Barbie stéréotypée (interprétée par Margot Robbie) vit à Barbieland, une société matriarcale ou cohabitent tous les modèles existant de Barbie. Dans Barbieland, chaque seconde de l’existence est précisément ordonnée. Tel un chef-d’œuvre horloger, chaque Barbie est un rouage nécessaire au fonctionnement d’une société harmonieuse. Cette perfection, les Barbies la doivent aux services qu’elles rendent au monde réel, en donnant aux petites filles humaines les clés du bonheur et de l’émancipation.
Mais tout change lorsque la mécanique s’enraye, et que Barbie stéréotypée présente des signes d’imperfections : son haleine n’est plus parfaite au réveil, ses pieds sont plats et la cellulite apparait.
Pour corriger ça, elle doit se rendre dans le monde réel et rencontrer l’enfant dont elle est le jouet. C’est dans cette chute de l’utopie plastique par l’intrusion dans le « monde des humains » que le film de Greta Gerwig déploie toute sa finesse.
De nombreux débats ont porté sur l’interprétation à donner quant au message politique de Barbie. Certains y voient un film profondément féministe. D’autres, au contraire, y décèlent une réflexion sur le statut des hommes dans les sociétés modernes occidentales. Une ode aux cheveux bleus d’un côté, un plaidoyer pro-incel de l’autre.
Pourtant, un troisième niveau de lecture est passé inaperçu : la critique de la recherche et de l’injonction à la perfection qui sous-tend tout le film est une critique proprement libérale.
Deux mondes archétypaux s’affrontent.
D’un côté, la « société de Barbieland », écho parfait des utopies révolutionnaires des planificateurs de tout bord. L’individu n’est qu’une simple pièce du puzzle social, destiné à servir un but qui le transcende.
De l’autre, le « monde des humains » se caractérise au contraire par l’absence de volonté planificatrice au profit d’un ordre spontané qui laisse toute sa place aux individus.
Face à la simplicité des barbies qui habitent le premier monde, les humains détonnent par leur complexité et la difficulté avec laquelle ils traversent l’existence.
Barbie stéréotypée, dans un premier temps, tombe de haut lorsqu’elle réalise que le monde réel est aux antipodes de l’utopie qu’elle pensait avoir contribué à construire. Les humains qu’elle rencontre sont tous moyens, si ce n’est franchement médiocres pour certains : névrosés, complexés, malheureux… Bref, l’ordre spontané vient avec son lot d’imperfections, d’errements, d’injustices et de dominations.
Mais sa rencontre avec « son » humaine change la donne.
Si à première vue, le « monde des humains » a tout pour déplaire, le film montre avec finesse que, pour que l’existence ait un sens, pour que les passions humaines s’épanouissent, il faut laisser une grande part au hasard et à l’indétermination. Cette part d’aléatoire est une condition de réalisation de l’émancipation des individus, qui peuvent ainsi déployer tout ce qui fait leur singularité.
Barbie montre que la vie d’un individu ne peut avoir de sens que dans un monde qui, malgré sa violence, ses injustices, sa laideur parfois, fait de lui autre chose que le simple rouage d’une machine bien huilée.
C’est ici que Greta Gerwig frappe juste : un monde planifié est une Arcadie pour les poupées de plastique, mais une damnation pour les êtres de chair et de sang, tant l’humain rechigne, par nature, à se laisser enfermer dans une vie tracée par la collectivité.
Êtes-vous Mattel ou Marvel ?
Moi, indubitablement Marvel.
Car cette ode à l’imperfection humaine est navrante. Fi de cette idéologie qui pousse L’Humanité à se complaire dans sa fange.
Nous avons besoin de Super-héros à qui nous identifier pour devenir meilleur. Libres et responsables. Cela est le vrai libéralisme.
Et si “Barbie” était juste une aimable pochade rose, une simple distraction estivale sans prétention moralisatrice ? De toute façon Margot Robbie y est étincelante. Féministe, antiféministe, libéral… ? On s’en fout, “le rose ça va avec tout” !
J’ai hâte de voir la liste des films que vous interdiriez car véhiculant l’imperfection humaine…Peu de films français y figureraient 😀
Au contraire, les films français véhiculent la détestation de la réussite.