Légalisation du cannabis : un maire ouvre le débat

Face à l’échec de la répression, le maire écologiste de Bègles, Clément Rossignol-Puech, souhaite faire de sa commune un laboratoire d’expérimentation pour la légalisation du cannabis récréatif.

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Légalisation du cannabis : un maire ouvre le débat

Publié le 12 juillet 2023
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Le débat sur la légalisation du cannabis récréatif revient sur le devant de la scène politique très souvent, et désormais à une fréquence de plus en plus régulière.

Il est relancé une nouvelle fois par le maire de Bègles, qui souhaite faire de sa ville un laboratoire d’expérimentation en faveur de la légalisation. Au début de l’année, il a ainsi adressé une lettre au président de la République pour lui faire part de sa proposition.

 

Une répression qui ne fonctionne pas

Clément Rossignol-Puech, maire écologiste de Bègles, commune située à quelques kilomètres de Bordeaux, souhaite que ses habitants puissent vendre, acheter et consommer du cannabis de façon légale. Il désire faire de sa commune le tout premier territoire en France à expérimenter le commerce encadré et légal du cannabis.

Il s’est donc porté candidat pour cette expérimentation locale, en adressant un courrier à Emmanuel Macron dans lequel il expose les raisons de sa demande.

Les arguments sont déjà bien connus.

Le maire évoque la banalisation grandissante de la consommation de cannabis chez les jeunes, les trafics liés à la vente qui engendrent des problèmes de sécurité, ou encore le niveau de THC (la substance psychoactive du cannabis) qui augmente d’année en année, créant un risque de santé publique.

Dans un entretien accordé à 20minutes, il explique :

« Malgré la mise en place d’un système de prohibition depuis plus de 50 ans, un des plus répressifs d’Europe, la France est le pays de l’Union européenne qui compte en proportion le plus de consommateurs ».

Pour lui, aucun doute, la répression ne fonctionne pas, et on aurait beaucoup de mal à lui donner tort.

Il précise également que son but n’est pas de faire « l’apologie du cannabis », il ne désire pas « développer sa consommation », mais au contraire encadrer tout le processus pour éviter au maximum les dérives et communiquer efficacement avec les fumeurs sur les risques liés à la consommation.

Les objectifs du maire sont multiples : il veut accompagner au maximum les consommateurs, contrôler la qualité du cannabis vendu, ou encore lutter contre les trafics et toutes les violences qui y sont liées. Bien sûr, un argument économique est mis en avant, avec le développement d’une nouvelle filière agricole.

Le groupe de réflexion Terra Nova avait notamment estimé que la légalisation du cannabis rapporterait 1,8 milliard d’euros par an à l’État, aussi bien en taxes sur la vente des produits, que sur les économies réalisées en mettant fin à la répression.

 

Un maire impliqué

Clément Rossignol-Puech n’en n’est pas à son coup d’essai.

En 2023, il était à l’initiative d’une tribune, publiée dans le JDD, où plusieurs maires, mais également des députés, des sénateurs ou des acteurs associatifs, faisaient part de leur souhait d’expérimenter localement « un modèle de légalisation encadrée de production, vente et consommation de cannabis ».

On y retrouvait déjà les mêmes arguments cités plus haut en faveur de la légalisation et des personnalités de tous les horizons politiques (ou presque) avaient signé la tribune. Si le sujet est donc éminemment politique, des hommes et femmes, de gauche comme de droite, sont prêts à franchir le pas.

 

Une Europe qui progresse lentement sur le sujet

Si ce type d’expérimentation n’a encore jamais été mis en place en France, nos voisins suisses s’y essaient déjà.

La légalisation du CBD en Suisse, autre substance issue du cannabis, est arrivée plus tôt qu’en France et les Suisses semblent aussi avancer plus vite que nous pour le cannabis récréatif. Une première expérimentation a débuté à Bâle en février, puis une seconde plus étendue à Lausanne a commencé en mars, et une troisième débutera en août à Zurich.

En octobre 2022, le ministère de la Santé allemand présentait également une feuille de route pour un cadre à la légalisation du cannabis récréatif, effectif pour 2024. Ici, le but est similaire à celui visé par le maire de Bègles : un commerce totalement légalisé, mais un contrôle strict de la chaîne d’approvisionnement, de la production jusqu’à la vente.

Pour l’instant, hormis les Pays-Bas, aucun autre pays de l’Union européenne n’a totalement légalisé le commerce du cannabis. Il y a cependant des avancées un peu partout sur le vieux continent. Par exemple, Malte et l’Espagne permettent à leurs habitants de cultiver quelques plantes pour une consommation personnelle, et le Luxembourg souhaite s’inspirer du modèle maltais.

En revanche, la France reste toujours très prudente et très bloquée sur ce sujet, malgré une politique répressive qui échoue sur tous les plans depuis des dizaines d’années. Emmanuel Macron a simplement indiqué « avoir pris note » de la demande du maire de Bègles… On peut imaginer que les nombreux consommateurs français attendent une réponse pragmatique de leur président.

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Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Macron ne fera rien. Il faut relire Révolution : – « dépénalisation de la détention en petite quantité du cannabis afin de désengorger les tribunaux ».
    Adepte du double langage énarchien, il fallait comprendre :
    – dépénalisation = contraventionnalisation.
    Alors bien sûr, quand on est écolo, on peut saisir cette opportunité de faire enfin bouger les choses.
    Mais quand on connaît la Macronie, il faut ouvrir le Dictionnaire du diable :
    – Opportunité. Occasion favorable pour saisir une déception.

    • certes mais macron est le reflet de l’opinion de la majorité des français me semble t il où alors quoi…. l’inertie du mammouth?

      bon le cannabis ça passera..mais je me demande si les gens seront aussi libéraux avec les monstres addictifs..

      une des clefs des comportements est l’éducation.

  • La légalisation du cannabis ne sera une solution que le jour où l’emprise du cannabis sera une circonstance aggravante très sévèrement réprimée en cas d’infraction. C’est un problème de justice et non de police, et ça n’est pas un débat à l’instigation d’un maire écolo qui le réglera.

  • C est un vieux marronnier politique en France et comme nous abordons les vacances estivales, les journalistes nous ressortent leur sempiternels fonds de tiroir
    On a déjà eu le raccourcissement des vacances scolaires…….

  • Pourquoi une loi chaque être humain décide de ses choix,tant que ses choix n entravent pas la vie d autrui.
    Dans se sujet comme beaucoup d autres tout n est que cynisme et hypocrisie

    • Peut-être parce que le choix de décider d’entraver la vie d’autrui est si populaire, justement…

    • A minima, faudra une loi pour casser celle de 70.
      Et alors, on pourra se retrouver dans la situation que vous désirez : « jouir loyalement de son être » (Montaigne)

  • La France n’a jamais été répressive en matière de stupéfiant, allez faire un tour aux Philippines.

    -1
  • Une piste d’action efficace pour réduire les trafics:
    agir d’abord sur la consommation pour que la demande baisse…! Faire honte aux consommateurs de canabis et autres drogues: genre «  tu t’es vu quand t’as bu? ». Name and shame le monde du show bizz, et tous les petits bourgeois, enfants de bobos et autres paumés de toutes classes… qui n’ont que ça pour avoir impression d’exister… Au boulot tout ça, dans la restauration, le BTP….pour leur redonner l’idée de l’effort et non de la facilité des paradis artificiels . !!! Et les vendeurs de came, encore plus branleurs n’auront plus de clients.
    Éduquons, eh du con…!!!!!

    -1
    • Déjà testé avec un grand succès, bien sûr, pour la pénalisation des client.e.s des prostitué.e.s.
      [Pas pu résister à l’écriture inclusive pour cette ânerie gauchiste]
      Vous avez oublié le stage de rééducation morale.
      Ha ha !

      • Aboabsent: il s’agit de rendre ringarde la consommation de cames…. Pas de sanctionner ! Se dire soi même et penser que c’est naze de fumer ou de se shooter, c’est déjà ne plus avoir envie… et de facto, ne plus avoir besoin de chercher à acheter sa came. Donc offre trop abondante, prix en baisse, disparition des »offreurs » …. Qui trouveront bien d’autres trafics pour tenter de continuer à bien vivre en bossant peu…..
        Faire honte aussi aux vendeurs, revendeurs pour qu’ils pensent eux mêmes qu’ils ont une activité à la con…..et aient envie de faire autre chose.! Malheureusement le monde du travail n’est pas attractif pour les fainéants et petites têtes mal éduquées.
        On peut rêver d’un futur meilleur non?

        • En être humain, je redoute plus que tout ceux qui rêvent – à la place des autres – d’un avenir meilleur.
          En libéral, je m’abstiens de juger les « crimes » sans victime.
          En pragmatique, je vous le redis en peu de mots, votre objectif est voué à l’échec.

          • Aboabsent ou No body one: vous semblez expert en dissimulation et en négativisme . Pas très entraînant ni convaincant tout ça.
            En bon libéral que vous êtes , vous devriez comprendre aisément que quand la demande diminue l’offre diminue. C’est simple . ! Trouver le moyen d’auto réduire la demande de came . C’est plutôt alors une solution de psychologie comportementale qu’il faut pour que nos valeureux consommateurs s’épanouissent ailleurs que dans des paradis artificiels

  • Vu le nombre de drogués impliqués dans des accidents, va t on aussi dépénaliser leurs auteurs?

    • Bien sûr que non… Et malgré la répression actuelle, les accidents sont déjà là. Je vois pas bien le rapport. Comment ça se passe avec l’alcool, vecteur d’accident infiniment plus nombreux ?

  • Les commentaires sont fermés.

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