Vous avez peut-être vu les performances récentes de certaines actions en Bourse, qui semblent déconnectées de la réalité. Par exemple, l’action de Meta affiche un gain de 135 % cette année, tandis que les ventes n’ont pas grimpé depuis 18 mois !
Les GAFAM dans l’ensemble font des hausses de 40 % ou plus, ce qui ajoute des milliards de milliards de dollars de valorisations à la Bourse.
Or, comme vous le savez, la banque centrale effectue un resserrement des taux depuis l’année dernière. En principe, la hausse des taux d’intérêts réduit la création d’argent, et met la pression sur les prix des actifs. Bon nombre d’observateurs – dont mon équipe et moi-même – avons des difficultés à trouver l’explication à la complaisance des marchés, en dépit des taux les plus élevés en plus de dix années !
Le gouvernement français emprunte en ce moment à 3,2 % d’intérêts pour des crédits de dix ans de maturité. La dernière période de taux de ce genre remonte à décembre 2011, à la veille de la crise euro, et de l’écrasement à 0 % des taux de la banque centrale.
Mon équipe cherche des explications.
Selon nous, une raison à la contradiction provient de l’ampleur de l’intervention des dirigeants à la suite de la crise sanitaire. En mars 2020, la banque centrale a annoncé l’intervention la plus élevée de son histoire, à hauteur de 3000 milliards d’euros.
Mondialement, les budgets pour le soutien des économies – via des prêts, subventions, ou autre – ont atteint 9000 milliards de dollars, selon le Fonds monétaire international.
Par la suite, en dépit d’un début de resserrement, les quantités de liquidités dans le système ont à peine commencé à redescendre par rapport à leurs sommets.
Ci-dessous, vous trouverez par exemple les liquidités en trésorerie chez les entreprises européennes. Vous verrez que les montants ont subitement grimpé, de façon accélérée, à partir de 2020. Aujourd’hui, les cagnottes restent au-dessus de la normale, selon le portail de la BCE. La quantité d’argent en trésorerie atteint 3410 milliards d’euros à date d’avril, ce qui correspond à une hausse de 820 milliards d’euros par rapport à janvier 2020.
Le même genre de chose arrive aux États-Unis, comme le montrent les sommes sur les comptes des entreprises américaines (hors finance et banques), que vous verrez ci-dessous.
En somme, les marchés résistent peut-être pour une raison simple. Les autorités ont créé de l’argent en telle quantité, que même les outils qui fonctionnent d’ordinaire – la hausse de taux – ne suffisent pas pour retirer l’excès de liquidités dans le système.
De plus, avec la hausse des taux aux États-Unis et en Europe, les liquidités qui demeurent en trésorerie génèrent des taux de jusqu’à 5 % annuels (pour un compte en dollars). Même le Livret A paie désormais 3 %. En somme, du moins en théorie, une entreprise aurait pu recevoir un prêt garanti à 0 % d’intérêts… puis toucher 5 % de la somme gratuitement, simplement en la prêtant à l’Oncle Sam !
En raison des revenus plus élevés sur les obligations publiques, le roulement de la dette creuse à présent les déficits des gouvernements, ce qui revient à injecter davantage d’argent dans l’économie !
La directrice de la BCE, Christine Lagarde, a sans doute raison de s’inquiéter d’une inflation durable.
La baisse des prix de l’énergie en ce moment n’apporte qu’un bienfait de passage. Cette fois, les autorités n’ont peut-être pas les moyens de mettre fin à l’inflation. Certes, des actions vont grimper au plafond. Peut-être les GAFAM, en particulier, vont-elles continuer leur rebond.
Cependant, la hausse des prix des actifs va provenir, avant tout, de la destruction du pouvoir d’achat de la monnaie.
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La hausse des taux d’intérêt ne va pas réduire la création d’argent gratuit, puisque ce sont les Etats qui créent cet argent en empruntant à des taux réels toujours négatifs : en France, inflation 4.5%, émission OAT 3.5%.
On m’avait expliqué que la hausse des taux servait à condamner les projets pas assez rentables. Les chèques-cadeaux restent rentables. Peut-être pas rentables à long-terme, mais un politicien se moque pas mal de ce qu’il laissera à ses successeurs.