L’Allemagne va-t-elle mettre fin à la course aux crédits ?

L’Allemagne veut faire inscrire une clause qui autoriserait à retarder les paiements dus aux créanciers si l’émetteur a du mal à payer. Qui voudra prêter dans ces conditions ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Deutsche Bundesbank filiale Munchen by Metropolico.org

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’Allemagne va-t-elle mettre fin à la course aux crédits ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 31 juillet 2016
- A +

Par Simone Wapler.

Deutsche Bundesbank filiale Munchen by Metropolico.org(CC BY-SA 2.0)
Deutsche Bundesbank filiale Munchen by Metropolico.org(CC BY-SA 2.0)

 

La Banque centrale allemande suggère de mettre une nouvelle clause dans les émissions de dettes souveraines de la Zone euro. C’est une bombe financière potentielle.

Du crédit, encore du crédit…

Le « créditisme », cher lecteur, est comme, vous le savez, notre système monétaire fondé sur le crédit adossé à rien, aucune épargne déjà existante. Le crédit que les banques ont le privilège d’émettre.

Ce « créditisme » rend les riches de plus en plus riches et appauvrit la classe moyenne des pays développés.

Pardonnez-nous, cher lecteur, ce récent néologisme : il nous permet d’aller plus vite dans nos explications. Voici un cas concret.

La Une des Echos :

sw3
Une des Echos

 

Ha, les taux bas : quelle aubaine si vous êtes emprunteur mais quelle misère lorsque vous êtes épargnant.

L’exemple du crédit pour l’immobilier

Le problème est que la plupart des gens sont emprunteurs et épargnants. Spécialement lorsqu’ils achètent de l’immobilier. Qui va gagner, votre moi épargnant ou votre moi emprunteur ? Eh bien les deux cher lecteur. En revanche, ceux à qui cette situation profite, eux, gagnent à tous les coups.

En premier lieu, les taux bas sont pour les ménages aisés. Voici ce que m’écrit un contact du milieu bancaire.

« … les baisses sont réservées aux ménages à hauts revenus. Par exemple aujourd’hui -0,3 point sur les taux fixes toutes durées confondues au Crédit Agricole pour les ménages gagnant plus de 80 000 euros par an… »

Mais si les banques ne prêtent qu’aux riches, il y a une explication, m’indique-t-il aussi.

« Il y a aussi eu de grosses amendes qui viennent de tomber en raison de risques considérés comme trop élevés sur les créances détenues (ce qui explique probablement en grande partie la préférence pour les ménages aisés) et les contrôles sur les antécédents des emprunteurs ont été renforcés à tel point que les délais d’octroi se sont allongés de plus d’une semaine ».

Les ménages aisés empruntent, l’immobilier monte. L’État encaissera des taxes grandissantes sur le foncier et les droits de mutation.

Pour les plus modestes, l’accession à la propriété devient plus difficile puisque l’immobilier se renchérit. Le livret A ou même le PEL ne rapportent plus rien et le petit matelas d’apport personnel devient de plus en plus difficile à rembourrer.

Les benêts dénonceront l’abominable ultra-néo-turbo-libéralisme qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres.

Pour lutter contre cette horrible injustice que l’État vient de créer, l’État a des solutions : renforcer le contrôle sur les loyers, multiplier les « logements sociaux » et mettre en place une kyrielle d’allocations logements.

Mais comment les Allemands veulent-ils tuer ce « créditisme » ?

L’Allemagne veut autoriser les retards de paiement

La Banque centrale allemande, la Buba pour les intimes, se prépare à lâcher une bombe sur le créditisme. Elle veut faire inscrire sur les émissions obligataires souveraines des pays de la Zone euro une clause qui autoriserait à retarder les paiements dus aux créanciers si l’émetteur a du mal à payer.

Vous savez que la dette de la France dépasse les 2 000 milliards d’euros et que les déficits chroniques de notre beau pays font tousser à Bruxelles.

Si la proposition allemande passait, demain la France devrait inscrire sur ses nouvelles émissions obligataires (qui servent à rembourser les anciens emprunts arrivant à maturité et les déficits courants) « sans garantie de retour du capital ».

Pensez-vous alors que les étrangers se jetteront sur les emprunts français qui rapportent 0,23% pour du 10 ans ? Pas sûr, n’est-ce pas…

Donc comment financer les « dépenses de redistribution » ? Par l’impôt ?

Soit les taux montent, soit les impôts montent. Mais la poursuite du « créditisme » sera difficile. Et cela va compliquer les affaires de ceux qui en profitent.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

Voir les commentaires (4)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (4)
  • Soit les taux montent, soit les impôts montent.

    Ou les deux ❗ Ils ne vont pas renoncer à leurs privilèges, non ❓

  • Le crétinisme a aussi pour avantage de reculer la date où le système explose. Faisant suite aux crises de 2000 et 2008, la crise de 2016 pointe le bout de son nez. Il s’agit donc d’engranger les bénéfices avant l’explosion devenue inévitable.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les profits exceptionnels réalisés par les banques, en particulier américaines, posent de réelles questions. La voie commode de la taxation leur apporte de fausses réponses.

 

Une économie sous influence

Le vocabulaire employé est un signe parlant de l’inquiétude que suscite outre-Atlantique la concentration du pouvoir financier aux mains d’un nombre très restreint de très gros établissements.

Les huit premiers d’entre eux sont couramment qualifiés par les médias de « seigneurs de Wall Street » mais aussi de « géants... Poursuivre la lecture

Le secteur de l’immobilier absorbe la perte du crédit facile et connaît un déclin de l’activité en conséquence.

Les déformations de marché par les politiques de taux d’intérêts mènent, à terme, à une perte de richesse.

En effet, les encouragements à l’octroi de crédit produisent une hausse de demande pour les logements. Ils mènent à plus de projets de construction, et à l’émission de crédits aux particuliers.

Néanmoins, la hausse de l’activité dans le secteur tient non à une hausse du pouvoir d’achat des particuliers, ou ... Poursuivre la lecture

Paris
1
Sauvegarder cet article

Par Philbert Carbon. Un article de l'Iref France

 

L’une des conséquences du brexit est que les entreprises du secteur bancaire britannique ne détiennent plus le « passeport financier » qui leur permettait d’offrir leurs services partout dans l’Union européenne (UE). Si elles veulent continuer d’y opérer, elles doivent s’y installer. Amsterdam, Dublin, Francfort, Luxembourg et Paris se disputent l’implantation des établissements et de leur personnel. Paris semble être la plus attractive. Comment a-t-elle fait ?

Ces d... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles