Biens publics : toujours plus chers, toujours pas mesurés par l’inflation

Les biens publics coûtent de plus en plus cher au contribuable. Leurs prix ne sont pas comptabilisés par les statistiques officielles d’inflation, alors qu’il se sont envolés ces 25 dernières années.

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Biens publics : toujours plus chers, toujours pas mesurés par l’inflation

Publié le 8 septembre 2023
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Les statistiques officielles de l’inflation sont biaisées. Les effets de substitution et les changements de qualité sont des problèmes qu’on ne peut pas résoudre objectivement, même avec les méthodes statistiques les plus sophistiquées. Il se peut que l’indice des prix à la consommation harmonisé surestime l’inflation.

Mais il existe aussi de bons arguments qui indiquent un biais dans le sens inverse (autrement dit une sous-estimation). Il se peut aussi que les erreurs dans la mesure de l’inflation des prix à la consommation soient négligeables. Mais même en supposant que les statistiques officielles indiquent une inflation moyenne non biaisée pour tous les biens inclus dans l’indice, des problèmes subsistent.

Les chiffres officiels de l’inflation ne sont en aucun cas représentatifs de l’augmentation générale des prix dans l’économie. Si l’on se penche sur les biens et les services qui ne sont pas pris en compte dans l’indice, le sens de la distorsion semble indiscutable. Et son ampleur est considérable. Les statistiques officielles enjolivent le problème de l’inflation.

Les chiffres officiels de l’inflation ne sont en aucun cas représentatifs de l’augmentation générale des prix dans l’économie, […] le sens de la distorsion semble indiscutable. Et son ampleur est considérable. Les statistiques officielles enjolivent le problème de l’inflation.

 

Les biens publics délaissés par les statistiques officielles

Les biens dits publics en sont un exemple. Ils sont fournis par l’État.

L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) reflète uniquement l’évolution des prix des biens de consommation privée.

Toutes les dépenses que l’État consacre à l’infrastructure, à l’éducation, à la santé, à la défense et à bien d’autres domaines ne sont pas prises en compte. Il existe certes des sous-catégories telles que l’ »éducation » et la « santé » dans l’IPCH. Mais ici, seules les dépenses privées supplémentaires sont retenues. Tout ce que l’État dépense pour ces biens et services est négligé.

Cela explique pourquoi l’éducation et la santé ne représentent par exemple que 0,4 % et 4,2 % de l’indice global pour la France. Dans l’ensemble de la société, nous dépensons nettement plus pour les deux. La majeure partie est toutefois financée par des fonds publics et se retrouve ignorée dans les statistiques officielles de l’inflation.

Lorsque l’on souhaite mesurer l’inflation potentielle des prix des biens publics, un problème se pose : les biens publics ne s’échangent pas sur les marchés comme les autres biens. Il n’y a pas de prix de marché pour les études dans une université publique. Il n’y a pas de prix de marché pour la plupart des services médicaux.

Comment peut-on donc mesurer la hausse des prix des biens publics ?

 

La charge fiscale permettrait d’estimer le coût des biens publics

Certes, les ménages ne paient pas directement pour les biens publics, mais ils paient indirectement par le biais des impôts et des taxes.

On peut donc affirmer que la charge fiscale totale représente le prix de tous les biens publics fournis par l’État. Si l’on considère que les recettes fiscales totales de l’État représentent le prix de l’ensemble des biens publics, on s’épargne également la tâche fastidieuse d’évaluer la pondération des différents biens publics.

Le graphique ci-dessous montre comment les recettes fiscales ont évolué par rapport à l’IPCH dans la zone euro (soit les 19 pays de cette zone monétaire en 2022).

On constate que les recettes fiscales ont augmenté nettement plus vite que les prix à la consommation. Pour être précis, elles ont même augmenté plus de deux fois plus vite jusqu’en 2021. L’IPCH a augmenté de 47 % au total entre 1998 et 2021, ce qui correspond à un taux d’inflation annuel moyen de 1,7 %. Les recettes fiscales totales des pays de la zone euro ont augmenté de 99 % au total, ce qui correspond à une augmentation plus que proportionnelle des prix des biens publics de 3,0 % par an en moyenne.

Les recettes fiscales totales des pays de la zone euro ont augmenté de 99 % au total, ce qui correspond à une augmentation plus que proportionnelle des prix des biens publics de 3,0% par an en moyenne.

 

Compte-tenu de la qualité, un bilan encore moins reluisant

Selon ce calcul, l’inflation des prix des biens publics est donc en moyenne supérieure de 1,3 point de pourcentage à l’inflation des prix à la consommation.

Dans ce contexte, la qualité des biens et services publics est maintenue constante, même s’il n’est pas rare d’entendre des plaintes concernant une baisse de la qualité : mauvais résultats en matière d’éducation, infrastructure délabrée, manque de soins médicaux, temps d’attente plus longs dans les administrations et les services publics.

Et la liste est encore longue. Si l’on tenait compte de ces pertes de qualité, l’écart entre le taux d’inflation des biens publics et l’inflation des prix à la consommation mesurée officiellement serait encore plus important.

Le poids que devraient avoir les biens publics dans les dépenses totales des ménages est en outre énorme.

Dans les 19 pays de la zone euro, les recettes fiscales représentent plus que 40 % du revenu total mesuré par le PIB. Nous retenons que les biens publics financés par l’impôt constituent de loin le poste le plus important dans le panier d’un ménage moyen. Leur prix augmente de manière disproportionnée, mais ils ne sont pas pris en compte dans les statistiques officielles.


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  • J’aime bien pour estimer l’inflation regarder l’évolution du ticket de métro parisien, facilement disponible. Le service est de qualité constante (la régularité des grèves est impeccable). Je ne sais pas par contre comment est décidé ce prix, car bien évidemment une partie du cout est socialisé. S’agissant d’un bien de consommation courante par les classes populaires, j’imagine que son prix est fixé pour que son évolution ne se démarque pas des autres prix, et donc qu’il reflète bien l’inflation officieuse.

  • pourquoi mesure « l’inflation » , là est la question…
    la question est ce que cette mesure va justifier comme décisionpoltique..et DONC spoliation ou redistribution..

    comme mesurer le taux de chomage ou le pib…

    • ou tiens mesurer l’espérance de vie….

      • le vice origine est la monnaie unique dans un pays..

        il est incroyable alors que cela a autant d’importance que ce soit un sujet délibérément mis de coté..
        abus de confiance…

  • Les services de l’État sont soumis à la « shrinkflation ». Chaque mois le coût du service augmente et on en a moins pour notre argent. En 2027, Bruno Lemaire pourra se trouver sans difficultés un job chez un gros industriel de l’agroalimentaire : sur son CV il pourra défendre toutes ces ficelles : vendre plus cher un produit moins volumineux.
    Au fait, quand est-ce qu’on augmente encore les fonctionnaires et qu’on en embauche encore plus pour moins travailler ? Ex : près d’un million d’enseignants pour 14 millions d’élèves et il faut encore en embaucher et les augmenter pour les motiver à mener nos enfants au baccalauréat sans savoir lire ni compter.

    • hmm// le maire de ma commune a diminué l’eclairage public.sans baisser les impots associés bien sur//. mais il dit que c’est mieux..

      c’est de toutes façons une autre impasse..

      • Ici aussi, il a même fait des affiches pour le faire remarquer aux délinquants. C’est une économie de bouts de chandelles, entre 1h et 5h du matin, le coût réel de l’électricité est très faible, mais comme ça n’est pas la ville qui paie les cambriolages…

  • Le prix des biens publics est surévalué.
    Car le bien public est un produit de luxe. Des fonctions superfétatoires. Voire une utilité contestable. Des marges exorbitantes, grâce à une marque de renom. Beaucoup de com pour vendre parfois l’invendable. Une masse salariale pléthorique. Le tout pour une fiabilité et une solidité souvent moyennes.
    Conclusion.
    Les intégrer tels quels dans l’inflation reviendrait à ne prendre en compte dans le panier de la ménagère que le caviar, l’immobilier de prestige, le voyage aux Maldives et la Bugatti Veyron.

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