La surpopulation reconsidérée : une approche décentralisée

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La surpopulation reconsidérée : une approche décentralisée

Publié le 15 juin 2024
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La surpopulation est une préoccupation de longue date, qui suscite des débats sur l’avenir de l’humanité, la rareté des ressources et la dégradation de l’environnement. La tentation de recourir à des mesures de contrôle centralisées est grande. Cependant, un examen plus approfondi révèle deux problèmes majeurs liés à une telle approche.

 

Le problème éthique

La violation des droits individuels est le premier problème. Comme l’explique Murray Rothbard dans L’éthique de la liberté, les individus ont un droit inhérent à la propriété d’eux-mêmes et de leurs biens. Toute violation de ce droit est contraire à l’éthique, et injuste. Par conséquent, aucune entité, qu’il s’agisse d’un individu ou d’une organisation, ne devrait avoir le pouvoir de revendiquer la propriété de l’ensemble de la population humaine et d’en dicter la taille.

Nous avons vu les effets dévastateurs de l’ignorance de ce principe éthique tout au long de l’histoire, avec des régimes autoritaires mettant en Å“uvre des mesures sévères au nom du contrôle de la population. Ces actions ont conduit à des violations des droits individuels et à d’immenses souffrances humaines, notamment des stérilisations forcées et des politiques de planification familiale coercitives.

 

Le problème de la connaissance

Prenons l’exemple de La bombe démographique, un livre publié en 1968 qui prédisait des conséquences désastreuses si la croissance démographique n’était pas immédiatement freinée. Cependant, les prédictions du livre ne se sont pas concrétisées, en grande partie parce qu’elles ne tenaient pas compte de l’innovation et des solutions entrepreneuriales que les êtres humains peuvent générer. Cet échec souligne l’inadéquation du pouvoir centralisé face aux complexités de la dynamique démographique.

Cela nous amène au deuxième problème, que Friedrich Hayek a expliqué dans son célèbre essai intitulé L’utilisation de la connaissance dans la société. Dans cet essai, il souligne le défi que représente la planification centralisée en raison de la nature dispersée de l’information dans la société. Il affirme que les autorités centrales ne disposent pas des connaissances nécessaires pour prendre des décisions optimales pour tous. Au contraire, la prise de décision décentralisée et le mécanisme des prix peuvent allouer les ressources de manière plus efficace sur la base des connaissances et des préférences localisées des individus. Cela souligne la supériorité des solutions basées sur le marché par rapport à la planification descendante pour relever les défis sociétaux.

Mais le choix de la taille de la population humaine est-il une question économique ? Les idées de Hayek s’appliquent-elles à cette question ? Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, l’économie ne se limite pas à l’argent ou aux transactions financières ; elle englobe l’étude de l’action humaine face à la rareté. Les décisions relatives à la population impliquent que les individus et les familles fassent des choix en matière d’allocation des ressources, de modes de consommation et de planification de l’avenir. Ces décisions ont de profondes implications économiques, car elles déterminent l’offre de main-d’Å“uvre, la demande de biens et de services et la répartition des richesses et des ressources au sein d’une société.

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La dynamique des populations n’influence pas seulement la productivité, l’innovation et la croissance économique au fil du temps, mais elle sert également de catalyseur à l’action entrepreneuriale, en créant constamment de nouvelles informations et solutions.

Lorsque les individus et les familles prennent des décisions concernant l’allocation des ressources, les modes de consommation et la planification de l’avenir, ils s’engagent dans des entreprises qui s’attaquent aux nouveaux défis, y compris les préoccupations environnementales. Il est essentiel de comprendre comment ces décisions sont prises dans le cadre de la décentralisation des connaissances et des signaux du marché pour appréhender le paysage économique dans son ensemble. Les solutions entrepreneuriales jouent un rôle central dans ce processus, car elles favorisent l’adaptation et l’innovation en réponse à l’évolution de la dynamique démographique et des demandes du marché.

C’est pourquoi, même si l’interventionnisme ne semble pas tyrannique et terrifiant, il pose des problèmes en faussant les signaux du marché et en bloquant des informations essentielles, et peut avoir des conséquences néfastes. Par exemple, dans le cas de la population, les subventions et les programmes sociaux protègent artificiellement les individus des coûts réels de leurs décisions, ce qui rend impossible le calcul du prix des enfants et de toutes les alternatives possibles, perturbant ainsi les mécanismes naturels de rétroaction du marché. Cette distorsion empêche le marché de coordonner efficacement l’action humaine, ce qui entraîne un risque de surpopulation et de sous-population.

Mais cela ne s’arrête pas là ; la distorsion induite par l’intervention déclenche un cycle implacable de problèmes démographiques et d’ingérence gouvernementale. La Chine est un exemple poignant de ce cycle, où la politique de l’enfant unique, qui visait initialement à contrôler la croissance démographique, a eu des conséquences inattendues, notamment un vieillissement rapide de la population et une croissance démographique négative. Et maintenant, la solution à ce nouveau problème créé par l’intervention consiste à intervenir davantage, sans envisager la possibilité que les nouvelles interventions puissent entraîner de nouvelles conséquences imprévues.

L’histoire de la « bombe démographique » et d’autres prédictions similaires qui ont échoué démontrent qu’aucun pouvoir centralisé ne possède les connaissances nécessaires pour déterminer la taille optimale de la population humaine.

 

Conclusion

Le débat sur la surpopulation souligne la nécessité de réévaluer les approches centralisées en faveur de solutions décentralisées ancrées dans la liberté individuelle et les principes du marché. En rejetant les interventions descendantes qui portent atteinte aux droits individuels et ne tiennent pas compte des complexités de la dynamique démographique, nous ouvrons la voie à une approche plus éthique et plus efficace de la gestion des défis démographiques.

L’action entrepreneuriale, guidée par des connaissances décentralisées et des signaux de marché, joue un rôle crucial pour répondre non seulement aux préoccupations démographiques, mais aussi à des questions sociétales plus larges, y compris la durabilité environnementale. En donnant aux individus les moyens de prendre des décisions par eux-mêmes, nous favorisons l’innovation, l’adaptation et la résilience face à l’évolution des tendances démographiques.

Face à la complexité de la croissance démographique, adoptons les principes de la liberté et de la libre entreprise, en reconnaissant que le véritable progrès est entre les mains des individus, et non des autorités centralisées. Ce faisant, nous pourrons tracer la voie vers un avenir où la dignité humaine et la prospérité seront préservées pour les générations à venir.

 

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  • Plus généralement, les prédictions s’avèrent délicates quand elles concernent l’avenir.
    La bombe démographique en 1968…
    Le rapport Meadows en 1972…
    Les prophéties de Nostradamus en 1555…
    Les projections reposent souvent sur le prolongement linéaire des caractéristiques du passé, en se limitant à une seule variable. On ne sait rien faire d’autre car notre imagination est faible. Et quand en plus l’idéologie s’en mêle…
    Demain peut-être une IA pourra émettre des hypothèses plus originales et plus complètes.

    • Faire une projection a 10 ans sur une série statistique recèle une perpespective fiable notamment sur la démographie comme le fait l INSEE …..par contre a 50 ans c est tout a fait hypothétique……voir absurde…..

      • Tout à fait.
        Le malheur de nos Nostradamus modernes tient à ce qu’ils ne savent faire que ça.
        En l’occurrence prolonger la courbe démographique, toutes choses égales par ailleurs. Ce faisant, ils passent à coté du boost de la productivité, des ruptures technologiques, des inventions fondamentales (automobile, télécommunications, Internet, IA, médecine, chirurgie…)…
        Dont certaines peuvent aussi modifier les paradigmes éthiques, politiques, économiques…

  • Le seul probleme c est qu avoir des enfants n est pas un choix rationnel. Je parle pas ici du cas des pays sous developpés qui n ont pas acces a la contraception mais des gens qui chez nous font des enfants par ex pour consolider leur couple qui bat de l aile ou des femmes seules qui font un bebe PMA.
    Si certains ont les moyens (au moins actuellement, en cas de divorce c est moins sur) certains ne les ont pas et s en moquent car ils voient l enfant comme une source de revenu (les alloc) et non de depenses (car s il ne fait pas d etudes, il va pas couter tres cher). C etait par ex le raisonnement de la famille de la fameuse Leonarda

    Pour un pays, il est catastrophique d avoir des citoyens peu eduques car leurs geniteurs ne s y interessaient pas et donc legitime d essayer de reduire le probleme.

    PS: le seul interet d une population nombreuse est celle que montre Poutine en ce moment. Ca permet d avoir une armee nombreuse et de supporter de nombreuses pertes en envoyant des vagues d assaut comme a Stalingrad

    • A ceci pres que la Russie a un taux de natalité très faible avec 1,49
      La Russie a une population nombreuse mais une démographie en chute libre
      Et un taux de mortalité de 13,1

    • Je ne saisis pas votre vision de l’actuelle population russe alors que son déclin est pire que le nôtre et qu’il est une lourde inquiétude pour son gouvernement. D’autant plus pesante qu’il s’agit du plus grand territoire de la planète. Quant à son armée, on compte plus de déserteurs que de patriotes, de sorte que Poutine doit s’appuyer largement sur des mercenaires (Stalingrad, c’est du passé).
      D’autre part, le choix d’enfanter n’est sans doute pas rationnel mais pourtant certains pays le soutiennent activement et le mettent en avant pour remplir les “lacunes” européennes et africaines. On a l’idéologie qu’on peut.

  • Parler de surpopulation au niveau de la Terre c’est prématuré car nous ne savons pas la déterminer objectivement. Pour l’instant c’est un fantasme.
    En revanche, on peut parler de surpopulation localement (ville p.ex.) ou régionalement (Niger p.ex.) ou même du niveau de population étrangère sur un territoire. Ce sont là des situations réelles qui nous touchent. Les réponses sont souvent politiques comme la gestion des flux migratoires, sans doute parce que l’action entrepreneuriale des individus étrangers dans leur pays d’origine est souvent longue à se mettre en place si le contexte politique n’est pas favorable. Encore que l’individu qui entreprend de quitter son pays soulage la problématique de surpopulation (cf les irlandais pendant la grande famine).
    Comme souvent nous avons un mix voire des interactions entre initiatives décentralisées et actions centralisées.
    Notre problème est donc une question de répartition c’est à dire qualitatif que de quantité globale.

    • Les populations ont tendance à se regrouper près des côtes et des grands ports dans les régions dynamiques
      Voir les cotes est et ouest aux usa le sud est de la chine….
      Même en France avec le développement de l arc Atlantique

    • La surpopulation est pourtant facile à détecter : c’est quand dans le métro on me marche sur les pieds.

  • La démographie diminue dans le monde entier, sauf en Afrique.

    • Même si les populations chinoises coréennes japonaises diminuent…… tous les autres pays asiatiques ont une démographie en croissance idem en Amérique
      Seule l europe se rétrécit
      C est du factuel ……..🤣🤣🤣🤣🤣🤣

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