Quand l’écoblanchiment trompe les consommateurs

Alors que la conscience environnementale s’intensifie, l’écoblanchiment devient une pratique de plus en plus répandue, trompant ainsi les consommateurs.

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Quand l’écoblanchiment trompe les consommateurs

Publié le 18 décembre 2023
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Chaque année, le public se soucie davantage de l’environnement. Nous sommes de plus en plus conscients de l’impact que nous avons sur la planète, du changement climatique, de la pollution et de la manière dont nous dégradons la nature. Ce qui semble être une tendance plutôt positive.

Malheureusement, certaines marques semblent plus enclines à dissimuler les pratiques néfastes pour l’environnement dans leurs chaînes d’approvisionnement qu’à consacrer le temps et l’argent nécessaires pour y remédier.

 

De nombreux exemples aux États-Unis et en Europe

L’année dernière, aux États-Unis, Kohl’s et Walmart ont dû payer une amende combinée de 5,5 millions de dollars après avoir commercialisé une gamme de produits comme étant « respectueux de l’environnement » au motif qu’ils étaient fabriqués en bambou. La Commission fédérale du commerce a constaté que ces produits « étaient en réalité fabriqués en rayonne et ne contenaient pas de fibres de bambou », ce qui les rendait beaucoup moins écologiques que ce qu’ils prétendaient être. Entretemps, il s’avère que les sacs de recyclage Hefty ne sont en fait pas recyclables, et une action collective a été intentée pour dénoncer cette pratique de commercialisation trompeuse, qui « viole les lois de Floride en présentant de manière matériellement erronée les sacs comme pouvant être recyclés ».

Le problème ne se pose pas seulement de l’autre côté de l’Atlantique, mais aussi en Europe.

La chaîne de supermarchés britannique Tesco pourrait s’être livrée à un « écoblanchiment », c’est-à-dire avoir tenté de convaincre ses clients que des produits ou des services sont plus respectueux de l’environnement qu’ils ne le sont en réalité, par le biais d’allégations fallacieuses dans le domaine du marketing. Une enquête de l’Advertising Standards Authority (ASA) a en effet révélé que la marque Tesco n’avait pas réussi à démontrer que ses hamburgers « Plant Chef » et ses aliments à base de protéines végétales étaient meilleurs pour la planète que leurs équivalents carnés, bien qu’elle semble le revendiquer dans sa publicité.

De même, l’ASA a réprimandé Alpro et Oatly, deux entreprises produisant du lait non laitier, pour ce que l’on pourrait appeler de l’écoblanchiment. L’ASA a enquêté sur cinq allégations faites par Oatly à la suite de plus de 100 plaintes, interdisant la publicité et avertissant l’entreprise d’étayer correctement toute allégation future. La marque de lait d’amande Alpro a reçu un avertissement similaire après que l’ASA ait critiqué les publicités qu’elle avait placées sur les flancs des bus et qui affichaient « Prochain arrêt, votre recette pour une planète plus saine » et « Bon pour la planète, bon pour vous » pour promouvoir son lait d’amande, malgré l’impact de sa production sur l’environnement.

Ces exemples ont été relevés par l’ASA, mais il existe de nombreux autres cas d’écoblanchiment qui passent inaperçus. Par exemple, de nombreuses marques aiment se vanter que leurs produits ne contiennent pas d’huile de palme. En effet, pour beaucoup, la production d’huile de palme est en grande partie responsable de la déforestation. Pourtant, la réalité n’est pas aussi simple. Lorsqu’une marque abandonne l’huile de palme, elle doit la remplacer par une autre huile (soja, colza, olive, noix de coco, etc.), qui sont toutes dérivées de cultures moins efficaces en termes d’utilisation des terres, ce qui signifie qu’il faut abattre beaucoup plus d’arbres pour obtenir la même quantité de produit.

 

Des consommateurs floués

Il en résulte donc qu’un produit « sans huile de palme » provoque probablement davantage de déforestation qu’un produit qui l’utilise, et non moins comme on pourrait le penser. Il s’agit d’un cas classique d’écoblanchiment. Il est évident que la plupart des gens ne passent pas des heures à rechercher les rendements des graines oléagineuses lorsqu’ils font leurs courses hebdomadaires, et ne sont donc pas conscients de la nuance. Il est probable que de nombreuses personnes verront l’étiquette « sans huile de palme » et l’interpréteront comme signifiant que la déforestation a été freinée et que quelques orangs-outans ont été sauvés. Or, il semblerait pourtant que ce soit tout le contraire.

Les consommateurs sont induits en erreur, car les marques préfèrent opter pour la facilité en changeant d’huile et en criant à qui veut l’entendre à quel point elles sont « vertes », sans prendre le temps d’examiner les faits, et d’investir réellement dans des pratiques durables. Des recherches ont été menées à ce sujet et attirent l’attention sur l’ampleur du problème. Une étude menée par une organisation appelée For Free Choice Institute a analysé des dizaines de produits alimentaires qui se vantent d’être « sans huile de palme » et a constaté qu’ils étaient systématiquement moins durables (et plus riches en graisses saturées) que les produits alternatifs comparables. Le marketing nous mène par le bout du nez.

Le fait que la sensibilisation à l’environnement progresse est un bon début, mais cela ne suffit pas à mettre un terme à l’impact préjudiciable de l’humanité sur le monde naturel. Les marques qui ne pensent qu’au court terme en essayant de tromper les consommateurs par l’écoblanchiment et en espérant qu’ils ne remarquent pas leur impact sur l’environnement ne vont pas prospérer longtemps. Les consommateurs commencent à s’apercevoir de ce jeu, et les autorités de régulation ne seront probablement pas loin derrière. Les portes se referment sur l’écoblanchiment.

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  • « Le marketing nous mène par le bout du nez. »
    Non, ce sont les escrolos qui nous mènent par le bout du nez en surfant sur les peurs des populations.
    Ce ne sont pas les industriels qui ont inventé que l’huile de palme est la plus mauvaise pour les forêts, que les produits à base de végétaux sont forcément plus respectueux de la nature, que le bio est forcément mieux…etc Ce sont des arguments provenant de l’ activisme écolo.
    Que des industriels reprennent ces arguments est logique. Qu’on leur reproche à eux que ces arguments soient faux, est un peu gonflé. C’est à nos Polpots Verts qu’ils auraient fallu le dire et les poursuivre pour fausses annonces. Mais là, il n’y a plus personne.
    Le côté positif est que cela peut faire comprendre l’enfumage de la production soit disante respectueuse de la nature mais on se trompe de responsables.
    De toute façon, les productions « bios », « durables » (…etc), commencent à avoir du plomb dans l’aile. Non seulement parce qu’elles ne sont pas si vertueuses que cela et les gens s’en rendent compte, mais parce qu’elles sont plus chères. Et les délires écolos, cela peut être acceptable en période de prospérité, en période de vache maigre, ce n’est plus prioritaire. Même pour une partie de nos écolo-bobos citadins aux discours moralisateurs.
    Quant aux problèmes de fraudes sur la qualité (bambou qui n’en est pas), ce n’est pas un problème lié au green washing, c’est de la fraude tout court. Cela a tjrs existé et a tjrs été sanctionné quand c’est découvert.

    14
  • Les consommateurs seraient floués ? Ou bien des zorros auto-désignés désirent-ils qu’ils croient l’être pour pouvoir mieux les arnaquer pour de bon ?

  • Les premiers à faire de l’écoblanchiment sont EELV et autre mouvements écologistes. Ils ne défendent nullement l’écologie mais leur envie de pouvoir. Quand vont-ils s’attaquer aux problèmes
    majeurs écologiques de la planète en manifestant (comme ils le font si bien en France en cassant tout) en chine, dans les pays de l’OPEP, au Venezuela, etc ?

  • Les marques sont pragmatiques et s’adaptent très rapidement aux tendances du marché, la grande distribution sait faire cela depuis longtemps.
    Les vrais responsables sont nos dirigeants qui véhiculent des peurs irrationnelles sur la « crise climatique » dont le responsable serait l’homme et ses rejets de CO2.
    Croyez vous qu’il soit honnête de nous vendre la voiture électrique comme propre et de justifier ainsi des primes incitatives qu’on pique dans la poche de ceux qui n’ont pas les moyens de mettre 40000€ dans une bagnole ?

  • Petite précision : la rayonne (qu’on appelle aussi « viscose ») est une matière plastique obtenue à partir de la cellulose du bois. Est-ce que l’enquête sur les produits faussement fabriqués en bambou est allée jusqu’à s’interroger sur l’origine de cette viscose ?

    • La quasi-totalité des tissus à partir de bambou sont des rayonnes. Rayonne de bambou.
      S’il y a eu amende, c’est que c’était certainement une rayonne d’une autre plante (pin, coton, etc).

  • oui et non..

    il n’est pas possible dans la grande généralité de faire un comparatif quantitatif entre deux pratiques pour dire l’une est plus écologique que l’autre…
    il faut faire un choix arbitraire pur le faire, un antinucléaire dira tout déchet nucléaire artificiel ou toute irradiation d’orgine artificiel est le « pire »..

    le seul geste de consommation écologique est l’abstience… PLUS écologique est en général impossible à determiner ..

    le choix que les gens ont toujours fait par le passé est de choisir ou d’ignorer certains impacts écologiques selon les circonstances..

    quand ils se sont voulus progressistes ils ont regardé l’impact sur la santé humaine… mais ça demande AUSSI des choix arbitraires..

    oui ça énerve…mas is suffit de ne pas s’y faire prendre..

    • C’est le rôle du marketing de nous livrer uniquement les qualités d’un produit.
      Tout dragueur fait de même.
      Il y a même des gens qui vous vendent de l’eau sans gluten !
      Alors, moins de gras de palme, c’est plus de singes à l’autre bout de la planète. Ségolène nous exhortait jadis à fuir le Nutella.
      Mais moins de gras de palme, c’est plus de chômeurs là-bas. Pas glop. Et plus d’huiles à faible rendement. Pas glop (bis).
      La perfection n’est pas de ce monde. Sauf pour les femmes naïves et les consommateurs irréfléchis.

  • « Nous sommes de plus en plus conscients de l’impact que nous avons sur la planète, du changement climatique, de la pollution et de la manière dont nous dégradons la nature »…
    Alors qu’en réalité, la réalité progresse en sens inverse. Nous n’avons probablement jamais aussi peu pollué – dans les pays développés en tout cas – depuis les années 70.
    Comme dirait l’autre, la pollution n’est qu’un sentiment.

  • C’est peut-être de l’écoblanchiment, mais la vraie fraude, c’est l’EELV-blanchiment. EELV et la myriade d’associations prétendument vertes qui justifient leurs grasses subventions par un combat qui n’a pas lieu d’être, car contre une crise qui n’existe pas.
    Mais qui en revanche coûte déjà très cher aux con-tribuables, et va bientôt coûter encore plus cher aux politiques.
    Car les jeunes sont tellement gravement endoctrinés qu’ils en viennent à casser, dégrader, bloquer, s’opposer avec une violence « décomplexée », convaincus qu’ils sont de devoir « sauver la planète » en urgence !
    Et ça, ça se paie déjà très cher en termes d’image internationale du pays, de liberté de circuler et de sécurité ; et ça va se payer encore plus cher lorsqu’il apparaîtra évident qu’ils se sont fait entuber, et que pendant cette période, ils font tout sauf s’insérer dans l’économie.
    Ce gouvernement de pleutres et de pourr.s accélère la déliquescence de la France, mais ne sera jamais responsable du désastre !
    Et il y a des gens qui publient ce genre d’articles sur Contrepoints, qui me paraissait jusqu’à l’année dernière un site d’informations un minimum plus évolué que la moyenne. La déception a commencé juste avant le changement de direction, et continue, hélas.
    Je continue de lire pour m’informer grâce aux commentaires de personnes dont j’ai repéré qu’elles sont largement crédibles, comme MichelO, cyde et d’autres que j’oublie pardon.

  • « Le fait que la sensibilisation à l’environnement progresse est un bon début, mais cela ne suffit pas à mettre un terme à l’impact préjudiciable de l’humanité sur le monde naturel. Les marques qui ne pensent qu’au court terme en essayant de tromper les consommateurs par l’écoblanchiment et en espérant qu’ils ne remarquent pas leur impact sur l’environnement ne vont pas prospérer longtemps. Les consommateurs commencent à s’apercevoir de ce jeu, et les autorités de régulation ne seront probablement pas loin derrière. Les portes se referment sur l’écoblanchiment. »
    C’est incroyablement naïf, pour ne pas dire plus, et surprenant sur Contrepoints (les autorités de régulation ne font que de la politique, et les consommateurs n’ont jamais formé un bloc uni et n’en formeront probablement jamais un, le succès en affaire n’est pas toujours corrélé avec l’honnêteté non plus, etc). Les marques cherchent à vendre, activité difficile en pleine inflation au pays des taxes et de la sobriété subie. Les médias et les politiques affirment (effectivement à tort, mais ce n’est pas le sujet) que l’huile de palme c’est caca, le lait de vache c’est caca, le steak c’est caca, tout caca sauf les graines bios de ta coop locale.
    Conclusion on met des graines bios locales un peu partout, un emballage vert et on espère vendre quelque chose. Ni le consommateur moyen ni l’industriel moyen ne se soucie de l’humanité et du monde naturel, concepts que vous auriez du mal à définir même si je vous donnais une année de réflexion et 500 pages à détailler.
    Chacun se soucie avant tout de sa vie, de sa santé, de son cercle intime, ça fait des millions d’années que c’est le cas, et je me risque à hasarder que ça durera encore comme ça le temps qu’une espèce vaguement intelligente occupera les lieux. Ceux qui s’occupent de l’humanité et de la nature avant de penser à eux, à ceux qui les entourent et aux choses qu’ils peuvent appréhender sont des fous dangereux.

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