Poussée populiste

Les partis traditionnels se sont plantés de façon spectaculaire sur l’euro dans le passé

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Poussée populiste

Publié le 5 avril 2011
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Une Europe composée de partis populistes anti-immigration dans les pays créanciers et de partis d’extrême-gauche dans les pays les plus endettés serait vraiment le pire des mondes.

Un nouveau sondage d’opinion en Autriche montre que le parti anti-immigrants FPÖ (l’ex-parti du décédé Jörg Haider, NdT) finirait en tête si des élections se tenaient aujourd’hui, battant le parti social-démocrate SPÖ et le parti conservateur ÖVP. Il y a bien sûr de nombreuses raisons pour la montée de ce parti, mais nous relevons que son leader Heinz-Christian Stratchewich a, la semaine dernière, sévèrement taclé la participation de l’Autriche aux sauvetages de la zone euro, et à leurs coûts. « Merci Werner Faymann », a-t-il lancé sarcastiquement au chancelier autrichien.

En Finlande, le parti « Vrais Finlandais », emmené par Timo Soini, semble être sorti de nulle part, pour se transformer en une force politique pleine et entière, à grande échelle. Un récent sondage d’opinion le met en seconde position, à quelques semaines des élections nationales d’avril. Quoique moins mauvais que le FPÖ, il repose sur un programme hautement populiste, avec un fort parfum anti-euro. Le parti est presque responsable, à lui seul, du déraillement de l’accord de l’UE concernant le volume du fonds de sauvetage de la zone euro, l’EFSF. La décision est désormais repoussée jusqu’à juin, après les élections finlandaises. Comme le dit Jan Sundberg, professeur de l’université d’Helsinki, « la chute du Portugal serait un cadeau pour Vrais Finlandais ».

Aux Pays-Bas, le gouvernement n’a pas la majorité au parlement et reste dépendant du Parti Pour La Liberté de Geert Wilders, qui est le troisième parti du pays. Wilders s’est exprimé clairement contre les sauvetages dans la zone euro. Jusqu’ici, le gouvernement a pu compter sur les partis d’opposition pour faire passer ses mesures pro-UE au parlement.

En France, Marine Le Pen, la présidente du parti d’extrême droite Front National, gagne en popularité, et un sondage l’a même donnée en tête devant tous les autres candidats en vue des élections présidentielles de l’année prochaine. Le Pen a appelé à la sortie de la France de l’euro, tout comme l’Espagne, la Grèce et le Portugal, en déclarant :

« Ils nous ont promis que cette monnaie allait nous apporter la croissance et le bien-être, et qu’est-ce qui s’est passé ? Les gens ont été détruits, on assiste à une vraie tragédie. Regardez ce qui est arrivé à la Grèce. »

(Illustration René Le Honzec)

Il y a encore de nombreux facteurs en jeu, et nous devrions faire attention de ne pas trop simplifier ou généraliser, mais il est difficile de ne pas déceler une tendance inquiétante : quatre des principaux pays créanciers de la zone euro (et incidemment contributeurs nets au budget de l’UE), qui soutiennent les gouvernements des pays en difficulté de la zone euro à hauteur de centaines de milliards, subissent une impressionante poussée de partis populistes. Ces partis ne rejetteraient pas seulement les sauvetages et la monnaie unique, mais aussi, selon toute probabilité, l’UE elle-même.

En qu’en est-il du chef de clan, l’Allemagne ?

L’Allemagne n’a pas vraiment son propre parti populiste, comme en d’autres endroits de l’Europe. A gauche, Die Linke pourrait y être associée, mais ce n’est pas tout à fait la même chose. Du coup, il n’existe pas de réel programme politique pour ce genre de sentiments aggressifs anti-euro comme on peut voir, par exemple, en Autriche (qui joue aussi sur les thèmes anti-immigration et anti-sortants), et il y a peu de chance qu’il y en ait une dans un avenir proche.

Il est clair, cependant, que l’opinion publique allemande se défie de plus en plus de la direction prise par l’euro. Doucement, ce sentiment commence à s’immiscer dans les politiques des partis. La motion qui est passée avec une quasi unanimité au parlement, demandant à Merkel de faire marche arrière sur l’accord avec les leaders de la zone euro, en est un exemple (même si sa portée ne doit pas être exagérée non plus). Mais il y a clairement un vide politique sur le thème de l’UE, pour ce qui est d’exprimer des visions alternatives à la direction prise par la monnaie unique et par l’UE, et une déconnexion entre l’opinion publique et la classe politique.

La semaine dernière dans le Financial Times Deutschland, le chroniqueur Wolfgang Münchau – qui, jusqu’à récemment était extrêmement optimiste parmi les commentateurs de la zone euro -, a avancé l’argument que « la voie est libre pour la droite » en Allemagne. Il a suggéré que le parti libéral FDP finirait par combler le vide et deviendrait un parti « eurosceptique ». Peut-être. Si tel était le cas, l’espoir est que le FDP se transforme en un raisonnable parti réformateur de l’UE, poussant l’idée révolutionnaire (oui, c’est sarcastique) que la monnaie unique et l’UE devraient avoir pour base une économie saine et la démocratie. Une telle évolution bénéficierait à l’Allemagne tout comme à l’Europe.

La crainte, comme d’habitude, est que ce vide soit comblé par des forces politiques bien moins ragoûtantes.

Une Europe, composée de partis populistes anti-immigration en position de force dans les pays créanciers (ou pays triple A) et de partis d’extrême-gauche gagnant de l’importance dans les pays les plus endettés comme la Grèce ou le Portugal, serait vraiment le pire des mondes.

Mais si les politiciens traditionnels d’Europe continuent de se cacher la tête dans le sable et refusent de parler des problèmes auxquels fait face la zone euro, ils ne devront pas s’étonner si les électeurs se tournent vers des partis qui s’adonnent à un discours franc et direct, quels qu’en soient les défauts et les mauvais aspects.

Les partis traditionnels de gouvernement et leurs chefs se sont plantés de façon spectaculaire sur l’euro dans le passé. Peut-être le temps est-il venu de penser à des solutions plus fondamentales aux problèmes de la zone euro.

Repris du blog d’Open Europe.

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