Liberté pour les crèches !

Le chèque scolaire est un outil simple, efficace, économe

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Liberté pour les crèches !

Publié le 9 avril 2011
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Les enfants sont la joie et le fléau des mairies. Joie, car cela en est toujours une que de voir naître des enfants, surtout durant l’hiver démographique que connaît l’Europe. Fléau, car les enfants consomment de nombreux services publics, et coûtent chers aux finances municipales. En France, les crèches sont du ressort des mairies, comme pour les écoles primaires. Les collèges dépendent du département, les lycées de la région, et les universités de l’État. Créer des crèches est indispensable, car c’est un moyen pour permettre aux femmes qui le souhaitent de travailler, et donc d’aider à soutenir le taux de natalité.

Du fait du nombre important de naissances, il y a une grande demande de places en crèche, souvent déçue car la demande est plus forte que l’offre. Trouver une place est donc un casse-tête pour les parents, qui débutent leur démarche avant même que l’enfant ne soit né. Ceux qui ont la chance d’avoir des grands-parents à proximité s’évitent de tels problèmes. Les liens familiaux sont encore la meilleure solution aux problèmes sociaux. Quand l’État intervient c’est souvent pour pallier le manque de cohésion et de solidité des familles ; pour pallier le manque de moral.

Prenons une commune de 18.000 habitants de la région Ile-de-France. Peu importe son nom, nommons-là Limerick-sur-Seine. En 1995, avec 92 places en crèche, cette commune avait des places en trop. En 2005, avec 105 places, elle en manquait. Il lui a donc fallu construire d’autres crèches et agrandir les existantes pour faire face à une moyenne de 100 naissances par an.

Le problème des crèches, c’est qu’elles ne répondent pas au besoin présent mais espèrent convenir aux demandes futures. Entre le moment où le dossier est validé et celui où la crèche peut ouvrir il s’écoule au minimum deux ans, mais cela peut aussi être beaucoup plus long. Les parents qui ont besoin de place ne peuvent donc pas être satisfaits par la construction, et rien ne laisse prévoir que lorsque la crèche ouvre elle corresponde au besoin effectif deux ans plus tard. Si la natalité cesse, la crèche reste vide. Ce système de construction manque donc terriblement de souplesse et de réactivité.

De plus une crèche est coûteuse : €1,8 millions pour la construction et €200.000 de frais de fonctionnement, pour une crèche de 60 berceaux. C’est là que se pose, pour les élus, un problème moral. Peut-on débourser deux millions d’euros pour satisfaire 60 familles au dépens des 18.000 habitants ? Les dépenses liées à la construction de la crèche sont assurées par les impôts, payés collectivement par l’ensemble de la population. L’impôt doit être une mutualisation : les citoyens mettent en commun une partie de leurs ressources pour que celles-ci soient utilisées au bénéfice de tous. Dans le cas de la crèche – comme pour de nombreux autres projets – il n’y a pas mutualisation mais privatisation : l’argent commun sert les intérêts particuliers de quelques uns. Est-il moral d’augmenter les impôts locaux pour toute une population afin de financer des dépenses qui ne bénéficient qu’à une infime partie des administrés ? Dans le cas d’une crèche de 60 berceaux, le bénéfice est pour 180 personnes (les enfants et les parents), soit 1% d’une commune de 18.000 habitants. Et cela pour un système qui ne convient même pas aux destinataires car il manque de souplesse.

Est-il possible de mieux faire ? En introduisant une dose de liberté, peut-être. Si, au lieu de construire une crèche, la commune décidait de verser le budget fonctionnement aux familles pour que celles-ci placent leur enfant chez une nourrice, on gagnerait en fluidité. €200.000 pour 60 enfants cela représente €3.333/an et par enfant. En introduisant le chèque scolaire, cette somme de €277 mensuel pourrait être donnée aux familles. L’enfant serait ensuite placé chez une nourrice qui, avec 6 enfants, recevrait un salaire mensuel brut de €1.666, quand le salaire moyen d’une puéricultrice est de €1.400.

Le chèque scolaire a d’énormes avantages : il est opérationnel tout de suite, il est fortement modulable en fonction de la demande, il ne nécessite pas de dépenses d’investissement. Pour les parents, mieux vaut aussi mettre leur enfant chez une nourrice qu’en crèche : les horaires sont plus souples, l’appartement est à taille humaine, la sociabilisation est plus grande. Beaucoup de parents, qui travaillent tard, placent d’ailleurs leur progéniture chez une nourrice, après la crèche, quand celle-ci a fermé.

Les €1,8 millions de construction économisés équivalent le coût de 5.400 chèques scolaires, soit 90 crèches. Avec cette somme on peut fournir des chèques scolaires à 540 enfants pendant 10 ans, ou bien à 270 enfants pendant 20 ans. À chaque fois le résultat est le même : souplesse et économie. Sans compter qu’une crèche s’use vite, et qu’après la construction viennent les travaux d’entretien et de réfection, qui là aussi pèsent lourd dans le budget communal.

Il n’est donc pas nécessaire de viser les plus hauts sommets de l’État pour parvenir à changer la société. Cette action peut se mener au niveau communal, dans les plus de 36.000 communes que compte la France. Le chèque scolaire est un outil simple, efficace, économe. Mais visiblement ces arguments ne pèsent pas face à l’idéologie de l’étatisme.

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  • Et bien enfin quelqu’un qui propose quelque chose de censé dans no^tre belle Union Soviétique….Mais ne revez pas le KGB veille lui !

  • On ne peut pas se contenter de comparer les coûts :

    1) Il y a beaucoup de problèmes avec les nourrices… Même en payant cher, on n’a jamais la garantie d’avoir quelqu’un de sérieux. C’est pourquoi la plupart des parents préfèrent la crèche.

    2) Une nourrice ne prendra pas 6 enfants en bas âge !

    3) Les crèches proposent de nombreuses activités pour l’éveil et la socialisation des petits (peinture, jeux, chansons…) contrairement à la plupart des nourrices. La crèche est donc préférable pour la socialisation.

  • Je ne comprends pas franchement votre calcul économique : vous ouvrez une crèche pour 2 millions d’euros, et la fermez l’année suivante ? C’est pour cela qu’elle ne profite qu’à 180 personnes. Les crèches de mon quartier ayant plus de 10 ans, leur coût annuel ne peut pas selon moi dépasser 400 000 € annuel, à la grosse louche, en comptant les frais de fonctionnement et d’amortissement. Première grosse imprécision. D’autant que, faut-il vous le rappeler, les impôts municipaux dépendent du nombre d’habitants, et une mairie soucieuse de garder ses administrés doit d’abord s’occuper qu’ils ne déménagent pas dès qu’ils se reproduisent…

    D’autre part, comme cela a été déjà signalé, une nourrisse agrée (c’est à dire : parlant et écrivant en français, disposant de suffisamment de place et des ressources matérielles de base) ne peut prendre plus de 3 enfants en même temps, pour des tarifs oscillants entre 600 et 900 euros mensuels par enfant, loin des 277€ que vous proposez.

    Autre inexactitude : si vous faites les sorties des crèches, à Paris (où l’on travaille plus tard le soir qu’ailleurs en France, et où les crèches ferment relativement plus tôt, 18h30 au lieu de 19h ou 20h dans le reste de la région), vous constaterez qu’on n’y trouve pas de nounou, que des parents. Cela m’a surprise également, je pensais croiser des baby-sitters, mais ce n’était le cas, ou alors de façon exceptionnelle.

    Horaires plus souples chez les nourrices ? C’est faux, aucune nourrice ne se vit comme esclave des parents, les contrats passés doivent stipuler des horaires de travail, comme tout contrat. Alors qu’on arrive et repart d’une crèche à l’heure de notre choix.

    Enfin, les « chèques scolaires » existent, il s’agit de la prestation « libre choix du mode de garde » versée sous condition de ressources, d’une façon parfaitement cohérente : deux parents qui travaillent auront plus facilement l’accès à la place en crèche, donc à plus de souplesse à des tarifs avantageux, et n’auront pas besoin de cette aide, tandis qu’un ménage à salaire unique (ou deux salaires incomplets) devra se débrouiller avec l’aide de la CAF pour trouver une garde pour l’enfant aux horaires qui lui conviennent.

    Enfin vous oubliez sans doute l’essentiel, l’intérêt des enfants : l’apprentissage de la sociabilité se fait en communauté, pas avec une nourrice, même compétente. Rencontrer différents adultes, l’un pour apprendre à se mouvoir dans l’espace, un autre pour faire de la musique, etc, est une chance irremplaçable, tout instituteur de maternelle vous le dira. Malheureusement, la majorité des parents n’a aucune qualité d’éducateur de jeunes enfants, pas plus que la majorité des « nounous » rencontrées sur le marché.

    Bref, quand on n’y connaît rien, on se tait.

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