La révolution FinTech : comment la technologie bouleverse le monde bancaire

L’émergence des monnaies électroniques défie l’hégémonie monétaire traditionnelle. La technologie blockchain incarne-t-elle la promesse d’une liberté financière inédite ?

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La révolution FinTech : comment la technologie bouleverse le monde bancaire

Publié le 8 novembre 2023
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Les innovations technologiques représentent un moteur pour le marché financier. Ce n’est pas seulement le métier de la banque qui se trouve de nos jours bousculé sur le plan technologique. C’est aussi tout le système qui est construit et organisé autour de la monnaie légale conventionnelle et qui est ancré sur un monopole monétaire tout-puissant.

Depuis leur apparition, les monnaies électroniques telles que le bitcoin ne cessent de provoquer étonnement et intérêt. En forte progression, ces monnaies issues de la technologie de la blockchain concurrencent puissamment les monnaies traditionnelles. Le phénomène d’acceptation des nouvelles monnaies électroniques anime le débat concernant la diversité et la concurrence monétaire.

Les consommateurs de services financiers sont constamment à la recherche d’innovation et de solution plus rapides et efficaces. Dans certains pays, la finance technologique offre des solutions pour favoriser l’inclusion financière. Ces services financiers innovants sont offerts par des start-ups appelées FinTech[1]. Elles bouleversent ainsi le statu quo établi depuis des siècles de monopole bancaire.

L’innovation sur le marché de la finance technologique est double[2]. Elle peut être incrémentale et permettre l’amélioration des services existants, ou radicale en créant de nouveaux modèles économiques financiers.

N’est-ce pas une explication de la différence entre les banques en ligne et les néobanques ? Le marché de la finance technologique doit susciter un questionnement profond tant sur l’évolution de la monnaie que des institutions. Ce marché dynamique modernise l’offre de services financiers mais il rouvre surtout la voie de la liberté monétaire. Le marché de la finance technologique crée de nouvelles opportunités. Il stimule la volonté de transformation digitale, diversifie l’offre de services financiers, et instaure une liberté de choix monétaire.

 

Une volonté de transformation digitale

Des frais réduits, une carte bancaire gratuite, des offres de bienvenue, grâce à leurs offres attractives, les néobanques séduisent de plus en plus de clients.

Leur niveau d’innovation diffère selon la règlementation des pays.

En France, une néobanque telle que N26, Revolut ou encore Nickel, est un établissement de paiement ayant obtenu un agrément de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). Elle propose une offre bancaire entièrement dématérialisée avec un accès 100 % mobile. Quant à Memo Bank, il s’agit d’un établissement de crédit régulé par l’ACPR et la Banque centrale européenne. Dans ce cas, on parle d’une banque en ligne. Memo Bank aide les chefs d’entreprise à gérer leur trésorerie et à financer leurs projets.

La finance technologique transforme progressivement le secteur bancaire traditionnel. Elle fait réagir les banques traditionnelles qui tentent d’innover au travers de trois prismes : rapidité, fluidité et efficacité. Elles n’hésitent pas à acquérir et lancer des banques en ligne. Goldman Sachs a, quant à elle, lancé Marcus, une banque de dépôt 100 % en ligne, qui rencontre un grand succès aux États-Unis et à présent en Angleterre.

Les banques françaises ont, elles aussi, réagi vigoureusement avec de nombreuses acquisitions :

  • le Crédit Mutuel Arkéa a racheté la cagnotte en ligne Leetchi et détient 80 % du capital de Pumpkin ;
  • BPCE a pris le contrôle de Pot Commun et Fidor ;
  • BNP Paribas a fait l’acquisition de Compte Nickel ;
  • la Banque Postale a pris sous son aile KissKissBankBank & Co ;
  • Natixis a racheté Dalenys, la Société Générale Boursorama et Treezor.

 

La transformation digitale des banques traditionnelles dépasse le simple phénomène de dématérialisation. Elle est bien plus profonde. Elle est de nature institutionnelle. Le cadre  réglementaire souple constitue le fondement du modèle économique des néobanques.

Cependant, une réglementation plus rigide permet toujours à la banque traditionnelle d’obtenir la confiance de certains clients. Aujourd’hui, la révolution technologique dans le domaine financier met en doute ce type de modèle économique. Ce n’est pas pour rien que les banques traditionnelles travaillent d’arrache-pied pour suivre le rythme infernal des FinTech qui les poussent sans cesse à renouveler leur modèle économique. Cette dynamique conduit inéluctablement au débat sur la place de la liberté dans le système financier.

 

Une diversité de l’offre de services financiers

Les innovations technologiques reposent sur de nouveaux modèles économiques. Paiement mobile, financement participatif, gestion de l’épargne, assurance et crédit, sont autant de solutions nouvelles proposées par des entrepreneurs. Elles ouvrent de nouveaux horizons en matière financière. Ces dernières années, le marché de la finance technologique asiatique s’est montré particulièrement dynamique[3]. L’existence d’une concurrence explique l’expansion des offres innovantes de services financiers et rend progressivement les prestations FinTech accessibles à plus de consommateurs.

Les nouvelles technologies offrent de nouvelles opportunités. Elles donnent une entière liberté, allant de la simple vérification du solde au transfert d’argent. Cette liberté permet à l’usager de choisir la néobanque qui lui correspond le mieux. Une ouverture de compte simplifiée, des coûts réduits, une gestion autonome et simplifiée, la disponibilité des conseillers et la grande flexibilité représentent autant de caractéristiques pouvant attirer des consommateurs. La diversité de l’offre de services financiers dépend du degré de liberté.

L’environnement institutionnel du marché joue un rôle déterminant dans l’offre de services financiers. De nos jours et grâce aux néobanques les paiements dématérialisés ont fortement progressé, mais à une vitesse différente selon les pays.

Par exemple, l’essor en Inde des paiements dématérialisés à l’aide d’un téléphone mobile s’explique par le travail collaboratif étroit entre la Reserve Bank of India (RBI), l’opérateur national des paiements (National Payments Corporation of India), les banques commerciales et les FinTech. Ces dernières ont directement contribué à augmenter le taux de bancarisation. Les paiements transfrontaliers en monnaie étrangère deviennent alors possibles. Le succès local d’Unified Payment Interface (UPI) et des cartes RuPay, en matière de paiement en Inde servent de catalyseur à la création d’une monnaie numérique de banque centrale[4].

Le projet Bakong, piloté par la banque nationale du Cambodge, utilise la blockchain. Il ne s’agit pas pour l’instant d’une nouvelle monnaie électronique. La plateforme vise avant tout à faciliter les paiements mobiles et les transferts d’argent en dollar et en riel. Le Cambodge mise sur la blockchain pour réduire sa dépendance au dollar. Le recours aux FinTech proposant des cryptomonnaies représente une solution viable pour ce pays.

Aujourd’hui, certaines néobanques proposent des solutions de prêts avec des taux d’intérêt relativement bas comparés au marché traditionnel. À Hong Kong, OKX est devenu une référence pour le lending crypto. Entre crainte et opportunité, des établissements européens proposent à leurs clients d’investir des services financiers en cryptomonnaies. On peut citer Revolut, Vivid Money ou encore Lydia, une FinTech française. Il ne faut pas dissocier le développement des FinTech de l’évolution spontanée de la monnaie.

 

Une liberté de choix monétaire  

Le développement de la monnaie électronique sur le marché de la finance technologique offre une liberté de choix monétaire aux consommateurs[5].

Il existe de nos jours plus de 10 000 monnaies électroniques qui sont assorties de systèmes de paiements qui coupent le cordon ombilical avec les monnaies légales. Les FinTech dispensent de passer par les circuits bancaires traditionnels tout autant que du recours aux banques centrales, et vont jusqu’à s’adresser à l’économie mondialisée.

La monnaie électronique est l’expression d’interactions sociales qui s’articulent dans un monde à finalité ouverte. Le jeu des interactions individuelles permet d’expliquer l’émergence spontanée de la monnaie électronique. Le fait notable est que son avènement, ainsi que son adoption et son fonctionnement dépassent le défi de la dématérialisation financière.

Ce qui est fondamental ici, c’est la concurrence comme procédure de découverte. La concurrence est un processus cognitif  « d’essais et d’erreurs » d’un entrepreneur. Ce dernier « apprend » son marché de façon épistémique[6]. Aujourd’hui, cette concurrence s’exerce sur le terrain monétaire, et permet de découvrir quelles sont les monnaies qui servent le mieux les acteurs de la vie économique.

Le développement de la technologie des transactions réglées en cryptomonnaies se poursuit inexorablement[7].

L’explication économique évidente est que les avantages qu’en retirent les utilisateurs excèdent les coûts. Cela correspond au principe qu’exprimait clairement Carl Menger[8] :

« Il n’existe aucune autre manière d’éclairer un individu à propos de ses intérêts économiques que de le laisser percevoir le succès économique de ceux qui emploient les moyens convenables pour atteindre les leurs ».

Aujourd’hui, les décideurs politiques sont dans l’incapacité technique d’obstruer les chemins de la découverte entrepreneuriale. Il a été démontré, en théorie et en pratique, que les systèmes monétaires libres sont aptes à innover et à offrir des monnaies saines. Il a été aussi démontré que les systèmes monétaires avec banques centrales financent la dette publique et génèrent de l’inflation. Avec le temps et sous l’effet de la concurrence, les monnaies électroniques en circulation constitueront vraisemblablement des monnaies saines. Sonnera alors le glas de la politique monétaire et de la souveraineté monétaire.

 

Conclusion

Nous assistons à de véritables révolutions dans l’utilisation de solutions financières digitales avec des conséquences notables sur notre société. Les outils financiers numériques se répandent rapidement, d’autant plus dans les pays émergents où les systèmes de financement sont les moins développés.

Aujourd’hui, l’inflation et le ralentissement de l’économie font prendre conscience de la nécessité de changement dans les habitudes financières. Dans cette situation, le marché de la finance technologique dispose d’un potentiel de croissance élevé. La question importante est de savoir si les décideurs politiques parviendront un jour à dévier – voire à bloquer – l’évolution  qui se manifeste dans le domaine monétaire. Pour cela, il faudrait parvenir à stopper les entrepreneurs en monnaies électroniques. Ne serait-il pas plus facile de promouvoir la liberté d’entreprendre afin de créer de nouvelles opportunités de marché ?

[1] Comme Financial Technology.

[2] En 2022, la France dénombrait plus de 900 entreprises innovantes de services financiers. De plus, le montant des levées de fonds des FinTech françaises était de 2,4 milliards d’euros (source : France FinTech).

[3] Le développement des start-ups technologiques à Singapour, Hong Kong, Dubaï et d’autres pays asiatiques est considérable.

[4] 200 millions, c’est le nombre de transactions quotidiennes sur le système de paiement instantané indien UPI enregistrées en mai 2022. 900 milliards d’euros, le montant des transactions réalisées sur UPI en 2021, soit 31 % du PIB de l’Inde.

[5] https://coinmetrics.io/

[6] Hayek F (1945), « The Use of Knowledge in Society », American Economic Review, Vol 35, n°4, September, pp. 519-530.

Hayek F (1948), « The Meaning of Competition », In: Friedrich A. Hayek, dir., Individualism and Economic Order, University of Chicago Press, Chicago.

[7] D’après coinmetrics, il y a 19,5 millions d’unités bitcoin en circulation, soit une capitalisation boursière de près de 725 milliards de dollars. De plus, il y a aujourd’hui près de un million adresses Bitcoin actives. Il s’agit d’un indicateur permettant de suivre l’évolution de l’adoption du Bitcoin dans le monde.

[8] Menger, C. (1892) « On the Origin of Money », The Economic Journal, Vol. II, N° 6, pp. 239-255.

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