Peut-on contrôler l’impression 3D des armes ?

Le contrôle de l’impression 3D d’armes à feu serait au mieux complexe à mettre en oeuvre.

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Clones civils de l'AR-15 (Image libre de droits, crédits Interchange88)

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Peut-on contrôler l’impression 3D des armes ?

Publié le 15 septembre 2015
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Par Thierry Berthier.

Commençons modestement…

 

Un AR15 a portée de clic

Clones civils de l'AR-15 (Image libre de droits, crédits Interchange88)
Clones civils de l’AR-15 (Image libre de droits, crédits Interchange88). Armes non imprimées par impression 3D.

Pour 452 dollars et sous un délai de 24 heures, il est possible d’acquérir un AR15 fraîchement imprimé en 3D, testé et muni de sa garantie de bon fonctionnement. Bien entendu, aucun numéro de série permettant de tracer l’arme ne vient compliquer la transaction : l’AR15 n’a aucune existence officielle et passe ainsi sous tous les radars législatifs américains de contrôle des armes semi-automatiques.

La construction de l’AR15 ne nécessite pas de connaissance particulière : il suffit de suivre la recette, de posséder une imprimante 3D et de télécharger le logiciel. La valeur de la résine plastique utilisée dans l’impression de l’arme ne dépasse pas les deux dollars. Les pièces métalliques (non réglementées) du récepteur inférieur s’achètent sans aucune restriction sur Amazon.com pour environ 400 dollars. L’imprimante 3D coûte moins de 2000 dollars. La construction et le montage de l’arme sont facilement réalisables en moins de 24 heures.

L’AR15 est le fusil semi-automatique le plus populaire aux États-Unis. Il en existerait entre 3 et 11 millions d’exemplaires en circulation en 2014. C’est aussi l’arme que l’on retrouve systématiquement sur les lieux des tueries américaines (tuerie de l’école Sandy Hook à Newtown, tuerie d’Aurora, de Portland et de Santa Monica).

Après l’AR15, voyons les choses en grand !

 

Une manufacture d’armes semi-automatiques pour 1500 dollars

Encore plus impressionnant, 1500 dollars frais de port inclus le site Ghost Gunner commercialise depuis le mois d’août 2015 une centrale de construction d’armes automatiques et semi-automatiques.

Construit sur un projet open source professionnel, Ghost Gunner vous donne accès à un module de production d’armes semi-automatiques (AR15 et d’autres, accessibles depuis le fichier de modèles librement téléchargeable sur le site). Le système réalise l’usinage en haute précision de toutes les pièces métalliques composant l’arme sélectionnée dans la liste fournie avec la machine. La société insiste sur la qualité professionnelle des armes produites par sa centrale. Elle précise en page d’accueil que l’achat de Ghost Gunner s’effectue sans enregistrement et sans numéro de série archivé. L’acheteur est donc rassuré, sa manufacture d’armes personnelle passera encore sous le radar des autorités américaines et sous celui de l’ITAR (International Traffic in Arms Regulations).

 

Une unité d’impression 3D de munitions

Une fois l’arme construite, il faut penser aux munitions…

Là encore, le cyberespace apporte une réponse fonctionnelle adaptée. Il est aujourd’hui possible d’imprimer en 3D ses propres munitions et de les customiser en fonction de l’usage que l’on souhaite en faire. Il existe plusieurs programmes accessibles et open source dédiés à l’impression 3D. Comme pour les armes, les munitions imprimées ne sont pas référencées et demeurent donc intraçables.

Une vidéo de test de munitions imprimées 3D :

 

Vers un contrôle des armes et munitions imprimées ?

Autant dire que le défi est de taille… l’unique solution technique consisterait à sensibiliser et à mobiliser l’ensemble des constructeurs d’imprimantes 3D.

Ces derniers pourraient alors équiper leurs machines d’un processeur capable de reconnaître  algorithmiquement les formes des pièces mécaniques entrant dans la composition d’une arme et de bloquer automatiquement leur impression. La fonctionnalité est réalisable pour des armes bien référencées comme l’AR15 et pour lesquelles les pièces sont très standardisées. Pour des armes plus exotiques, l’opération de reconnaissance et de blocage d’impression sera de fait beaucoup plus complexe à mettre en œuvre. De plus, il est hautement probable que des utilisateurs codeurs et bricoleurs frustrés de ne pouvoir imprimer leurs créations s’empresseront de contourner les restrictions algorithmiques installées sur les imprimantes par un hacking des protections physiques ou logicielles.

Liens

Sur le contrôle des armes imprimées en 3D :

http://www.didiy.eu/blogs/digitally-manufactured-weapons-can-they-be-controlled

Sur la manufacture portative Ghost Gunner :

https://ghostgunner.net/

Article sur les munitions imprimées en 3D :

http://www.inquisitr.com/676556/3d-printed-bullets-latest-gun-control-nightmare/

Vidéo sur les 3D printed Bullets :

https://www.youtube.com/watch?v=PVyLGQUmXcg

Vidéo sur munitions imprimées 3D :

https://www.youtube.com/user/taofledermaus?feature=watch

Sur les AR15 3D printed :

http://nypost.com/2013/12/06/3d-printer-and-452-makes-on-demand-ar-15/

Voir les commentaires (49)

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  • « La valeur de la résine plastique utilisée dans l’impression de l’arme ne dépasse pas les deux dollars. »

    Vous plaisantez Monsieur Berthier ?

    Par ailleurs pour avoir participé à la fabrication de pièces en inpression 3D , je peux affirmer que la mise en oeuvre n’est pas aussi simple qu’il n’y parait .
    Il est très facile de faire des porte clefs ou des objets décoratifs mais lorsqu’il s’agit de fabriquer des pièces techniques ayant des cotes précises et des contraintes de résistances mécaniques , le probleme devient complexe.

  • Il sera extrêmement compliqué d’interdire les impressions d’armes. A vrai dire je pense que c’est toujours avec la même arme de destruction massive que le gouvernement va lutter contre ca: Les taxes: les imprimantes 3D seront taxées à 450 000% pour préserver les usines des croony capitalists et ça marchera pas. Enfin ca marchera juste assez pour donner du retard au pays.

    • hum… non. Il suffit de faire du deep packet inspection total, d’interdire tout système de cryptage pour les particuliers, autres que les systèmes propriétaire adoubés (utilities, banques etc.).
      Et puis, quelques bonnes descentes au hasard sur tout possesseur d’équipement marche pas mal non plus. Quand on sait ce qui a conduit à Waco, on se doute que la réponse se fera sentir.

      • bon alors effectivement, au prix d’un Etat totalitaire on peut tout interdire. C’est vrai. Mais la France est une dictature soft, pas un Etat totalitaire.

  • Une garantie de bon fonctionnement et aucun numéro de série. Il n’y aurait pas une petite contradiction, là ?

    • Pourquoi, un numéro de série garantit le bon fonctionnement? Si les armes sont testées avant envoi (comme énoncé dans l’article), on peut s’assurer de leur bon fonctionnement.

  • Pour l’instant c’est surtout utile pour ceux vivants sous le second amendement des USA… Ce n’est d’aucune aide pour l’opprimé à l’autre bout du monde qui souhaite se libérer. Hors c’était justement le but affiché par Cody Wilson qui est l’initiateur du projet qui a fait le plus parler de lui (le liberator). Mais bon, c’est toujours une bonne nouvelle de voir des gens qui se battent pour la liberté, je leur souhaite beaucoup de succès.

  • Comprend pas ?

    – On ne peut quand même pas réaliser le canon d’un arme en plastique ?
    – On ne va pas imprimer de la poudre ?
    – L’AR15 n’est qu’une carabine. C’est pas plus simple et moins cher de se procurer une Kalachnikov ?

    • « On ne peut quand même pas réaliser le canon d’un arme en plastique ? »

      Si on peut mais uniquement pour une arme à un coup (ou deux) dont le but est surtout de passer à travers les contrôles de sécurité. Mais les canons sont en vente libre aux US donc aucun intérêt. Seule la vente des platines finies sont réglementées.

    • Le canon n’est pas forcément la pièce la plus difficile à réaliser. Si vous arrivez à obtenir le métal, il y a assez de tours et de machines outil dans un lycée technique pour en fabriquer à la chaine… En g´néral il faut se rendre compte qu’un certain nombre de fusils sont des technologies relativement anciennes. le AK 47 s’appelle ainsi parce qu’il a été crée en 1947. Les matériaux sont connus, les plans se trouvent et la technologie pour les fabriquer est finalement assez banale.

      Certes on parle ici uniquement de la platine, mais on peut aisément imaginer que des canons et les culasses puissent être rapidement produits avec une machine outil.

      • A savoir que, dans le cas du AK-47, les soviétiques avaient put installer des chines de productions dans des sous-sols pendant le siège de Stalingrad, et qui plus est les déplaçaient en fonction de l’évolution des lignes de fronts. S’ils étaient capables de faire ça avec le matos de l’époque et dans de telles conditions, imaginez aujourd’hui.

      • Je pense pas qu’il y ait de rayeuse à canon dans un lycée technique. C’est vraiment un outil spécifique qui ne sert qu’à cela.

        Le canon est sans doute la pièce la plus difficile à construire.

        • C’est pas vraiment compliqué à faire, je pense qu’on dois pouvoir s’en tirer avec un étau et quelques bouts de ferrailles.

          • Pas sûr. Même s’il existe des rayeuses manuelles. Ca reste un outil qui doit être précis et capable d’attaquer de l’inox 416.

            • A mon avis, ça se tente. Y’a des gens qui sont vraiment doués.

            • C’est juste du mortaisage avec un outil tournant fonctionnant au copiage.
              On pourrait aussi utilisé la vis mère* d’un tour : on fait des rainures de lubrification hélicoïdales à grand pas dans des alésages de cette façon… et si les afghans y arrivent hein 😀

              Pour info la vis mère d’un tour mécanique est couplée à la broche par une série d’engrenages qui permet de régler le pas et on peut avoir un pas très important style 500mm. Avec un tour CN c’est encore plus simple et on peut faire un pas progressif.
              L’outil peut être une broche autoguidée comportant les arêtes de coupe pour toutes les rainures ou seulement une sur 2 puis on décale d’un demi angle.
              Vu la profondeur des rainures l’effort de coupe est peu important.
              Un tel outil coûte quelques centaines d’euros (3-400 euros environ)

              • Mortaisage, faut voir. C’est pas le truc ou vous enlevez 5 mm par passe. Faut voir si cela prend dans l’acier surtout l’inox ou ce genre.
                Il suffit d’une rainure de 0.5 mm, voire 0.1 mm ?
                Un dispositif semblerait utile pour éviter la flexion du tube, sauf à faire de petites passes.

                • Le mortaisage est une opération d’enlèvement de matière avec une broche et un mouvement linèaire (voire avec rotation pour ce cas là).
                  Dans le cas de rainures de clavette les broches sont étagées, chaque dent prenant suivant qu’il s’agit d’ébauche ou de finition entre 0.02 et 0.2 mm de matière avec une notion de copeau minimum suivant le type de matière.
                  Pour faire une passe de 5mm de profondeur en ébauche par exemple il faut 25 dents qui se suivent chacune prenant 0.2mm de plus que la précédente. Mais ça c’est du mortaisage lourd qui n’a rien à voir avec le rainurage de canon qui est un travail plus fin.

                  Pour ce qui est du rainurage de canons d’arme à feu la profondeur d’usinage est de l’ordre de 0.2mm et ça peut se faire avec 4 dents au maxi qui se suivent pour chaque rainure. Flexion du tube : non, l’effort de coupe avec un enlèvement d’un copeau de 5/100ème d’épaisseur et d’un mm de large est très faible et inférieur au flambage.
                  Je viens de voir sur la toile qu’un rainurage à façon en france coute entre 200 et 250E par une entreprise officielle.
                  http://www.naturabuy.fr/Optimisez-l-efficacite-votre-tir-RAYER-votre-canon–item-1062408.html

    • « L’AR15 n’est qu’une carabine » L’AR15 est la version civile du M16 (une arme très utilisé dans l’armée américaine), cela explique sans doute que les américains préfèrent l’AR15 à la kalach

    • On ne peut quand même pas réaliser le canon d’un arme en plastique ?

      Ce n’est pas assez résistant (FFI) à la dilatation due à la pression. Heureusement, car sinon ce serait la BIG PANIC dans les aéroports.
      En France, oui la Kalach c’est plus simple surtout pour les simples d’esprits… D’ailleurs, je rêve d’être assassiné par une AR15 imprimée ET usinée. Ce serait noble et exceptionnel.

      • On trouve des flingues entièrement en céramique, sans aucune pièce de métal pas même les munitions, depuis bien 10 ans, et je ne crois pas qu’une de ces armes ait jamais été utilisée dans un détournement aérien (Une rapide (Trop?) recherche google ne me donne rien à ce sujet).

  • Cet article mélange l’impression 3D et l’usinage de platines (celle en alu dans la video) sur machine à commande numérique (CN) qui existe depuis des dizaines d’années. Il est même possible d’acheter des ébauches de platine qui sont en vente libre et de les finir « à la maison » par usinage final.

  • Bonjour.

    Je souhaiterai remettre un peu d’ordre dans cet article.
    L’auteur est certainement un expert dans son domaine, mais ne connaît strictement rien aux armes à feu.

    Mythe numéro 1 :
    On peut construire une arme a feu avec une imprimante 3d.
    Faux. Les quelques réalisations faites avec les imprimantes grand public ( entre 300 et 2000 €)se sont toutes soldés par un échec. (explosion de la culasse et du canon) Il ne faut pas être un grand scientifique pour comprendre que le plastique est moins solide que l’acier.
    Les imprimantes industrielles à frittage laser ( entre 200 000 et 400 000€) peuvent fabriquer des armes de poing fonctionnelles.
    Qu’en est il du trafic ? Imaginez une personne mal intentionnée voulant se procurer une arme de façon illégale, 3 choix s’offrent t’a elle :
    1 : Acheter une imprimante industrielle, apprendre a s’en servir, imprimer son arme, Coût : 202 000€. (Il manque les munitions°)
    2 : S’inscrire dans un club de tir, demander une autorisation préfectorale et au bout de 6 mois avoir un AR 15. Coût : 3000 €
    3 : Acheter un AK47 au marché noir, livré avec les munitions en 15 minutes. Coût : 250€.

    D’après vous quelle solution va t il privilégier ?

    Mythe numéro 2 :
    La manufacture d’AR15 Ghost Gunner. (j’en ris encore)
    C’est une fraiseuse, ni plus ni moins, elle permet de faire ce que fait une fraiseuse.
    Et encore celle ci ne fait pas l’élément principal : LE CANON.

    Mythe numéro 3 :
    Les munitions.
    On peut faire des projectiles avec l’imprimante, mais se sera en plastique. Il reste a faire, l’étui, l’amorce et la poudre, et ensuite ne pas se tromper dans les dosages.

    Ce qui me gène le plus dans cet article, c’est qu’il arrive après un fait divers dans une ville du sud de la France et la seule conséquence sera un durcissement de la loi sur les armes pour les citoyens honnêtes.

    Cher monsieur, si vous passez par Perpignan, je serais heureux de vous inviter dans un stand de tir pour tester une arme a feu imprimée par vos soins, vous verrez que l’on est très loin de faire un arsenal avec ce type de machine.

    • La grande question est de savoir où est la plus value, pour la fabrication d’arme, d’une imprimante 3D, là où une fraiseuse fait bien mieux le job pour beaucoup moins cher.

      • Avec la fraiseuse, vous ne faites qu’une partie du boulot. Avec l’imprimante 3d, vous pouvez effectivement (presque) tout faire (il y a encore quelques traitements de surface à faire apparemment).

        Pour l’instant l’imprimante 3D qui fait des pièces en métal reste chère, mais ca durera pas…

        Ceci dit quand on voit le prix de la fraiseuse on se dit que le tour pour faire le canon doit pas etre bien cher non plus. Simplement il faut des compétences pour manier ces outils.

  • Monsieur Berthier, allez visiter un labo de matériaux, par exemple le LMS à l’X ou celui de l’ENSMA Poitiers. Le plastique n’est pas interchangeable avec grand-chose…

  • La platine ne serait en alliage d’aluminium par hasard?

  • Les commentaires sont fermés.

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