En contrepoint à l’article Une pose pour Ophelia, publié le 26/05/2011
L’opération « Une rose pour Ophélia » a fait un tabac, suscitant l’intérêt de l’agence Reuters, du Parisien, du JDD et d’autres médias. Coup démago ou vraie question de société ? Une fois de plus, une personnalité politique semble avoir agi au dessus des lois. Jusque là , rien de nouveau. Ce qui l’est moins, c’est que le traitement quasi hollywoodien de ce scandale a permis l’ouverture d’un grave débat dans nos médias, chose que la loi française leur aurait interdit si l’affaire avait eu lieu sur notre sol. Le principe de « présomption d’innocence », essentiel pour protéger les droits de la défense dans une procédure accusatoire, a été dévoyé pour museler nos médias afin qu’ils ne s’étendent pas trop sur les scandales à répétition dont nos hommes politiques sont les auteurs. Maître Eolas le rappelle pourtant clairement : « JAMAIS la présomption d’innocence, qui est une présomption SIMPLE, c’est à dire que la preuve contraire peut être rapportée, n’a interdit de dire ou de laisser entendre que telle personne était coupable. C’est même l’objet de la plainte de la victime. » La presse n’est hélas pas autorisée à faite état de ce genre d’affaire tant qu’elle n’est pas tranchée.
En crevant un vieil abcès, fruit habituel d’une restriction absurde de la liberté d’expression, ce scandale nous fait découvrir les ravages de l’omerta française. Le cas DSK, aux dérapages multiples et anciens, a longtemps été couvert par un parti socialiste complice (et notamment une élue coupable d’avoir fait taire sa fille : en ne disant rien sur l’agression pour protéger leur propre carrière, elle a mis en danger d’autres femmes, les suivantes) et par des journalistes qui n’osaient pas s’aventurer sur un terrain miné. Connivence ou peur de mettre sa carrière en danger ? En tout cas, cette affaire très préoccupante doit ouvrir les yeux des acteurs du monde politique, femmes politiques, assistantes parlementaires, journalistes, fonctionnaires et autres personnels qui gravitent autour des cercles du pouvoir. Des témoignages directs ou indirects font souvent état de pratiques offensantes, parfois agressives, qu’elles aient lieu sur le ton de la séduction et/ou de la menace. Cet environnement de harcèlement sexuel généralisé n’a jamais été révélé par quiconque. L’affaire en cours aboutira peut-être à la mise en place d’un code drastique d’encadrement des relations professionnelles dans le monde politique. Peut-être l’excès américain constitue-t-il la meilleure protection contre les graves excès commis sans aucun scrupule jusqu’ici.
En tout cas, de nombreuses femmes n’ont plus peur de parler des outrages subis. Première cible : Georges Tron, abattu en plein vol. Il y aura d’autres figures touchées. Le plus important, c’est que ces quelques cas, s’ils sont traités de manière exemplaire, inciteront les rustres et les prédateurs à contrôler leurs pulsions, ou tout au moins leurs pratiques indignes. A défaut, leurs victimes auront davantage tendance à les poursuivre devant la justice. C’est tant mieux.
Non seulement, “la presse n’est hélas pas autorisée à faire état de ce genre d’affaire tant qu’elle n’est pas tranchée” mais également a interdiction de discuter des décisions judiciaires puisque “il est interdit de commenter une décision de justice”. (http://www.maitre-eolas.fr/post/2005/12/16/252-pourquoi-on-peut-commenter-une-decision-de-justice)
La boucle est bouclée : on se tait avant ET après ! France, pays libre ?
A voir les déjeuners organisé par DSK avec des journalistes, essentiellement de son bord politique, pour mettre au point ‘les pratiques’ quand il se présentera on peut assurer sans mettre a mal la présomption d’innocence qu’il s’agit de connivence.
Maintenant, c’est Luc Ferry qui est embarrassé d’âtre allé trop loin dans la dénonciation de l’omerta. Mais je souhaite que l’affaire éclate fort, parce qu’autrement, ces scandales d’agressions sexuelles répétées et cachées pourraient vraiment déclencher des contestations populaires dans la rue.