Total se fait la malle

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Total by Pascal Terjan(CC BY-SA 2.0)

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Total se fait la malle

Publié le 30 avril 2024
- A +

Alors que la France se prépare à accueillir prochainement les épreuves des Jeux Olympiques en distribuant de plus en plus largement l’argent gratuit des autres, notamment à ceux qui lui font des clés de bras, on apprend que Total, le groupe pétrolier français, envisage de déplacer sa cotation principale de la Bourse de Paris à celle de Wall Street, à New York.

Il apparaît en effet que Patrick Pouyanné, l’actuel patron du groupe, a récemment confié à Bloomberg que la question d’un changement du lieu principal de la cotation était légitime : les investisseurs anglo-saxons étant majoritaires au capital de TotalEnergies, il semblerait en effet « légitime » (selon les mots du dirigeant) de déplacer cette cotation à la bourse de New York.

Pour l’instant, le siège social resterait à Paris, mais on comprend que l’étape suivante à cette hypothétique déplacement de la cotation serait justement de déplacer aussi le siège du géant français. Bien sûr, tout ceci n’est pour le moment qu’une réflexion lancée, probablement comme un ballon d’essai pour tâter le terrain. Il n’en reste pas moins qu’elle a manifestement germé dans l’esprit des dirigeants, et que cette formulation n’est que le résultat d’un processus qui est probablement lancé depuis plusieurs années.

Bien évidemment, un tel déplacement constituerait une véritable catastrophe pour l’État français et tout ce que le pays compte de militants anti-Total, et ils sont nombreux : difficile, une fois ce groupe parti, d’aller tenter l’une ou l’autre super-taxe sur leurs super-profits de méchants super-riches pétroliers qui brûlent des ours polaires à coup de gasoil.

Et même sans parler d’une expatriation complète de cette société vers des cieux plus cléments ou, pour le dire sans euphémisme, vers des pays qui n’ont plus complètement perdu leur bon sens, et notamment un minimum de réalisme capitaliste et financier, il va sans dire que le risque d’évoquer aussi publiquement un changement de cotation serait de donner la même idée à d’autres groupes français, qui pourraient étudier avec attention les coûts et les implications d’un tel déplacement pour voir si cela peut être reproduit pour eux-mêmes…

De fil en aiguille, on pourrait avoir un CAC40 qui ne serait plus composé que des entreprises réellement captives en France, comme les banques, les assurances, les constructeurs automobiles par exemple. Riante perspective.

Mais de façon plus profonde, on comprend l’envie de Total de quitter un pays qui, très pragmatiquement, n’offre plus la possibilité à ses propres citoyens de participer à la vie financière de la nation, qui conspue ouvertement le capitalisme, l’épargne active, les fonds de placement et l’enrichissement au travers des mécanismes vertueux de l’investissement à moyen et long terme sur des technologies solides et éprouvées.

Entre la doxa gauchiste largement répandue, répétée voire professée doctement partout qui estime que chaque sou gagné par les uns l’est obligatoirement au détriment des autres, et la giboulée maintenant continue de taxes, ponctions et autres impôts sur tout ce qui constitue un revenu, une épargne et un investissement, il est assez normal que les Français, du reste assez globalement incultes en économie, n’investissent pas en bourse (et donc pas chez Total).

S’y ajoute l’actuelle guerre ouverte, physique et idéologique, contre tout ce que représente Total en matière d’énergie.

Comme il faut, pour chaque Français tympanisé non-stop par les médias et les politiciens, afficher clairement son positionnement contre les énergies fossiles et pour la lutte acharnée contre le climat qui varie et la météo capricieuse, il devient vite complètement inconcevable d’aller mettre de l’argent dans une société aussi ouvertement en butte contre cette lutte et ce positionnement. Dès lors, il apparaît logique que le groupe pétrolier se rapproche de ses clients et de ses investisseurs potentiels… Qui ne sont donc plus en France.

Enfin, il y a peut-être d’autres raisons, moins pragmatiques, qui pourraient tenir à une certaine lassitude d’essayer de réussir dans un pays qui fait absolument tout pour vous planter. Pour les gens à la tête de ce genre de groupes internationaux, et qui connaissent donc la situation économique globale du reste du monde, il y a peut-être aussi le constat entêtant que la France n’offre plus un avenir suffisamment solide et prévisible pour le groupe qu’ils entendent diriger.

Peut-on leur donner tort ?

Si ces individus se déplacent un peu à Paris et ses alentours, par exemple, il ne peut leur échapper le véritable effondrement visible de la capitale française, devenue en quelques années un dangereux dépotoir à ciel ouvert dans certains quartiers. Capitale qui peut en outre s’enorgueillir d’un impressionnant kilométrage de bouchons dont une partie est directement provoqué par la décrépitude des infrastructures autoroutières.

Quant au reste du pays, il est maintenant à la merci des mafias de différents parfums dont certaines abusent clairement de leur pouvoir de nuisance à l’approche de Jeux Olympiques qu’on pressent déjà épiques. Devant ce genre de braquage pur et simple du contribuable et de l’usager français, comment ne pas voir qu’il s’agit d’un véritable état d’esprit qui gangrène une bonne partie de la société française ?

Comment ne pas comprendre que tout le pays se tiers-mondise à grande vitesse, depuis l’observation des salaires effectifs riquiquis (on est riche à partir de 3860 euros par mois en France) en passant par son infrastructure qu’un nombre de plus en plus restreint d’individus est réellement capable d’entretenir, jusqu’aux facultés et aux entreprises publiques en monopole qui cultivent les pratiques gauchistes et le poing levé pour un oui ou pour un non, comme les pires dictatures gauchistes d’Amérique du Sud sombrant d’une révolution à l’autre ?

Comment ne pas voir que les réflexions de Total sur son devenir boursier ne sont que l’admission, discrète mais têtue, que ceux qui firent la grandeur et la puissance de la France se sont maintenant exfiltrés un peu partout ailleurs, et que le pays ne compte plus que les prisonniers d’un système qu’ils ne peuvent plus quitter, entourés par des profiteurs et des jaloux qui s’acharnent sur eux ?

Comment ne pas saisir que cette situation ne peut conduire qu’à la ruine de tous, et que l’actuelle équipe au pouvoir n’a non seulement absolument pas compris ce constat – pourtant simple – mais qu’elle semble même obstinément décidée à en aggraver les causes ?

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  • Total énergie est une entreprise internationale qui fait 95% de son cash hors de France ou elle emploie 75 a 80 % de ses salariés
    Elle vendu ses activités de distribution en Europe au canadien couche_tard ( sauf en France) et ferme régulièrement des raffineries qui ne sont pas rentables
    La France fait tout pour faire fuir ses grandes entreprises
    Ce masochisme atteint des degrés hallucinants
    Bravo P Pouyanne !!!!

    • Lorsqu’une entreprise possède toute la chaine de production, rendre les raffineries non rentables reste un choix non?
      Si elle vend le pétrole brut moins cher à ses propres raffineries, et réalise une meilleure plus value lors de la transformation, comme par miracle le bénéfice réapparait il me semble.
      C’est quand même une pratique globale et bien connue, pratiquée par toutes les multinationales, d’externaliser la plus value là où c’est le plus rentable.

      -3
      • Les coûts d exploitation des raffineries en France sont très élevés et ils s imposent à total énergie qui n a d autres choix que de les fermer au fil de l eau
        D ailleurs shell va céder ses propres raffineries françaises
        Le modèle français est une vraie catastrophe pour notre économie

  • P. Pouyanné : « la vérité c’est qu’on paye énormément d’impôts, mais dans les pays où nous produisons (Angola, …) », ce qui veut bien dire « on ne paie pas réellement d’impôts en France »…

    Je sais que le Français moyen dont je fais partie a selon h16 un niveau économie pitoyable, mais… que nous apporte vraiment le fait d’avoir cette entreprise cotée au CAC40 si les impôts ne sont pas payés en France (car pas de bénéfice sur place), et que les investissements sont fait à l’étranger (à ma connaissance les investissement ne sont pas fait dans les quelques raffineries françaises, mais bien sur les lieux d’extraction du pétrole.

    -5
    • Et la prochaine étape sera le transfert du siège social à Londres ou à Zürich.
      Et tous les français seront contents.

    • Si total rejoint la bourse de NY, bientôt le siège social suivra….
      Et les 25 000 salariés français de total se réduiront comme une peau de chagrin puisque cette entreprise ne dégage quasiment aucun cash de sa présence en France

    • @Tomtom
      Ce que ça « nous » rapporte ?
      1) Une entreprise qui produit quelque chose dont « nous » avons particulièrement besoin et qui est notamment l’une des conditions nécessaires à la prospérité (l’énergie).
      2) Une entreprise dans laquelle des Français peuvent investir facilement.
      3) Des salaires (et des « cotisations » « sociales ») pour ceux qui y travaillent (il est donc faux de dire que Total ne paie pas ou « peu » d’impôts en France, sans parler de la TVA sur les produits achetés par tous ceux qui y travaillent ou en bénéficient, de l’amoncellement de taxes payées sur les produits achetés par ses clients…).
      Par ailleurs, que « nous » « rapportent » les impôts payés en France ?
      – de l’insécurité
      – de la censure
      – de la propagande
      – le remplacement de formes de production d’énergie efficaces et bon marché par d’autres, inefficaces, chères et intermittentes
      – toujours plus de pauvreté
      – un système de santé à la ramasse
      – des transports « public » déficients quand ils ne sont pas en grève
      – un « enseignement » devenu un outil de propagande via lequel on n’apprend plus rien d’utile
      – des « investissements » n’ayant d’autre buts que pourrir la vie des gens (ronds points, ralentisseurs, radars, interdictions et contrôles en tous genre)
      – l’entretien d’une classe de parasites, qui, de façon suicidaire, ne semble avoir d’autre objet que de détruire les producteurs dont elle vit…

  • Cette décision est la conséquence de la dérive communiste de ce qu’on appelle à tort le centre droit.
    Bayrou, Le Maire, Macron, Attal… Tous socialistes !

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