3 claques aux petites entreprises

3 réformes qui vont encore alourdir le fardeau pesant sur les épaules des petites entreprises.

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3 claques aux petites entreprises

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 juin 2015
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Par Jacques Garello.

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Petites et Moyennes Entreprises, et Très Petites Entreprises : elles ont la sympathie des princes qui nous gouvernent. Elles seraient le terreau de la croissance française et le ferment de la reprise en cours ; elles créeraient des emplois. Autant de raisons pour les choyer : Monsieur Rebsamen, ministre du Travail, leur offre les services des syndicats dont elles étaient privées ; Monsieur Macron, ministre de l’Économie, leur permet d’acheter plus cher les importations d’énergie et d’équipement dont elles ont besoin et Monsieur Sapin, ministre des Finances publiques, soigne leur fiscalité.

Leur personnel enfin représenté

Les patrons de ces PME et TPE ne sont pas très avertis des bienfaits syndicaux. Voici que le projet de loi Rebsamen va permettre aux salariés de ces entreprises d’être représentés et défendus par des syndicalistes. Car tout le monde sait que dans ces PME TPE le patron est de droit divin, ignore jusqu’à l’existence du dialogue social, c’est-à-dire de la lutte des classes. Jadis, pour se prémunir de la gent syndicale, les patrons jouaient sur les « seuils » : avoir moins de 10 salariés dispensait d’avoir des délégués du personnel ; à partir de 50, un Comité d’entreprise ; à partir de 300, un CHSCT et une grande série de seuils ( 200, 500, 1.000, 2.200) s’accompagnaient de nouvelles prérogatives syndicales : crédits d’heures de délégués, journées de formation, obligations de partage des profits, etc. Les « effets de seuil «  ont été considérés comme négatifs, les employeurs se refusant à embaucher pour ne pas encourir de nouvelles contraintes sociales et syndicales. Fort heureusement, les seuils vont disparaître, au moins dans un sens : les plus petits n’échapperont pas à l’ingérence des syndicats. Alors, pourquoi cette fronde patronale, en particulier de la part de la CGPME ? Le ministre explique, entre autres arguments, que les syndicats vont pouvoir non seulement assurer la défense juridique des salariés, mais aussi permettre de développer des activités culturelles dans l’entreprise. Qui seront ces chevaliers blancs ? Assurément pas des employés de l’entreprise, trop petite pour l’exercice d’une saine démocratie participative. Mais voici une situation favorable à l’emploi dans l’activité syndicale : c’est un élément efficace de lutte contre le chômage.

Leurs coûts allégés par l’euro faible

3 claques aux petites entreprises rené le honzecNul doute que l’euro faible soit un facteur de croissance pour les entreprises françaises. Malheureusement, si nos avions, hélicoptères ou produits alimentaires se vendent moins chers dans la zone dollar, les PME-TPE travaillent surtout pour le marché national. Mais elles s’approvisionnent aussi en dollars, désormais plus chers. La facture pétrolière s’alourdit, ainsi que les importations de machines outils ou de matières premières payées en dollars. Au total, elles ne semblent pas bénéficier de cette fameuse « reprise » que l’on mesure dans les grands groupes (dont les chiffres d’affaires et les profits se font surtout à l’étranger). Ce sont des « laissées pour compte », elles n’ont pas pu s’aligner « sur les astres », comme dit Le FigEco (29 mai). Certains, qui ne manquent ni d’optimisme ni de culture économique (keynésienne bien entendu) soutiennent que l’euro faible (grâce à Messieurs Macron et Draghi) a libéré du pouvoir d’achat pour les Français : l’argent que les consommateurs ne mettent plus dans leur réservoir se dépense dans les PME TPE. Mais « la baisse du prix du pétrole ne suffit pas » dit François Asselin, président de la CGPME, qui constate en particulier que si la vente des immeubles neufs a augmenté, la baisse des mises en chantier dans les BTP est considérable ; or, ce secteur est celui qui fait vivre nombre de petits sous-traitants.

La fiscalité est stabilisée

Nous avons souvent expliqué que les performances et la compétitivité des entreprises françaises étaient obérées par le coût de la main d’œuvre, lourdement grevé par les charges sociales. Or, dans les PME-TPE, ces coûts représentent la plus lourde part des charges d’exploitation. De plus, les impôts sur les sociétés et même sur les revenus sont plus ressentis dans les PME-TPE qui ont le plus souvent la forme juridique d’entreprises individuelles. Le matraquage fiscal de ces derniers trimestres et l’instabilité des lois de finances ont dérouté tous ces entrepreneurs, ils n’ont pas la possibilité de rechercher « l’optimisation fiscale » ailleurs qu’en réduisant leur activité et leur personnel. Il faudra attendre que le taux de l’impôt sur les sociétés baisse de dix points et que la progressivité de l’impôt sur le revenu soit atténuée d’au moins vingt points pour que les entrepreneurs reprennent confiance. À juste titre Bernard Zimmern se bat depuis vingt ans pour qu’en France on libère les « business angels », ces investisseurs privés, appartenant à la famille ou aux relations, qui financent les startups et autres entreprises de faible taille grâce à des exonérations fiscales. Il n’en est rien en France, à la différence de la grande Bretagne et des États-Unis. Et en Allemagne, ce sont des entreprises de taille intermédiaire (entre 500 et 3.000 salariés) qui sont les fers de lance des exportations.

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  • L’égalitude est bien en route. Patron salarié de TPE, le syndicat, c’est vous ❗
    Donnez de la voix pour éviter le désastre.

    • Non, personnellement j’ai tout vendu : entreprises, immobilier entreprise et secondaire. Très actif dans le domaine, j’ai pu avec mon comptable d’alors, lui même officiant au sein d’un groupe national, prendre la mesure du ras le bol des entrepreneurs, notamment ma génération, ceux détenant des entreprises depuis 25/30 ans. Le constat est simple : toute cette génération a liquidé ses avoirs, lassée d’être une annexe de l’état et surtout de voir ses marges diminuer d’année en année.
      En résumé, de révolte il n’y aura pas, ce que l’on constate, chez les jeunes y compris, c’est une attitude débonnaire, le système D tourne à plein tube, le monde est open et la fuite des jeunes et retraités vers d’autres cieux est un phénomène qui s’accélère (reste : les fonctionnaires et les assistés sociaux). Les états sont conscients de ça et accélèrent de leur coté afin de continuer à taxer les citoyens expatriés. Il faudra alors, en plus d’être expatrié, changer de nationalité, sans cela il n’y aura pas de répit.

      Je pense qu’à terme, en réaction à cette folie taxatoire, la concurrence fiscale entre état de la zone euro se fera plus forte, en fait, c’est une jeu qui dépasse nos frontières, le Portugal a déjà franchit le pas, la Grèce demain, etc…

  • On est des vaches à lait !!!

    j’en ai marre de travailler pour mon voisin sans aucune protection social ni financière .

    Je connais pas mal de Chef d’entreprise qui réduise la voilure, leur travail pour payer moins d’impôts , je comprends toujours pas cette politique d’imposition excessive .

    Au final je crois que ça finira mal a force de taper toujours sur les mêmes, on finira par partir, après c’est peut être leur volonté au pays des soviet…

  • Et pour 2016, je vois un autre poids qui va encore plus créer un problème aux PME: la retenue à la source à la charge de l’entreprise, pour mieux alléger le travail de Bercy!
    Ce qui coûtera globalement 1point de PIB soit environ 1 milliard d’euros aux entreprises du secteur privé!
    Triste sort pour nos PME seules capables de créer de l’emploi!

    • Pardon, un point de PIB, c’est 20 milliards d’euros.

      • Vous remarquerez qu’ils font la même chose pour les médecins qui se transforment en fonctionnaires et auxiliaires de la sécu. Pas pour autant que les cotisations ou les impôts baissent.
        Une seule analyse possible: c’est volontaire. Il m’est souvent arrivé de m’insurger contre l’excuse de dogmatisme et autre incompétence. Quand mesure après mesure, gouvernement après gouvernement, on réduit les marges et la liberté tout en alourdissant les risques en nombre et importance ainsi que la pression fiscale et réglementaire; cela ne peut avoir qu’un objet. La réduction de cette concurrence au profit de l’économie centralisée et de connivence. Il y aura les grands groupes et les fonctionnaires supranationaux (quelques nationaux et territoriaux resteront, mais leur statut sera ultimement rogné) et les autres qui seront réduits à l’état d’indépendants de fait, quelque soit leur statut légal. Aux premiers les privilèges des dispositions extraordinaires tant du point de vue social que fiscal ou légal (non soumission aux lois communes) et aux autres une existence sous tutelle, avec des limites effectives quant au revenu et horizons sociaux indépassables. Car si on regarde bien, tout est fait pour en venir là d’une manière ou d’une autre, quel que soit le texte ou l’intention proférée.
        Je ne doute pas d’ailleurs que tout cela ne devienne très clair quand on connaitra (cinq ans après son entrée en vigueur) le détail des textes des traités si nécessaires qu’ils sont imposés aux peuples du monde entier ou presque. On fera la guerre aux autres je suppose, ceux contre qui ce n’est pas déjà le cas, ou seront rétifs à s’aligner.
        Parmi les dernières indiscrétions à ce sujet, si tant est qu’elles soient dignes de confiance, il semblerait que l’immigration nécessite la mise en place d’un nouvel organisme supranational qui aura autorité en la matière. On comprend mieux ainsi le refus obstiné de nos élites quant à débattre du sujet et de cristalliser des positions. Ce n’est qu’un exemple, mais il a trait à l’uniformisation de l’offre d’emploi.
        Un autre domaine prépondérant concernerait la médecine et en particulier la sanctuarisation des pratiques monopolistiques et anticoncurrentielles du secteur. Ne parlons pas du droit ou de la propriété individuelle, ni même intellectuelle. Quand on sait qu’il est maintenant possible de breveter des végétaux issus du vivant, préexistant dans la nature (je remercie d’avance les contradicteurs de bien vouloir être factuels et précis), on comprend que comme le disent les américains, « sky is the limit » dans ce nouveau monde hyper contrôlé qui s’annonce. Ayant détruit le capital des classes moyennes, ils cornaqueront la création des entrepreneurs. En effet, que restait-il d’autre comme source de liberté que celle d’entreprendre, si on n’avait pour horizon indépassable de tester une nouvelle personnalité à la mode? Il ne restera plus rien à l’entrepreneur s’il n’accepte pas de se conformer, acceptant d’être pris en charge de A à Z par un ensemble de structures idoines destinées à l’aider et l’accompagner pour le plus grand bénéfice de tous. Ah ces pépinières, point d’orgue du partenariat public/privé, habile mariage des contraintes d’état et de la puissance des réseaux de connivence.
        Ainsi la boucle sera bouclée. Merci de me répondre d’optimisme;-)

  • Quid d’une TPE de 2 personnes dont le patron gérant salarié ❓
    On va lui faire le coup du syndicat ❓ Imaginez l’ambiance genre coup d’état ❗

    Du délire pur ❗

  • Les commentaires sont fermés.

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