Le retour à l’étalon-or : pourquoi et comment, expliqué par Ron Paul

Le candidat républicain à la Présidence US nous explique comment et pourquoi retourner à l’étalon-or.

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Le retour à l’étalon-or : pourquoi et comment, expliqué par Ron Paul

Publié le 30 novembre 2011
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Le retour à l’étalon-or : pourquoi et comment, expliqué par Ron Paul

Pendant que les politiciens français font les guignols pour savoir qui sera le prochain président de la ruine jadis appelée France, les politiciens américains font globalement de même aux Etats-Unis. Cependant, un candidat, Ron Paul, dont j’ai déjà parlé ici-même, se détache nettement des habituels tocards qu’on nous présente. Et la récente interview qu’il a accordée à Judge Napolitano mérite qu’on s’y attarde.

Ron Paul a ceci de particulier d’avoir toujours tenu une position semblable depuis qu’il est entré en politique, et, sur le plan économique, n’a jamais hésité à dire haut et fort ce qu’il pensait des politiques américaines actuelles en général et du comportement de la Federal Reserve Bank en particulier.

C’est ainsi lui qui réclame depuis un moment un audit complet de l’or détenu en stock dans les réserves américaines, audit qui, pour le moment, lui a toujours été refusé, plus ou moins poliment. De la même façon, Ron Paul ne croit pas dans la monnaie papier, de plus en plus dévaluée.

En revanche, c’est un avocat clair et constant de l’étalon-or. En tant que prétendant à la Maison Blanche, il explique même, dans cette interview (dont la traduction suit) pourquoi et comment retourner à l’étalon-or.

Judge Napolitano:
Voici un homme qui, à lui seul, a éduqué la nation sur les dangers d’une monnaie sans valeur, sur les dangers d’une banque centrale disposant de sa propre imprimerie, et qui continue de croire que se battre pour les libertés économiques est aussi important que se battre pour les libertés civiles. Il s’agit évidemment du membre du Congrès pour le Texas, Ron Paul, et candidat républicain à la présidence. M. Paul, c’est un plaisir de vous recevoir dans « Freedom Watch », édition spéciale sur la monnaie.

Ron Paul:
Merci beaucoup.

Judge Napolitano:
Qu’arriverait-il si vous étiez élu si nous devions retourner à l’étalon-or ? Combien de temps cela prendrait et comment procéder ?

Ron Paul:
J’aimerais bien qu’on puisse le faire en une nuit, et que nous fassions d’autres choses comme annuler l’ordre exécutif de Nixon, mais cela, en soi, ne serait pas suffisant.

Nous savons quoi faire. Nous l’avons déjà fait une fois pendant la Guerre de Sécession. Nous sommes retournés d’un standard papier à l’étalon-or, et cet événement ne fut pas si problématique. De nos jours, le gros problème est que tant les conservateurs que les socialistes ont un gros appétit pour un état large pour différentes raisons. C’est pour cela qu’ils ont besoin de la Fed pour les dépanner et monétiser la dette.

Si vous ne vous débarrassez donc pas de cet appétit, cela va être plus difficile. Mais la transition n’est pas compliquée. Vous devez remettre de l’ordre dans la maison, équilibrer le budget, ne plus faire de dettes, et vous devez promettre de ne plus imprimer plus de monnaie. C’est ce qu’ils firent après la Guerre de Sécession, cela fut accepté et nous sommes revenus à l’étalon-or.

J’aimerais disposer d’une période de transition. Simplement, légaliser la monnaie basée sur l’or, et permettre à tous de l’utiliser pour commercer. Et nous pourrons nous en sortir.

Judge Napolitano:
Je suis d’accord avec vous, mais mais j’irais une étape plus loin et remarquer que si l’or et l’argent redeviennent des monnaies, cela chassera la monnaie-papier. Qui en voudra alors que vous pouvez avoir de l’or et de l’argent pour de bon ?

Ron Paul:
S’il y avait un taux d’échange fixe, on ne paierait bien sûr pas avec de l’or. On paierait avec du papier parce qu’il chasse la bonne monnaie hors de la circulation. Mais si vous voulez un compte courant et que vous voulez commercer avec de l’or, vous y déposez votre monnaie, vous pouvez acheter et vendre de l’or, économiser en or, cela en parallèle plutôt qu’avec un taux d’échange fixe entre les deux. Si vous fixez le taux de change, ça ne marchera pas.

Judge Napolitano:
C’est un pur délire ou est-il envisageable que vous et moi, dans un futur proche, nous puissions nous pointer devant un guichet, celui-là même fermé par Nixon en 1971, et recevoir l’équivalent fixé par le marché de notre monnaie en or ou en argent ? Ets-ce que ça peut arriver ?

Ron Paul:
Oui, ça pourrait, mais vous devrez alors être complètement retourné à l’étalon-or. Et ce n’est pas pour tout de suite. Ce que nous devons faire est de rendre légal l’utilisation de l’or et de l’argent, comme la Constitution le déclare, plutôt que punir les gens qui s’y essayent.

Mais oui, ça reviendra. Je suis assez convaincu que le système que nous avons ne sera pas maintenu et c’est tout l’enjeu des quatre dernières années, c’est le motif des agitations en Europe actuellement. La question est alors : allons-nous nous tourner vers une forme constitutionnelle de monnaie, ou allons nous faire un pas de plus vers une monnaie internationale ? Au lieu d’avoir un étalon-or international basé sur le marché, allons-nous vers un standard FMI ou ONU, qu’ils contrôleront par l’usage de la force, une autre monnaie fiat ? C’est ce que pas mal de gens s’emploient à mettre en place. Je considère ceci comme un choix très très dangereux.

Judge Napolitano:
La dernière fois que vous avez proposé que la Réserve Fédérale soit auditée, vous avez obtenu l’accord de plus de la moitié de la Chambre des Représentants, et la proposition a été largement adoptée. Même certains de vos opposants idéologiques les plus farouches étaient d’accord avec vous. Comment cela se passe, au Congrès, cette fois-ci ? Allons-nous avoir un vrai audit sérieux de la Réserve Fédérale ? … Parce que tout le monde (socialistes, conservateurs, démocrates, républicains, libertariens, progressistes) en a assez.

Ron Paul:
Je souhaiterais vous dire que nous nous en sortons mieux maintenant que nous (les Républicains) avons la majorité à la Chambre, mais malheureusement, nous n’avançons pas. Parfois, les choses sont faites de façon partisanes.

Auparavant, ces propositions d’auditer la Fed venaient du sous-comité pour la politique monétaire domestique, dont je suis le président, mais à présent cela est passé dans les mains du gouvernement. J’ai poussé ce type de législation à bout de bras, mais cela veut dire que peu ont le coeur à ça, et que nous avons besoin de plus de gens pour mettre la pression sur les membres du Congrès. C’est pour cela que nous sommes allés si loin la fois précédente, parce que nous avions mobilisé les gens du peuples et qu’ils disaient à leurs représentants au Congrès qu’ils avaient intérêt à supporter la proposition d’auditer la Fed. Mais à présent, il y a bien plus de pourparlers sur un « super-comité » et comment il va pouvoir bricoler le budget en prétendant le réduire. C’est ce qui ressort des médias…

Judge Napolitano:
Quand nous nous sommes rencontrés, c’était il y a bien longtemps, vous étiez probablement le seul membre du Congrès à demander un audit de la Fed. Mais est-ce que je vous entends déclarer, congressman Paul, qu’il pourrait y avoir plus de résistance de la part des Républicains, notamment des leaders à la Chambre des Représentants, que de n’importe qui d’autre dans cette proposition législative vitale destinée à révéler des secrets que tout le monde à le droit de connaître ?

Ron Paul:
Je n’ai pas de preuves concrètes. Je n’ai pas eu de déclarations, mais je sais que j’aurais pu avoir plus de juridictions que ce que j’ai maintenant. J’en ai eu dans le passé, et les comités en ont eu dans le passé, mais c’est parti dans une direction différente, cette fois. Je crois que lorsqu’il n’y a pas d’autres recours, les leaders tant des Républicains que des Démocrates ont trop à perdre pour aller s’amuser avec la Fed, à moins d’avoir un gain politique dans l’affaire.

Judge Napolitano:
Compris. Congressman Paul, c’était un plaisir, merci de nous avoir accordé votre temps.

—-

Comme on peut le constater, Ron Paul ne se fait ici aucune illusion et sait que les enjeux politiques sont suffisamment importants, surtout en cette période de crise majeure, pour qu’un audit précis de l’or détenu par la Réserve Fédérale ait une chance d’aboutir.

En revanche, ce qu’il dit sur la possibilité de revenir à l’étalon-or permet de se rappeler que non, la mise en place d’un tel étalon n’est pas chose impossible, même en venant d’un standard « papier » et la solution qu’il préconise, par l’introduction de la concurrence directe de monnaies-or avec la monnaie papier courante serait le moyen le plus simple, le plus rapide, et surtout le mieux accepté, pour revenir à l’étalon-or.

En outre, Ron Paul a fort bien désigné le risque qui pointe clairement : celui que cette crise serve, comme le réclament les petits excités d’un Super-Etat mondial à l’instar d’Attali, de catalyseur à la mise en place d’une gouvernance mondiale, dont la monnaie, unique, obligatoire et délicieusement inflationniste, serait le moyen rêvé pour spolier les travailleurs au profit des dirigeants de cette superstructure. Et lorsqu’on lit, ici ou là, les rêves humides de politiciens écono-bouffons à la petite semaine, visant à l’avènement d’une telle calamité, on comprend pourquoi le risque évoqué par Ron Paul est qualifié de très dangereux.

On ne s’étonnera pas, du reste, de trouver de telles inquiétudes dans la bouche d’un Américain, et de telles inepties dans la bouche d’un Français ; comme je le notais récemment, tout un peuple a sciemment décidé de laisser tomber le bon sens et les bases de l’économie. Il en paiera chèrement le prix.

Ce pays est foutu. Bon courage.
—-
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  • Thomas Mayer, chef-économiste de la Deutsche Bank, propose que l’étalon étalon de monnaie soit non pas un étalon-or, mais un panier de biens de consommation. http://www.contrepoints.org/2011/10/04/48782-en-economie-je-suis-autrichien

    L’inconvénient de l’or est que sa valeur provient surtout de sa demande monétaire, et moins de sa demande pour la joaillerie ou pour l’industrie. Il en résulte une trop grande volatilité. Une des qualités d’une monnaie est une certaine stabilité de sa valeur. L’or sert de monnaie de remplacement. Cette demande quasi monétaire variable est la principale cause de sa valeur fluctuante.

    Regardons les courbes de cours des commodities sur le site web du CRB, Commodities Research Bureau. Les commodities, à l’exception de l’or, ont une valeur moyenne qui suit assez bien la valeur des biens de consommation depuis 40 ans. Un étalon de monnaie qui serait un panier d’un grand nombre de commodities rejoint donc, amha, l’idée de l’économiste Thomas Mayer.

    Un étalon de monnaie, qui serait un panier de commodities, aurait plusieurs avantages. Il est fondé sur des cours mondiaux. Il est fondé sur une production de biens utiles et variés. Il a ainsi une certaine universalité. Il est fondé sur le cout de travail de production de ces commodities. Il est fondé sur la valeur de biens servant à la fabrication de nombreux produits industriels.

    L’étalon-or a l’avantage d’être facilement compris par tous les électeurs puisqu’il a déjà été utilisé récemment comme étalon monétaire. On comprend qu’un politicien préfère un tel choix. Mais l’utilisation d’un panier de biens de consommations, d’un panier de commodities me semble être un débat nécessaire. Un des arguments contre l’étalon-or est la spéculation trop vive sur l’or.

    Néanmoins, quelque soit l’étalon monétaire, tant que l’État sera la garant de la monnaie, il la manipulera tôt ou tard. Il subit des pressions politiques dépensières auxquelles il ne peut durablement résister. Il est donc, amha, plus raisonnable de promouvoir le free banking que l’étalon-or.

    • R. Paul explique clairement qu’il faut une monnaie libre. C’est bien de free-banking qu’il parle en premier, et il dit ensuite de laisser les gens utiliser les métaux précieux s’ils veulent.

  • Il est clairement le seul candidat capable de sauver les USA. Je suis en train de lire son livre « The case for Gold », livre écris en 1981 et plus que jamais d’actualité. Sa thèse n’a absolument pas changé depuis 30 ans.

    Mais s’il venait à être élu et à mettre en place une politique en accord avec ses convictions libérales, les États-Unis entreraient en récession à court et moyen terme. Il empêcherait la croissance artificielle de l’économie US basée sur de la monnaie pas chère et bien-sûr, les dépenses gouvernementales.
    L’américain moyen croira donc que sa politique économique est néfaste alors que c’est justement la voie de la prospérité…

  • Bien dit !

    Voilà une volaille a ne pas couper le cou !

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