Le revenu universel pour corriger les inégalités historiques de propriété ?

Plutôt que de fonder le revenu universel sur le droit à la dignité, Aurélien Montlaur propose une autre ligne de défense qui s’appuie sur la tension entre, d’une part, la théorie libérale de la propriété, et, d’autre part, la réalité historique de l’accès à la propriété dans nos sociétés.

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Le revenu universel pour corriger les inégalités historiques de propriété ?

Publié le 21 septembre 2023
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Dans une tribune publiée dans Le Monde à l’occasion de l’annonce, par le gouvernement, d’un projet de loi visant à conditionner le versement du revenu de solidarité active (RSA) à un accompagnement intensif de ses bénéficiaires en entreprise, Rafaël Amselem et Lucien Guyon défendent une intéressante conception du droit à la dignité, qui puise sa source dans l’idée, issue de la pensée de Paul Ricœur, que « quelque chose est dû à l’être humain du seul fait qu’il est humain », et qui impose donc de garantir à chacun la reconnaissance de son humanité en lui assurant de façon inconditionnelle une subsistance minimale.

Si nous sommes d’accord sur le fond avec leur position, il nous semble qu’il n’est pas évident de fonder cette obligation positive pour la collectivité sur la dignité d’autrui – ou du moins cette argumentation risque-t-elle, nous semble-t-il, de ne pas emporter la conviction de toutes les sensibilités libérales, notamment en raison des questions (légitimes) que cette proposition peut susciter au regard de la protection du droit de propriété, et en particulier de la mise en œuvre d’une action coercitive pour assurer l’effectivité de ce droit à la dignité.

C’est pourquoi nous proposons ici une autre ligne de défense de l’instauration d’un revenu universel sans contrepartie, fondée non pas sur une argumentation morale au nom de la dignité humaine, mais plutôt sur la tension entre, d’une part, la théorie libérale de la propriété, et, d’autre part, la réalité historique de l’accès à la propriété dans nos sociétés.

 

Le substrat illibéral de l’accès à la propriété dans l’Histoire

Pourquoi établir un lien entre droit de propriété et revenu de base ?

L’octroi d’un revenu minimal inconditionnel ne repose-t-il pas davantage sur la reconnaissance de la nécessité morale de prendre en considération le dénuement absolu que sur l’appréciation plus juridique de la répartition des droits de propriété au sein de la société ? Il s’agit ici de montrer que le revenu de base peut être conçu comme un mécanisme visant à compenser, dans le présent, linjustice des systèmes d’appropriation illibéraux de la propriété ayant existé par le passé.

Tout d’abord, il existait des barrières évidentes à l’accès à la propriété.

Sous l’Ancien Régime, cette dernière n’était d’ailleurs pas entendue au sens, dérivé du droit romain, qu’elle a recouvré depuis la Révolution (usus, abusus, fructus) : il existait alors plutôt une superposition de droits de propriété plus ou moins définis, le seigneur bénéficiant de droits de propriété « éminente » lui conférant le pouvoir d’exiger des redevances sur les paysans, y compris ceux qui n’étaient pas métayers.

L’attribution de la terre était soumise à l’arbitraire du pouvoir royal et féodal, et la simple idée d’une concurrence dans l’accès au marché de la propriété foncière était inconcevable. De même, l’accès aux offices administratifs était conditionné au bon plaisir du monarque : outre le caractère discutable de ce mode d’attribution des emplois publics sur l’efficacité de l’exercice de ces charges, leur nature progressivement devenue héréditaire constituait un des nombreux exemples de barrières rendant alors inenvisageable l’existence d’un véritable droit égal de propriété.

Il n’est d’ailleurs pas surprenant que les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen aient pris soin de préciser, dans son article 6, que tous les citoyens « sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics ».

Par ailleurs, l’instabilité et l’insécurité caractérisant les droits de propriété constituent également un facteur ayant privé les individus de la possibilité d’en bénéficier de façon égale.

La nature relativement indéterminée de cette forme de propriété foncière était susceptible d’aggraver le caractère inégal des rapports entre propriétaires, au bénéfice des nobles. De façon plus fondamentale, s’il est évidemment impossible de disposer de données précises sur la répartition de la propriété foncière à des époques encore plus antérieures, il va de soi qu’elle était largement soumise à l’arbitraire des barons et, surtout, du roi, et donc de l’État : guerres, abus de pouvoir, caprices du Prince constituent autant de facteurs d’instabilité de la propriété. Retenons pour seul exemple l’abrogation, en 1685, de l’édit de Nantes, qui prévoyait la confiscation au profit de la couronne des biens des huguenots contraints de quitter le royaume.

Par conséquent, à la veille de la Révolution, la propriété foncière était divisée comme suit :

  • entre 20 et 25 % de terres appartenaient aux nobles, ces derniers représentant entre 100 000 et 150 000 personnes, sur 28 millions d’habitants ;
  • entre 10 et 15 % à l’Église ;
  • 20 % de la propriété foncière à des bourgeois ;
  • le reste étant la propriété de paysans-tenanciers au statut très variable et aux droits plus ou moins bien assurés.

 

Être libéral en héritant d’un système illibéral

Pourquoi s’intéresser à des systèmes illibéraux par définition caducs ?

Si les progrès du libéralisme ont permis de reconnaître à chacun un droit d’accès égal à la propriété, il n’en demeure pas moins que la situation de l’individu d’aujourd’hui qui descend de ceux qui, quelques générations auparavant, étaient légalement exclus, ou tout au moins défavorisés dans la course à la propriété matérielle par une législation illibérale, peut en subir, à des degrés divers, les effets a posteriori.

Pour parler en termes économiques, nous considérons qu’il existe aujourd’hui, en matière d’accès effectif à la propriété matérielle, une distorsion de concurrence qui résulte de la perpétuation, pendant des siècles, d’un régime illibéral ayant largement entravé l’exercice de ce droit par une large partie de la population.

Pour autant, quelle solution libérale peut être envisagée pour compenser cette distorsion de concurrence ?

La question est d’autant plus cruciale que le risque d’aggraver une situation partiellement illibérale en adoptant des mesures encore plus illibérales est grand en la matière.

Il est en effet essentiel de ne pas violer les droits des individus dans le présent au nom d’injustices causées dans le passé, ni d’attenter de façon disproportionnée à la sécurité juridique, principe essentiel pour garantir la stabilité des relations interpersonnelles et la capacité des individus à anticiper et à prendre des décisions engageant leurs projets individuels. En outre, si, selon le mot – peut-être apocryphe – de La Bruyère, chacun « descend d’un roi et d’un pendu », distinguer clairement les créanciers (à savoir les héritiers de ceux ayant bénéficié d’un système illibéral en matière de propriété) de leurs débiteurs est évidemment impossible. L’expropriation doit ainsi être écartée, notamment car une telle mesure, manifestement disproportionnée et donc contraire aux exigences posées par l’article 17 de la Déclaration de 1789, imposerait des contraintes excessives à certains de nos contemporains pour une situation qui n’est pas de leur fait, créant de plus un précédent dangereux.

La meilleure politique en la matière consisterait donc précisément en l’établissement d’un revenu universel.

Cette solution présenterait l’avantage de la simplicité, puisqu’elle élimine d’emblée le problème de l’identification des personnes devant bénéficier d’un mécanisme de compensation ; de plus, son caractère permanent vise à corriger sur le temps long une distorsion de concurrence particulièrement enracinée.

Le revenu universel prendrait ainsi acte de cette distorsion, et reconnaîtrait donc une forme de dette de l’État vis-à-vis de ses habitants les plus défavorisés due aux entraves légales qu’il a mises en place par le passé, sous la forme d’un filet de sécurité susceptible de les aider à subvenir à leurs besoins de base et de soutenir, sur le long terme, un rééquilibrage de la concurrence entre individus au sein de la société, en estompant le préjudice hérité par les descendants de ceux qui ont subi ces entraves à l’exercice du droit de propriété.

Enfin, cette aide non distorsive pourrait être financée via des impôts eux-mêmes peu distorsifs, telles qu’une taxation de la propriété du sol (la fameuse Land Value Tax des georgistes), ou des impôts plus élevés sur les successions, sous réserve, naturellement, qu’ils présentent un caractère proportionné et non-confiscatoire compatible avec une perspective libérale.

 

En conclusion, il n’y a pas lieu d’opposer les deux fondements, l’un d’ordre moral, l’autre de nature concurrentielle, du revenu universel : multiplier les arguments me semble en effet être le meilleur moyen de convaincre le plus grand nombre, au-delà des frontières idéologiques et philosophiques.

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  • Faire une injustice aujourd’hui pour compenser une injustice d’il y a plus de 200 ans, fallait y penser.
    Les libéraux sont pour la responsabilité, je ne suis responsable de rien des injustices de l’ancien régime. D’autant que l’église et les nobles d’aujourd’hui n’ont plus 30 à 40% des terres; les biens ont été confisqué à la révolution.

    • Exact. Et puis, qui va financer le revenu universel ? Le jour où ce revenu est mis en place, 80% de la population va arrêter de travailler et les 20% restant partir à l’étranger. Des lors, à quoi ça sert de travailler ?
      On le voit déjà avec le RSA : ceux qui y ont pris goût, y restent ad vitam eternam. D’où la difficulté de les remettre au boulot. Pour faire technicien de surface ou plongeur dans un restaurant, pas besoin de formation. Mais ces Jobs sont réservés aux immigrés pendant que les Français se reposent au RSA.

      • Avatar
        Alain Cohen-Dumouchel
        21 septembre 2023 at 13 h 27 min

        « Le jour où ce revenu est mis en place, 80% de la population va arrêter de travailler ».
        Les héritiers ne travaillent pas moins que ceux qui n’ont rien. Ils ont même tendance à travailler plus pour faire fructifier leurs biens.
        Argument non recevable.

        • Quels héritiers ? Aujourd’hui, on hérite à l’âge de la retraite. En revanche, ceux qui touchent RSA, chômage, stages de formation, aides diverses, en gros les 60% qui touchent plus qu’ils ne contribuent, travaillent le minimum en évitant soigneusement de passer de l’autre côté. Que ces 60% en deviennent 80 en cas de RU semble parfaitement plausible. Et que rester devienne impossible pour les 20% restants, avec une pression fiscale et sociale à plus de 60%, tout pareil.

  • Voilà une curieuse manière de défendre le revenu universel auprès des libéraux.
    Cette idée, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle est tirée par les cheveux, serait, de même que la position morale basée sur la dignité, extrêmement dangereuse si elle devait être reprise et étendue dans ses implications par un gouvernement collectiviste.

    Bastiat avait assez bien résumé le rôle assez universellement acceptable de l’intervention de l’Etat :
    « Pour moi, je pense que lorsque le pouvoir a garanti à chacun le libre exercice et le produit de ses facultés, réprimé l’abus qu’on en peut faire, maintenu l’ordre, assuré l’indépendance nationale et exécuté certains travaux d’utilité publique au-dessus des forces individuelles, il a rempli à peu près toute sa tâche. » (À MM. les électeurs de l’arrondissement de Saint-Sever)

    Si Bastiat n’a pas inclu la solidarité dans ces rôles acceptables de l’Etat, d’autres grands penseurs libéraux comme Hayek et Friedman l’ont fait, et ce principe d’une organisation de la solidarité par l’Etat plus rationnelle, plus efficace et moins coûteuse que l’actuelle, pourrait être admise par le plus grand nombre y compris chez une grande partie des libéraux, dont on sait par ailleurs que leur avis n’ayant plus une grande influence c’est plutôt à eux de s’adapter, avec des arguments simples, s’il veulent avoir une chance de pouvoir diffuser leur philosophie dans l’opinion publique.

  • bon article du monde . ah non m… je suis sur contrepoints…
    Le revenu universel oui . Mais , pour le financer , uniquement avec le retrait de l’état de tout ce qui n’est pas régalien et suppression de toutes les dépenses sociales remplacées par une alloc pour tout citoyen sans aucune condition. Et sûrement pas comme le préconise l’auteur par des hausses d’impôts propres à la gauche et aux macronistes

    • Avatar
      Alain Cohen-Dumouchel
      21 septembre 2023 at 13 h 32 min

      Oui, mais du coup, si l’État donne un revenu universel inconditionnel, il ne se limite plus à ses fonctions régaliennes.

      • le ru inconditionnel reste une utopie . le ru décrit par l’auteur est une version très macron – socialisante ( pléonasme)

  • En gros l’article justifie le revenu universel en disant que certaines personnes il y a plus de 200 ans ont subi une injustice. Et que quand bien même on ne peut identifier leurs descendants, une rétribution serait distribué aux plus pauvres car ce sont eux qui en seraient les descendants. Et que cette justification serait meilleure que la justification morale habituelle du RU!
    Cet article est une blague. Pourquoi ne pas considérer les injustices plus récentes? Prenons Louis Renault. Il a été exproprié pour collaboration (passons sur la question de la justification). Pourquoi l’entreprise n’a pas été rendue à ses descendants? On peut là pourtant estimer précisément l’injustice et qui sont les victimes. Mes arrières arrières grands parents ont perdu un immeuble entier du aux destructions de la 1ère guerre mondiale. Il n’y eu aucune compensation pourtant.
    Les patrimoines durent environ 3 générations, plus dans une société bloquée comme la France par les monopoles d’état. C’est là qu’il faut agir. Briser les rentes, briser les monopoles publics, faire que tous puissent (en fonction de leurs capacité et leur envie…) devenir riches en une seule vie. Ainsi la justification que « je suis pauvre car mon père l’était » ne tiendra plus.
    Au contraire, le RU risque de renforcer cette dépendance générationnelle à l’aide publique. La seule justification qu’il peut avoir est morale, car patrimonialement, c’est un vol, vol qui n’est pas compensé par un soi disant vol diffus d’il y a 200 ans.
    Pour rire je propose la compensation suivante. Que chaque français donne équitablement à tous les français x€ de son patrimoine. Tous sont redevables (car descendants d’extorqueurs), et tous sont indemnisés (car descendants d’opprimés). Je vous laisse calculer combien vous gagnerez en net après cette opération.

  • Imaginons un francais qui vient d’obtenir sa naturalisation. Il aurait droit au revenu universel également parce qu’il y a 200 ou 300 ans il y avait des inégalités de droits ?
    Que dire de tous les enfants ou petits enfants francais aujourd’hui mais de parents immigrés ? Ils auraient les mêmes droits sans jamais avoir subi de préjudices?
    Et s’il y avait un revenu universel pendant combien de temps ? Est ce qu’il serait vraiment universel ou réservé aux non descendants de nobles ?
    Bref, l’argumentation ne tient pas la route.

    • en imitiant l’auteur, ces immigrés ont aussi subi le préjudice de la colonisation. On ne peut pas estimer les concernés, mais sûrement que les plus pauvres aujourd’hui sont les descendants des plus touchés autrefois. On ne peut estimer le montant, mais sûrement qu’il doit être lié aux revenus de ces descendants, donc ça marche aussi. Enfin, on ne peut pas calculer la différence de préjudice avec les français pure souche, alors autant faire tout le monde pareil.

  • Encore un torchon communiste basée sur une ineptie temporelle !
    Comme si les riches propriétaires d’aujourd’hui l’étaient grâce à leurs ancêtres sous la révolution !!!
    C’est parfaitement inepte !
    Sur le revenu universel, tout a été dit il y a plus de 50 ans par Ayn RAND, pourquoi y revient-on encore, surtout sur contrepoints ???
    Je cite Ayn RAND :
    « Dans la mesure où les choses dont l’homme a besoin pour survivre doivent être produites, et où la nature ne garantit le succès d’aucune entreprise humaine, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de garantie d’une sécurité économique. L’employeur qui vous donne un emploi n’a aucune garantie que son entreprise va rester en activité, que ses clients vont continuer à acheter ses produits ou services. Les clients n’ont aucune garantie qu’ils auront toujours la capacité et l’envie d’échanger avec lui, aucune garantie de ce que leur besoins, choix et revenus seront dans le futur. Si vous vous retirez dans une ferme autonome, vous n’avez aucune garantie vous protégeant des conséquences d’une inondation ou d’un ouragan sur vos terres et vos cultures. Si vous laissez tout aux mains du gouvernement et lui donnez tout pouvoir pour planifier l’économie dans son ensemble, cela ne garantira aucunement votre sécurité économique, mais garantira l’abaissement de la nation entière à un niveau de pauvreté misérable – le résultat pratique que toutes les économies totalitaires, communistes ou fascistes, ont démontré.
    Moralement, la promesse d’un impossible « droit » à la stabilité économique est une infâme tentative d’abrogation du concept de droits. Elle ne peut signifier et ne signifie qu’une seule chose : la promesse de réduire en esclavage tous les hommes qui produisent au bénéfice de ceux qui ne travaillent pas. « Si certains hommes ont le droit de bénéficier des fruits du travail des autres, cela signifie que ces autres sont privés de droits et condamnés à travailler en esclaves. »* Il ne peut y avoir de droit de réduire en esclavage, i.e. de droit de détruire les droits. »
    Ayn Rand, « The Ayn Rand Letter » ; *Ayn Rand, « Capitalism: The Unknown Ideal ».

    • Avatar
      Alain Cohen-Dumouchel
      21 septembre 2023 at 13 h 35 min

      Traiter de « torchon communiste » tout point de vue libéral divergent ressemble à l’attitude de cette gauche qui traite d’extrême droite tout ce qui ne lui ressemble pas.

      -6
      • @ Alain :

        « Mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde » Camus.

        Il suffit donc de se dire libéral, et ensuite affirmer que le goulag et la fin de la propriété privée c’est bien, et cette affirmation ne deviendrait qu’un point de vue libéral divergent ?

        Il vous faut approfondir ce qu’est « être libéral » et ce qu’est » être socialo-communiste ».

        Allez, je vous aide, cela ira plus vite : un libéral défend la propriété privée, un socialiste détruit la propriété privée.

        Une fois que cet axiome est compris, il est facile de voir ce qui est libéral de ce qui ne l’est pas.
        Bien cordialement,

  • « Celui qui ne travaille pas ne doit pas manger » Lénine

    • « Car, lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément: Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. »
      Saint Paul — 2 Thessaloniciens 3:10-13

  • Le revenu universel est une monstruosité socialiste et anti-libérale par principe et définition. J’ai du mal à comprendre pourquoi ce sujet continu de susciter tant de vocation de la part de soit disant libéraux. Mais bon, admettons.
    Mais vouloir financer un REVENU (universel de surcroit, imaginez un peu les volumes de financement à dégager), en taxant un CAPITAL (taxe sur le foncier, taxation des succession), c’est tout bonnement absurde, foncièrement anti-libéral, et totalement illusoire.
    Lire cela dans contrepoints me laisse bouche bée…

  • Dans Voyages d’un philosophe au pays des libertés, Gaspard Koenig définit trois justifications principales pour un revenu universel.
    Deux mauvaises. Une bonne.
    1. Le mythe de la fin du travail. Avec l’automatisation de la production. Le RU est alors une rente sur la production automatisée. C’est Hamon 2017 avec sa taxe sur les robots.
    2. La juste compensation. Pour la perte de notre héritage naturel. Perte d’une nature offerte à tous avec l’irruption de la propriété privée. Ou utilisation par quelques uns d’un capital social commun (ressources naturelles, connaissances…). Etc. C’est le ressort de cet article.
    3. L’élimination de la pauvreté. Dans cette optique, le RU remplace l’assistanat fléché et conditionné par l’Etat. Et laisse libre chacun de l’allocation de ses ressources. C’est Hayek ou Friedman avec son impôt négatif (combiné à une flat tax). Rien de révolutionnaire ici. Seulement une application libérale de l’attention faite aux pauvres. Dont les choix de vie échappent alors aux diktats de l’Etat. Au passage, énorme gain sur la masse administrative de la « gestion de la pauvreté ».
    Chacun aura compris où peut aller la préférence d’un libéral.

    • En France, le montant annuel des « prestations sociales » dépasse 500 milliards d’euros. Je laisse le lecteur faire le calcul par tête de pipe.
      De plus, la mise en place d’un RU pourrait se conjuguer avec la fin de l’assurance chômage obligatoire ou celle de la retraite par répartition.
      Contrairement à ce que pensent certains, le RU pourrait se traduire par une baisse significative des prélèvements fiscaux et sociaux. Et par une désétatisation importante dans la vie des individus.
      Autant d’éléments susceptibles de mettre un libéral de bonne humeur, non ?

      • @ mauvais escient :
        Sur le 3 ième point de Koenig, il faudrait peut-être que ce monsieur comprenne que ce ne sont pas les aides sociales qui éliminent la pauvreté, mais le travail.
        Donc, game over le RU dans cet esprit.

        Dans votre seconde affirmation, il fau tenir compte de ce qui se voit et de ce qui ne se voit pas.

        Une fois remplacées toutes les aides sociales par le RU, la société ne s’en portera pas mieux, car comme disait Friedman (qui vous semblez bien aimer) à propos du chômage en France :

        « Quand vous payer des gens pour rester au chômage, et que vous taxer ceux qui travaillent pour cela, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait de plus en plus de chômeurs et de moins en moins de travailleurs. »
        Le RU remplaçant toutes les aides sociales et la retraite aura exactement le même effet à terme et détruira la société, comme toute mesure fondamentalement socialiste.

        • Deux points – au moins – font défaut à votre compréhension.
          1. Ce qui assure la prospérité globale d’un pays, c’est le libéralisme et le capitalisme. Cela n’interdit pas les poches de pauvreté. Qu’on traite toujours – car il faut bien acheter la paix sociale – de la même manière. Par la charité. Privée ou publique. Le RU permet de s’affranchir de la servitude que crée le don conditionnel.
          2. Le RU n’est pas une allocation chômage. C’est si vrai que le Friedman que vous citez à ce sujet était favorable au RU. C’est si vrai que toutes les expérimentations ont révélé que le taux d’activité de la population a plutôt tendance à augmenter après la mise en place du RU.
          Il ne faut jamais sous-estimer les vertus d’un changement de paradigme.
          Ni hélas le vice des fatalistes de mauvaise foi.

          •  » Le RU permet de s’affranchir de la servitude que crée le don conditionnel. »
            Magnifique renversement logique. Je dirais plutôt le RU financé par un impôt coercitif créerait une servitude. Je préfère largement la solidarité sous forme de don librement consenti.

            • Est-il si utile de montrer, en vous focalisant sur un détail, que vous n’avez rien compris à l’économie générale de l’affaire ?

        • De plus, le RU qui remplace les aides sociales signifie en fait l’extension de ces aides à l’ensemble de la population, donc un doublement du budget nécessaire, ce qui fait que la dépense publique passerait de 1600 à environ 2100 Mds (sur un PIB de 2650). Donc soit création monétaire, soit imposition confiscatoire, soit faillite (ou les 3 ?).

  • corriger une injustice..oui…donc lamontrer..et dédommager la victime en prenant au spoliateur..INDIVIDU…

    dédommager une inégalité?????
    avant de faire de genre de conneries on lève les verrous économiques qui empêchent certains de se réaliser et qui protègent d’autres..

  • « Le revenu universel prendrait ainsi acte de cette distorsion, et reconnaîtrait donc une forme de dette de l’État vis-à-vis de ses habitants les plus défavorisés ».
    Une dette de l’Etat? Mais l’Etat n’a pas d’argent. Seul existe l’argent des contribuables. En tant que contribuable je ne reconnais aucune dette vis-à-vis des mes concitoyens.
    Si on va sur ce terrain je vais sortir mon joker: descendant de pieds-noirs spoliés en 1962, faut-il que j’exige d’être indemnisé par un RU? Et qui donc va le payer?

  • Je suis inquiet pour Contrepoints dont le comité de lecture semble avoir perdu le sens critique. Plusieurs articles récents font un écho favorable aux tribunes du Monde et de Libé. La position défendue par cet article est grosso modo ce qui sert de théorie au mouvement WOKE. S’agirait-il de challenger la pensée des lecteurs pour les faire sortir de leur zone de confort ? Si ce n’est pas le cas, la pensée unique a gagné un nouveau support.

    • Je partage cette inquiétude. J’ai commencé à sentir une inflexion il y a deux ans, j’ai cessé les dons réguliers que je faisais à ce journal, et au train où vont les choses, je vais bientôt cesser de le lire. J’aimerais avoir un peu plus d’informations sur l’origine de ses financements…

    • Perdre le sens critique ? Il y a pire.
      Devenir totalement barge.
      Que vient faire le wokisme dans le RU ? Friedman aurait été woke à l’insu de son plein gré ?
      Le RU, symbole de la pensée unique ? Quand la moitié des Français est contre ?…

      -1
      • Le RU serait un dû en réparation d’injustices passées. C’est ce que soutient cet article et la réparation des injustices passées est l’argument principal des ‘woke’. L’idée me parait complètement idiote, même si, pour d’autres raisons, l’un des fondateurs du libéralisme a pu l’envisager. Je ne suis pas un brillant économiste, mais j’essaye de garder un peu de bon sens. Quand j’évoque la pensée unique, je vise les média qui ne sont (mal)heureusement pas un reflet fidèle de l’opinion publique.

  • Financement par « Taxation de la propriété du sol »… Le calcul de coin de table donne qu’en moyenne, un propriétaire en France paie dans les 1000€ de taxe foncière pour l’ensemble de ses propriétés (827€ en 2000) et qu’un Français sur deux est propriétaire (34 millions de propriétaires). Pour offrir 100€ mensuels en RU, il faudrait donc faire passer la taxe foncière à 1000+2×1200=3400€ environ, une multiplication par 3.4. Le taux moyen est de l’ordre de 35%, il passerait donc à 119% de la valeur locative. Pour 100€ ! Pour 500€, ça fait dans les 450%. C’est à dire que, propriétaire, vous payez à l’Etat une mensualité de 4.5 fois le loyer du marché simplement pour être en règle. A 5% de valeur locative, ça fait seulement 4 ans et demi pour que l’Etat se soit approprié la totalité de la valeur des biens immobiliers du pays (et que le financement du RU tombe à zéro).
    C’est quand même pénible d’avoir des auteurs qui discourent en donnant des leçons de morale alors qu’ils ne sont pas capables ou ne se sont pas donné la peine de faire un tel calcul de coin de table.

    • Et voilà comment vous avez compris, dans un de ces trop rares éclairs de génie qui vous caractérisent tant, que le RU ne saurait aucunement ni jamais être considéré comme une juste compensation d’un bien commun perdu ou préempté par quelques happy few.
      Ça vous fait quel effet d’avoir enfoncé une porte ouverte ? Pas trop mal à l’épaule ?

      -3
      • M. Vergognabsente, ma démonstration visait à inculquer un peu de modestie à ceux qui parlent avec une autoritaire arrogance sans la moindre vérification des réalités qui pourtant devraient s’imposer à tous. Je reconnais que j’ai échoué.

        • Ne doutez pas de vos qualités.
          L’auteur de l’article, à vous lire, a certainement compris qu’il faisait fausse route.
          Je formule l’hypothèse qu’il tarde à se manifester pour ménager votre infinie pudeur.
          La victoire est parfois un si lourd fardeau.

          -1
  • Un revenu garanti par le seul fait d’exister, le rêve. Mais les rêves ne sont que des rêves qui s’évanouissent dès le réveil. Pourquoi travailler si on a un revenu qui tombe du ciel… mais jusqu’à preuve du contraire, le blé il faut le semer… et le récolter. Le pain il faut pétrir la pâte et la cuire. Le travail doit être récompensé, soit par un salaire ou par un échange avec autrui de biens ou de services nécessaires.
    Qu’à a proposer un bénéficiaire du RU en échange à un autre bénéficiaire ? Et vis-à-vis de celui qui lui fournit du pain, il devient un simple parasite qui vit béatement du travail de l’autre.
    Quant à financer le RU par une taxation du capital, lorsque cette taxation aura épuisé le capital, il n’y aura plus de RU. Le capital n’est que le fruit du travail et c’est le travail qui produit la richesse, seule chose qui soit partageable, dans les limites de sa production.

    • Ne vous mettez pas dans tous ces états.
      Réfléchissez.
      Le RU, financé par une nouvelle taxe a-t-il la moindre chance de voir le jour ?
      Indice 1. La France est un des sinon le pays le plus lourdement taxé au monde.
      Indice 2. La moitié des Français est contre.
      Il ne peut voir le jour qu’en se substituant, côté financement, à de l’existant.
      Nos gouvernants sont si madrés qu’en le faisant ils ne sauraient s’empêcher de réaliser quelques économies.
      Une belle perspective pour un adepte du « en même temps ».

      -1
  • Un RU bien pensé n’augmente pas les dépenses publiques, il les réduit !
    Preuve ? ici:
    https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse-documents-de-reference/panoramas-de-la-drees/la-protection
    Dépenses de protection sociale: 834 milliards d’euros, soit 12 350 € par an par habitant
    Remplacez tout cela par un RU de 900 €/mois, vous économisez 226 milliards
    On économise même davantage si le RU remplace toutes les formes de redistribution publique, comme les bourses d’étude et l’aide juridictionnelle.

    • Sauf que ça n’est pas 12350 par habitant, mais entre disons -30000 et +30000 suivant les habitants… Je suis par exemple tout à fait d’accord pour toucher 900€ par mois plutôt que de payer 1000 de CSG/CRDS. Mais je ne crois pas que ce soit possible d’équilibrer les comptes publics comme ça…

      • * Entre -30 000 et + 30 000 : oui, mais ce qui compte dans mon raisonnement c’est la moyenne
        * Recevoir 900 € plutôt que payer 1000 € de CSG/CRDS : ça n’irait sans doute hélas pas jusque là, mais puisque le RU permet de faire des économies de dépenses publiques, cela peut servir soit à baisser les prélèvements obligatoires type CSG/CRDS (quelques dizaines ou centaines d’euros max), soit réduire le déficit
        * Equilibrer les comptes publics : le dernier budget de l’Etat en équilibre remonte à Pompidou, mais on peut au moins réduire le déséquilibre !

        • J’ai bien vu que vous raisonnez sur les moyennes, mais ça ne tient pas la route. 60% des Français touchent actuellement plus que la moyenne, la plupart bien plus. Les autres ne touchent rien et paient lourdement. Les gens sont soit d’un côté, soit de l’autre, la moyenne est un truc fictif qui est éloigné de la situation de chacun. Recevoir 900€ au lieu de 1800, et devoir en plus payer une assurance maladie, une caisse de retraite, plein pot pour la cantine et la crèche, le logement, etc…

  • Faire la promotion du Revenu Universel, Saint Graal de l’Etat Providence, sur un site libéral dont la plupart des articles réclame la limitation stricte de l’Intervention de l’état, incohérence ou provocation ? Invoquer des injustices faites à l’époque de générations disparues depuis longtemps pour imposer l’accroissement de la spoliation des contribuables d’aujourd’hui, ne serait-ce pas la démarche woke qui tente d’imposer une approche similaire ? Pourquoi s’arrêter à 2 siècles ? Remontons donc au moyen-âge, à l’antiquité, voire au paléolithique, on trouvera bien quelque chose. Je veux bien que l’on puisse débattre de tout, mais à condition garder un peu de logique. J’imagine les caractéristiques d’un RU : jamais suffisant, arbitraire et inégalitaire, incitation pour réfugiés économiques, prime à l’inactivité et à la dépendance, et ruineux pour les finances du pays dont personne ne peut croire qu’elles sont en bonne santé. Prétendre qu’il se substitue à toutes les autres prestations sociales revient à renoncer à toute justification des sommes versées. Quelle brillante idée, vraiment ! On voit tous les postes de fonctionnaires qui vont être libérés (je n’ai pas dit économisés) !

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