Les théoriciens du changement climatiques induits en erreur par le principe d’exclusion.
Par Paul MacRae (*)
En 1837, Charles Darwin présenta un article à la British Geological Society déclarant que l’atoll corallien ne se formait pas en réalité sur des cratères volcaniques immergés, comme l’affirmait le géologue pionnier Charles Lyell, mais sur l’affaissement d’une chaine montagneuse.
Le problème, comme l’a remarqué Darwin, était que les coraux ne pouvaient survivre à une altitude inférieure à 10m sous la surface et de ce fait ne pouvait s’être formé au fond de l’océan. Un plateau surélevé était nécessaire à leur développement.
Cependant, l’hypothèse du cratère volcanique ne satisfit pas Darwin; la forme de l’atoll était trop régulière pour être issue de cratères de vieux volcans. Il n’y avait aucune formation d ‘atoll sur les terres, et il s’interrogea ; pourquoi y en aurait-il dans les océans ? En conséquence, Darwin déclara que les coraux se développaient sur des montagnes érodées, une hypothèse qui, selon lui, « résout tous les problèmes.» Darwin avança également, en 1839, que les étranges formations géologiques – qui s’avérèrent être les lignes de démarcations d’un ancien lac glaciaire – dans la vallée de Glen Roy en Ecosse étaient en réalité des sortes de plages surélevées.
Darwin n’avait aucune preuve matérielle à avancer pour étayer ces deux hypothèses : il les avait simplement déduites grâce au principe d’exclusion. Une conclusion logique est atteinte en théorisant – si X, alors Y est logiquement vrai – en opposition au principe d’induction qui construit des théories sur des données empiriques. Le principe d’exclusion part du principe que « il n’existe pas d’autre explication au phénomène ».
Il s’avéra d’ailleurs que Darwin avait tort sur les deux hypothèses. Des preuves physiques démontrèrent que la théorie de Lyell sur les volcans était plus proche de la réalité et que les traces de Glen Roy étaient dues à des glaciers, choses qui restaient un mystère à l’époque de Darwin.
Darwin écrivit plus tard à propos de sa théorie au sujet de Glen Roy: “Puisqu’il n’y avait aucune autre explication possible avec nos connaissances de l’époque, j’ai argumenté en faveur de la théorie d’une possible activité maritime ; et mon erreur fut pour moi une bonne leçon de ne jamais me fier au principe d’exclusion en matière de science. »
Alors même que Darwin rejetait le principe d’exclusion, du moins en tant qu’instrument scientifique, les théoriciens alarmistes de la science climatique l’utilisent encore. Au contraire, le principe d’exclusion est devenu l’un des arguments les plus cité pour soutenir les hypothèses du réchauffement climatique anthropique (RCA).
À titre d’exemple, lors d’une interview réalisée en 2010 par la BBC sur le scandale du ClimateGate, à la question « Quels sont les éléments qui vous font dire que le réchauffement est dû à l’action humaine ? » Le président du Climate Research Unit (CRU) Phil Jones répondit « Le fait que l’on ne peut expliquer ce réchauffement depuis les années 50 par des causes solaires ou volcaniques ». En d’autres termes, Jones utilise le principe d’exclusion : alors même que ses collègues et lui-même ne peuvent prouver que l’activité humaine est à l’origine du réchauffement climatique, ils ne peuvent trouver d’autre explication.
Le Canadien Andrew Weaver s’en remet également au principe d’exclusion lorsqu’il écrit en 2008 dans son livre Kepping Our Cool : « Il n’existe pas de mécanisme naturel climatique qui explique le réchauffement du 20ème siècle. Et ce n’est que l’un des nombreux éléments qui nous amène à penser que les gaz à effet de serre sont responsables du réchauffement climatique. »
De la même façon, le rapport de 2007 de l’IPCC note : « La plupart des hausses observées dans les températures globales moyennes depuis le milieu du 20ème siècle est très probablement due à la montée des concentrations de gaz à effet de serre anthropique. »
Il n’est pas déraisonnable de déclarer que les activités humaines sont la cause principale du réchauffement climatique. Si les émissions de carbone et les températures augmentent en même temps, il est probable qu’elles soient interdépendantes même si, bien sûr, corrélation ne signifie pas lien de causalité. Et de nombreuses théories scientifiques sont basées sur le principe d’exclusion, y compris de la théorie de l’évolution de Darwin elle-même.
Là où les alarmistes tels que Jones, Weaver et l’IPCC trahissent les principes tolérés par la science, c’est lorsque qu’ils clament qu’une possible causalité entre les émissions de carbone d’origine humaine et les températures est établie, certaine, et comme Weaver l’a dit dans ses livres, n’est pas sujet à débat (il écrit notamment : « Il n’y a aucun débat à avoir [à propos de la certitude de l’hypothèse du RCA] dans la communauté scientifique climatologique ou météorologique. » (p.22))
Pis encore, ces scientifiques dénoncent toute personne osant contester leurs hypothèses comme des « sceptiques », des illuminés, des imposteurs, vendus aux groupes pétroliers ou pire. Personne ne peut imaginer Darwin, scientifique modeste, faire de telles allégations de certitude pour ses deux hypothèses, ou insultant ceux qui les contredisent.
Pourtant il pourrait tout aussi bien y avoir d’autres explications au réchauffement planétaire que nous ne connaissons pas ou que nous n’avons pas encore les moyens de connaitre – la théorie des rayons cosmiques semble être un bon candidat, tout comme l’hypothèse des fluctuations de l’intensité solaire et les températures cycliques de l’océan : au vue de la complexité du climat, de nombreuses causes peuvent être à l’origine de la hausse (ou de la baisse) des températures.
Mais, là, la nature déductive et non empirique (inductive) des alarmistes du climat scientifique a été clairement établie par le climatologue Chris Folland deux décennies plus tôt : « Les données n’importent pas… Nous ne basons pas nos préconisations sur des données. Nous les basons sur les modèles du climat. »
Ainsi, les scientifiques alarmistes sur le climat se retrouvent assiégés par les sceptiques et de plus en plus mis en cause par le public, du fait qu’ils continuent d’accepter aveuglément le principe d’exclusion, face à des faits empiriques important qui ne rentrent pas dans le cadre de l’hypothèse du RCA. A titre d’exemple, pendant plus de 10 ans, la terre ne s’est pas réchauffée comme le prédisait l’hypothèse du RCA. Ni même comme le présidait l’hypothèse du réchauffement océanique. Pourtant, quand les sceptiques pointent du doigt ce problème, les alarmistes ne peuvent admettre qu’ils ont commis une erreur parce qu’autrement, tout l’édifice alarmiste bâti jusqu’ici (et les subventions juteuses qui vont avec) s’effondrerait.
Darwin lui-même bataillait contre le principe d’exclusion en proposant sa théorie de sélection naturelle. En son temps, personne ne pouvait avoir d’autre explication à l’apparition de la vie sur Terre autre qu’un dieu tout puissant. Cela a mené les scientifiques et les religieux à imaginer toutes sortes d’absurdité un tant soit peu logique, telle que le fait que la planète n’était seulement vieille que de quelques années, ou que dieu avait placé des fossiles sur Terre pour tester la foi des scientifiques. En tout les cas, au milieu des années 1800, il n’y avait pas de meilleure explication sous la main.
Darwin (et Alfred Russel Wallace) ont fourni une bien meilleure et plus scientifique explication : la nature elle-même, sur des milliards d’années, est à l’origine des espèces, une hypothèse tellement simple et logique que Thomas Huxley, le principal soutien de Darwin, a déclaré « Comme nous sommes stupides de ne pas y avoir pensé ».
L’hypothèse du RCA peut tout aussi bien se voir démontrée un jour. Cependant, la plus simple et la plus logique explication sur les changements climatiques, dans le passé et désormais, dans le futur, est basée sur les variations naturelles. Si c’est le cas, l’hypothèse du RCA, basée sur le si perfide principe d’exclusion, suivra le même chemin que les deux hypothèses de Darwin sur les traces de Glen Roy et la création des atolls coralliens.
Ainsi, alors que les scientifiques alarmistes sur le climat sont tout à fait en droit de proposer la théorie du RCA, ils devraient dans le même temps être prudents : le RCA est une hypothèse. Il n’a pas encore atteint le statut de théorie scientifique (il n’a pas passé assez de tests scientifiques pour cela), ni même, comme cité si souvent devant le public, celui de fait scientifique. Au lieu de ça, ces scientifiques ont jetés les précautions scientifiques nécessaires aux quatre vents pour faire des assertions sans preuve, et pour dénigrer ceux qui pointent les possibles erreurs dans cette hypothèse.
Pour reprendre les mots de Darwin: « Mon erreur fut pour moi une bonne leçon de ne jamais me fier au principe d’exclusion en matière de science. » Cet avertissement est particulièrement vrai quand les erreurs sur la science du climat mènent à des politiques anti-carbones qui vont coûter des milliards de dollars et détruire des millions de gagne-pain, tout en n’ayant aucun effet sur le climat car les êtres humains ne sont que l’arbre qui cachent la forêt.
Darwin nous a donné un bon conseil : prendre garde au principe d’exclusion. Et il est plus que dommage que les scientifiques alarmistes sur le climat aujourd’hui ne veulent pas en tenir compte.
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(*) Paul MacRae est l’auteur de False Alarm: Global Warming — Facts Versus Fears et anime le blog False Alarm.
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Article repris depuis Wattsupwiththat avec l’aimable autorisation de son auteur
Traduction : Hélène Picq
Plus que le principe d’exclusion meme c’est davantage le signe d’une science encore naissante qui tend à expliquer des details alors qu’elle ne comprend pas bien les caracteristiques générales.
Une hypothèse reste une hypothèses qu’elle soit issue du principe d’induction ou d’exclusion, elle doit etre verifiée ! Les réunions d’experts ne servent pratiquement à rien dans ce but.
Le Principe d’exclusion n’ a pas sa place en science, et ne l’aura jamais.
Ceux qui l’utilisent font une erreur de débutants, digne d’un élève de premier cycle universitaire…..
En science, on teste une hypothèse de travail nommée H1 contre l’hypothèse nulle (H0). Les statistiques ne permettent qu’une seule chose:
Rejeter H0 à la marge d’erreur choisie (en générale 5%). ET RIEN D’AUTRE.
L’erreur de débutant est de dire : après avoir rejeter H0, j’admets que H1 est juste à la marge de 95% (Ici intervient le principe d’exclusion).
Hors cela est impossible. Car il y a une infinie possibilité d’autres hypothèses non testées.
Conclusion: Exclure une hypothèse (H0) ne signifie pas que l’hypothèse testée (H1) est obligatoirement juste « PAR DÉFAUT ».