Pour en finir avec la célèbre citation de Lacordaire

Quel libéral n’a jamais été confronté à un contradicteur lui jetant à la figure la célèbre citation de Lacordaire. Pourtant, venant d’un antilibéral, cette référence à Lacordaire ne manque pas de sel. Explications.

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Pour en finir avec la célèbre citation de Lacordaire

Publié le 31 mars 2012
- A +

Par Guillaume Nicoulaud.

Cher Monsieur Dubouchon1,

Ainsi donc, vous appelez Lacordaire à la rescousse en me rappelant que « entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, et la loi qui affranchit. »

Au risque de vous surprendre et de vous déplaire encore un peu plus : vous n’êtes pas le premier. Cette citation du Révérend-Père, voilà des années que tout ce que la toile compte d’antilibéraux primaires nous la sert, dans sa forme longue, dans sa forme abrégée ou dans une forme plus ou moins modifiée selon les circonstances. À titre personnel, elle m’a été jetée au visage par des communistes hilares, par des socialistes révolutionnaires, par des sociaux-démocrates inquiets, par des conservateurs, par des souverainistes indignés, par des nationaux-socialistes hésitants, et même par un catholique décroissant.

Je ne sais pas vraiment où vous classer dans cet inventaire – nous nous connaissons si peu – mais vous m’avez suffisamment fait comprendre votre aversion (et votre méconnaissance) de mes idées pour que je puisse, sans risque de trahir les vôtres, vous classer dans la grande famille des antilibéraux. Félicitations ! Serrez un peu au fond, il y a du monde…

Vous n’échappez donc pas à la règle : comme les autres, vous avez appelé Henri Lacordaire à votre secours et c’est une erreur. Voici pourquoi.

Tout d’abord, le moins que l’on puisse faire lorsque l’on cite un auteur, c’est de se renseigner au moins un peu sur sa personne. Dans l’exemple qui nous intéresse, vous auriez appris que le père Henri-Dominique Lacordaire n’était pas seulement le prédicateur dominicain à la foi ardente qui a restauré l’Ordre des Prêcheurs en France ; il était aussi un journaliste engagé et un homme politique qui, aux cotés de son ami Charles de Montalembert, fut un des principaux théoriciens du catholicisme libéral. Voilà qui aurait dû, comme on le dit vulgairement, vous mettre la puce à l’oreille.

Ensuite, il est de bon ton, lorsqu’on extrait une courte phrase de son contexte, de vérifier qu’on lui prête bien le sens qu’a voulu lui donner son auteur. Cette obligation s’impose naturellement d’autant plus quand on utilise le nom de ce dernier comme caution de l’idée que l’on prétend défendre. En l’espèce, cette citation extraite des Conférences de Notre-Dame de Paris s’insère bien dans une défense de la loi, mais c’est de la loi divine qu’il s’agit et, plus précisément de celle que « Moïse, descendant du Sinaï, rapportait à son peuple […] : Tu sanctifieras le septième jour, et tu t’y reposeras » (même auteur, même ouvrage). C’est du repos dominical qu’il est question.

Enfin, il peut être également utile d’avoir tout simplement lu l’auteur que l’on cite. Si vous l’aviez fait, vous n’auriez tout d’abord pas affirmé que cette citation est extraite de la 45e conférence (« De l’existence de Dieu ») : c’est faux et je vous mets au défi de l’y trouver ; c’est un extrait de la 52e conférence2. Vous avez en cela reproduit une erreur courante sur internet, une erreur colportée par des internautes qui veulent se faire passer pour plus cultivés qu’ils ne sont, et ne prennent pas la peine de vérifier leurs sources.

Mais surtout, vous auriez appris que le droit que défend Lacordaire n’est pas le droit positif mais un « droit-principe », un « droit immuable », un « droit universel » qui est, selon lui, celui qui nous a été transmis par l’Évangile. Citons Lacordaire.3 :

Car, tout droit mobile est à la merci des plus forts, quelle que soit la forme du gouvernement, que le peuple ait à sa tête un chef unique ou la majorité d’un corps qui délibère ; dans l’un et l’autre cas, le sort de tous ou au moins le sort de la minorité est sans protecteur, s’il n’existe entre le souverain et les sujets un droit inviolable, qui couvre la cité tout entière et assure le dernier des citoyens contre les entreprises du plus grand nombre et même de tous. Tant que le droit n’est pas cela, il n’est rien.

Vous auriez appris que le révérend-père Lacordaire se méfiait des gouvernements humains. Vous auriez découvert qu’il considérait que la propriété privée des moyens de production était un droit consacré par l’Évangile et qu’en priver un homme revenait à le réduire à l’état d’esclave4. Vous auriez également su qu’il s’opposait vigoureusement aux idées collectivistes dont il pressentait déjà le potentiel de dérive autocratique, qu’il se prononçait contre toute forme de redistribution autoritaire des richesses, plaidait pour une société fondée sur le libre consentement et fut un ardent défenseur de la liberté religieuse, de la liberté de l’enseignement et de la liberté de la presse.

Vous admettrez avec moi, Monsieur Dubouchon, que venant d’un antilibéral, la référence à Lacordaire ne manque pas de sel.

Bien à vous.

—-
Sur le web

Notes :

  1. Par souci de préserver l’anonymat de mon interlocuteur et, disons-le, poussé par un vieux reste de charité chrétienne.
  2. Henri Lacordaire, Conférences de Notre-Dame de Paris, tome III, 52e conférence, (Du double travail de l’homme, 16 avril 1848).
  3. Idem, 32e conférence (De l’influence de la société catholique sur la société naturelle quant au principe du droit).
  4. Idem, 33e conférence (De l’influence de la société catholique sur la société naturelle quant à la propriété ).
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  • Je cherche encore les arguments… C’est simplement le premier bipède a sortir cette phrase. N’importe qui peut la dire et cela sans faire référence à Lacordaire mais simplement en allumant son cerveau.

    • Opposer loi humaine et liberté est absurde puisque la loi humaine est nécessairement écrite par le fort, à son profit, contre le faible. Seul le droit naturel ou divin, parce qu’il s’impose à tous, préserve le faible du fort. Cette phrase ne peut avoir de sens que lue et comprise dans son contexte : la loi divine, autrement appelée morale, s’impose à tous uniformément. Si la loi humaine ne respecte pas la loi naturelle qui la surpasse, notamment le principe de liberté, elle devient immorale et illégitime.

      • « Seul le droit naturel ou divin, parce qu’il s’impose à tous, préserve le faible du fort. »
        Droit naturel ou divin…
        Vous faites une grave erreur sémantique.
        Il faudra vous expliquer combien de fois que ces expressions n’ont aucun sens ?
        Le droit est un, sinon le, concept le moins naturel qui soit.
        Si vous prenez, une minute, le temps d’observer la nature, vous découvrirez que le droit est essentiellement celui du plus fort.

        « la loi divine, autrement appelée morale, s’impose à tous uniformément. »
        Reprenons : Le DIVIN, est un concept humain, ainsi que la MORALE. C’est mots sont des symboles de choses inexistantes dans la réalité des faits, mais uniquement à travers la pensée et le langage des hommes. Ce sont donc les hommes qui en inventant ces concepts ou théories leur donnent une réalité humaine, mais non naturelle. Sans les hommes, pas de divin et pas de morale…
        Dans la nature, à tous les coups, le plus fort s’impose toujours sans qu’aucune loi ou morale, divine ou pas, n’intervienne jamais pour sauver le plus faible. Ce sont là, les faits.

        La principale activité de l’homme, depuis la nuit des temps, consiste à s’affranchir de la législation naturelle. Il construit des toits pour s’abriter de la pluie, des ponts pour enjamber les rivières, etc…
        Je trouve personnellement qu’il n’y a rien de divin dans la nature et elle n’est ni morale, ni immorale, ni amorale.
        L’homme a créé des lois qui sont exclusivement réservées à lui même. Mais attention, ceci est en train de changer. Bientôt, il sera peut être possible d’être condamné pour des, soi-disant, crimes contre la nature. Les pastèques en rêvent…
        Le droit ne peut être qu’humain, et c’est tant mieux. Ce qui veut dire qu’il peut difficilement être parfait, même s’il se veut tendre vers la perfection. Il ne peut être universelle, puisqu’aujourd’hui nous avons une petite idée de ce l’Univers veut dire et combien notre connaissance en est limitée. Toute idée d’universalité est quelque peu arrogante.

        • Je pense que vous n’avez pas bien compris le concept de Droit Naturel.

          Je reconnais que le nom peut prêter à confusion. Cependant la « nature » ce n’est pas seulement la jungle et le Roi Lion, c’est aussi la nature humaine, à savoir la composante commune à tous les êtres humains depuis l’homo sapiens. Loin de moi la prétention de pouvoir définir « la nature humaine », cependant l’expérience permet de dégager des concepts qui transcendent les conventions humaines (et notamment le droit) à travers l’Histoire, les peuples et les civilisations. Le Droit Naturel est éminemment humain, bien entendu, mais ça ne veut absolument pas dire que l’on peut le placer sur le même plan que les « droits positifs », pures conventions circonstancielles.

          Le « Droit naturel » n’est pas un droit tombé du Ciel, c’est le résultat de la raison humaine qui découvre les meilleurs moyen de régir les relations avec autrui. Il ne fait que constater (et non pas arbitrairement décréter) que le vol, le meurtre, l’inceste, etc. sont des pratiques qui mettent en péril la pérennité d’une société humaine, et qui doivent donc être proscrites si on ambitionne la prospérité et l’épanouissement de chacun. Le Droit Naturel est issu du constat de l’expression de la nature humaine à travers des milliers d’expérimentations différentes de « sociétés » qui ont plus ou moins bien fonctionné, selon qu’elle respectait plus ou moins ce Droit Naturel. Ainsi, oui le droit naturel est intrinsèquement « humain », mais n’est certainement pas une nième convention de droit positif comme vous aimeriez le penser.

          J’espère vous avoir fait comprendre un peu mieux.

        • Cher Abitbol, puisque vous essayez d’observer la nature, vous devez constater que, de même que les lois physiques existent en dehors des humains, la morale ne peut pas être propre à chaque individu. Cela ne veut pas dire qu’un surhomme aurait, seul, à connaître de la véritable morale, mais que celle-ci existe nécessairement au-delà des hommes. Vous croyez que votre liberté consiste à disposer de votre propre morale mais c’est une illusion. Peut-être une forme d’arrogance ? Vous persistez à confondre morale et éthique personnelle parce que vous n’arrivez pas à admettre que sans morale, l’éthique ne vaut pas une cacahouète et que, dans ces conditions, la vie et la liberté sont vaines.

          Vous soulignez que nous cherchons depuis la nuit des temps à nous « affranchir de la législation de la nature ». Ce n’est pas exact : nous cherchons à nous adapter à la nature du mieux possible, en la transformant très à la marge, mais pas à nous en extraire, puisque c’est impossible. Quoi que nous fassions, nous sommes « prisonniers » de l’univers physique et de ses lois… jusqu’à la mort.

          Vous parlez des lois forcément humaines et soulignez leurs dérives. Vous avez raison ! Les lois humaines qui méconnaissent la morale (ou loi naturelle ou loi divine si vous préférez) échouent dans le crime, parce qu’on ne peut pas s’extraire de la nature : les lois humaines immorales sont elles-mêmes écrites par les plus forts, toujours contre les plus faibles.

          • @ John-John et bubulle.

            Une nouvelle et dernière fois, vous faites une erreur linguistique et sémantique en parlant de « droit naturel ».
            Non, la morale n’existe pas au delà des hommes. Il ne suffit pas le le décréter pour que cela soit vrai…
            La morale est une invention de l’homme. Comme toutes les inventions de l’homme, elle a une fonction pour les hommes. Appeler cela des repaires, tout ce que vous voudrez… mais n’essayez pas d’en faire une loi de la physique, c’est tout à fait ridicule. La morale disparait dès que l’homme n’intervient plus. Je dirais même plus que pour un seul individu, un Robinson Crusoé sur son ile déserte, la morale n’est pas nécessaire.

            Je ne fait aucune confusion entre éthique et morale. Je ne sais pas où vous avez lu cela ?
            Enfin, personne ne peut dire exactement ce qu’est la morale. La morale n’est pas unique, n’est pas immuable, n’est pas universelle, etc… La morale fluctue dans le temps, dans l’espace et surtout suivant les évaluations des personnes. Que vous le vouliez ou non, nous vivons dans un monde dynamique où le statique n’existe pas. Vous vous faites une illusion de croire que VOTRE morale est partagée par tous, de tout temps, dans toutes les régions et pour les siècles des siècles. Ceci est de l’arrogance pure de votre part et explique les incompréhensions et les conflits que nous pouvons avoir avec d’autres civilisations, d’autres systèmes de pensée, et je n’ose même pas penser à ce qui arriverait si nous étions mis en contact avec des extras terrestres. 😉

          • La morale n’existe que chez l’être humain ?
            Il vous faudra passer un peu plus de temps à l’observation du Vivant.
            Les grandes règles du Vivant (survie, reproduction, etc.) sont les bases mêmes de la morale telle que conceptualisée par l’être humain.
            Bien entendu la vision que nous en avons est si poussée, étoffée et discutée, que le lien de parenté avec les règles régissant le Vivant ne nous saute pas toujours au visage quand on y repense.

            Mais repensez-y.

        • « Si vous prenez, une minute, le temps d’observer la nature, vous découvrirez que le droit est essentiellement celui du plus fort. »
          « Dans la nature, à tous les coups, le plus fort s’impose toujours sans qu’aucune loi ou morale, divine ou pas, n’intervienne jamais pour sauver le plus faible. Ce sont là, les faits. »
          Et bien non, ce ne sont pas « les faits », inutile donc d’en invoquer l’autorité.
          Dans l’agression intra-espèces (ce qui me semble être le cas ici), mais aussi inter-espèces, il n’y a pas de plus faible et de plus fort a priori. Le rapport de force (brute) est modulé par les circonstances : rapport peur/agressivité, proximité de son territoire, défense de sa progéniture …

          « Le droit ne peut être qu’humain, et c’est tant mieux. Ce qui veut dire qu’il peut difficilement être parfait, même s’il se veut tendre vers la perfection. »
          Petite question : d’où tenez-vous cette idée de perfection (selon votre logique elle ne peut être qu’humaine et donc non parfaite :
          contradiction du relativisme).

          • Abitbol,

            vous ne comprenez rien à l’origine du mot naturel dans l’expression « droit naturel » : naturel ne se rapporte pas à nature, en tant qu’opposée à culture, mais en tant qu’opposée à surnaturel – c’est-à-dire révélé par Dieu.
            Vous vous coucherez sans doute moins bête ce soir.

  • Bravo mon cher Kaplan, c’est bien envoyé !

    Voir mon article à ce propos sur Nicomaque : http://nicomaque.blogspot.fr/2012/03/de-lantiliberalisme-primaire-chez-les.html

  • 🙂 il cogne sec le marseillais !

  • Bon article !
    Inspiré au Marseillais libéral par un passage au lycée Lacordaire ?

  • Arf ! Cher monsieur Dukaplon, il eût été si bon qu’avant d’entamer votre diatribe vous vous renseignassiez sur le sens du mot « catholique libéral » au XIXème siècle. Vous eussiez ainsi appris que cela n’a rien à voir avec vos « théories » économiques, mais que cela se rapporte à la question de liberté de conscience et de religion.
    Venant d’un libéral, votre tentative de récupération de Lacordaire ne manque pas de sel.

    • Arf ! Cher monsieur JG, il eût été si bon qu’avant d’entamer votre diatribe vous vous renseignassiez sur le sens du mot « libéral ». Vous eussiez ainsi appris qu’il est loin de se limiter à l’économie et se rapporte aussi, entre autres, à la question de liberté de conscience et de religion, et que bon nombres des idées et combats de Lacordaire furent et son encore partagés par les libéraux.
      Venant d’un inculte, votre tentative de réfutation ne manque pas de sel.

      Lacordaire, pour mémoire, écrivait aussi ceci :
      « Le démocrate européen, idolâtre de ce qu’il appelle l’État, prend l’homme dès son berceau pour l’offrir en holocauste à la toute-puissance publique. Il professe que l’enfant, avant d’être la chose de la famille, est la chose de la cité, et que la cité, c’est-à-dire le peuple représenté par ceux qui le gouvernent, a le droit de former son intelligence sur un modèle uniforme et légal. Il professe que la commune, la province et toute association, même la plus indifférente, dépendent de l’État, et ne peuvent ni agir, ni parler, ni vendre, ni acheter, ni exister enfin sans l’intervention de l’État et la mesure déterminée par lui, faisant ainsi de la servitude civile la plus absolue le vestibule et le fondement de la liberté publique. »

      C’est vrai que c’est entièrement à contre-pied de Contrepoints…

  • Il faut remercier M. Kaplan de sa réponse car nous avons besoin de situer la forte phrase d’Henri Lacordaire dans son contexte, lequel était assurément différent du nôtre. Tout autant il n’est pas interdit pour M. Dubouchon de penser que l’auteur de cet « axiome », puissant et positivement révolutionnaire, nourrirait de nos jours des idées dans le sens qu’il souhaite. C’est probablement ce que bien des « catholiques décroissants » espèrent avec lui. Pour être recevable « en vérité », M. Kaplan aurait du signaler dans sa démonstration polémique et bien argumentée que le mot « libéral » depuis le début du XIXème siècle a connu une évolution sémantique en France et que le courant politique qui s’y référait alors était… « plutôt classé à gauche », « progressiste » (on choisira le lieu commun, l’analogie qu’on voudra)… Ainsi il apparaîtrait piquant à beaucoup que l’auteur expose bientôt son allégeance aux thèses d’Henri de Lacordaire et de ceux qu’il a inspirés tout en « rendant à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».
    Cela est dit sans ironie, avec le regret toutefois de noter une condescendance certaine à l’égard de M. Dubouchon; sur le fond les mots de M. Kaplan étaient utiles mais incomplets.

  • « Serrez un peu au fonds, il y a du monde… » Au fonds !!! Ou au fond ?
    Très drôle, le lapsus, venant de quelqu’un, « travaillant » pour un « fonds » d’investissement.
    Éthique, le fonds d’investissement ? Humain ? Ou une de ces innombrables machines à faire du fric ?

  • Si l’analyse de l’aphorisme est, en elle-même, assez convaincante, notamment sur le sens du mot loi, il faut toutefois faire à mon sens deux précisions :
    – d’abord, merci de ne pas faire de confusion entre liberté et libéralisme… vous donnez l’exemple de la propriété individuelle, défendue par Lacordaire. Rien d’étonnant à cela puisque la Révolution française a précisément permis de renverser une société reposant sur un morcellement des utilités des biens (les saisines), support d’une société inégalitaire et hiérarchisée. De ce point de vue, la propriété est une garantie d’indépendance et de liberté des propriétaires (notamment terriens) qui ne doivent plus de « services » au suzerain puisque ces services fonciers ne peuvent plus être imposés à la personne (art. 686 du Code civil). On peut défendre la propriété individuelle sans être le promoteur d’une économie libérale, car c’est l’être qui est protégé derrière l’avoir.
    – ensuite, je ne vois pas ce qu’il y a de pédant à utiliser une citation dans un contexte autre, à condition d’en avoir conscience. Une fois lancée, la phrase n’appartient plus à son auteur. Bref, les antilibéraux peuvent bien continuer…

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