La capitalisation au secours de la répartition

Quel dommage, tout de même, que cet étrange tabou crispé autour de la capitalisation, le suspendre ferait tant de bien à tant de monde.

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La capitalisation au secours de la répartition

Publié le 2 septembre 2013
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Quel dommage, tout de même, que cet étrange tabou crispé autour de la retraite par capitalisation, le suspendre ferait tant de bien à tant de monde.

Par Michel de Poncins.

Une action de 1909

Des faits nouveaux sont intervenus sur le front des retraites.   La grande parlotte nationale annonçée par le gouvernement est bien en route. Des promesses sont formulées. Tous les moyens seront mis sur la table pour sauver la répartition ;  celle-ci est considérée comme le nec plus ultra dans le domaine des retraites car elle est supposée reposer sur un contrat entre les générations. S’ajoute la chimère de l’égalité. Constatons que ce magma idéologique fut partagé par d’anciens gouvernements ainsi que l’habitude des parlottes ne débouchant sur rien de vraiment nouveau sinon des rapiéçages.

L’existence d’un prétendu contrat est un gros mensonge. Un contrat implique une signature après négocation. Rien de tel ici. Il y eut au sortir de la guerre une action de force étatique obligeant les salariés à verser des cotisations dans des caisses spéciales, contre la promesse de toucher un jour une pension ; dans la suite, le système fut étendu à d’autres catégories que les salariés. L’exécution de la promesse elle-même dépend du bon vouloir changeant des gouvernements qui sont, pour leur part, soumis aux élections. S’ajoute la floraison des régimes spéciaux dont le nombre et la complication sont difficiles à cerner.

Vers un replâtrage

La répartition contrairement à la capitalisation est tributaire de la démographie. De ce fait, le pouvoir n’a aucun mal à sonner la trompette d’alarme pour un avenir relativement proche et chacun y va de ses statistiques plus ou moins pessimistes.

Le pouvoir, alors, pianote sur tous les paramètres comme les précédents gouvernements l’ont fait : durée de cotisation, impôts, âge de départ, charges des entreprises, CSG ; chaque note de la gamme suscite des hurlements. Les partenaires  sociaux savent bien, toutefois, que le système est à bout de souffle et qu’il faudra passer à la casserole. Le seul espoir est, après la parlotte, de passer la patate chaude à d’autres.

Dans ce paysage, il est une nouveauté, c’est la pénibilité que le pouvoir veut prendre en compte. Il dénombre dix causes de pénibilité et songe même à l’ouverture pour chacun d’un compte de pénibilité. Nous voici avec la promesse de beaux    contentieux car personne ne pourra fixer juridiquement  les degrés de pénibilité réels.

Au secours la capitalisation

Un fait nouveau est récemment intervenu. Un journaliste des médias officiels a oser poser à un syndicaliste, Jean-Claude Mailly, la question dangereuse : la capitalisation ne pourrait-elle pas être envisagée au moins à titre partiel ? Le syndicaliste l’a balayé en disant : trop tard.

Ce trop tard n’est pas vrai. La répartition détruit la richesse au fur et à mesure qu’elle se crée puisque l’argent est distribué aussitôt que récolté. La capitalisation crée la richesse par les investissements auxquels se livrent les gestionnaires soit directement, soit par des  fonds de pension.  Il est évidemment nécessaire que les épargnes contractuelles bénéficient du même statut fiscal et social que les cotisations dans la répartition. En refusant la capitalisation, nous arrivons à une situation aberrante  : les grandes entreprises du CAC 40 sont soumises au bon vouloir des fonds de pension de Californie ou d’ailleurs.

Des expériences de passage à la capitalisation ont été menées dans plusieurs pays. Celui du Chili est intéressant. Le passage reposait sur le volontariat et fut largement suivi. L’influence bénéfique sur le PIB fut telle que l’on put sans dommage payer les pensions de ceux qui étaient restés dans le système ancien.

Un aggiornamento nécessaire

Les syndicats détestent la capitalisation et adorent la  répartition. Cela se comprend car le dernier système leur  donne perpétuellement du grain à moudre. Avec la capitalisation, ils pourraient certes intervenir mais dans un esprit constructif ce qui n’est guère leur habitude.  Le pouvoir actuel étant ficelé par les syndicats va donc probablement passer à côté de sa chance.

Reste l’opposition. Elle pourrait reconnaître son erreur du passé et annoncer la capitalisation en cas de retour aux affaires. Ce serait l’Aggiornamento. Avec une communication adaptée ce pourrait être un argument électoral massif.

Y-a-il une opposition ou des fantômes ?

La question est posée.

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  • En Belgique, depuis toujours, il existe une cotisation obligatoire couvrant un strict minimum, et toute une gamme de placements libres complémentaires, et fiscalement déductibles.

  • La capitalisation partielle, laissant chacun lié à la répartition, est un piège à terme. La répartition étant inéluctablement promise à la faillite, il viendra un moment où les gouvernements ne pourront s’empêcher de piocher dans les fonds de la capitalisation pour financer le déficit de la répartition. Ceux qui auront choisi la capitalisation seront spoliés sans merci de leurs efforts passés et renvoyés à la pauvreté pour leurs vieux jours, au prétexte qu’ils seront « riches » (de leur épargne). C’est ce qui s’est passé récemment en Argentine.

    Il n’y a aucune alternative à la suppression, certes progressive mais suppression quand même, de la répartition. La suppression définitive de la répartition est un impératif économique, social, politique et moral.

    • Qu’on nous laisse le libre choix, et la répartition s’éteindra toute seule. Pas besoin de tirer sur l’ambulance.

      • Le libre choix, c’est exactement ce que je propose mais je n’étais sûrement pas assez clair. Désolé ! La capitalisation « partielle » ne laisse aucun choix. Elle n’est qu’un complément mais vous devez continuer à cotiser pour la répartition, collective, forcée et déficitaire par définition.

      • Trêve de plaisanterie… Si vous devez continuer à payer la répartition forcée sans limite par cotisation ou impôt, il n’y a pas de libre choix. Le libre choix signifie que vous pourriez choisir de ne plus cotiser du tout à la répartition. Avec un système de répartition forcée déjà structurellement déficitaire, c’est financièrement irréaliste. Rapidement, vous verriez apparaître un gouvernement mettant fin à l’expérience, spoliant l’épargne de la capitalisation pour tenter de combler le gouffre.

        Il ne faut pas avoir peur d’être réaliste parce qu’on est libéral. Le libre choix en matière de retraite implique un basculement, par un gouvernement décidé, de l’ensemble des retraites vers un système offrant diverses modalités d’épargne en concurrence. On pourrait éventuellement imaginer que subsisterait l’équivalent d’une répartition « privée ». Or, jamais un système proposant une répartition « privée », similaire à ce que Ponzi avait imaginé, ne sera considéré comme légal et leurs promoteurs iront rejoindre Madoff au gnouf pour 150 ans.

        Ceci dit, une transition progressive entre la répartition et la capitalisation est la solution pour en sortir en douceur, en libérant les plus jeunes année après année et en permettant aux seniors qui le souhaitent de sortir complètement de la répartition. Au terme de quelques décennies, la répartition disparaîtra, les derniers combattants ayant rejoint le cimetière. Mais cela ne peut se réaliser hors la détermination sans faille d’un gouvernement régalien.

  • Je pense qu’il faut s’inspirer de Singapour c’est à dire verser le salaire complet sur un compte épargne rémunéré et utilisable pour la retraite, la maladie, la perte d’emploi,les plus modestes recevant des subventions une fois le solde de leur compte épuisé.Cela est proposé par le parti libéral démocrate australien.On peut commencer pour la France par un système de compte notionnel géré par une caisse d’assurance sociale publique.Après chacun de faire ses choix!

  • « La répartition contrairement à la capitalisation est tributaire de la démographie. » => FAUX
    Lorsque la génération qui a épargné, en achetant des titres, arrive à la retraite et vend progressivement ses titres pour se procurer un revenu, ce sont les nouvelles générations d’actifs qui achètent les titres, dans le but de se constituer à leur tour une épargne pour la retraite. Par conséquent, si les deux générations sont déséquilibrées, par exemple si la nouvelle génération est moins nombreuse, alors les prix des titres baissent, et les revenus des retraités également.

    • Les deux systèmes sont également tributaire de la démographie !

      • Non, le besoin de vendre des titres est marginal. Les intérêts perçus suffisent amplement à financer des retraites déjà plus confortables que celles promises par la répartition. La capitalisation n’est donc pas dépendante de la démographie.

        Les marchés eux-mêmes ne seront impactés qu’à la marge, par l’affaiblissement du flux acheteur lié aux variations démographiques. Mais cela ne préjuge pas des variations des autres facteurs expliquant les variations de prix des titres, autrement plus prégnants que la démographie.

      • Certes, mais pas sur le même périmètre : la répartition dépend de la démographie du pays, la répartition dépend de la démographie du Monde. En effet, les titres peuvent être rachetés par les nouvelles générations d’autres pays).

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