L’austérité ne menace pas la croissance

Ces idées fausses qui nous pourrissent l’économie

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’austérité ne menace pas la croissance

Publié le 10 février 2011
- A +

Entendu à la radio, de la part d’un analyste boursier (sur BFM) : “Le plan d’austérité britannique va provoquer une chute de la croissance outre Manche.” Cet argument contre les plans d’austérité nous est ressorti chaque jour.

Ces idées fausses qui nous pourrissent l’économie…

Foutaises. Ces gens confondent la maladie et le médicament. Même si celui ci peut provoquer un surcroît de fatigue, c’est bien la bactérie qui rend malade, pas le traitement.

La récession n’est pas provoquée par l’austérité mais par ce qui a déclenché le besoin d’un plan d’austérité, c’est à dire l’atteinte des limites de l’endettement, qu’il soit public ou privé, tolérable par le système. Lors de la crise de 2008, l’État britannique à l’époque géré par Gordon Brown a dépensé à crédit sans compter pour maintenir un semblant de croissance positive. Continuer à endetter la Grande-Bretagne de la sorte aurait été le plus sûr chemin vers la faillite. David Cameron a choisi d’essayer d’éviter – sans aucune garantie – le dérapage fatal.

Certes, la Grande-Bretagne aurait pu choisir de retarder le moment de solder les mauvais comptes du passé, et s’acheter à crédit quelques dixièmes de points de croissance artificiels supplémentaires. Mais tôt ou tard, elle aurait dû soit lancer son plan d’austérité, soit être mise en faillite par une rebuffade des marchés financiers. Et là, on ne parlerait plus de récession, mais de dépression. Lorsque l’on produit trop peu de valeur par rapport à ce que demande le service de sa dette, un réajustement est inévitable. Est-il néfaste ? Non, il est nécessaire.

Apurer les dettes est indispensable

L’exemple de l’Islande est à cet égard exemplaire : l’Islande a choisi de laisser ses banques imprudentes faire faillite en 2008 et a lancé un plan d’austérité sans précédent pour faire face aux conséquences de ses faillites. La récession qui s’en est ensuivie, de 7%, fut très importante, mais est liée à la nécessité de purger les “faux” points de croissance précédents acquis par de la dette insolvable. Mais le plan d’austérité, lui, a permis à l’économie d’entamer un redémarrage sur des bases plus saines dès mi 2010, alors que tous les “experts” prévoyaient une dégringolade sans fin de la petite île du grand nord.

En contrepartie, les USA ou la France ont préféré acheter quelques points de croissance en augmentant leur endettement à un rythme insoutenable au delà de quelques années. Et toute l’épargne ainsi siphonnée vers l’État ne va pas vers la formation de capital productif privée, seule capable de pourvoir à la croissance nécessaire pour payer cette dette. Il arrivera un moment où les prêteurs diront “stop”, et ce jour là, la France sera en défaut, sauf s’il est fait appel aux imprimeries Trichet, ce qui poserait d’autres problèmes (pour un autre article).

Alors bien sûr, quand l’heure de l’apurement viendra, nous tomberons de plus haut, l’austérité n’en sera que plus dure… et il y aura des dizaines d’analystes pour vous expliquer que “l’austérité tue la croissance”.

La récession n’est qu’un réajustement désagréable mais nécessaire des économies pour purger de trop grandes erreurs commises par le passé. Lorsque une nation s’est trop endettée, tôt ou tard, elle doit purger son surendettement. Le plan d’austérité n’est pas la cause du recul de la croissance qui s’ensuit mais la condition absolument nécessaire du redémarrage ultérieur.

——————-
Lire également :

Islande : les enjeux de l’affaire Icesave
Contes et Légendes keynesiens : “la rigueur pourrait casser la croissance”

Repris d’Objectif Eco avec l’amaible autorisation de Vincent Benard.

Voir les commentaires (7)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (7)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ouf, François Bayrou peut respirer ! Il reste Premier ministre pour un petit moment encore. Quoique adopté sans vote grâce à l'article 49.3 de la Constitution, le Projet de loi de finances (PLF 2025) révisé par ses soins après les déboires du PLF Barnier n'a pas abouti à la censure de son gouvernement. Il faut dire que depuis sa nomination à Matignon en décembre, M. Bayrou n'a pas ménagé sa peine pour faire plaisir au Parti socialiste (PS) quoi qu'il en coûte.

Ce dernier, satisfait du bout des lèvres des "concessions" budgétaires obten... Poursuivre la lecture

Un ouvrage iconoclaste, qui dresse un panorama actuel de la réflexion sur la croissance et le développement. A travers une perspective et une vision originales, tournées vers l’action.

Bernard Landais a été l’un de mes professeurs lorsque j’étudiais à l’Université de Bretagne Occidentale à Brest à la fin des années des années 1980 et début 1990. J’ai bénéficié de ses enseignements de qualité sur les politiques économiques, lu un ou deux ouvrages de référence sur ce thème parmi ceux qu’il avait conseillés à l’époque, ainsi que son livre sur le... Poursuivre la lecture

Voilà un message que certains ne voudront jamais entendre... Et pourtant s'il y a une chose que l'Histoire nous enseigne, c'est que la réalité est intangible. On peut la nier, on peut en faire le tour, mais ça ne changera rien. Ça ne fera que repousser le moment où chacun devra ouvrir les yeux et la regarder en face.

Posons d'abord les bases de cette réflexion : une nation est faite de citoyens, et c'est l'énergie de chaque citoyen, son travail, sa créativité, son ambition, qui créent l'énergie du pays. Les anciens pays de l'Est, pour ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles