans la lutte permanente que nous menons entre envie et possible, entre pomme ou poire, entre « bien » et « meilleur.» Rien n’échappe donc à l’économie parce que rien n’échappe à l’action humaine dans sa gestion de la relation de l’homme à son environnement.

Le lecteur attentif objectera à ce stade que tout cela est bien beau, mais que cela ne concerne que l’individu, chaque individu certes, mais pas la « société.» Or une fois l’individu en situation d’interaction  sociale, qu’advient-il de cet échafaudage ? Pour Mises, la relation sociale n’est faite que d’échanges. En effet, on parle bien « d’inter-action,» est-ce un hasard ? En interagissant avec autrui, on reste dans l’action, on choisit, on poursuit un but. La rencontre de l’autre, qui lui aussi agit, offre l’opportunité que nos buts se rejoignent ou soient complémentaires. L’échange permet alors à chacun d’avancer dans sa propre chaîne d’actions. Le boulanger qui cherche à gagner sa vie par la vente de pains, rencontre ses clients qui quant à eux cherchent à se nourrir à bas prix. L’échange a lieu, et chaque échange fait avancer boulanger et clients un peu plus vers leurs objectifs propres.

L’échange est donc le prolongement logique de l’action. Mais la relation sociale se limite-t-elle à l’échange ? Une relation sociale suppose plus qu’une simple juxtaposition de deux individus. On imagine a minima des mots, des paroles. On dirait un « échange » de paroles, comme par hasard. Mais même une simple discussion provoque un échange d’information, de sentiments. Une influence verbale, une intimidation, une menace, tout cela apporte de l’information à celui qui les reçoit et influence son action, peut-être au bénéfice de l’intimidateur. La réaction du menacé donne des indices à l’agresseur. On pense plutôt au poète qui se contente de déclamer des vers, sans plus d’arrières pensées ? Est-ce donc si sûr ? Que fait-on de son ego ? Ou de son espoir qu’une âme sensible à son art lui vienne en aide en mécène éclairé ?

On le voit, même la simple parole, vide de toute matérialité, reste un échange. Il ne se fait rien sur Terre qui ne soit en rapport avec la lutte constante de chaque homme entre les ressources limitées qui s’offrent à lui et ses propres objectifs exprimés par la chaîne de ses choix et actions. Cela se confirme, rien n’échappe à l’économie, rien, surtout pas les relations sociales. Quand donc la gauche le comprendra-t-elle ?

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  • il n’est rien qui soit disponible à foison, sans limite.

    Si, tout ce qui est surabondant est disponible sans limite, en particulier tout ce qui est immatériel (numérique). C’est-à-dire beaucoup de choses (musique, films, livres, jeux vidéos, information…). Et pour « coller » à l’économie, certains veulent restaurer une rareté artificielle (car sinon, effectivement, l’économie ne fonctionne plus).

    De même, l’économie s’oppose à ce que les moyens de productions et de reproduction soient disponibles à tous, à faible coût (car alors les entreprises qui font commerce de ces produits ne pourraient plus gagner d’argent)…

    L’économie a pour objectif de résoudre les problèmes de rareté auxquels la société doit faire face. Mais que se passe-t-il lorsque les problèmes de rareté sont résolus dans un domaine ?

    C’est ce que j’explique dans un billet : l’abondance contre l’économie.

    • « Si, tout ce qui est surabondant est disponible sans limite, en particulier tout ce qui est immatériel (numérique). »

      Parce que vous croyez que « l’immatériel » descend du ciel? Pour que les gens puissent produire de « l’immatériel » il faut que d’autres les nourrissent, les logent, les habillent etc. Donc la limite de la production de ceux qui travaillent dans « l’immatériel » est celle de ceux qui travaillent dans d’autres secteurs. Si ceux qui produisent de l’immatériel n’avaient pas de quoi subvenir à d’autres besoins, plus primaires, ils ne se consacreraient que très peu voire pas du tout à la production de biens « immatériels » et beaucuop voire totalement à la production de biens plus élémentaires.

      • Parce que vous croyez que « l’immatériel » descend du ciel? Pour que les gens puissent produire de « l’immatériel » il faut que d’autres les nourrissent, les logent, les habillent etc.

        Oui. Mais ils ne pourront pas obtenir les moyens de leur subsistance grâce à la loi de l’offre et de la demande, car avec l’immatériel, le travail de création est totalement décorrélé de la « vente du produit », car le résultat produit, lui, est abondant. Et une demande limitée, une offre illimitée et un coût marginal nul impliquent un prix nul. Si nous ne raisonnement que suivant ce principe, tous ceux qui travaillent dans un domaine d’abondance (pour simplifier, l’immatériel) ne pourront pas gagner d’argent (ou trop peu), pour se payer les produits « plus primaires » produits par d’autres.

        C’est pourquoi je pense que ce qui est surabondant (immatériel en l’occurrence) doit être hors-marché, et qu’une partie de la solution est le revenu de base (je détaille dans le billet dont j’ai donné le lien).

        • Pas clair et ce qui est compréhensible est complètement faux.

          Que ce soit immatériel n’implique en rien que ce soit forcément abondant et bon marché. On se croirait revenu à l’époque des premiers économistes qui n’avaient pas compris que les services créaient aussi de la valeur.

          L’immatériel prend une part de plus en plus importante, il suffit de voir la part des services dans le PIB. C’est loin d’aller de pair avec appauvrissement.

          • Mon dernier message n’est pas clair, je vous l’accorde.

            Par contre, quelque chose d’immatériel, donc de copiable à l’infini sans coût ni travail supplémentaire, est à l’évidence abondant (ou alors je ne vous suis pas).

            Bon marché, c’est simplement par la loi de l’offre et de la demande : demande limitée + offre illimitée + coût marginal nul, ça implique un prix nul.

            Mais là où je vous rejoins, c’est que ça a de la valeur. C’est juste que cette valeur n’est pas marchande.

            Quant au PIB pour mesurer la richesse, ce n’est pas terrible. Il y a plein d’exemples, mais je vais en inventer un pour l’occasion : si je fournis un service centralisé permettant (par exemple) d’avoir accès à une encyclopédie en ligne, et que limite l’accès pour faire payer l’heure d’accès (au hasard), je crée moins de richesses que si je fournis aux utilisateurs un outil libre permettant le partage des connaissances, auquel tout le monde aura accès gratuitement. Pourtant, je gagne davantage d’argent et fais davantage augmenter le PIB.

            Un exemple peut-être plus parlant : si je fournis un accès complet à Internet pour 30€/mois, je gagne moins que si je segmente l’accès et fait payer chacune des options. Pourtant, la société dans son ensemble est « plus riche » si l’accès est complet et illimité. C’est un peu ce que je critique : la nécessité de restreindre, segmenter, faire régresser, juste pour pouvoir gagner de l’argent dessus.

            C’est un peu ce que dit Frédéric Bastiat dans Sophismes économiques :

            On remarque qu’un homme s’enrichit en proportion de ce qu’il tire un meilleur parti de son travail, c’est-à-dire de ce qu’il vend à plus haut prix. Il vend à plus haut prix à proportion de la rareté, de la disette du genre de produit qui fait l’objet de son industrie. On en conclut que, quant à lui du moins, la disette l’enrichit. Appliquant successivement ce raisonnement à tous les travailleurs, on en déduit la théorie de la disette. De là on passe à l’application, et, afin de favoriser tous les travailleurs, on provoque artificiellement la cherté, la disette de toutes choses par la prohibition, la restriction, la suppression des machines et autres moyens analogues.

            Il en est de même de l’abondance. On observe que, quand un produit abonde, il se vend à bas prix : donc le producteur gagne moins. Si tous les producteurs sont dans ce cas, ils sont tous misérables: donc c’est l’abondance qui ruine la société. Et comme toute conviction cherche à se traduire en fait, on voit, dans beaucoup de pays, les lois des hommes lutter contre l’abondance des choses.

        • @rom

          Vous confondez prix et coût, ce qui est l’erreur habituelle des marxistes et des hauts fonctionnaires français.

          La rencontre de l’offre et de la demande, l’une et l’autre volontaires, subjectives et limitées, détermine prix et quantité qui ne peuvent être nuls. Prix nuls si demande non mesurable (bien collectif pur) ou offre contrainte (vol).

          « L’économie s’oppose à ce que les moyens de productions et de reproduction soient disponibles à tous, à faible coût » : rien plus rien égal moins que rien.

          « Revenu de base » : utopie de certains rois ?

    • « certains veulent restaurer une rareté artificielle (car sinon, effectivement, l’économie ne fonctionne plus). »

      Pure and utter bullshit.

      • Par exemple, quel est le but de l’interdiction du partage de fichiers, si ce n’est restaurer une rareté artificielle propice à satisfaire une demande solvable ?

        • Je suis loin, très très loin d’être un défenseur du copyright, mais son but n’a *jamais* été de créer de la rareté artificielle. Ce n’est absolument pas un but, c’est un effet de bord idiot, mais pas un but. Les mots ont un sens.

          • Le but « officiel », c’est de permettre aux artistes de vivre de leur travail. C’est-à-dire de gagner de l’argent. Et comment gagne-t-on de l’argent sur quelque chose d’accessible à tous sans travail ni coût supplémentaire (bref, quelque chose de surabondant) ? D’après les promoteurs lois telles qu’Hadopi, en forçant à payer chaque instance de l’œuvre (en interdisant le partage de fichiers)… Donc, dans un certain sens, en imposant une rareté (en associant l’œuvre à un support « rare », à un DRM qui permet d’éviter de copier, etc…).

            • Non. Le but officiel du copyright, dérivé de la propriété intellectuelle, était avant tout un droit de reconnaissance de l’auteur de l’idée. Le second but, rémunérer l’auteur, était implicite. Et enfin, cette rémunération n’est pas basée sur le désir de créer de la pénurie, puisque du point de vue de l’auteur, il a tout intérêt à ce que des millions de copies de son travail existent. Comme je l’ai dit, la rareté est le résultat, pas le but.

              Evidemment, avec « dans un certain sens », on peut arriver à voir ça comme le but. Mais historiquement, ce n’est pas comme ça que ça c’est passé.

    • Salut ®om, bienvenue sur contrepoint.

      Le problème de ton argumentation est que tu commet plusieurs erreurs :

      concernant l’abondance numérique, tu confond l’abondance que permet la duplication d’œuvres existantes et une supposée abondance de l’offre des œuvres existantes, qui celles-ci sont limitées et autant dans une situation de rareté que les autres ressources.
      Maintenant, le monde évoluant, le business model de la création musicale s’adaptera tôt ou tard – mieux vaut tôt que tard – car les systèmes protectionnistes créé afin d’empêcher le téléchagerment ne tiendra jamais.

      Ensuite, tu commets un sophisme concernant la rareté et l’abondance. Ce qui est utile et rare est cher, on est bien d’accord, mais tu fais erreur concernant la situation d’abondance que l’on atteindra probablement jamais.
      Si une ressource est abondante au point qu’on puisse la ramasser à terre et la rejeter sans soucis de pénurie, alors, il n’y a aucune raison que des personnes offrent le service de fournir l’accès à cette ressource. Et le prix sera nul, car personne ne sera demandeur, vu que, par la situation d’abondance, chaque individu pourra jouir de cette ressource selon son envie.

  • @h16, je concède que j’ai peut-être mal formulé, ce n’est pas le but du copyright, mais plutôt l’argument utilisé pour justifier des lois telles qu’Hadopi.

    Dernier exemple en date, après l’intervention de John Perry Barlow à l’eG8, Mitterrand (à 35mn30) lui répond que le copyright est important car c’est ce qui lui a permis de gagner l’argent lui permettant de vivre… Puis il ajoute qu’« il s’agit de penser des solutions économiques à un problème économique »

    cette rémunération n’est pas basée sur le désir de créer de la pénurie, puisque du point de vue de l’auteur, il a tout intérêt à ce que des millions de copies de son travail existent.

    Tout-à-fait ! Donc tu montres qu’un auteur a intérêt à ce que son œuvre se diffuse au maximum.

    Nous sommes donc dans une situation très étonnante :
    – la diffusion illimitée de la culture et de la connaissance est bénéfique pour la société (à l’évidence)
    – elle est (tu viens de le dire) bénéfique pour les auteurs
    Elle est donc bénéfique pour tout le monde.

    Mais les échanges sont volontairement restreints (par la loi) à cause d’un problème économique. C’est donc l’économie qui empêche des échanges, que rien ne limiteraient par ailleurs. N’y voyez-vous pas un paradoxe ?

    • les échanges sont volontairement restreints (par la loi) à cause d’un problème économique. C’est donc l’économie qui empêche des échanges,

      Bah non. Ce n’est pas l’économie qui restreint, mais la loi.

      • Oui, mais ceux qui ont fait la loi la justifient par un problème économique (tu joues sur les mots).

        • On ne peut pas dire que Mitterrand soit un as en économique ou qu’il en ait compris les concepts.
          Il s’agit d’une question de faire en sorte que ces artistes gagnent de l’argent par des activités peu lucratives.
          Il s’agit d’une question de protectionnisme social, pas d’économie, ce qui se fera d’office au détriment d’autres personnes.

        • Non, c’est bien toi 🙂
          La raison invoquée est économique, mais l’acte qui restreint, c’est la loi, pas l’économie.

          • OK, alors reformule : « C’est donc à cause d’un problème économique que les échanges sont restreints, échanges que rien ne limiterait par ailleurs. »

            Bref, tu as compris l’idée.

  • Ca n’est pas l’économie qui empêche les échanges, c’est la politique.

  • Décidément, vinzzz, vous enchaînez les erreurs message après message. Ici, vous vous contredisez. En effet, puisque vous prétendez craindre que les puissants profitent du libéralisme, vous reconnaissez implicitement que tout est économique. Dans le cas contraire, vous n’avez rien à craindre des puissants.

  • @vinzzz

    Apparemment, vous n’avez pas bien lu (ou compris) l’article. Qu’il n’y ait pas d’exercice de la liberté sans contrainte est justement le propos de l’auteur. Et c’est aussi l’objet de l’économie. Relire à ce propos le premier paragraphe en gras : « il ne se fait rien sur Terre qui ne soit en rapport avec la lutte constante de chaque homme entre les ressources limitées qui s’offrent à lui et ses propres objectifs exprimés par la chaîne de ses choix et actions. » Dès lors qu’il y a interaction, c’est-à-dire échange entre individus, il y a des choix effectués sous contraintes, autrement dit ceux-ci posent des actes économiques.

    Au passage, votre exemple du marketing permet d’en donner une parfaite illustration : une décision marketing est par essence un acte économique (un choix sous contrainte économique) quels que soient les ressorts psychologiques mis en œuvre par ailleurs par les acteurs pour arriver à leurs décisions. Notez bien que constater cela ne revient pas à dire que la compréhension des mécanismes psychiques ne présente aucun intérêt, ou que grâce à l’économie la compréhension du monde est complète. Mais plutôt que ça n’a aucun sens de séparer l’échange interindividuel des contraintes économiques qui l’influencent.

    Par conséquent, dès lors qu’on considère que la défense des libertés individuelles est à préserver, cet objectif ne peut être atteint en restreignant les libertés économiques. Réguler ou planifier l’économie, c’est déposséder les gens de leurs propres décisions, restreindre l’autonomie et les possibilités d’échanges sociaux. En d’autres termes, il n’y a pas de liberté tout court sans liberté économique.

  • « la relation sociale n’est faite que d’échanges ». Il y a quand même une simplification, voire un contresens. Quand vous offrez un cadeau à quelqu’un, que vous payez une tournée à vos amis, que vous donnez une pièce à un mendiant, que vous racontez une histoire à un enfant ou que vous postez un article sur Contrepoints, il y a relation sociale et parfois même transfert de ressources, et pourtant pas d’échange stricto sensu. C’est au contraire un don, dont vous escomptez un contre-don (on vous offrira des cadeaux, on vous paiera un verre, on vous donnera des pièces si vous êtes à la rue, l’enfant deviendra une personne intelligente qui aura de l’affection pour vous, vos lecteurs de Contrepoints posteront des commentaires pertinents). Mais vous ne savez pas à l’avance quelle sera la forme de ce contre-don, ni quand il vous sera fourni, à la vérité vous n’avez aucune garantie de réciprocité et ce ne sont pas forcément les bénéficiaires de votre don qui vous apporteront le contre-don.
    Dès lors, on peut parler comme certains anthropologues, « d’économie du don » (et l’exemple du poète entre dans cette catégorie), mais on est me semble-t-il dans un cadre assez différents de l’économie telle qu’elle est décrite ici en tant que calcul rationnel rationnel de l’individu conscient. En effet l’économie du don suppose la croyance en un certain nombre de postulats, en premier lieu celui d’une possible réciprocité. L’économie du don repose sur la symbolique davantage que sur la raison, à moins d’interpréter la symbolique comme une sorte de raison collective.

    Par ailleurs, économie du don et économie de l’échange ou de marché sont parfaitement compatibles entre elles. Sauf quand on veut contraindre une catégorie de biens ou de services à circuler uniquement dans le cadre de l’un ou l’autre type d’économie (c’est ce que signifie le copyright, à mon avis).

  • S.Geyres : « L’avantage de l’économie autrichienne est avant tout d’être humaniste »

    Et lui, il est humaniste, celui qui dit :
    « In a covenant concluded among proprietor and community tenants for the purpose of protecting their private property, no such thing as a right to free (unlimited) speech exists, not even to unlimited speech on one’s own tenant-property. One may say innumerable things and promote almost any idea under the sun, but naturally no one is permitted to advocate ideas contrary to the very purpose of the covenant of preserving private property, such as democracy and communism. There can be no tolerance towards democrats and communists in a libertarian social order. They will have to be physically separated and expelled from society. Likewise in a covenant founded for the purpose of protecting family and kin, there can be no tolerance toward those habitually promoting lifestyles incompatible with this goal. »

    (Cette phrase pleine d’humanisme est de Hans Hermann Hoppe, que vous citez en exemple dans cet article)

  • « They will have to be physically separated and expelled from society »…

    Sympa, Hermann… Ca veut dire que si ton épouse se met à lire du François Hollande à la maison, tu peux la répudier ?

    Donc toute personne qui croit qu’il y a autre chose que des échanges économiques dans la vie doit être exclu du paradis libertarien ?

  • « There can be no tolerance towards democrats and communists in a libertarian social order. »

    En effet, c’est flippant… Ca donne pas envie.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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